A Radio France, le conflit s’enlise
« Comprenez bien que, dans une radio, il y a des moments de grâce… et des moments où on dégraisse ! » Ce mercredi 18 décembre, dans la matinale de France Inter, Charline Vanhoenacker prend une voix de grande bourgeoise pour imiter Sibyle Veil, la présidente de Radio France. « Dites plutôt, on réorganise », lui rétorque son coéquipier, Guillaume Meurice, qui endosse le rôle du chargé de communication.
En ce 25e jour de grève de la radio publique, le duo d’humoristes évoque, à sa façon, un conflit qui s’enlise entre les syndicats et la direction du groupe, qui souhaite mener un plan de départs volontaires portant sur 299 postes sur 4 600.
Jusque-là, ce mouvement social était essentiellement conduit par la CGT, ce qui permettait à la direction d’expliquer qu’il était très peu suivi, chiffre de (faible) mobilisation à l’appui. Ce qui n’a pas empêché les grilles d’être fortement perturbées : sur France Inter, les soirées sont animées par des playlists depuis trois semaines, tandis que cent vingt heures de programmes ont été annulées sur France Info.
« Pourquoi ce blocage ? »
Mais, jeudi 19 décembre, la situation devait être bien pire : tous les syndicats ont appelé à la grève, s’élevant contre des discussions qui patinent depuis un mois. « Sibyle Veil confond négociations et information des instances », se plaint Renaud Dalmar, de la CFDT. Jusqu’à présent, la direction ne voulait discuter que du montant des chèques des partants. « Pour être éligible au départ, il faut avoir un projet derrière ou un CDI. Est-ce que les secrétaires de France Bleu visées par le plan auront un CDI ? Il faut réduire le nombre de départs », explique Valeria Emanuele, du SNJ.
Devant cette nouvelle levée de boucliers, la direction a élargi le champ des discussions de jeudi au « projet de réorganisation », au « plan d’adaptation des effectifs » ou à « l’utilisation des CDD », autrement dit « les précaires, qui vont se multiplier et constituent un vrai potentiel de dérives », explique Renaud Delmas, qui y voit là un début d’ouverture.
« Le Chœur, c’est un instrument à part entière. Son identité est mise en péril »
Au sein de la « maison ronde », la situation se tend sensiblement. « Le Chœur, c’est un instrument à part entière. Son identité est mise en péril », regrette la soprano Laurya Lamy, protestant contre l’amputation d’un tiers des 90 chanteurs du Chœur de Radio France.