Handicap : en milieu protégé, les manageurs sont obligés de donner la priorité à l’humain

Handicap : en milieu protégé, les manageurs sont obligés de donner la priorité à l’humain

A la blanchisserie industrielle de Bailleul (Nord), en avril 2024.

C’est un rituel incontournable au sein de l’établissement et service d’accompagnement par le travail (ESAT) Les Ateliers de la Lys, à La Chapelle-d’Armentières (Nord). Chaque matin, avant que les activités du pôle logistique débutent, Guillaume Hanzelin retrouve les sept travailleurs qu’il encadre. C’est le moment de « l’humeur du jour ». Les discussions s’engagent, souvent informelles, et vont lui permettre de comprendre dans quel état d’esprit se trouvent les membres de son équipe.

Tous sont en situation de handicap mental ou psychique et peuvent avoir « des jours moins bons, où il leur sera plus difficile de travailler », comme le résume la directrice de l’ESAT, Laura Plazanet. « C’est une étape indispensable, explique M. Hanzelin. Avec l’expérience, même un simple bonjour peut nous donner une indication et nous permettre de réviser, pour la journée, l’organisation du travail au sein de notre service. »

C’est là tout l’enjeu de ce rituel et, au-delà, de la fine connaissance que les moniteurs d’ESAT acquièrent des travailleurs qu’ils encadrent : être capable d’adapter en permanence le travail demandé aux personnes en situation de handicap. « C’est la clé de voûte des ESAT : les humains sont au centre », poursuit M. Hanzelin.

De fait, ces établissements médico-sociaux, par leur raison d’être, rebattent les cartes de l’organisation du travail et de ses finalités. « Le travail est, ici, un moyen, explique Philippe Niogret, à la tête du pôle Arc-en-ciel dans les Bouches-du-Rhône, qui compte deux ESAT. Il permet d’accompagner les personnes que nous accueillons, de favoriser leur prise d’autonomie. Et s’il y a un objet professionnel au sein des ESAT, le développement personnel a aussi une place importante. »

A l’écart de toute pression

« Le travail n’y est pas conçu comme une fin en soi, mais comme un support de développement des habiletés et de socialisation, confirme Monique Combes-Joret, professeure en sciences de gestion à l’université Reims-Champagne-Ardenne. Il n’est pas prioritairement, ou uniquement, orienté vers une production à fournir avec des impératifs de délais et de coûts. » Pour preuve, afin de tenir les personnes en situation de handicap à l’écart de toute pression, « il est fréquent que des manageurs refusent une commande urgente passée par un client », indique-t-elle.

« L’humain au centre » : ce changement de paradigme, revendiqué par rapport aux entreprises de l’économie marchande, implique d’importantes évolutions dans le management pratiqué au sein de ces établissements.

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LJD

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