Archive dans octobre 2021

Election présidentielle 2022 : la hausse des salaires et du pouvoir d’achat au cœur de la campagne

Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise (LFI) et candidat à l’élection présidentielle, à Paris, le 24 septembre 2021.

« Vivre dignement de son travail. » Revendication longtemps portée par les « gilets jaunes », notamment aux prémices du mouvement, à l’automne 2018, cette ambition figure désormais en bonne place des discours et des propositions des candidats à l’élection présidentielle.

La question de la hausse des salaires et du pouvoir d’achat revient en effet dans le débat en cette rentrée marquée par une reprise économique plus forte qu’anticipé, mais aussi par une inflation et des prix de l’énergie (gaz, électricité…) en nette hausse, grevant le budget des ménages.

« La question sociale a été éclipsée depuis deux ans »

Pour de nombreux candidats, il est donc temps que les salariés profitent du retour de la croissance après un an et demi de crise sanitaire qui a mis en lumière les « premiers de corvée », ces métiers indispensables dans la santé, le social ou l’éducation, tout en étant précaires et mal rémunérés. Une volonté affichée également par le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, qui a réclamé, fin août, « une meilleure rémunération pour ceux qui ont les revenus les plus faibles ». « La croissance doit profiter à tout le monde, même les moins qualifiés », a-t-il prévenu à destination des chefs d’entreprise.

Mais si l’objectif est partagé par tous, les solutions divergent chez les postulants à l’Elysée : baisse des charges salariales pour Valérie Pécresse, hausse des salaires, notamment chez les enseignants, pour Anne Hidalgo, ou encore augmentation substantielle du smic pour Arnaud Montebourg et Jean-Luc Mélenchon…

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« La question sociale a été éclipsée du débat depuis deux ans. Ce n’est pas maintenant que les gens ont des difficultés, tient à rappeler Clémence Guetté, coordinatrice du programme de La France insoumise (LFI). On sait que huit millions de personnes ont recours à l’aide alimentaire, dont beaucoup de femmes et d’enfants, donc, si la question sociale peut être remise au centre du débat, évidemment, nous, on a des propositions. »

Jean-Luc Mélenchon est le candidat qui a le programme le plus détaillé dans ce domaine à ce stade : passage du smic de 1 258 euros net à 1 400 euros, allocation d’autonomie de trois ans pour les 18-25 ans ou encore limitation de l’écart de salaires dans les entreprises dans une fourchette de un à vingt… Il défend également une « loi d’urgence sociale » à adopter dans la foulée de la présidentielle. « Il faut un choc de consommation populaire, poursuit Mme Guetté. Les gens qui ont un petit salaire se privent parfois de repas. Alors, si on les augmente, ils vont consommer davantage et on espère mieux. »

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La réforme de l’assurance-chômage, un symbole politique pour Emmanuel Macron

Emmanuel Macron au palais de l'Elysée, le 24 septembre 2021.

C’est une réforme économique et sociale qu’Emmanuel Macron entend ériger comme un vrai objet politique à un peu plus de six mois de l’élection présidentielle de 2022.

Alors que la mise en œuvre de la réforme de l’assurance-chômage est prévue pour vendredi 1er octobre, le chef de l’Etat veut en faire un vrai marqueur de son bilan. Après avoir défendu cette mesure phare de son quinquennat, en février 2018, comme un élément de sécurité face à la précarité du marché de l’emploi – en contrepartie à la flexibilité offerte par les ordonnances travail –, le locataire de l’Elysée la présente désormais comme une manière d’inciter les chômeurs à la reprise du travail. Avec les valeurs du « mérite » et de « l’effort » intronisées comme un axe phare de son discours.

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Cette réforme, qui durcit les règles de calcul de l’allocation-chômage, repose sur « une volonté simple », avait-il expliqué, le 12 juillet : « En France, on doit toujours bien mieux gagner sa vie en travaillant qu’en restant chez soi, ce qui n’est actuellement pas toujours le cas. » Une tirade, dans laquelle le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, avait décelé « un petit brin de populisme ».

« C’est un combat culturel »

Mais loin d’adoucir ses propos, M. Macron a ensuite réaffirmé sa conviction pour défendre la mise en œuvre de cette réforme. « Il faut s’assurer qu’il n’est jamais plus rentable de ne pas travailler que de travailler », a-t-il lancé, le 16 septembre, lors d’un discours devant la principale organisation des indépendants – artisans, commerçants, professions libérales – à la Maison de la mutualité. Avant de poursuivre : « Nous devons réengager la nation tout entière dans cette culture du travail et du mérite, c’est un combat culturel. »

Une manière d’envoyer un signal à l’opinion, surtout sa frange la plus conservatrice, particulièrement sensible au thème de la lutte contre « l’assistanat ». « Il y a une arrière-pensée électorale de la part d’Emmanuel Macron, qui s’inscrit dans sa stratégie plus générale de capter l’électorat de droite, analyse Jérôme Fourquet, directeur du département opinion à l’IFOP. Avec cette mesure, il parle avant tout aux petits et aux moyens entrepreneurs, qui sont pour la plupart confrontés à une pénurie de main-d’œuvre, alors même que dans cette période de sortie de crise, le taux de chômage reste élevé, autour de 8 % [de la population active]. »

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Une « situation paradoxale » aux yeux de la ministre du travail, Elisabeth Borne, consistant à avoir des entreprises « qui ne parviennent pas à recruter » et « des chômeurs qui ne parviennent pas à retrouver un emploi », qui justifie, selon elle, la mise en œuvre de la réforme de l’assurance-chômage.

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