Agrégation : seulement 15 % des candidats arrive à avoir le Graal de l’enseignement

Agrégation : seulement 15 % des candidats arrive à avoir le Graal de l’enseignement

Les Ecoles normales supérieures demeurent la voie royale pour accéder à ce concours très sélectif qui ouvre un accès privilégié aux lycées et aux classes préparatoires aux grandes écoles.

Particularité française, l’agrégation du second degré est, depuis le XVIIIe siècle, le signe distinctif de l’aristocratie enseignante. « Les attentes, le référentiel de compétences d’un poste d’agrégé sont les mêmes que celui d’un certifié, mais pas le statut, plus intéressante et mieux perçu en termes de réussite sociale », résume la sociologue Géraldine Farges, auteure des Mondes enseignants (PUF, 2017).

Ce concours, qui propose aux professeurs un accès privilégié aux lycées et aux classes préparatoires aux grandes écoles, reste l’apanage d’une certaine élite scolaire. Avec un taux moyen de réussite, toutes disciplines confondues, compris entre 10 % et 13 % de 2006 à 2010 et qui tourne autour de 15 % depuis 2011 (15,03 % en 2018), l’agrégation externe, réservée aux titulaires d’un master, est le concours enseignant le plus sélectif. Avec des écarts importants selon les disciplines. Le taux est ainsi de 9 % pour la philo et de 11 % pour l’histoire, mais de 32 % pour l’agrégation de grammaire, qui attire par ailleurs peu de candidats.

Réussir l’agreg est une épreuve intellectuelle mais aussi « physique » et « psychologique », insiste Blanche Lochmann, la présidente de la Société des agrégés, elle-même agrégée de lettres classiques. Les élèves des Ecoles normales supérieures (ENS) – Ulm, Lyon, Paris-Saclay (ex-Cachan) et Rennes –, rigoureusement sélectionnés en amont à la sortie des classes préparatoires et payés durant leurs études, sont les mieux entraînés à l’affronter. Ce qui développe leur surreprésentation chaque année parmi les admis : en 2017, les normaliens constituaient un quart des 1 747 lauréats à l’agrégation externe de l’enseignement public (chiffre qui englobe aussi les admis au concours de l’agrégation spéciale, réservée aux titulaires d’un doctorat, et les auditeurs libres acceptés au sein des préparations au concours des ENS).

« Forte attractivité »

Le gros des troupes (38 %) des reçus à l’agreg sont issus de la fac, où ils ont enchaîné un master, et suivi une préparation à l’agrégation. Ces sections sont situées de préférence dans les grands établissements, dont beaucoup en région parisienne : « Paris-I et Paris-IV en histoire, Sorbonne Université ou Orsay en maths, par exemple », illustre Pierre Verschueren, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Franche-Comté, et agrégé d’histoire. Des préparations performantes à condition d’être justifié : « L’agrégation se joue beaucoup sur le mental, il ne faut pas lâcher. Quand on est dans une classe de 20 élèves à l’ENS Ulm, c’est moins difficile que quand on est perdu au milieu de 150 personnes à Paris-I… », Déclare-t-il.

 

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.