Archive dans septembre 2023

La reprise d’Air Antilles et la liquidation d’Air Guyane ordonnées par la justice

Consternation en Guyane, soulagement teinté d’amertume aux Antilles : deux mois après avoir ordonné la mise en liquidation judiciaire du groupe Caire (Compagnie aérienne interrégionale express), le tribunal mixte de commerce de Pointe-à-Pitre a ordonné, vendredi 29 septembre, la reprise partielle du transporteur régional. Les actifs du périmètre Air Antilles seront partiellement cédés à la Cipim (holding du groupe Edeis, gestionnaire de seize aéroports) alliée à la collectivité de Saint-Martin, tandis que la filiale Air Guyane est liquidée. Le tribunal autorise 176 licenciements pour motif économique, dont 78 au sein de la filiale guyanaise, sur les 300 salariés que comptait le groupe Caire.

Après le dépôt de six offres de reprise à la date limite du 1er septembre, le tribunal en avait examiné trois, au cours d’une audience à huis clos le 21 septembre. A l’issue des débats, les juges avaient retenu deux offres de reprise : celle émanant du groupe Cafom, proposant une reprise globale, avec 194 des 296 salariés, et celle qui a finalement été validée par le tribunal, avec 120 des 218 salariés sur le périmètre Antilles.

« Il est apparu au cours des débats que seule la société Cipim avec la collectivité de Saint-Martin ont été en mesure de justifier, d’une part, une véritable solution transitoire pouvant être mise en œuvre en attendant l’instruction des demandes de la Direction générale de l’aviation civile, d’autre part, d’un financement permettant d’assurer la pérennité de l’entreprise au cours de cette période », écrivent les juges dans le document de 32 pages transmis aux parties.

« Assurer la continuité territoriale »

« C’est une victoire au goût amer », déclare Mélissa Germé, déléguée syndicale SNPNC-FO d’Air Antilles. « On a eu gain de cause. Néanmoins, il y a un côté injuste pour la Guyane où on perd l’ensemble des collègues », s’attriste la syndicaliste martiniquaise. Durant l’audience du 21 septembre, les juges avaient écarté l’offre présentée par Guyane Fly, candidat à la reprise du périmètre guyanais, sur lequel la compagnie aérienne Air Guyane détient une délégation de service public pour desservir les communes amazoniennes enclavées.

Dans la foulée, le président de la collectivité territoriale de Guyane, Gabriel Serville, avait menacé de refuser la délégation de service public au groupe Cafom s’il était désigné comme repreneur, car son offre ne garantissait pas « la reprise intégrale de l’emploi local ». Après cette déclaration de l’élu guyanais, Cafom avait retiré son offre, laissant Cipim seul en lice.

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Transport aérien : le tribunal de commerce valide la reprise d’Air Antilles, fin d’activité pour Air Guyane

Le tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre a validé, vendredi 29 septembre, la reprise partielle du groupe aérien Caire par la Cipim (holding du groupe Edeis) alliée à la collectivité de Saint-Martin, qui ne reprend que les liaisons effectuées par Air Antilles.

La reprise ne concerne pas l’activité de la Compagnie aérienne interrégionale express (Caire) sous le nom d’Air Guyane, notamment vers des zones isolées en Amazonie de ce territoire ultramarin. Le tribunal a autorisé le licenciement pour motif économique de 176 des quelque 300 salariés de Caire.

Trois offres de reprises avaient été examinées par le tribunal le 21 septembre, une globale pour le périmètre Antilles et Guyane et deux partielles positionnées sur chacun de ces deux périmètres.

Refus de la délégation de service public

A l’issue de l’audience du 21 septembre, le ministère public avait écarté l’offre guyanaise, laissant en lice l’offre couplée de la Cipim (holding du groupe Edeis, gestionnaire de 16 aéroports) et de la collectivité de Saint-Martin et celle de la Cafom, groupe spécialisé dans l’ameublement, qui compte un actionnaire commun avec Caire.

La Cafom avait cependant annoncé jeudi, par un courrier de ses avocats au tribunal et aux administrateurs judiciaires diffusé dans la presse, son intention de retirer son offre, au motif de « la perte de la cohérence économique » de l’offre.

Le président de la collectivité territoriale de Guyane avait, en effet, expliqué la semaine dernière son intention de refuser la délégation de service public, dont bénéficiait Air Guyane pour la desserte de zones très isolées du département, à toute « offre ne garantissant pas la reprise intégrale de l’emploi local ». Il avait estimé dans un communiqué qu’il devait « être clair que la Guyane ne saurait être une variable d’ajustement dans une offre globale ».

Air Antilles occupe un rôle important pour la desserte aérienne de la Caraïbe, étant le seul opérateur à effectuer des vols vers l’ensemble de la région au départ des îles françaises.

Le Monde avec AFP

Assurance-chômage : patronat et syndicats dénoncent en commun une « ponction inacceptable » de l’Unédic

En pleine négociation sur les nouvelles règles d’assurance-chômage, syndicats et patronat sont d’accord sur au moins un point : ils rejettent la volonté du gouvernement de prélever une part des recettes de l’Unédic qui prévoit des excédents budgétaires pour les trois prochaines années au moins.

« Tant sur le fond que sur la méthode, ce projet de ponction des recettes de l’assurance-chômage, alors même que la négociation est en cours, est inacceptable », ont dénoncé les partenaires sociaux dans une déclaration commune lue, jeudi 28 septembre, par le négociateur CFDT Olivier Guivarch à l’issue d’une séance de discussions sur les futures règles.

L’exécutif entend en effet prélever sur les excédents de l’association copilotée par les partenaires sociaux deux milliards d’euros dès 2023 par arrêté, puis deux milliards à nouveau en 2024 à travers le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Cette ponction, qui pourrait atteindre un montant compris entre 3,5 et 4 milliards d’euros en 2026, selon la lettre de cadrage envoyée par le gouvernement aux partenaires sociaux, « obère la capacité à discuter d’aménagements de la convention d’assurance-chômage », ajoutent-ils, affirmant qu’ils n’en tiendraient pas compte dans la suite de leurs négociations sur de nouvelles règles d’assurance chômage.

Une obligation d’emprunter qui coûtera 800 millions sur quatre ans

Par cette ponction, le gouvernement veut financer les politiques publiques de l’emploi et de la formation ainsi que France Travail. Ce nouvel organisme aura en effet besoin de moyens supplémentaires pour l’accompagnement de près de deux millions d’allocataires du RSA dont il aura la charge, en plus des chômeurs.

Mais la ponction sur les recettes de l’Unédic, qui est lourdement endettée, va obliger l’organisme à emprunter à court terme sur les marchés pour honorer ses échéances de remboursement, ce qui lui coûtera 800 millions sur quatre ans.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Assurance-chômage : la gouvernance de l’Unédic toujours en débat

Syndicats et employeurs considèrent que le cadre dans lequel le gouvernement a inscrit la négociation sur l’avenir de l’assurance-chômage « se base sur une trajectoire financière objectivement contestable, qui risque de fragiliser à terme l’équilibre économique du régime ».

Seule la CGT ne s’est pas associée à cette déclaration commune. Si elle en partage le fond, elle ne l’a pas endossée car elle conteste les économies demandées par la partie patronale dans la négociation sectorielle sur l’indemnisation des intermittents du spectacle − négociation qui va s’ouvrir en parallèle des discussions sur l’avenir de l’Unédic.

Le Monde avec AFP

Des enquêtes ouvertes pour « traite d’êtres humains » après les vendanges en Champagne

Lors des vendanges à Ludes (Marne), le 8 septembre 2023.

La justice champenoise s’est saisie de plusieurs affaires en lien avec les vendanges en Champagne, qui viennent de s’achever. A Châlons-en-Champagne, la vice-procureure Céline Fassey a confirmé l’ouverture de deux enquêtes pour traite d’êtres humains concernant des faits commis à Nesle-le-Repons et Mourmelon-le-Petit (Marne).

Dans cette dernière commune située au sud-est de Reims, un arrêté préfectoral ordonnait, le 8 septembre, la fermeture d’un immeuble insalubre où 160 vendangeurs de nationalité ukrainienne étaient hébergés. Mi-septembre, les services de l’inspection du travail découvraient également un immeuble à Nesles-le-Repons où étaient logés dans des conditions indignes 52 travailleurs d’origines malienne, mauritanienne et sénégalaise.

Dans les deux cas, les arrêtés préfectoraux relèvent « la présence de nombreuses literies de fortune, l’état de vétusté, le délabrement, l’insalubrité, l’absence de nettoyage et de désinfection, l’état répugnant des toilettes, sanitaires et lieux communs, l’accumulation de matières fécales dans les sanitaires », ainsi que les risques d’incendie.

« Conditions extrêmes »

Des vidéos consultées par Le Monde appuient le constat des travailleurs qui vivaient à Nesles-le-Repons. Ces vendangeurs, aujourd’hui relogés, n’ont pas été payés. D’après les premiers éléments, ils avaient été embauchés par des prestataires. Ces intermédiaires se sont développés ces dernières années dans le travail des vignes et facilitent le recrutement d’une main-d’œuvre de plus en plus difficile à trouver, selon les employeurs.

Si la plupart respectent le droit du travail, certaines sociétés sont créées à l’approche de la saison et profitent d’une demande importante lors de cette période intense, utilisant des personnes en situation de vulnérabilité, souvent étrangère, prêtes à travailler à n’importe quel prix.

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Les vendanges nécessitent l’embauche de 120 000 personnes environ, sur un délai de quinze jours à trois semaines. Les conditions de travail pour récolter le précieux raisin sont rudes, encore plus cette année à cause des fortes chaleurs. Cinq vendangeurs ont trouvé la mort en septembre : « Cela prouve que lorsque nous sommes confrontés à des conditions extrêmes, les moyens déployés ne sont pas suffisants pour que les saisonniers puissent travailler en toute sécurité », a déclaré Philippe Cothenet pour la CGT-Champagne.

Le syndicat est par ailleurs très mobilisé depuis quelques années sur la question des travailleurs exploités et des hébergements indignes. Mardi après-midi, une rencontre a réuni à Reims ses membres et des vendangeurs africains, victimes. Des représentants de la CGT ont ensuite été reçus à la préfecture. « Nous avons demandé que ces personnes obtiennent réparation d’un point de vue pénal et aussi une régularisation. On va les accompagner dans leurs démarches », a annoncé Sabine Duménil, secrétaire générale de la CGT de la Marne.

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Olivier De Schutter, rapporteur de l’ONU sur les droits humains : « Il faut mieux rémunérer le travail qui a la plus grande valeur pour la société »

L’Europe affronte une crise du pouvoir d’achat aux proportions inédites. En 2022, l’inflation était de 9,6 % en moyenne dans les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et de 9,2 % dans l’Union européenne (UE), selon Eurostat. Or, les salaires n’ont augmenté dans le même temps que de 4,4 % dans l’UE, ce qui signifie une baisse des salaires réels de l’ordre de 2,4 % en Europe ; en Italie, les salaires réels se situent aujourd’hui à un niveau de 12 % au-dessous de ce qu’ils étaient en 2008. Le phénomène est mondial : l’Organisation internationale du travail (OIT) rapporte que, pour la première fois dans ce siècle, les salaires réels ont chuté (de 0,9 %) en 2022. En outre, les inégalités vont augmenter, car les plus précarisés consacrent une part plus importante de leurs revenus à des biens et des services essentiels tels que l’énergie, l’alimentation et la mobilité, dont les prix ont augmenté plus vite encore que les autres composantes des budgets des ménages.

L’affaiblissement des syndicats, la mondialisation et la menace de délocalisations, le développement du travail précaire (y compris du travail sur des plates-formes) : tout cela contribue à expliquer que, partout, la part du travail en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) diminue depuis les années 1980. Elle est passée, par exemple, de 66,1 % à 61,7 % entre 1990 et 2009 dans les pays de l’OCDE.

Or, en parallèle, émerge le sentiment que les salaires ne reflètent pas la véritable valeur du travail fourni. Au-delà du cas extrême des personnes offrant du temps non rémunéré au sein du ménage ou de la communauté (en majorité des femmes), le malaise est général : les professions les plus utiles socialement, qui relèvent du « care » ou de l’entretien des communs, sont les moins valorisées.

Dans une étude sur les emplois devenus « essentiels » lors de la pandémie de Covid-19, l’OIT a constaté que les « travailleurs essentiels » (qui sont le plus souvent des travailleuses) gagnaient, en moyenne, 26 % de moins que les autres, alors qu’un tiers au moins de cet écart ne peut pas s’expliquer par des différences de qualifications. En d’autres termes, les travailleurs et travailleuses qui fournissent des services vitaux à la société, dans des secteurs tels que la production et le commerce de détail alimentaires, les soins de santé, le nettoyage et l’assainissement ainsi que les transports, sont sous-payés.

Manque de reconnaissance

Rien d’étonnant à cela : alors que la véritable contribution du travail au bien-être général ne peut se limiter à la valeur ajoutée monétaire, le pouvoir de négociation des travailleurs dépend en grande partie de ce que le consommateur final du bien ou du service paiera. Or, les bénéficiaires des services que fournissent les employés du « care » ne veulent pas ou ne peuvent pas payer davantage. C’est une raison supplémentaire du malaise : en raison de la manière dont la valeur du travail est actuellement estimée sur le marché du travail, celui-ci sera d’autant moins bien rémunéré qu’il répond aux besoins des personnes à faibles revenus, plutôt qu’à la demande qu’expriment les ménages les plus aisés.

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Transition écologique : des recrutements publics en hausse qui traduisent les priorités du gouvernement

Le ministre français de la transition écologique et de la cohésion des territoires, Christophe Bechu, arrive pour assister à une réunion avec le président français pour présenter le plan de planification écologique, à Paris, le 25 septembre 2023.

Il y a les chiffres qui marquent et que ne manque pas de rappeler le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires Christophe Béchu : 7 milliards de crédits de paiement pour la transition écologique, 10 en comptant les autorisations d’engagement de dépenses et, au total, 40 milliards pour un budget « vert », comprenant la rénovation des bâtiments, la décarbonation des transports ou encore la biodiversité. « Un effort sans précédent de l’État qui permet d’être au rendez-vous du déploiement sur tous les terrains de la planification écologique », commente-t-il.

Il en est d’autres, moins impressionnants mais tout aussi importants. « Pour la première fois depuis vingt ans », les effectifs du ministère sont en hausse. M. Béchu a annoncé lors de la présentation du projet de loi de finances (PLF) mercredi 27 septembre une augmentation de 760 emplois, en 2024, dans les services des ministères (écologie, énergie) ainsi que dans ceux des opérateurs. Ces effectifs avoisinent les 70 000, dont 47 000 au ministère et 23 000 dans les agences.

« C’est une bonne nouvelle bien sûr, mais cela ne compense pas la baisse de 20 % des effectifs sur les dix dernières années. Nous n’avons pas assez d’agents sur le terrain », indique Véronique Caraco-Giordano, la secrétaire générale du Syndicat national de l’environnement, SNE-FSU. Le secrétaire général de la fédération nationale Equipement-environnement CGT, Ivan Candé, relativise aussi. « C’est une hausse de moins de 1 % des effectifs, à comparer aux baisses précédentes. On ne peut pas prendre cela pour solde de tout compte, avec les réorganisations des services qui continuent, les transferts de missions aux collectivités », indique le responsable syndical. Tous les syndicats du ministère s’apprêtent à manifester, le 2 octobre, à l’occasion du prochain comité social d’administration budgétaire, l’équivalent d’un comité social et environnemental dans le privé, où leur sera présenté le PLF.

Tous les secteurs prioritaires de la transition écologique sont pourvus d’effectifs supplémentaires : 170 pour la rénovation énergétique des logements, dont plus de 50 pour l’Agence nationale de l’habitat et plus de 100 dans les services déconcentrés. Plus de 100 emplois seront créés pour la biodiversité, dont 47 à l’Office français de la biodiversité, 13 au conservatoire du littoral et 10 dans les parcs nationaux. Et 66 postes nouveaux sont affectés aux agences de l’eau. L’agence de la transition écologique, Ademe, obtient une centaine d’emplois supplémentaires, ainsi que Météo France (25 postes) ou le Cerema, centre d’expertise au service des territoires (10 emplois).

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« La Qualité de vie et des conditions de travail, l’affaire de tous ! », un ouvrage qui prône la culture de la parole face aux risques psychosociaux

Livre.De quoi la QVCT – comprenez « qualité de vie et des conditions de travail » – est-elle le nom ? Que nous dit la mise en avant récente de ce sigle aux dépens de la simple « qualité de vie au travail » ? Quels sont les ressorts du bien-être au travail, et avec eux les mécaniques qu’il convient de mettre en place pour lutter contre son pendant négatif : les risques psychosociaux (RPS) ? Un ouvrage collectif, La Qualité de vie et des conditions de travail, l’affaire de tous ! (ESF Sciences humaines, 252 pages, 24 euros), porté par Jean-Edouard Grésy et Philippe Emont, associés au sein du cabinet de conseil AlterNego, se propose d’explorer le sujet.

L’exposé se veut avant tout pratique et pédagogique. Il pose les bases des problématiques rencontrées par les collaborateurs (la dynamique du stress…), les leviers d’action pour l’entreprise (que faire quand un salarié a une addiction ?), tout en multipliant les points de droit, rappelant, par exemple, qu’un seul acte peut suffire à constituer un harcèlement discriminatoire.

Pour démontrer l’importance de la qualité de vie et des conditions de travail, les auteurs soulignent l’ampleur des risques de nature psychosociale. Risques pour les personnes concernées, bien sûr, pour leurs collègues également (« il n’est pas nécessaire d’en être directement victime pour en éprouver les effets délétères : sentiment d’insécurité, perte de confiance…  », rappelle l’ouvrage), mais aussi pour l’entreprise. « Performance économique et performance sociale sont intimement liées », notent les auteurs, qui évoquent en outre les atteintes juridiques, réputationnelles, mais aussi le risque financier, « un enjeu montant ».

Lire l’analyse des chercheurs du projet du Liepp : Article réservé à nos abonnés « La qualité de l’emploi et du travail en comparaison européenne : une contre-performance française ? »

Dès lors, comment les organisations peuvent-elles se saisir efficacement du sujet, au-delà des « dérives “bonheuristes” » et du « symbole du baby-foot » régulièrement pointés du doigt ? Les auteurs délivrent conseils et méthodes pour faire face aux risques psychosociaux, autour de deux fondamentaux : une approche systémique du sujet et une prise en charge collective, à travers la parole et l’échange.

« La réalité du terrain »

Ils invitent ainsi à porter un regard d’ensemble sur la question de la QVCT, en ne se concentrant pas uniquement sur la dimension individuelle. Le collectif a ainsi pleinement son rôle à jouer : « Le premier niveau fondamental de prévention est le lien social », assurent les auteurs, qui invitent également à porter un regard sur l’organisation elle-même : « l’environnement de travail, la répartition des charges, les processus internes ».

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Smic et bas salaires : le piège inflationniste

Deux années sous inflation ont mis la mécanique française des salaires à rude épreuve et révélé le rôle fondamental du smic, seul salaire indexé sur l’indice des prix à la consommation, dans la dynamique globale.

Avec ses avantages : les travailleurs au salaire minimum sont les seuls à ne pas avoir connu de perte de pouvoir d’achat – le niveau de salaire du reste des Français n’a, lui, « rattrapé » l’inflation qu’au deuxième trimestre 2023, au bout d’un an et demi de décrochage. Et avec ses effets de bord, sur les bas salaires et les finances de l’Etat. Ces conséquences inattendues devraient être au cœur de la conférence sociale, promise par Emmanuel Macron aux chefs de parti politique à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et attendue mi-octobre.

Comme le veut la loi, qui prévoit une revalorisation en cours d’année dès que l’inflation croît d’au moins 2 % par rapport à la dernière hausse du smic, le salaire minimum a été augmenté à six reprises depuis octobre 2021, la dernière fois le 1er mai, pour atteindre 1 747,20 euros brut mensuels.

Un fort sentiment de déclassement

« Le problème, c’est que cela a provoqué un tassement de plus en plus prononcé des salaires dans le bas de la grille », souligne Luc Mathieu, secrétaire national de la CFDT. Comme les hausses automatiques du smic sont forcément plus rapides que celles du reste des salaires, en raison du temps nécessaire à la négociation, de plus en plus de travailleurs ont vu leur progression en matière d’ancienneté ou de responsabilité effacée. De quoi provoquer un fort sentiment de déclassement.

Début 2022, le smic concernait 2,5 millions de salariés, soit 14,5 % d’entre eux (contre 12 % un an plus tôt). Et la moitié des salariés du privé a touché moins de 2 012 euros net par mois en 2021.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les salaires ont rattrapé l’inflation au deuxième trimestre

Pour éviter ce « tassement », le Parti communiste et La France insoumise, ainsi que des syndicats comme la CGT, FO et la CFE-CGC, réclament depuis des mois l’indexation de l’ensemble des salaires sur l’inflation. « Une telle demande serait inconcevable dans d’autres pays, où les syndicats estiment que les augmentations de salaires sont leur prérogative, s’étonne Gilbert Cette, professeur d’économie à Neoma Business School et président du groupe d’experts sur le smic. C’est aux partenaires sociaux de s’en emparer. »

Chargées de fixer les salaires minimum, ou « minima conventionnels », qui doivent s’appliquer en fonction des qualifications ou de l’ancienneté aux entreprises partageant la même convention collective, les branches professionnelles ne sont pas parvenues à sauver leurs grilles de la noyade. Lors de la dernière revalorisation du smic en mai, 147 branches professionnelles sur 171 ont vu leurs minima dépassés. Quatre mois après, 64 d’entre elles sont toujours en « inconformité ».

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« Il est temps de reconnaître la médiation sociale comme un métier à part entière »

Dans une société en profonde mutation, de nombreux Français sont confrontés à des enjeux majeurs : la précarité, l’exclusion de l’emploi, l’isolement, ou encore la fracture numérique… Ces phénomènes, qui contribuent à fragiliser le lien social, ont amplifié le sentiment d’abandon et de marginalisation ressenti par les habitants, particulièrement dans les territoires les plus en difficulté : quartiers prioritaires de la politique de la ville, zones périurbaines, territoires ruraux, territoires ultramarins.

Face au délitement du lien social, le renforcement de la présence humaine active de professionnels contribuant à la cohésion sociale sur le terrain apparaît comme indispensable. L’ensemble des travailleurs et des intervenants sociaux – notamment les acteurs de proximité que l’on nomme les médiateurs sociaux – est la clé de voûte de notre cohésion sociale.

Les différentes crises économiques et sociales ont mis en évidence le rôle essentiel de ces acteurs dans le maintien du lien entre l’individu et la société. Durant tous ces moments difficiles, ils n’ont jamais quitté le terrain, arpentant les rues afin de poursuivre un dialogue permanent avec les populations inquiètes de leur situation et de leur devenir. Ils ont su faire preuve d’adaptabilité et de réactivité pour répondre à leurs besoins, comme ils savent si bien le faire chaque jour.

Les conséquences sociales de ces différentes crises ont contribué à l’aggravation des conditions de vie des plus précaires et vont accentuer dans les mois à venir les besoins de solidarité et de soutien d’un grand nombre de nos concitoyens, mais aussi la nécessaire implication de chacun dans le vivre et le faire-ensemble.

Accompagnement des transitions

Depuis maintenant plus de quarante ans, la médiation sociale s’est progressivement enracinée dans le paysage institutionnel. Dans les territoires, elle est devenue indispensable, aussi bien pour l’accompagnement des habitants dans l’accès aux droits et aux services, du fait d’une dématérialisation galopante des services publics devenus pour la plupart inaccessibles par la fermeture des accueils, que pour le maintien de la tranquillité en prévenant et gérant les conflits inhérents à la vie quotidienne.

Elle est aussi essentielle pour l’accompagnement des transitions, qu’elle soit d’ordre économique, écologique ou social. Par leur action au plus près des populations, les médiateurs sociaux contribuent au développement des capacités de chacun dans le « faire société ».

Aussi bien dans l’espace public, l’habitat, les transports, les établissements scolaires que dans les champs de l’accès aux droits et services, l’éducation à la citoyenneté, la prévention de la délinquance ou encore l’accompagnement des transitions écologiques, sociales et numériques, le rôle des plus de douze mille médiateurs sociaux en France est reconnu par les habitants et ne souffre d’aucune contestation. Toutes les évaluations sur les résultats et impacts de la médiation sociale réalisées depuis plus de dix ans le montrent.

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Les bas salaires rattrapent l’inflation, mais pas ceux des cadres

Pour la première fois depuis le début de l’envolée des prix, en 2021, la hausse des salaires a (un peu) dépassé l’inflation. C’est ce que montrent les chiffres du deuxième trimestre de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail, publiés le 22 septembre.

L’indexation du smic sur l’inflation a permis d’entraîner une hausse des plus bas salaires. Au deuxième trimestre, le salaire mensuel de base des ouvriers a ainsi augmenté de 5,3 % sur un an ; et celui des employés, de 4,9 %. Rapportés à l’inflation (de 4,4 % sur la période), ils ont ainsi rattrapé l’évolution des prix. Résultat, les salaires réels des ouvriers et employés ressortent en hausse à la fin de juin, à moins de 1 %.

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En revanche, avec une hausse de seulement 4,3 % pour les professions intermédiaires, et de 3,8 % pour les cadres, les salaires réels de ces deux dernières catégories socioprofessionnelles restent sous la ligne de flottaison. Les professions intermédiaires, de plus en plus nombreuses et féminisées selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), sont très diverses : infirmiers, assistants sociaux, professeurs des écoles, commerciaux, comptables, contremaîtres…

Quelle sera la suite ? A en croire des spécialistes des ressources humaines, les revalorisations salariales pourraient tourner autour de 4,8 % cette année, pour une inflation se situant à environ 4 % à la fin de décembre, d’après les prévisions de l’Insee.

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