Archive dans octobre 2021

Retraites, immobilier, chômage et gaz : ce qui change et ne change finalement pas, le 1er novembre

Les pensions complémentaires Agirc-Arrco augmentent de 1 % pour les pensions dues au titre de novembre, versées en tout début du mois.

Prix du gaz, montants des retraites complémentaires du privé et des pensions agricoles, trêve hivernale, diagnostic de performance énergétique des logements, etc. : le point sur les principaux changements du mois de novembre en matière de finances personnelles.

  • Gaz : une pause dans la hausse des prix

Pour la première fois depuis avril, et seulement pour la seconde fois en dix-sept mois, aucune augmentation des tarifs réglementés du gaz n’est prévue en novembre. Cette stabilité a été annoncée par le premier ministre Jean Castex le 30 septembre, jusqu’au printemps 2022.

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Le 1er octobre, l’augmentation mensuelle avait atteint 13,9 % hors taxes, en moyenne. Au total depuis début 2021, ces tarifs ont en moyenne grimpé de 49 % en raison de la « hausse, historique, des prix du gaz sur le marché mondial », a expliqué la Commission de régulation de l’énergie.

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  • Retraite Agirc-Arrco : une revalorisation de 1 %

Ce 1er novembre, les pensions complémentaires des salariés du privé, versées par l’Agirc-Arrco à quelque 13 millions de retraités, augmenteront de 1 %. Ainsi en ont décidé les organisations syndicales et patronales qui pilotent ensemble ce régime. En 2020, un gel avait été acté.

Pourquoi les partenaires sociaux se sont-ils entendus sur une augmentation inférieure à l’inflation – l’Insee prévoyant pour 2021 une hausse de l’indice des prix à la consommation hors tabac de 1,5 % ? En raison de la crise sanitaire et de ses conséquences économiques, qui ont plombé les comptes du régime.

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Ce dernier a en effet accusé un déficit global de 4,1 milliards d’euros en 2020. L’Agirc-Arrco indique que même si elle ne compense pas totalement l’inflation, la revalorisation coûtera 850 millions d’euros par an (le régime a versé environ 83 milliards d’euros de pensions en 2020).

  • Les petites pensions agricoles à 85 % du smic

Que les exploitants agricoles ayant tous leurs trimestres (tous régimes confondus, donc avec le « taux plein ») ne puissent toucher une retraite inférieure à 85 % du smic, à certaines conditions : c’était l’objectif de la loi de juillet 2020 sur la revalorisation des pensions agricoles. La mesure entre en vigueur le 1er novembre ; le taux était jusqu’ici de 75 %.

En pratique, pour atteindre ces 85 %, la Mutualité sociale agricole (MSA) accorde aux personnes concernées des points de retraite complémentaire gratuits (un « complément différentiel de points ») si la pension totale (de base + complémentaire) versée par le régime d’assurance vieillesse des non-salariés agricoles n’atteint pas, sans coup de pouce, 85 % du smic net agricole. Est pris en compte le smic du 1er janvier de l’année du versement, donc jusqu’à fin 2021 la revalorisation d’octobre ne compte pas.

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Laurent Assouly : « La révolution silencieuse de la sobriété s’immisce dans de nombreux pans de nos vies »

Tribune. La bataille pour un ralentissement de nos modes d’existence et un consumérisme plus tempéré a commencé. Elle n’est plus la chasse gardée de militants écologistes, mais touche désormais toutes les classes sociales. La « sobriété » figure cette nouvelle humeur et se propage au fur et à mesure que des citoyens se lassent d’une société inadaptée aux nouveaux enjeux de la mutation climatique.

La révolution silencieuse de la sobriété s’immisce dans de nombreux pans de nos vies, nous intimant en sourdine de ralentir nos cadences, n’en déplaise à la modernité qui nous pousse à la vitesse.

La sobriété incarne ce coup de frein à nos consommations, ce ralentissement de nos modes d’existence qui libère un nouvel horizon où la performance et la réussite à tout prix ne sont plus les signes inconditionnels de nos imaginaires de vies réussies. Que de chemin parcouru depuis l’ascétisme de quelques aficionados du plateau du Larzac dans les années 1970, sous l’œil goguenard de la société de l’époque…

Une enquête sur trois terrains (télétravail, habitat participatif, cadres « décrocheurs »), menée dans le cadre d’un travail doctoral par entretien et questionnaire entre juin et septembre 2021, met en lumière un décalage entre les incantations des politiques à consommer plus pour soutenir l’économie et une frange de la population, toutes classes sociales confondues, qui opte pour un ralentissement de son mode de vie. La nouvelle donne climatique n’est sans doute pas étrangère à cette nouvelle réflexion sur la vie matérielle.

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Le dernier baromètre de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) de juin 2021 souligne que près de trois employeurs sur dix sont confrontés au déménagementde leurs salariés depuis l’avènement du télétravail, marqueur d’une nouvelle sobriété.

Des espaces de solidarité

Des télétravailleurs, majoritairement trentenaires, quittent Paris pour migrer vers des lieux plus proches de la nature, loin du tumulte de la ville, d’autant plus que ce devenir urbain leur semble peu conciliable avec des projets d’enfants. Souvent originaires de province, ils optent pour un rapprochement familial plutôt que le choix d’une région « carte postale de vacances », même si les deux ne sont pas incompatibles.

Ce renouement avec la terre de son enfance et la famille élargie construit des espaces de solidarité qui, selon leurs dires, « adoucit et ralentit leur mode de vie ». Improviser une garde d’enfants, entreprendre des travaux dans son nouvel habitat devient plus aisé grâce au jeu des solidarités familiales et un voisinage que la grande ville avait en partie évincé, même si le tableau des retrouvailles avec le clan n’est pas exempt de tensions.

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Les radios musicales Virgin et RFM sont visées par un plan de sauvegarde de l’emploi

Devant l’immeuble abritant Europe 1, Virgin Radio et RFM, à Paris, en novembre 2018.

Il n’y a pas que la radio Europe 1, dans le pôle médias du groupe Lagardère, qui attire tous les regards, depuis que Vincent Bolloré en est devenu le premier actionnaire. On y trouve aussi les réseaux musicaux Virgin et RFM, qui, réunis au sein d’une même unité économique et sociale (UES), sont la cible d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Annoncé le 7 octobre, il vise la suppression de trente postes de journalistes et de quatre animateurs disséminés sur l’ensemble du territoire, sur un effectif global d’environ 140 personnes.

Alors que les radios musicales, défiées par les plates-formes de streaming, enregistrent une forte baisse de leur audience, leur modèle économique fondé sur les rentrées publicitaires accuserait-il le coup ? « Nos deux radios ont fait remonter au groupe 3,6 millions d’euros de dividendes en 2020, alors même que l’année a été compliquée par le Covid-19 », défendent Laurent Lemaire et Jean-Charles Fontlupt, respectivement délégués syndicaux CFDT et SNJ-CGT, pour qui « ce PSE ne se justifie pas ». D’après une expertise mandatée par le comité social et économique (CSE), entre 2014 et 2020, RFM et Virgin ont versé 46,8 millions d’euros de dividendes à leur maison mère.

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Les directions des deux stations font cependant une autre lecture des comptes, séparant les résultats engrangés par les entités nationales, positifs, de ceux des antennes locales, déficitaires. Une méthode de calcul injuste aux yeux des représentants des salariés qui rappellent que, le reste du temps, l’économie est « globalisée » au sein de l’UES.

« Stratégies inadaptées, contradictoires »

Des deux stations, c’est Virgin qui souffre le plus. En 2020, la station a vu son résultat opérationnel consolidé s’inscrire dans le rouge, à – 500 000 euros, quand celui de RFM s’est hissé à + 5,2 millions d’euros. Virgin est aussi la station dont l’audience est la moins florissante : avec 2,8 % d’audience cumulée entre avril et juin, elle a perdu 1,4 point par rapport à la même période de 2019 (4,2 %), soit avant la crise sanitaire. Alors que celle de RFM grimpait à 4,1 %, entre avril et juin, en 2019, elle s’affichait à 3,4 % au printemps 2021.

« Depuis plusieurs années, comme Europe 1, nos deux radios ont gravement souffert des incohérences d’une gouvernance choisie par le groupe », condamnent les élus dans un communiqué, pointant les « changements de dirigeants incessants, les stratégies inadaptées, contradictoires et même parfois inexistantes à des moments cruciaux, le gel des investissements humains et matériels ». Pour autant, Virgin s’apprête à payer le plus lourd tribut : alors que les deux réseaux cumulent 71 points d’ancrage dans le pays, vingt-six stations Virgin sont appelées à disparaître, quand RFM prévoit d’en sacrifier quatre.

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« Les effets pervers du défaut d’accès des jeunes à un revenu de base sont plus importants que ceux d’un prétendu assistanat »

Tribune. Non seulement les jeunes sont les plus touchés par la pauvreté, mais ils sont aussi ceux qui ont le plus souffert de la crise du Covid-19. Selon les derniers chiffres disponibles de l’Insee, en 2019, 12,5 % des 18-29 ans ont eu un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté (soit 50 % du revenu médian), alors que ce taux est de 8,3 % pour l’ensemble de la population, et d’à peine plus de 3 % pour les plus de 65 ans. On ne connaît pas encore le taux de pauvreté en 2020, mais l’Insee indique que les jeunes sont ceux pour qui la hausse du chômage a été la plus forte en 2020.

A cette forte incidence de la pauvreté chez les jeunes, notre système social ajoute une difficulté supplémentaire : le principe de dépendance des jeunes adultes envers la solidarité familiale. Les 18-25 ans n’ont pas droit au RSA. Cette logique impose aux jeunes d’origine modeste, qu’ils soient en études, en formation, en recherche d’emploi ou en emploi précaire, une situation de détresse financière que la crise sanitaire n’a fait qu’aggraver.

Erreur de logique

Pourquoi exclure les jeunes adultes de la solidarité nationale ? La raison est idéologique : nos dirigeants politiques, et une grande partie de l’opinion publique, redoutent des effets supposément pervers liés au versement d’une prestation à des jeunes. Cet « assistanat » les pousserait à la fainéantise ; ceux qui cherchent un emploi pourraient se contenter de jouer à la PS4 ; ceux qui étudient ne verraient plus l’intérêt d’aller en cours ; ceux qui travaillent pourraient préférer diminuer leur nombre d’heures de travail et toucher un complément de l’Etat. Si de tels effets pervers peuvent exister pour certains jeunes – en général en difficulté psychologique et qu’il serait d’ailleurs bon de prendre en charge –, ils sont si limités qu’ils n’ont jamais pu être confirmés par les travaux statistiques.

Récit : Article réservé à nos abonnés Les 18-25 ans, une génération abîmée par la pandémie

L’idée d’« assistanat » est une idéologie intuitive et profondément ancrée. Elle provient de l’observation empirique que telle ou telle personne touche le RSA et ne cherche pas efficacement du travail, alors que les travaux des chercheurs démentent cette simple observation. L’apparente contradiction vient de ce qu’on appelle un « biais d’attribution » selon lequel on interprète intuitivement la situation comme « untel ne cherche pas efficacement du travail parce qu’il touche le RSA », alors que les raisons de son inactivité sont autres : manque d’accès à l’information, manque de confiance en soi, découragement, honte, problèmes de santé mentale, etc.

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« Pour un recours accru à l’immigration face aux pénuries de main-d’œuvre»

Tribune. Alors que la très forte reprise économique laisse entrevoir une possibilité historique de renouer avec la croissance et le plein-emploi dans notre pays, la pénurie de main-d’œuvre menace d’étouffer cet élan. En effet, 50 % des entreprises françaises se plaignent de ne pas pouvoir recruter, et bon nombre d’entre elles finissent par renoncer à créer de l’activité supplémentaire faute de trouver les salariés dont elles ont besoin.

Avec plus de cent métiers classés « en tension », de nombreux secteurs sont touchés et tous les niveaux de qualification sont concernés. Ainsi, parmi les dix métiers les plus recherchés (hors saisonniers) on trouve, pêle-mêle, des agents d’entretien, des aides-soignants, des aides à domicile, des employés de la restauration et de libre-service, des ouvriers non qualifiés manutentionnaires, des agents de sécurité et de surveillance, mais aussi des infirmiers, des ingénieurs, des cadres et responsables de l’informatique.

Problème structurel

Bien plus inquiétant que les tensions sur les marchés des matières premières, de l’énergie ou des produits semi-finis, qui devraient se résorber assez rapidement, ce problème est structurel. En effet, de nombreuses entreprises ne trouvaient pas non plus de salariés avant la crise du Covid-19. La réforme de l’assurance-chômage, en réduisant les indemnités liées au travail en CDD, devrait remettre des salariés de manière durable sur le marché de l’emploi. Mais étant donné l’ampleur de la pénurie, ce sera loin d’être suffisant, d’autant plus que certains chômeurs n’ont aucune qualification et sont difficilement employables.

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Face à de telles difficultés, la solution qu’utilisent les plus grosses entreprises, quand leur processus de production le leur permet, est de délocaliser une partie de leur activité à l’étranger, là où la main-d’œuvre dont elles ont besoin est abondante. Cette solution est évidement moins bénéfique à l’économie française que de créer de l’activité économique sur le territoire national.

Une autre solution est alors de faire appel à la main-d’œuvre étrangère. C’est ce que font traditionnellement d’autres pays européens comme la Suisse, le Luxembourg, le Royaume Uni, ou encore l’Allemagne, qui ont tous, proportionnellement à leur population, une immigration plus élevée que celle de la France, en flux comme en stock.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés En dépit des pénuries de main-d’œuvre, l’immigration professionnelle reste compliquée

De fait, notre pays est aujourd’hui très peu compétitif sur ce sujet. Il souffre d’un déficit d’attractivité auprès des candidats à l’immigration de travail comme l’illustre la faible immigration intra-européenne. Parmi le flux d’immigrés arrivant chaque année en France (de l’ordre de 270 000 personnes), les ressortissants de l’Union européenne (UE) n’en constituent qu’un tiers ; 4,6 % de la population totale sont issus de pays tiers et seulement 2,4 % de l’UE. Ceci classe la France derrière le Luxembourg, l’Autriche, la Belgique, l’Irlande, l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni (pré-Brexit), le Danemark, la Suède, l’Italie, les Pays-Bas, et même Chypre et Malte.

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CPF : l’essor du compte personnel de formation se confirme

Le compte personnel de formation (CPF) entre dans les usages à toute vitesse. En 020, il a financé 984 000 actions pour développer les compétences des travailleurs et des chômeurs, contre 517 000 en 2019. Et la dynamique se poursuit : au cours du premier semestre 2021, le nombre de dossiers est équivalent à celui des douze mois précédents. C’est ce que montrent des enquêtes diffusées, jeudi 28 octobre, par la Caisse des dépôts et consignations et par la Dares – la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail.

Cette forte augmentation est due à l’ouverture, à la fin de novembre 2019, du « parcours d’achat direct ». Il y a deux ans, le CPF a été profondément transformé en devenant accessible par le biais d’une application mobile et du site Internet Moncompteformation. Le lancement de ces outils numériques s’est accompagné de l’instauration d’une procédure nouvelle : elle permet aux personnes de se payer des formations avec l’argent qui a été crédité sur leur compte, sans passer par un intermédiaire comme c’était le cas auparavant. Tous ces changements, qui découlent de la loi « avenir professionnel » promulguée en septembre 2018, ont contribué à « démocratiser l’accès à la formation », comme l’a déclaré la ministre du travail, Elisabeth Borne, lors d’une rencontre, jeudi à Paris, consacrée à cette thématique.

« Très favorable aux demandeurs d’emploi »

En 2020, 2,8 % de la population active a eu recours au CPF. Cette proportion peut être jugée faible, mais il faut en même temps rappeler qu’elle est nettement supérieure à celle qui avait été mesurée sur la période 2015-2019 (1,5 % en moyenne). Le passage au « parcours d’achat direct » se « très favorable aux demandeurs d’emploi », puisque ceux-ci représentaient « 36 % des bénéficiaires du CPF en 2020, soit quatre points de plus » en un an, d’après la Dares. Ce succès s’observe dans d’autres catégories. Ainsi, le nombre d’ouvriers qui mobilisent leur compte s’envole (+ 73 %) et celui des employés enregistre une progression très vive (+ 53 %). Chez les femmes, les individus de moins de 30 ans et les seniors, la tendance est également à la hausse.

Les formations les plus suivies dans le cadre du CPF concernent le champ « transports, manutention et magasinage », selon la Dares.

Les formations les plus suivies dans le cadre du CPF concernent le champ « transports, manutention et magasinage », selon la Dares. Cette « prédominance » tient notamment aux stages débouchant sur la délivrance du permis de conduire, dont le nombre a quadruplé. « Les langues restent le deuxième domaine le plus important, même si leur part (…) diminue depuis 2018 », complète l’étude des services du ministère du travail. Enfin, on assiste à un accroissement soutenu des « formations CPF » destinées aux créateurs-repreneurs d’entreprises et aux activités de coiffure, d’esthétique et d’informatique.

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En Espagne, comment des plates-formes de livraison tentent de contourner la loi

Il y a ceux qui sous-traitent à des sociétés de transport et de logistique l’embauche des livreurs à domicile (comme Uber Eats), ceux qui bricolent les paramètres des applications pour tenter d’effacer toute relation de type salariale avec leurs coursiers (Glovo), ceux qui abandonnent (Deliveroo). Mais il y a aussi ceux qui jouent le jeu et embauchent leurs coursiers (Just Eat). Cinq mois après l’approbation de la loi « riders » en Espagne, un texte pionnier censée obliger les plates-formes numériques à salarier leurs livreurs, et deux mois et demi après son entrée en vigueur, le 12 août, les différents acteurs tentent de trouver la parade.

« La loi est un outil utile pour réguler le secteur. Et, même si elle n’est pas complètement efficace, les livreurs ayant un statut d’autoentrepreneur sont aujourd’hui une minorité », assure Carlos Gutierrez, porte-parole de la jeunesse et des nouvelles réalités du travail pour le syndicat Commissions ouvrières (CCOO). Pour lui, les bénéfices du texte sont évidents. « Les nouvelles plates-formes de livraison qui ont décidé de s’implanter en Espagne depuis son approbation, comme Rocket, salarient les livreurs, rappelle-t-il. Quant aux autres, la plupart essaient de contourner la loi, mais nous sommes en train de porter plainte. La question des coursiers n’est que la pointe de l’iceberg de l’ubérisation du travail et il est indispensable d’ordonner les nouvelles activités et de préserver les droits du travail. »

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Deliveroo a, lui, préféré jeter l’éponge et faire une croix sur un marché dynamique (près de 4,7 millions de clients en 2019 ayant réalisé 36 millions de commandes). « Ce qui est important, c’est que, dans le cadre de la négociation du licenciement collectif, elle reconnaîtra la validité de la loi et, donc, le statut de salarié des riders avant de les licencier », précise M. Gutierrez. Près de 3 800 coursiers sont concernés.

Bénéfices sociaux

Pour l’heure, les grands gagnants de la nouvelle législation espagnole semblent être les entreprises de transport et logistique, comme Deelivers. Cette start-up galicienne, lancée en 2014, prévoit de tripler ses résultats cette année et de réaliser 12 millions d’euros de chiffre d’affaires. Choisie notamment par Uber Eats pour employer ses anciens livreurs autonomes, qu’elle a déconnectés de sa plate-forme en août, elle recrute à tour de bras et compte déjà près de 1 400 livreurs, contre 600 à peine avant la loi.

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Pour attirer les candidats, qui « commencent à manquer », selon son PDG, Adrian Pena, elle vante ses « conditions uniques » d’embauche sur son site Web : flexibilité des horaires, trente et un jours de vacances par an, des bénéfices sociaux au bout d’un an, un salaire horaire fixe et des primes, pas de travail le jour de son anniversaire… Pour décider les réticents, elle a même préparé des réponses aux questions types, telles que : « Mon ami est travailleur indépendant et il peut travailler quand il veut » ou « Mon ami gagne plus en travaillant comme autoentrepreneur ». Signe que devenir salarié d’une entreprise de sous-traitance ne convainc pas tous les livreurs. « Surtout ceux qui travaillaient pour plusieurs plates-formes et pouvaient faire soixante heures par semaine », reconnaît M. Pena.

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La loi pour une « égalité économique et professionnelle réelle » peut modifier en profondeur les directions des grandes entreprises françaises

Tribune. La loi Copé-Zimmermann a imposé en 2011 un minimum de 40 % d’administrateurs de chaque sexe au sein des conseils d’administration (CA) des entreprises cotées en Bourse. Dix ans plus tard, au moment où le Sénat examine la proposition de loi « égalité économique et professionnelle réelle » qui vise, cette fois, à imposer une mixité au sein des comités exécutifs – qui dirigent les entreprises au quotidien –, il semble indispensable de tirer les leçons de l’expérience précédente.

La loi Copé-Zimmermann a atteint, et même dépassé, les résultats chiffrés attendus. Les femmes sont passées d’une situation de toute petite minorité – 7 % des membres des CA en 2006 dans les entreprises du SBF 120 [les 120 plus grosses capitalisations françaises] – à une situation proche de la parité : 46 % des effectifs aujourd’hui. Alors que l’inégalité des genres semblait gravée dans le marbre depuis des décennies, cette loi a fait de la France la championne de la mixité des conseils d’administration.

Lire l’entretien : Article réservé à nos abonnés Marie-Jo Zimmermann : « Les quotas de femmes dans les conseils d’administration ont transformé la gouvernance des entreprises »

Mais il est intéressant d’examiner les conséquences de cette réforme sur la qualité de la gouvernance des entreprises concernées. L’étroitesse du vivier de femmes dirigeantes a-t-elle abouti à la sélection de personnalités de second choix, ayant moins d’expérience, de qualifications, d’indépendance que les administrateurs qui les précédaient ?

Cette question est récurrente dès qu’il est question de quotas. Accorder un quota à une partie de la population jusque-là sous-représentée, suscite toujours des craintes quant à la qualité des personnes nommées par la suite.

Plus expérimentées, plus indépendantes

De fait, la réforme Copé-Zimmermann a causé dans un premier temps des difficultés de recrutement. Les mandats, particulièrement longs, des premières femmes nommées administratrices en témoignent. Mais une recherche menée par une équipe de l’université Paris-Dauphine-PSL met en évidence les effets finalement très positifs de cette loi – « Closing the Gap : Board Gender Quotas and Hiring Practices », Daniel Ferreira, Edith Ginglinger, Marie-Aude Laguna et Yasmine Skalli, European Corporate Governance Institute (ECGI), Finance Research Paper n° 520, 2020.

Cette recherche démontre notamment que, contrairement à ce que l’on pouvait anticiper, les nombreuses administratrices sélectionnées à partir de 2011 sont plus expérimentées, plus indépendantes, et ont des profils plus internationalisés que les rares femmes qui étaient auparavant à ces postes.

Que s’est-il passé ?

Jusqu’à la loi Copé-Zimmermann, le recrutement des administrateurs était en réalité largement basé sur la cooptation à travers des réseaux très peu féminisés d’anciens de l’X, d’HEC, et de l’ENA, dont les membres se trouvaient représentés de manière disproportionnée dans les conseils d’administration.

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Emploi : au-delà de l’embellie, des chantiers inachevés

Editorial. Trimestre après trimestre, l’embellie sur le marché de l’emploi en France se confirme. La baisse du chômage s’est accélérée entre juillet et septembre, selon les dernières statistiques de la direction chargée des études au ministère du travail. Le nombre de demandeurs d’emploi est redescendu légèrement en dessous du niveau atteint en décembre 2019, juste avant le début de la crise pandémique. Qui aurait cru qu’il faille moins de sept trimestres pour effacer les effets d’un tel choc conjoncturel ?

Si la résilience du marché du travail est une bonne surprise, elle n’a rien de magique. Les coûteux plans de soutien à l’économie déployés par le gouvernement avec l’aide de la politique monétaire menée par la Banque centrale européenne ont parfaitement joué leur rôle d’amortisseur. Ils ont financé des dispositifs de chômage partiel, qui ont limité la destruction pure et simple des emplois, permettant une reprise du marché du travail plus fluide et plus rapide que prévu.

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Ainsi, les déclarations d’embauche n’ont jamais été aussi nombreuses depuis 2000. Même si les recrutements en contrat court restent majoritaires, la croissance des CDI devient forte, et la reprise profite à toutes les catégories d’âge. Plus surprenant, le dynamisme de l’emploi salarié est supérieur à celui de la croissance économique, un phénomène inverse de celui observé aux Etats-Unis, où, malgré la reprise, le nombre de salariés reste inférieur de 5 millions à celui d’avant la crise.

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L’embellie est telle que la question de l’emploi est en train de passer au second plan des préoccupations des Français, qui se focalisent désormais sur leur pouvoir d’achat. La lutte contre le chômage est pourtant loin d’être gagnée. Selon les prévisions de l’Insee pour le troisième trimestre, le taux de demandeurs d’emploi devrait avoisiner 7,6 % de la population active. La France ne peut se satisfaire d’une telle situation.

Anticiper l’adaptation du marché du travail

Les pistes d’amélioration sont connues. Certaines sont sur le point d’être empruntées par le gouvernement. Des mesures à destination des jeunes qui ne sont ni au travail, ni en formation, ni dans un établissement d’éducation devraient être prochainement annoncées. Il est question de verser une allocation en échange d’un engagement à suivre un parcours vers l’emploi. L’efficacité du mécanisme sera fonction des moyens alloués.

Autre piste, celle de l’amélioration des dispositifs de formation. Des sommes importantes ont été débloquées en début de quinquennat, permettant d’enregistrer des progrès dans l’accompagnement des chômeurs. Les pénuries d’emplois constatées dans certains métiers montrent toutefois que l’adéquation entre les compétences disponibles sur le marché et les profils recherchés par les employeurs reste compliquée.

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Deux chantiers sont encore au point mort. L’emploi des séniors, d’abord. Il n’est pas admissible que près de 40 % des personnes partant à la retraite ne soient déjà plus en activité. Certains candidats à l’élection présidentielle parlent de reculer l’âge de départ, mais aucun n’avance de proposition pour augmenter le taux d’emploi des plus de 60 ans, ce qui devrait être un préalable à toute réforme des régimes de pension.

Le second chantier concerne l’adaptation du marché du travail à la transition écologique et numérique. Dans sa présentation du plan d’investissement France 2030, Emmanuel Macron n’a fait qu’effleurer le sujet de l’adaptation des compétences, pourtant primordial. Sans anticipation de ces ruptures et sans régler les problèmes structurels de l’emploi en France, l’embellie risque d’être de courte durée.

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Le Monde

« Toxic Management »: un témoignage glaçant sur la manipulation des salariés

Le livre. Dans la salle de réception du siège social, sur l’estrade, le PDG fait face à une cinquantaine de nouveaux salariés. « Chez nous, vous êtes libres. Vraiment. Il n’y a ni hiérarchie ni chefs, vous êtes votre propre patron. Il est expressément interdit de donner des ordres. Que voulez-vous, je suis un disciple de Mai 68, j’ai l’autorité en horreur : je veux qu’on s’éclate dans ma société ! » Gadama Inc. n’est pas n’importe quelle entreprise : elle se présente comme une application fidèle de la « démocratie participative ».

Lorsqu’on lui propose d’entrer dans le groupe en tant que philosophe, Thibaud Brière accepte avec enthousiasme. « Sauf que tout ne s’est pas passé comme prévu. J’ai été progressivement convaincu de la perversité du mode de management que j’étais chargé de promouvoir, dans l’usage qui en était fait », révèle l’auteur de Toxic Management (Robert Laffont). L’ouvrage livre un témoignage glaçant sur la manipulation des consciences qui s’exerce aujourd’hui dans le monde de l’entreprise.

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Si le nom est fictif, Gadama Inc. existe réellement. Il s’agit d’une société considérée comme une référence managériale, auprès de laquelle de nombreuses autres viennent chercher leur inspiration. Elle se veut une préfiguration de ce que sera demain le monde du travail : en réseau, entre pairs, peu hiérarchique, participatif, souligne celui qui l’a rejointe entre 2012 et 2018.

L’impératif de transparence

Le philosophe d’entreprise participe aux réunions du conseil d’administration et du comité de direction, anime des formations destinées aux techniciens comme aux manageurs et circule dans les enseignes des différentes filiales. Recruté pour identifier les valeurs de l’entreprise, afin de les diffuser ensuite et d’instaurer un climat de confiance, il doit en réalité transmettre des ordres sous couvert de valeurs humanistes, faire adhérer les membres de l’organisation à la doctrine particulière du PDG – « comme Amazon, Google et Apple ont, elles, institué la fonction de “chief evangelist officer”, qui a le mérite de la clarté ».

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Lors d’une journée d’accueil pour les nouveaux venus, le président et principal actionnaire, rebaptisé « père fondateur », insiste sur la totale transparence dont tout le monde doit faire preuve, et conclut son intervention en évoquant le recrutement d’un philosophe maison, entièrement libre dans ses propos, à qui il passe la parole. « A l’issue de mon intervention – modérée et prudente puisque je viens de débuter –, il me demande expressément de réserver dorénavant certaines de mes critiques les plus incisives pour les réunions du conseil d’administration. »

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