Formation : l’Afpa projette de supprimer plus de 930 postes et de fermer 38 centres
Les syndicats étaient « sous le choc » à la suite de l’annonce par la direction de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) jeudi 18 octobre d’un « plan de transformation ». Dans le cadre de ce plan, 938 postes d’ici à la fin de 2020 seront supprimés et 38 centres du plus gros organisme de formation français seront fermés.
« L’Afpa est devenue structurellement déficitaire, en raison de l’intensité concurrentielle du secteur de la formation, de la digitalisation de l’offre et du passage à un système d’appels d’offres qui ont révélé sa faible compétitivité », souligne la direction dans son communiqué. Déjà plusieurs fois renflouée par l’Etat, l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes, qui employait 6 773 personnes en CDI au 31 décembre 2017, s’attend à une nouvelle perte d’exploitation « de plus de 70 millions d’euros pour 2018 ».
Triple objectif
Avec ce plan, l’agence se fixe un triple objectif : « assurer sa mission de service public pour la formation des publics les plus éloignés de l’emploi » ; « adapter son offre aux appels d’offres des régions et des entreprises en s’adaptant aux besoins de nouvelles compétences et des métiers en tension », et développer « des services innovants aux demandeurs d’emploi, aux entreprises et aux branches professionnelles ».
Le plan, attendu depuis plusieurs mois et présenté jeudi en comité central d’entreprise, prévoit de supprimer 1 541 postes en CDI d’ici à la fin de 2020 et d’en créer 603 sur d’autres compétences. Les départs naturels à la retraite concerneront 600 personnes. Pour ceux qui ne rentreront pas dans les dispositifs de reclassement interne, « une phase de départs volontaires sera proposée, avec un accompagnement renforcé : création d’entreprises, formation longue pour reconversion externe… », selon la direction.
« Le statu quo n’était plus tenable »
Par ailleurs, l’établissement public prévoit de fermer des implantations « qui ne répondent plus aux besoins des territoires » et « ne trouvent plus leur demande » afin « de rationaliser son parc immobilier ». L’Afpa fermerait ainsi 38 centres sur 206 et « privilégiera la mobilité, en se déplaçant là où est le besoin de formation ».
Les syndicats ont dénoncé, à l’image de la CFDT, « une restructuration d’ampleur sans projet stratégique abouti ». Pour Yann Cherec (CGT), « c’est deux fois pire que ce que l’on craignait ». Cette annonce a aussi entraîné de vives réactions dans les régions concernées. Le conseil régional du Centre-Val de Loire, qui commande à l’Afpa « deux mille places par an pour quatorze millions d’euros », a immédiatement protesté contre la fermeture de cinq centres à Issoudun, Châteauroux, Blois, Montargis et Veigné, qui « participent au maillage de notre territoire ».
« C’est un projet de très grosse transformation, mais on est sous pression depuis une dizaine d’années et le statu quo n’était plus tenable », a justifié la directrice générale, Pascale d’Artois, rappelant que l’Afpa a cumulé 725 millions de pertes de 2012 à 2016. La ministre du travail, Muriel Pénicaud, avait demandé en juin une « feuille de route pluriannuelle » avec « des engagements et des missions claires ».