Le juge prud’homal peut-il dénier de mettre le plafond ?

(Toulouse, porte d'entrée de l'immeuble du conseil des prud’hommes).
(Toulouse, porte d’entrée de l’immeuble du conseil des prud’hommes). Danièle Schneider / Photononstop

Question de droit social. Pour le non-juriste, le feuilleton judiciaire du plafond de dommages-intérêts dus en cas de résiliation sans cause réelle et sérieuse est péniblement compréhensible. Comment le conseil de prud’hommes du Mans a-t-il pu juger le 26 septembre 2018 qu’il était applicable, mais celui de Lyon juger exactement l’inverse le 21 décembre 2018, tous deux invoquant les mêmes textes, français (L. 1235-3 du code du travail) et internationaux (convention n° 158 de l’Organisation internationale du travail, article 24 de la Charte sociale européenne) ?

En résumant, pour éviter de descendre dans les subtils détails du droit international, suite à la multiplication des ordres juridiques internationaux (ONU, Conseil de l’Europe, Union européenne), la même question, délicate sur le plan juridique mais aussi politique, s’est posée partout. Liant d’abord des Etats, un traité nécessite-t-il un acte de réception nationale (une loi par exemple) pour être applicable en droit interne ? Ou s’y insère-t-il automatiquement ? Et si oui, à quel niveau ?

Si l’on écarte le droit communautaire car « commun » aux vingt-huit membres de l’Union européenne (ex. : le règlement, qui s’impose immédiatement et partout), les réponses sont très diverses selon les pays. Pour la France, « les traités régulièrement ratifiés ont (…) une autorité supérieure à celle des lois (…) », indique l’article 55 de la Constitution de 1958. Dans notre hiérarchie des sources du droit, un traité est donc infra-constitutionnel, mais supra-légal.

Non conforme

Et le droit français admets n’importe quel juge, judiciaire sous le contrôle de la Cour de cassation, ou administratif sous celui du Conseil d’Etat, à écarter l’application d’une loi française incompatible avec un traité ratifié : c’est le « contrôle de conventionnalité ».

La sanction judiciaire des contrats nouveaux embauches (CNE), créé par l’ordonnance du 2 août 2005, en est un exemple emblématique. Permettant pendant deux ans une rupture du contrat proche de celle d’une période d’essai, il a été attesté non conforme à la convention n° 158 de l’OIT par le conseil des prud’hommes de Longjumeau le 28 avril 2006, approuvé par la Cour de cassation le 1er juillet 2008 : « Aux termes de l’article 4 de la convention n° 158 de l’OIT, qui est d’application directe en droit interne, un travailleur ne peut être licencié sans qu’il existe un motif valable de licenciement.

Les défis de la monétisation de la formation

Petites et grandes entreprises n’abordent pas de la même façon la modification du compte formation. Avec la conversion de l’heure de formation fixée à 15 euros, la donne change. Les prestataires sont invités à repenser leur offre.

« La monétisation du CPF ne simplifie pas la procédure, mais plafonne le budget. »
« La monétisation du CPF ne simplifie pas la procédure, mais plafonne le budget. » Eric AUDRAS/Onoky / Photononstop

Le solde maximal du compte personnel de formation (CPF) est passé au 1er janvier d’une durée de 192 heures à une somme de 2 880 euros. Emilie, qui a obtenu en 2018 une formation de 120 heures de langue rare à 2 640 euros, respire. En 2019, elle aurait dû payer 840 euros de sa poche, à moins que son entreprise n’ait pris le relais.

Avisé depuis le 5 mars 2018 par la ministre du travail, le passage du CPF en euros voté avec la loi du 5 septembre « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » vient d’entrer en vigueur, avec une conversion de l’heure de formation fixée à 15 euros. Muriel Pénicaud et le directeur général de la Caisse des dépôts, Eric Lombard, ont signé, vendredi 11 janvier, le traité permettant à la Caisse des dépôts d’engager les travaux pour sa mise en œuvre.

Dans le rôle du chef d’orchestre, la CDC sera, à partir de 2020, l’unique gestionnaire financier et technique des 33 millions de CPF inscrits sur le site moncompteactivite.gouv.fr. Créé en 2015, pour inciter les actifs (salariés, demandeurs d’emploi, salariés indépendants, handicapés en établissement d’aide par le travail) à prendre en main la transformation de leur qualification, le CPF doit être ouvert à leur initiative. Le nombre d’inscrits a été brusquement important, mais pas le nombre de dossiers validés.

Monétisation du CPF

Il fallait se créer un compte sur le site, choisir la formation désirée et éligible au CPF avec son code dans un maquis de listes absconses, identifier l’Organisme paritaire collectur agréé (OPCA) auprès de son DRH, monter son dossier puis l’adresser via le site et par La Poste à l’OPCA, au moins un mois avant le début de la formation désirée pour que la candidature soit étudiée. Emilie l’a fait avec succès, mais non sans mal. Pour l’automne 2019, Muriel Pénicaud nous annonce un accès « en quelques clics » sur une appli ad hoc.

En attendant, la monétisation du CPF ne simplifie pas la procédure, mais plafonne le budget. Depuis trois ans, chaque employé recevait sur son compte un crédit de 24 heures par an. En 2019, ils recevront 360 euros. Puis à partir de 2020, le budget sera réétudié à 500 euros par an (800 euros pour les moins qualifiés), plafonné à 5 000 euros (ou 8 000 euros). Un salarié à mi-temps percevra les mêmes droits que s’il était à plein temps.

« 500 euros par an, ce n’est pas beaucoup, mentionne Frédéric Guzy, directeur général d’Entreprise&Personnel, un réseau d’une centaine de sociétés, dont plusieurs du CAC 40. Les grandes entreprises seront amenées à abonder ce budget, et les syndicats vont le demander. Mais, il va y avoir un grand décalage entre les grandes et les petites entreprises qui n’ont pas forcément les moyens nécessaires. »

Réformer l’implication de l’entreprise

Blanche Segrestin et Kevin Levillain nous offrent une nouvelle approche de la mission des entreprises et de nouveaux schémas de responsabilité de leurs dirigeants. Ils expliquent que la notion de norme de gestion, loin de s’objecter à la liberté d’entreprendre, est au fondement de la légitimité de l’entreprise.

« La Mission de l’entreprise responsable. Principes et normes de gestion », sous la direction de Blanche Segrestin et Kevin Levillain. Presses des Mines, 182 pages, 29 euros.
« La Mission de l’entreprise responsable. Principes et normes de gestion », sous la direction de Blanche Segrestin et Kevin Levillain. Presses des Mines, 182 pages, 29 euros.

Blanche Segrestin et Kevin Levillain nous offrent une nouvelle approche de la mission des entreprises et de nouveaux schémas de responsabilité de leurs dirigeants. Ils expliquent que la notion de norme de gestion, loin de s’objecter à la liberté d’entreprendre, est au fondement de la légitimité de l’entreprise.

En janvier 2018, le groupe britannique de BTP Carillion subit une brutale liquidation. Une chute éclair pour un groupe de 43 000 personnes qui laisse, outre de nombreux sans-emploi, une dette pour les caisses de retraite de 2,6 milliards de livres qui obligera à réduire les pensions de quelque 27 000 membres, et paralyse de nombreux secteurs. Ce cas illustre des dérives abusives d’une gestion actionnariale : la comptabilité était présentée de manière à camoufler la situation et, quelques mois seulement avant, les comptes de la compagnie permettaient un dividende exceptionnel en 2017 de 79 millions de livres.

Peut-on mettre en cause la gestion actionnariale au motif que la rétribution de dividendes élevés et systématiques était insoutenable pour le groupe ? Au Royaume-Uni, c’est désormais possible en s’appuyant sur le Company Act de 2006, une loi qui a étendu les obligations des dirigeants, désormais supposés gérer l’entreprise de manière à promouvoir l’intérêt de la société, en tenant compte des conséquences à long terme de leurs décisions et pour les différentes parties prenantes.

Quelle que soit la manière dont le cas Carillion sera traité par la justice anglaise, il pose la question de l’implication des dirigeants. Qu’est-ce que bien diriger ? Sur quelle base mettre en cause une décision de gestion ? Peut-on poser les règles d’une gestion responsable ? Comment concilier création collective et responsabilité sociale et environnementale ?, s’interrogent les chercheurs de Mines ParisTech et du Collège des Bernardins dans La Mission de l’entreprise responsable.

Une action volontaire

La puissance créatrice de l’entreprise modifie le monde qui l’accueille. « Cette puissance est à la fois indispensable pour répondre aux défis contemporains mais aussi potentiellement dangereuse », souligne Blanche Segrestin, codirectrice de l’ouvrage, avec Kevin Levillain. Jusqu’à présent, deux schémas classiques de responsabilité prévalaient : les décisions volontaires de responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSE) et les obligations fixées par l’Etat. Ces mécanismes de responsabilité de l’entreprise ont atteint leurs limites : « L’Etat ne peut canaliser les capacités d’innovation des entreprises, ni innover à leur place ; et les initiatives volontaires de RSE sont insuffisantes face aux défis de notre siècle », tranche la professeure à Mines ParisTech. Pour sortir de cette impasse, ce livre propose une nouvelle approche de la mission des entreprises et de nouveaux schémas de responsabilité

« Les travailleurs à temps partiel ne tireront que peu, voire pas, de privilège de la modification de la prime d’activité »

Le mécanisme des décisions prises en réponse aux « gilets jaunes » laisse certaines catégories de salariés sur le bord de la route, relèvent les économistes François Bourguignon, Paul Champsaur, ex-présidents du groupe d’experts sur le smic, et Gilbert Cette, le président actuel.

 

« Il aurait été possible de jouer sur les autres paramètres de la prime d’activité pour atteindre l’objectif d’une hausse du pouvoir d’achat de 100 euros au niveau du smic, tout en améliorant celui des travailleurs à temps partiel. »
« Il aurait été possible de jouer sur les autres paramètres de la prime d’activité pour atteindre l’objectif d’une hausse du pouvoir d’achat de 100 euros au niveau du smic, tout en améliorant celui des travailleurs à temps partiel. » PHILIPPE HUGUEN / AFP

Le gouvernement a désiré répondre à la demande de hausse du pouvoir d’achat formulée ces dernières semaines par le mouvement des « gilets jaunes » en préférant la défiscalisation des heures supplémentaires et le relèvement de la prime d’activité à une hausse du smic.

Le groupe d’experts sur le smic a accentué à plusieurs reprises que le salaire minimum n’était pas, en effet, un instrument actif pour soutenir le pouvoir d’achat des personnes à bas revenus salariaux.

D’une part, ses effets sur l’emploi peuvent être contre-productifs.

D’autre part, c’est un dispositif mal ciblé pour lutter contre la pauvreté des travailleurs et, a fortiori, des personnes sans emploi. Une rétribution au smic ou à un taux proche ne signifie pas nécessairement que la famille concernée soit au-dessous du seuil de pauvreté. Il n’est pas rare en effet qu’un autre membre bénéficie d’un revenu supérieur, qui permet à la famille de dépasser ce seuil.

Par ailleurs, plusieurs transferts sociaux (prime d’activité, aides au logement, certaines aides locales) sont sous conditions de ressources ou diminuent avec la hausse de la rétribution d’activité : les effets d’une hausse du smic sur le revenu des ménages éligibles à ces transferts sont donc considérablement réduits.

Ainsi, les simulations publiées dans les rapports du groupe d’experts ont montré qu’une hausse de 1 % du smic augmentait le revenu disponible moyen des 30 % des ménages les moins aisés de moins de 0,15 %, tandis qu’une hausse de la prime d’activité conduisant au même revenu agrégé de l’ensemble des ménages l’augmentait d’environ 0,4 %, la différence reposant surtout sur un meilleur ciblage de la prime d’activité vers le bas de la distribution.

Bonus variable

En revanche, ces décisions négligent les personnes et familles dont les revenus d’activité viennent d’un emploi salarié à temps partiel, souvent contraint, qui, par définition, ne font pas d’heures supplémentaires et qui ne sont peu, voire pas concernées par le relèvement de la prime d’activité.

En effet, la majoration annoncé de la prime d’activité, pour parvenir à une hausse de 100 euros du pouvoir d’achat au niveau du smic (une fois prise en compte la hausse réglementaire du smic au 1er janvier), ne concerne que la partie « bonification » de cette prime. Car la prime d’activité est constituée de deux parties distinctes.

D’une part un montant forfaitaire : le montant de base est égal au RSA socle, soit 550 euros par mois pour un célibataire et plus selon la composition familiale, mais il est réduit de 38 % des revenus d’activité du ménage. Il s’amenuise donc au fur et à mesure de la hausse de ces revenus, jusqu’à disparaître lorsque le revenu atteint, pour une personne seule à temps plein, 1,2 smic.

Les contrats Cifre des PME donnent plus de possibilités aux jeunes chercheurs

Les doctorants, qui sont chaque année plus nombreux à profiter d’un financement Cifre, portent aussitôt majoritairement leur dévolu sur les petites et moyennes entreprises dans leur choix de partenaire.

La convention industrielle de formation par la recherche (Cifre), lancée en 1981, gagne chaque année un peu plus en assise. Cet arrangement ministériel propose des contributions aux entreprises qui décident de recruter un doctorant, permettant aux jeunes chercheurs d’avoir un pied dans le monde privé et un autre dans la recherche publique pendant les trois ans de leur thèse. A l’heure où la question du financement est une grande préoccupation pour ceux qui se projettent dans le doctorat, elle leur assure un salaire d’au moins 1 957 euros par mois pendant leur contrat.

De 5 % à 7 % de candidatures additionnelles sont déposées chaque année par des futurs doctorants. Une attractivité dont s’est félicitée la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, qui annonçait, en mars, le renforcement du nombre de conventions allouées pour l’année 2018 : 1 450, contre 1 433 en 2017. L’objectif : réduire un peu plus la différence de culture entre monde privé et public, qui freine encore les entreprises dans leur processus d’embauche.

La mission est définie pour les docteurs qui sortent du programme ; deux tiers travaillent encore dans le secteur privé un à cinq ans après leur soutenance et un tiers reste employé dans l’entreprise de leur thèse. Pour Clarisse Angelier, déléguée générale de l’ANRT, l’agence opératrice du dispositif, on peut commencer à parler de « porosité » entre secteur universitaire et secteur privé et industriel.

25 % de Cifre en sciences humaines et sociales

Thomas Coudreau, président du collège des écoles doctorales, se montre moins catégorique, mais voit malgré tout se dessiner une nette évolution : « L’ancien modèle, qui voyait le diable dans le secteur privé, n’est plus de mise dans le domaine de la recherche », note-t-il. La part des docteurs travaillant dans le privé est même passée de 23 % à 37 % entre 2010 et 2015.

Cette entrée en grâce montante du secteur privé pour les doctorants touche principalement les petites et moyennes entreprises (PME). Pour la première fois, le nombre de Cifre allouées aux PME a dépassé en 2017 celles accordées aux grands groupes. La nouvelle génération préfère de plus en plus l’organisation « agile et modulaire » des premières à celle des grands groupes, observe Clarisse Angelier.

Malgré tout, si le programme est désormais bien établi, son dispositif peut s’avérer un peu complexe, pointe Thomas Coudreau : « Il n’est pas toujours aisé pour les équipes universitaires de trouver un partenaire non académique et vice versa. On tourne un peu toujours sur les mêmes équipes et les mêmes thèmes. » Des thèmes souvent reliés aux sciences dites « dures » : seules 25 % des conventions allouées qui touchent des thèses de sciences humaines et sociales (SHS).

« Les ouvriers ne sont plus dans les usines »

S’appuyant sur l’analyse de l’activiste américaine Tamara Draut, le capital-risqueur Nicolas Colin explique, dans sa chronique au « Monde », que les ouvriers occupent désormais majoritairement des emplois de service. Un bas salaire, peu syndiqués, ils sont invisibles pour les pouvoirs publics.

Chronique « Transformations ». Que fait un ministre quand il veut évoquer l’emploi ? Il se rend dans une usine et enfile un casque de chantier. Non que la majorité des ouvriers soient à l’usine : les ouvriers dans l’industrie représentent à peine deux emplois sur dix en France. Réciproquement, l’image de la chaîne d’assemblage continue de dominer notre représentation du monde du travail. Et cette nostalgie des « cols-bleus » est un problème tant elle nous empêche de comprendre l’économie d’aujourd’hui.

Dans son livre Sleeping Giant : How the New Working Class Will Transform America (Doubleday, 2016, non traduit), l’activiste américaine Tamara Draut nous appel à faire un voyage passionnant dans le monde des nouveaux travailleurs – qui ne travaillent plus à l’usine, mais dans les secteurs de service de proximité. Comme elle l’explique, la fonction des travailleurs hier était le plus souvent de « fabriquer des choses ». Aujourd’hui, c’est plutôt de « prendre soin des gens et de les servir ».

Le passage numérique explique cette mutation. Les emplois industriels disparaissent car ils sont faciles à délocaliser ou à automatiser. Leur raréfaction, accélérée par le numérique, est la conséquence ultime de l’organisation scientifique du travail – celle-là même qui a longtemps rendu les ouvriers plus productifs et a permis d’améliorer leur condition pendant les Trente Glorieuses. Les travailleurs des services de proximité, quant à eux, ne sont pas menacés par la transition numérique car le cœur de leur métier, c’est d’interférer avec d’autres personnes. Et il est quasiment impossible de délocaliser ou d’automatiser ces innombrables interactions humaines du quotidien.

Des emplois de mauvaise qualité

Pourquoi cette nouvelle classe de travailleurs, celle des services de proximité, n’est-elle pas pour autant reconnue et valorisée ? S’ils avaient lu Tamara Draut, nos ministres, au lieu de hanter les usines, iraient parler d’emploi là où se trouvent les travailleurs aujourd’hui : dans les crèches et les hôpitaux, derrière les comptoirs des magasins, dans les cuisines des restaurants ou au centre de formation des chauffeurs Uber à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) – bref, dans tous ces secteurs de service, plutôt urbains, où se concentrent les emplois. Mais il y a trois problèmes.

Le premier, c’est que les emplois dans ces secteurs sont encore de mauvaise qualité. Les salaires y sont bas, le management est rétrograde, les horaires sont décalés et les conventions collectives protègent peu les travailleurs. Il y a donc une réticence, de la part de nos dirigeants, à chanter les louanges des services de proximité. Personne ne souhaite assumer la façon, souvent très mauvaise, dont les entreprises traitent leurs employés dans des secteurs comme la restauration ou les services à la personne.

Copropriété : comment retirer (ou garder) le poste de concierge ?

© Jacques Loic / Photononstop

Ce n’est pas parce que la copropriété retire le poste de concierge, qu’elle peut licencier ce salarié : il risque par conséquence de saisir la juridiction prud’homale, afin d’obtenir d’importants dommages et intérêts pour rupture abusive de contrat.

Une grande partie de juges considèrent en effet que le syndicat de copropriétaires, comme une entreprise privée, doit appliquer les règles du code du travail et surtout l’article L 1233-3, selon lequel le licenciement économique doit être consécutif à « des difficultés économiques ». La Cour de cassation l’a d’ailleurs admis dans un arrêt du 29 avril 2009, qui rejetait le pourvoi d’un ouvrier d’entretien, les difficultés économiques de la copropriété étant selon elle « caractérisées ». Elle a confirmé, dans un arrêt du  20 janvier 2010, que les concierges relèvent, sur les points non réglés par leur statut, des dispositions de droit commun du code du travail.

En quoi consistent les « difficultés économiques » ? Une grande partie de juges considèrent que’elles ne peuvent se limiter à la simple volonté de rationaliser la gestion de l’immeuble et de réduire les charges. On ne compte donc que très peu de jugements favorables aux syndicats de copropriété, selon l’étude qu’a publiée Me Laurence Guégan-Gélinet dans la revue Administrer.

Vétusté de l’immeuble

En voici l’un des rares : le 21 février 2013, la cour d’appel d’Aix-en-Provence admet que le licenciement économique de la gardienne de la résidence Le Longbeach à Grasse (Alpes-Maritimes), le 5 mars 2010,  suite au vote de la suppression de son poste par l’assemblée générale du 13 novembre 2009, est fondé sur une cause réelle et sérieuse. Elle entend le syndicat des copropriétaires, qui fait valoir que « l’immeuble construit en 1978 n’a jamais été entretenu et qu’il est nécessaire aujourd’hui de réaliser de nombreux travaux importants, que les copropriétaires qui sont surtout des retraités, dont les revenus n’évoluent plus à la hausse, sont dans l’incapacité de répondre à des appels de fonds plus élevés, que les bilans du Syndicat des copropriétaires établis pour les années 2007, 2008 et 2009 confirment le déséquilibre économique au sein de la copropriété, que l’état des dettes et des dépenses établi le 10 septembre 2010 démontre que la trésorerie de la copropriété s’élève à 14 681,75 euros pour un débit de 17 980,70 euros, que la suppression du poste de concierge était le seul moyen de financer les travaux nuisibles que la copropriété doit réaliser ».

La cour d’appel constate par conséquence, au vu des nombreux documents comptables qui lui sont fournis, que le syndicat des copropriétaires doit faire face à une élévation importante des charges obligatoires. Elle constate aussi que le remplacement de la gardienne par un service de nettoyage permet une économie des deux-tiers des dépenses de gardiennage. Elle déboute la gardienne de sa demande de paiement de quelque 20 000 euros pour licenciement sans cause réelle et sérieuse et défaut de reclassement.

40 000 euros d’indemnité

Mais la majorité du temps, les juges refusent d’admettre que le licenciement soit fondé sur une cause réelle et sérieuse, comme le montrent les trois affaires suivantes.

1)Mme X est engagée en 1984 en qualité de concierge au 80 rue de Lauriston à Paris. En 2006, les copropriétaires décident de retirer son poste et de confier l’entretien des parties communes ainsi que le service de sortie des poubelles à une entreprise spécialisée. Le syndic notifie à Mme X son licenciement pour motif économique, en mars 2007. Sa lettre de licenciement évoque « un souci de maîtrise des coûts financiers et de rationalisation du gardiennage de l’immeuble ».

La cour d’appel de Paris, que Mme X saisit après avoir été déboutée par le conseil des prud’hommes, juge, le 31 janvier 2013, que  « les dispositions du code du travail relatives au licenciement pour motif économique sont applicables aux gardiens d’immeubles soumis à la convention collective nationale de travail des gardiens, concierges et employés d’immeubles ». Elle se réfère ainsi à l’arrêt de cassation du 20 janvier 2010. Elle considère qu’en l’occurrence, « l’employeur ne rapporte pas la preuve des motifs d’ordre économique qui ont nécessité la suppression du poste ». Elle alloue à l’ancienne gardienne quelque 40 000 euros d’indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse (39 597 euros).

30 000 euros d’indemnit

2) M. Y, engagé en 1995 en qualité de gardien, est licencié en août 2009, l’assemblée générale des copropriétaires ayant déterminé de supprimer son poste. Sa lettre de licenciement évoque la décision de « réorganiser l’entretien et la maintenance des parties communes ». M. Y saisit le conseil des prud’hommes de Paris, qui, le 7 juillet 2011, le déboute, en considérant qu’un syndicat de copropriétaires n’est pas une entreprise.

La cour d’appel de Paris, qu’il saisit, infirme, le 5 juin 2013, en se référant elle aussi à  l’arrêt de cassation du 20 janvier 2010. « Il […] résulte que, inversement à ce qu’a affirmé le conseil de prud’hommes, le licenciement de M. Y devait être régi par les dispositions générales du code du travail, notamment celles prévues aux articles L 1232-1 et suivants (licenciement pour motif personnel) ou L 1233-1 et suivants (licenciement pour motif économique) de ce code et être fondé sur une cause réelle et sérieuse, suffisamment précise pour être vérifiable par la cour. »

Or, constate la cour d’appel, « la formulation de la lettre de licenciement, totalement imprécise, et qui empêche toute vérification par la cour, équivaut en réalité à une absence de motifs. » Elle juge que la rupture abusive du contrat de travail ouvre droit pour M. Y à une indemnité de 30 000 euros.

Régularisation du paiement des charges

3) Mme Z, engagée en 1984 comme concierge par le syndicat des copropriétaires du 11 boulevard Flandrin, Paris 16e, est licenciée le 1er décembre 2010, l’assemblée générale ayant décidé de supprimer son poste. Sa lettre de licenciement invoque le fait que les copropriétaires ne règlent pas leurs charges, et que la trésorerie est déficitaire : « Vous n’ignorez pas que cette copropriété rencontre de très importants problèmes financiers et que sa trésorerie est déficitaire. Ces difficultés économiques sont constituées, d’une part, par des difficultés de trésorerie, et, d’autre part, par la nécessité absolue d’engager des travaux de sauvegarde de l’immeuble dont le coût aggrave les finances déjà obérées de la copropriété. La trésorerie sur l’exercice 2009 est en effet déficitaire de 24.840, 46 € et la situation ne s’améliore pas de manière substantielle sur l’exercice 2010 en cours…»

La cour d’appel de Paris, que la gardienne saisit après avoir été renvoyée par le conseil de prud’hommes, refuse, le 8 avril 2014, de valider le licenciement car « le syndicat des copropriétaires ne justifie pas, ni même allègue, avoir mis les copropriétaires défaillants en demeure de régulariser le paiement de leurs charges ou avoir tenté, les concernant, une procédure de recouvrement (injonction de payer par exemple)».  Or, « cette carence de la copropriété ne saurait préjudicier à Mme Z et ne peut, en tous cas, caractériser un motif économique justifiant son licenciement». La cour condamne le syndicat à lui verser 40 000 euros d’indemnités pour licenciement abusif.

Revirement de jurisprudence ?

Inversement à tout ce qui vient d’être présenté, la Cour de cassation juge soudain, le 1er février 2017, que le syndicat des copropriétaires n’est pas une entreprise, et que le licenciement du concierge n’est pas soumis aux dispositions du code du travail. Elle repousse le pourvoi (15-26 853) de la concierge du 4 rue Guiglia à Nice, qui protestait contre son licenciement, après 35 années de service.

La lettre de licenciement que lui a envoyée la Sarl Groupe Foch immobilier, syndic de la copropriété, lui indiquait uniquement que l’assemblée générale avait décidé à l’unanimité de supprimer son poste; elle n’invoquait aucun motif économique pour justifier cette suppression. En validant le licenciement, la Cour de cassation semble juger que la décision de supprimer le poste de concierge constitue en elle-même une cause réelle et sérieuse de rupture du contrat de travail.

Selon certains témoins, cet arrêt serait à manier avec précaution: Me Laurence Guégan-Gélinet pense que « la Cour a entendu appliquer au syndicat de copropriété la jurisprudence qui concerne les concierges employés par un particulier, et qui sont assimilés aux employés de maison »: l’article 12 de la Convention collective du particulier employeur exclut en effet l’application des règles spécifiques au licenciement économique. Mais, observe Me Guégan-Gélinet, les règles du licenciement économique redeviennent applicables à l’employé de maison, lorsqu’il est employé une personne morale, notamment une société civile immobilière (SCI).

Il ne lui semble « pas concevable de créer, au regard des règle du droit du travail actuellement en vigueur, un motif de licenciement sui generis: cela n’est conforme ni aux dispositions des articles L 7211-1 à L 7215-1 du code du travail fixant le statut dérogatoire des gardiens d’immeuble, ni à l’article 14 de la Convention collective nationale des gardiens, concierges et employés d’immeubles, ni à l’article L 1233-1 du code du travail ». Elle demande une « clarification » de la Cour de cassation.

Devant ces incertitudes, ceux qui veulent se passer des services du concierge auront intérêt à attendre le départ à la retraite de celui-ci, plutôt qu’à procéder à son licenciement.

 

Retraites complémentaires : la CFDT conteste le malus

La CFDT est-elle en train de réétudier sa position sur un dispositif-clé relatif aux retraites complémentaires ? La question vient d’émerger, à la faveur de déclarations de Jean-Claude Barboul, représentant de la centrale syndicale et président du conseil d’administration de l’Agirc-Arrco, le régime qui verse une pension complémentaire à quelque 12,6 millions d’ex-salariés du privé. Dans un article dernièrement publié sur le site Internet de L’Express, ce responsable cédétiste demande le report à 2020 du système de malus entré en vigueur le 1er janvier, en invoquant des motifs techniques. Mais d’autres raisons, plus politiques celles-là, semblent aussi à l’œuvre : selon nos informations, la CFDT aimerait, en effet, que le mécanisme incriminé, très décrié lors de sa création, soit remis en cause.

Pour comprendre cette ombreuse affaire, il faut aller à octobre 2015. A l’époque, le patronat et trois organisations syndicales (CFDT, CFE-CGC, CFTC) signent à l’arraché un accord pour redresser les comptes, très dégradés, de l’Agirc et de l’Arrco. L’une des mesures retenues dans ce « deal » prédit des abattements et des bonifications, afin d’encourager les personnes à travailler plus longtemps. Ainsi, sauf exception, celui qui cesse sa vie professionnelle dès l’instant où il a droit à une pension de base à taux plein (par exemple 62 ans pour un individu né en 1957 qui a cotisé 41,5 ans) subit une décote temporaire de 10 % sur sa retraite complémentaire ; en revanche, s’il décale son départ d’un an, il n’est pas pénalisé, et s’il prolonge sa carrière de deux ans ou plus, sa pension Agirc-Arrco est majorée.

« Un malus intermédiaire »

Les trois signataires principaux de l’accord acceptent, à contrecœur, un dispositif auquel le Medef tient par-dessus tout car il encourage les actifs à rester dans le monde du travail. « Un tabou est tombé », se réjouit alors le chef de file de la délégation patronale. La CGT et FO, de leur côté, refusent d’entériner un tel compromis, estimant qu’il porte atteinte à la règle des 62 ans pour pouvoir réclamer le versement de sa pension.

Précision importante : le malus ne concerne pas les retraités exonérés de CSG (c’est-à-dire ceux qui ont de faibles ressources). Pour ceux qui sont assujettis au taux réduit de CSG (3,8 %), la décote est deux fois moins élevée que pour ceux soumis au taux normal de CSG (8,3 %). Mais qu’en est-il pour ceux qui se voient appliquer le tout nouveau taux de CSG (6,6 %), instauré par les mesures d’urgence de la fin décembre 2018 ? Faut-il leur prescrire un abattement de 10 % ou de 5 % ?

Fin des études, début des craintes : le passage difficile vers une vie active

Un autre diplôme, une autre spécialisation… la majorité d’étudiants font tout pour retarder le moment de chercher un travail.

Lorsque vient l’heure du grand saut, chacun l’aborde à sa façon. Certains, fonceurs ou téméraires, plongent tête la première. D’autres jaugent le bassin avec crainte et ne diraient pas non à un temps de répit avant de s’immerger totalement dans le grand bain. A écouter les inquiétudes des étudiants en dernière année d’études supérieures, la métaphore illustre bien ce moment charnière où les uns et les autres doivent, de gré ou de force, quitter la vie étudiante et se lancer sur le marché du travail.

Iris admet faire partie de la deuxième catégorie : « C’est clairement pour retarder le fin de mes études que je me suis lancée dans une thèse », raconte la jeune femme. La doctorante en informatique médicale à Paris a débuté son cursus par une classe prépa, au sortir de sa terminale scientifique. « A l’issue des concours, j’ai été prise à l’Ensta ParisTech, une école d’ingénieurs, et j’y suis donc allée sans me demander une seule fois ce que j’avais envie de faire », poursuit la jeune femme de 23 ans. Alors, une fois son diplôme d’ingénieur en poche, impossible pour elle de se projeter.

Cette problématique est très forte parmi les étudiants admis dans des écoles sélectives. « Pendant leurs années de classe prépa, parents et professeurs leur ont fait comprendre qu’ils n’avaient pas besoin de choisir, que le doute n’avait pas sa place à cet instant T et qu’ils devraient seulement réussir le plus dur et le plus prestigieux,observe Anne Delaigue, psychologue à l’Ecole polytechnique. C’est donc très brutalement que ces questions se posent dès l’arrivée à l’école : Qui suis-je ? Pourquoi suis-je là ? Qu’est-ce que je veux vraiment faire ? » A la fac, ce moment du choix apparaît particulièrement en début de master 2, après des années d’un cursus poursuivi comme une continuité, « sans forcément envisager un métier en bout de course », déclare Marilène Callegari, psychologue à l’université Paris-Diderot.

Même avec un master ce n’est plus évident de trouver un emploi

« La valeur théorique des diplômes est bonne, leur valeur pratique dans le monde du travail est extrêmement réduite », juge le sociologue Louis Chauvel.
« La valeur théorique des diplômes est bonne, leur valeur pratique dans le monde du travail est extrêmement réduite », juge le sociologue Louis Chauvel. Caroline Pain /Le Monde
Pour le sociologue Louis Chauvel, professeur à l’université du Luxembourg et auteur de l’essai La Spirale du déclassement (Seuil, 2016), l’augmentation continue du nombre de diplômés ne permet pas une insertion satisfaisante des étudiants sur le marché du travail.Comment traduire les inquiétudes des étudiants en fin de cursus, à la lumière de ce que vous observez du monde du travail actuel ?La majorité des étudiants sont assez angoissés à l’idée de finir leurs études, et cela est plutôt légitime lorsqu’on sait ce que le marché du travail leur réserve. Le diplôme n’a aujourd’hui plus une valeur en soi, si ce n’est pour une minorité d’étudiants en grandes écoles de commerce ou d’ingénieurs. La raison étant que, ces dernières années, la croissance continue du nombre de diplômés n’a pas été proportionnelle à celle des emplois disponibles sur le marché.

Il y a trente ans, le combat se faisait entre ceux qui arrivaient à valider leur bac + 5 et les autres. Dans le contexte actuel, où de plus en plus de jeunes sont archidiplomés, même un master n’offre plus la certitude d’une entrée facile sur le marché de l’emploi.

Qu’est-ce qui rend l’insertion des jeunes diplômés si difficile ?

Seuls quelques établissements, les facultés de médecine notamment, organisent fortement le placement de leurs jeunes sur le marché du travail. Face au nombre de prétendants – que la plupart des secteurs n’ont pas le débit suffisant pour accueillir –, l’accès à un stage professionnel ne découle plus naturellement d’une bonne réussite de ses études. Ce qui rend plus grande encore la difficulté à entrer par la suite dans le monde du travail. Avec des études de plus en plus longues, au fur et à mesure desquelles les attentes des étudiants s’accroissent, la connaissance du milieu professionnel s’est, elle, dramatiquement rétrécie. Dans ce contexte, les risques de déconvenue au moment où le marché produit son verdict sont souvent brutaux.

En France, 43% des jeunes diplômés de 25-29 ans considèrent qu’ils ont des difficultés « à joindre les deux bouts », selon des chiffres Eurostat, contre seulement 10% en Allemagne. La brutalité vient donc aussi, une fois dans la vie active, de cette confrontation à un niveau de vie en deça des attentes…

Oui, dès que les parents cessent d’aider leurs jeunes à soutenir leur niveau de vie, les difficultés adviennent. Le contexte actuel se caractérise par une forte croissance du nombre de diplômés par rapport aux postes qualifiés disponibles, un coût élevé de la vie dans les zones urbaines où les jeunes diplômés tentent de trouver des emplois à leur niveau, et bien évidemment de prix souvent prohibitifs du logement. Dans ce cadre, les jeunes diplômés français peinent à payer les dépenses nécessaires habituelles.

Le « reste à vivre » ne leur permet plus de garantir les dépenses plus élaborées, considérées comme normales dans les classes moyennes (sortie, spectacle, vacances, etc.). Si le diplôme permet généralement d’échapper à la pauvreté, la faible valorisation relative de la jeunesse diplômée pourrait avoir des conséquences dramatiques sur le pessimisme français. Les efforts consentis par les parents pour offrir à leurs enfants de meilleurs diplômes ne permettent pas d’échapper au déclassement socio-économique.

Comment mieux préparer les étudiants à ce passage vers le monde professionnel ?

La valeur théorique des diplômes est bonne, leur valeur pratique dans le monde du travail est extrêmement réduite : c’est sur cela que l’enseignement supérieur français doit travailler. C’est un chemin que les grandes écoles de premier plan ont emprunté depuis longtemps, notamment en entretenant un lien très fort avec leurs réseaux d’anciens. Dans les secteurs plus précaires et universitaires, ces réseaux, très coûteux, sont bien moins étoffés et ne remplissent pas la mission essentielle de placement des étudiants.

Ils préfèrent alors parfois de partir au Québec, au Royaume-Uni ou en Allemagne faire un deuxième master, dans des institutions qui conservent une très forte connexion avec le marché du travail mais qui demeurent particulièrement onéreuses. Ce sont donc les étudiants les mieux armés par leur succès scolaire et par le soutien familial qui échappent le mieux à l’absence de transition en France.

Une citation de Sigmund Freud récapitule très bien, à mon sens, la situation française : « L’éducation pèche en ne préparant pas l’être jeune à l’agressivité dont il est destiné à être l’objet. (…) [Elle] ne se comporte pas autrement que si l’on équipait de vêtements d’été et de cartes des lacs italiens des gens partant pour une expédition polaire. » Il est urgent de fournir un nouvel équipement aux étudiants français pour qu’ils puissent aborder plus sereinement cette expédition qu’est l’entrée dans l’emploi.