Archive dans septembre 2020

Chômage partiel : moins de personnes vulnérables pourront en bénéficier

Une grande partie de personnes dites vulnérables, à risque de formes graves de Covid-19, ne peuvent plus bénéficier des dispositions de chômage partiel à compter du 1er septembre. Un décret paru dimanche 30 août au Journal officiel durcit ces règles, en réduisant sensiblement la liste des personnes pouvant en bénéficier, dont les « salariés partageant le domicile d’une personne vulnérable ».

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Depuis le début de la crise sanitaire, les personnes malades à risques pouvaient bénéficier d’un arrêt de travail ou d’activité partielle, sur la base d’un certificat d’isolement délivré par leur médecin, afin de les exposer le moins possible au virus et de ne pas subir de trop lourdes pertes financières.

Des inquiétudes

Ce n’est donc plus le cas, sauf « pour les personnes atteintes de certaines pathologies qui présentent un risque particulièrement élevé de formes graves de Covid ». Selon le décret, ce sont les personnes souffrant d’un cancer évolutif sous traitement (hors hormonothérapie), des sujets atteints d’une immunodépression congénitale ou acquise (infection à VIH, consécutive à une greffe d’organe, liée à une hémopathie maligne…), les personnes en dialyse ou présentant une insuffisance rénale chronique sévère, et celles âgées de 65 ans ou plus souffrant d’un diabète associé à une obésité ou des complications micro ou macrovasculaires.

Si l’association de malades rénaux Renaloo se dit satisfaite de la prise en compte des patients qu’elle représente, elle est, selon elle, insuffisante. En effet, « des personnes pour lesquelles un risque important est pourtant avéré ne sont pas dans la liste et devront donc retourner sur leur lieu de travail », souligne-t-elle.

Nombre de malades ont manifesté leurs inquiétudes. « Nous sommes satisfaits que les personnes à haut risque vital aient été prises en compte, mais il y aura des trous dans la raquette », regrette Féreuze Aziza, conseillère assurance maladie pour France Assos Santé, qui regroupe 85 associations de patients et d’usagers de la santé.

Pour prendre cette décision, les ministères de la santé et celui du travail se réfèrent à l’avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) du 30 juin. Se fondant sur les données scientifiques, le HCSP indique que le télétravail est privilégié, mais qu’à défaut le travail présentiel doit être proposé à toutes les personnes fragiles, assorti de renforcement de mesures de protection. Matignon met aussi en avant le risque de « désinsertion professionnelle ». Pour le HCSP, le risque de contamination n’est pas plus élevé dans un lieu de travail que dans la rue ou un autre endroit.

Une indemnisation moindre

« Le timing et le contenu de ce décret sont surprenants à deux jours de son application. Il n’y a aucune base scientifique pour hiérarchiser ces maladies. Le diabète, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires chroniques… sont exclus. Or, ce sont des facteurs de risques majeurs et aggravants pour les personnes infectées par le coronavirus SARS-CoV2 », souligne Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie à l’université de Versailles-Saint- Quentin-en-Yvelines. Pourquoi ne pas avoir attendu de voir l’évolution de l’épidémie fin septembre-courant octobre, questionne-t-il.

Lorsque le télétravail ne sera pas possible et que les conditions de sécurité pour le retour au travail ne seront pas réunies, le seul recours sera l’arrêt maladie, avec une indemnisation moindre rapidement dégressive.

Les cadres disent « oui » au télétravail, mais à petites doses

« Si les Français semblent réticents à rester chez eux tous les jours, ils restent malgré tout favorables à un télétravail occasionnel, rappelle l’étude de Robert Walters »

Alors que les vacances estivales ont succédé à plusieurs semaines de confinement, le retour au bureau paraît s’éloigner de plus en plus. Suite à la dégradation de la situation sanitaire due au coronavirus, le gouvernement encourage fortement le maintien du travail à distance. Dans le contexte actuel, cette exigence coïncide-t-elle avec les vœux des salariés ? Il semble que oui : les sondages portant sur les attentes des collaborateurs en matière de télétravail, tels ceux de Kantar ou de Corona-work, font état d’un vrai plébiscite.

Une étude du cabinet de recrutement Robert Walters, qui s’est penché sur le retour au bureau post-confinement, met toutefois l’accent sur une spécificité culturelle bien française. Selon les réponses recueillies auprès de plus de cinq mille salariés dans trente et un pays, les cadres français se montreraient plus réticents au télétravail fréquent, par rapport aux autres nationalités. Malgré la peur du Covid-19, seulement 16 % d’entre eux aimeraient continuer à travailler tous les jours à distance et ne revenir dans les locaux de leur entreprise que ponctuellement.

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Parmi les pays sollicités, la France est le dernier à vouloir garder ce rythme : chez nos voisins européens, ce taux s’élève à 22 % en Belgique et à 23 % en Allemagne. En Espagne, la part des adeptes du télétravail quotidien grimpe même à 36 %.

Lien social

Cette moindre appétence pour le télétravail quotidien est-elle due au manque de pratique – après tout, ce mode de fonctionnement était quasi inexistant en France il y a encore quelques années – ou bien à une culture qui place davantage le travail au centre de la vie sociale ? « Cette étude a été réalisée en juillet, alors que le confinement était encore frais dans les esprits », relativise Coralie Rachet, directrice générale de Robert Walters France.

Malgré la peur du Covid-19, seulement 16 % des cadres français aimeraient continuer à travailler tous les jours à distance, contre 22 % en Belgique, 23 % en Allemagne et 36 % en Espagne

Ce probable sentiment de ras-le-bol se couple à un autre élément d’explication : « Les Français sont davantage attachés au village social” qu’incarne la vie de bureau et aux relations avec leurs collègues », avance Coralie Rachet.

A demeurant, les résultats de cette enquête coïncident avec ceux d’une des rares études officielles menées sur ce sujet. Une vaste recherche de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) sur le ressenti des cadres français en télétravail, datant de novembre 2019, mettait en exergue la difficulté des télétravailleurs à ne pas laisser déborder leur vie professionnelle sur leur vie privée.

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Le Covid-19 complique la rentrée des associations

Atelier d’écriture à l’Association rurale d’éducation populaire (AREP) de Festes-et-Saint-André (Aude), en octobre 2018.

Plus de duos, plus de portés ni de danses à deux : c’est un des sacrifices qu’a dû faire Véronique Ruffin pour maintenir l’activité de son club de danse, à Genas (Rhône). Après un arrêt complet des cours en mars en raison du confinement, il a fallu préparer la rentrée de septembre dans un contexte inédit. Les consignes sanitaires, floues, inquiètent la vice-présidente de cette association qui accueille environ 280 élèves chaque année.

Ce club de danse est loin d’être un cas isolé. Le secteur associatif français profitait pourtant d’une bonne dynamique, avant que la pandémie menace l’activité de nombreux acteurs du secteur, en attente de solutions adaptées pour accueillir le public.

Une dynamique cassée par la pandémie

En 2018, la France comptait entre 1,35 million et 1,45 million d’associations en activité, qui mobilisaient près de 12,5 millions de bénévoles. Entre septembre 2018 et août 2019, 72 000 associations avaient été créées, d’après les chiffres du réseau associatif Recherches et Solidarités.

« Pour le secteur associatif, cette pandémie est tombée d’autant plus mal que le dernier trimestre 2019 s’annonçait encourageant en termes d’emplois. Cette dynamique a été cassée par le Covid-19 », constate Jacques Malet, le président de Recherches et Solidarités. En collaboration avec le mouvement associatif, le réseau a produit deux rapports (pendant et après le confinement) pour mesurer l’impact du Covid-19 sur ces structures.

La deuxième enquête, réalisée du 18 mai au 15 juin, a permis d’analyser les réponses de près de 13 000 responsables du secteur associatif et d’en tirer des conclusions pour l’ensemble des acteurs : « Nous avons estimé à 30 000 le nombre d’associations susceptibles de déposer le bilan », indique M. Malet.

Composer avec l’incertitude

Louis Pastorelli est responsable d’une association niçoise proposant des ateliers de musique, incluant du chant en niçois. Comme beaucoup d’autres, il subit la situation, qui l’empêche de se projeter. « Nous ne pourrons pas reprendre les cours de chant puisque la mairie nous impose le port du masque en salle de cours, malgré la distanciation sociale. Nous ne savons pas ce que nous allons faire, c’est peut-être la fin de nos activités. Cela remet en cause tout ce que nous avons construit depuis huit ans », regrette-t-il.

À Genas, la mairie a demandé à Véronique Ruffin et à ses collègues de rédiger elles-mêmes un protocole sanitaire

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Entreprises : le protocole sanitaire consacre le port du masque grand public

Dans les bureaux d’une startup, le 19 août à Paris.

Preuve de la difficulté à appliquer une règle générale, celle du port du masque, à toutes les entreprises, tous les secteurs et tous les métiers, le nouveau protocole sanitaire, qui doit entrer en vigueur dès mardi 1er septembre à l’ouverture des bureaux, ateliers ou usines, n’a finalement été publié dans sa version définitive que lundi 31 août, peu avant 21 heures.

Sans beaucoup de surprise toutefois, la version définitive de ce document consacre le port du masque grand public, et le « rend systématique dans les espaces partagés et clos à compter de la rentrée ». Désormais, il ne sera plus nécessaire d’avoir le compas dans l’œil pour s’assurer de la distance entre deux personnes. Le masque s’impose en toutes circonstances, en plus des gestes barrières habituels : distance d’un mètre, lavage des mains, désinfection des surfaces, aération des locaux…

Seuls seront exemptés de cet accessoire les heureux salariés disposant d’un bureau personnel, et uniquement lorsqu’ils sont seuls dans ledit bureau. Autres exceptions les salariés travaillant en atelier qui sont souvent « amenés à effectuer des efforts physiques plus intenses que la moyenne » ; ils pourront travailler sans masque « dès lors que les conditions de ventilation/aération fonctionnelle sont conformes à la réglementation, que le nombre de personnes présentes dans la zone de travail est limité, que ces personnes respectent la plus grande distance possible entre elles et portent une visière ».

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En revanche, les salariés qui travaillent en extérieur devront mettre le masque en cas de « regroupement » et lorsque le respect de la distance d’un mètre n’est pas possible. Dans les véhicules aussi, les salariés devront être masqués s’ils voyagent à plusieurs. Quant aux visières, si elles peuvent être utiles, elles ne sauraient constituer une alternative au port du masque grand public, « de préférence réutilisables », précise le protocole, « couvrant à la fois le nez, la bouche et le menton, répondant aux spécifications de la norme Afnor S76-001 ».

« Quelques jours de bienveillance »

Grande nouveauté du protocole, la possibilité de retirer le masque « temporairement » à certains moments dans la journée, dès lors qu’un certain nombre de mesures sont prises, « par exemple l’existence d’une extraction d’air fonctionnelle ou d’une ventilation ou aération adaptée ». De plus, le protocole précise que ces mesures peuvent être réduites dans des zones de circulation faible ou modérée du virus à certaines conditions :

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