Des enquêtes ouvertes pour « traite d’êtres humains » après les vendanges en Champagne

Des enquêtes ouvertes pour « traite d’êtres humains » après les vendanges en Champagne

Lors des vendanges à Ludes (Marne), le 8 septembre 2023.

La justice champenoise s’est saisie de plusieurs affaires en lien avec les vendanges en Champagne, qui viennent de s’achever. A Châlons-en-Champagne, la vice-procureure Céline Fassey a confirmé l’ouverture de deux enquêtes pour traite d’êtres humains concernant des faits commis à Nesle-le-Repons et Mourmelon-le-Petit (Marne).

Dans cette dernière commune située au sud-est de Reims, un arrêté préfectoral ordonnait, le 8 septembre, la fermeture d’un immeuble insalubre où 160 vendangeurs de nationalité ukrainienne étaient hébergés. Mi-septembre, les services de l’inspection du travail découvraient également un immeuble à Nesles-le-Repons où étaient logés dans des conditions indignes 52 travailleurs d’origines malienne, mauritanienne et sénégalaise.

Dans les deux cas, les arrêtés préfectoraux relèvent « la présence de nombreuses literies de fortune, l’état de vétusté, le délabrement, l’insalubrité, l’absence de nettoyage et de désinfection, l’état répugnant des toilettes, sanitaires et lieux communs, l’accumulation de matières fécales dans les sanitaires », ainsi que les risques d’incendie.

« Conditions extrêmes »

Des vidéos consultées par Le Monde appuient le constat des travailleurs qui vivaient à Nesles-le-Repons. Ces vendangeurs, aujourd’hui relogés, n’ont pas été payés. D’après les premiers éléments, ils avaient été embauchés par des prestataires. Ces intermédiaires se sont développés ces dernières années dans le travail des vignes et facilitent le recrutement d’une main-d’œuvre de plus en plus difficile à trouver, selon les employeurs.

Si la plupart respectent le droit du travail, certaines sociétés sont créées à l’approche de la saison et profitent d’une demande importante lors de cette période intense, utilisant des personnes en situation de vulnérabilité, souvent étrangère, prêtes à travailler à n’importe quel prix.

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Les vendanges nécessitent l’embauche de 120 000 personnes environ, sur un délai de quinze jours à trois semaines. Les conditions de travail pour récolter le précieux raisin sont rudes, encore plus cette année à cause des fortes chaleurs. Cinq vendangeurs ont trouvé la mort en septembre : « Cela prouve que lorsque nous sommes confrontés à des conditions extrêmes, les moyens déployés ne sont pas suffisants pour que les saisonniers puissent travailler en toute sécurité », a déclaré Philippe Cothenet pour la CGT-Champagne.

Le syndicat est par ailleurs très mobilisé depuis quelques années sur la question des travailleurs exploités et des hébergements indignes. Mardi après-midi, une rencontre a réuni à Reims ses membres et des vendangeurs africains, victimes. Des représentants de la CGT ont ensuite été reçus à la préfecture. « Nous avons demandé que ces personnes obtiennent réparation d’un point de vue pénal et aussi une régularisation. On va les accompagner dans leurs démarches », a annoncé Sabine Duménil, secrétaire générale de la CGT de la Marne.

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