Archive dans mars 2024

« HugoDécrypte » lance son site d’annonces d’emploi, pour rapprocher les jeunes des entreprises

Le vidéaste Web et journaliste franco-britannique Hugo Travers, alias HugoDécrypte, à Paris, le 14 mars 2022.

Cette fois-ci, Hugo recrute. Ou plutôt aide à recruter. Le média en ligne « HugoDécrypte » a annoncé, dimanche 31 mars, le lancement d’un tout nouveau site d’emploi, censé favoriser la mise en relation entre « candidats issus de son audience » et « recruteurs de qualité », triés sur le volet. Sobrement intitulé jobs.hugodecrypte.com, il rassemble d’ores et déjà des employeurs de divers secteurs, qui proposent des stages, alternances ou emplois en bonne et due forme : SNCF Voyageurs, Decathlon, Metro, L’Oréal, STMicroelectronics, Doctolib, ou encore Meetic.

La majorité de ces entreprises n’ont pas hésité à rejoindre ce projet, tant elles espèrent tirer parti de l’audience colossale du média fondé en 2015 par Hugo Travers, suivi par 14 millions de personnes sur l’ensemble des réseaux sociaux (dont 5,9 millions sur TikTok et 3,4 millions sur Instagram). Ses contenus vidéo cherchent à rendre l’actualité accessible aux plus jeunes, majoritairement grâce à des résumés d’actualité quotidiens et des interviews menées par le fondateur.

Les employeurs comptent bien profiter de cette visibilité pour toucher davantage de jeunes, en plus des canaux traditionnels (sites classiques, salons, écoles, cooptation). « 75 % de nos recrutements sont des jeunes diplômés, et 75 % de la communauté d’Hugo a entre 15 et 34 ans, observe Laurianne de Tredern, responsable recrutement du cabinet d’audit Grant Thornton. On essaie d’orienter nos actions sur des médias pertinents qui résonnent pour cette génération. »

Lire le portrait : Article réservé à nos abonnés « HugoDécrypte » et sa petite entreprise

En 2023, 61 % des recrutements étaient jugés difficiles par les employeurs, d’après l’enquête « Besoins en main-d’œuvre » de France Travail (ex-Pôle emploi). Le nombre insuffisant de candidats et le déficit d’image en sont les principales causes. Chez SNCF Voyageurs, il s’agit donc « d’attirer l’attention de personnes qui ne nous observent pas, ne vont jamais sur les jobboards [le terme qui s’est imposé pour désigner les sites d’emploi] et sont peu captives de nos campagnes de recrutement », selon Florence Merkhouf, directrice de l’agence de recrutement de la branche de l’opérateur ferroviaire, qui, en 2024, embauche 5 000 personnes, dont 3 000 dans la maintenance et la relation client.

Une « expérience simple et intuitive »

C’est notamment la personnalité d’Hugo Travers qui a plu aux recruteurs, car ils savent qu’elle inspire confiance. « On accompagne les entreprises sur des sujets réglementaires liés à l’évolution de la législation. Avoir des jeunes sensibles à l’actualité et à la transformation de notre monde, c’est un plus », s’enthousiasme Laurianne de Tredern.

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Entre baisses de salaire et postes peu qualifiés, les difficultés du marché du travail pour les jeunes Chinois

Lors d’une foire à l’emploi, à Pékin, le 23 février 2024.

Une matinée de mars, dans le nord de Pékin, à la station de métro Lishuiqiao. Il y a ceux qui garent rapidement leur vélo, passent les portiques puis sautent dans un wagon de la ligne 5 ou de la 13 afin d’arriver à temps au travail, dans le centre-ville. Et il y a ceux qui se dirigent vers la foire à l’emploi organisée ce matin-là dans l’allée centrale d’une galerie marchande.

A 9 heures, les portes s’ouvrent et les jeunes découvrent, stand après stand, les offres qui se présentent à eux. Un hôtel de la chaîne Howard Johnson cherche du personnel pour la réception, le ménage, le service. Une société du bâtiment est en quête de profils techniques. « Vous cherchez du travail ? », demande une dame accueillante aux jeunes qui hésitent à poser des questions.

En pardessus beige, Liu Yunzhi, 25 ans, tient son sac à main en cuir marron à l’épaule. Après avoir fait un tour dans les allées, elle confie : « Ce n’est pas facile de trouver le boulot adéquat. » Il y a des offres, mais les salaires proposés ne correspondent pas forcément au coût de la vie dans la capitale ni aux attentes de ceux qui ont fait des études. Elle en sait quelque chose. Après avoir obtenu sa licence pour travailler dans l’encadrement d’écoles maternelles bilingues, elle a trouvé un métier de documentaliste dans une société d’impression.

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Elle s’y plaisait. Cependant, en octobre 2023, chaque employé a été convoqué. Avec la conjoncture, l’entreprise n’allait pas très bien, leur a-t-on expliqué : il fallait se résigner à une baisse de salaire ou bien poser sa démission. Pour elle, cela signifiait passer de 5 500 à 4 500 yuans, soit de 700 à 580 euros. Alors, on lui a dit qu’elle travaillait mal. On l’a poussée à partir sans indemnités. Mais en menaçant d’intenter un procès à son employeur, elle en a malgré tout récupéré une partie.

Plusieurs mois de déflation

Les jeunes travailleurs chinois, surtout les cols blancs, se heurtent à un marché du travail bien plus difficile que par le passé. Le sujet est délicat, car il s’agit de l’avenir de la nouvelle génération. En juin 2023, lorsque le taux de chômage des 16-24 ans a atteint 21,3 % après six mois de hausse d’affilée, le Bureau national des statistiques a cessé de publier les données.

Puis a été présentée, en janvier 2024, une nouvelle formule ne prenant pas en compte les jeunes encore enregistrés comme étudiants mais qui cherchent un emploi. Cela, car les chiffres comptabilisaient en fait aussi ceux qui cherchaient un petit boulot pour financer leurs études ; pas des chômeurs à proprement parler, a justifié le directeur du bureau, Kang Yi. Le taux est ainsi tombé à 14,9 % au tournant de l’année. Beaucoup y ont vu une manière d’embellir subitement les statistiques.

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Grève pour les salaires chez Auchan : « Nous, ce qu’on veut, c’est garder le même niveau de pouvoir d’achat »

Un supermarché Auchan fermé, dans un centre commercial du quartier d’affaires de la Défense, le 19 avril 2023.

Dans l’allée centrale de l’hypermarché de Brétigny-sur-Orge (Essonne), longue de dizaines de rayons, les clients ont arrêté leurs chariots débordant de victuailles pour regarder passer un cortège inattendu. « Augmentez les salaires, augmentez les salaires ! », scandent, vendredi 29 mars, une trentaine de salariés en tapant des mains dans un vacarme efficace. D’abord surpris, plusieurs clients applaudissent en rythme pour les encourager. « On est mal payés ! On est mal payés ! », clament, une heure plus tard, à 15 kilomètres de là, leurs collègues de l’hypermarché de Villebon-sur-Yvette (Essonne).

Des débrayages d’une heure comme ceux-ci, il y en a eu dans plus de 150 magasins Auchan de France, selon l’intersyndicale, réunissant la CFTC, FO, la CGT et la CFDT, unie pour la première fois dans l’histoire de l’enseigne. Les syndicats ont revendiqué de 3 000 à 5 000 grévistes (sur 59 000 salariés) pour cette troisième journée de protestation en un mois.

Les négociations annuelles obligatoires viennent de s’achever sans accord, sur une décision unilatérale de la direction que les salariés jugent « indécente » : + 1,5 % pour les employés, + 1,2 % pour les cadres. « L’inflation était à 4,9 % en 2023. Donc, nous, ce qu’on veut, c’est 5 %, pour garder le même niveau de pouvoir d’achat. Aujourd’hui, le ressenti des salariés, c’est qu’un salaire, c’est pour trois semaines, plus pour un mois », relève Benoît Soibinet, délégué syndical FO à Brétigny-sur-Orge.

« C’était bien de travailler ici »

Auchan calcule autrement, en additionnant la négociation de 2023 pour présenter une hausse « cumulée » de 8,1 % pour les employés (+ 6,6 % en 2023 et + 1,5 % en 2024). « Ces mesures sont au-delà de l’inflation sur la période, estimée à + 6,4 % », explique le groupe au Monde. Sauf que les syndicats, eux, considèrent que la négociation obligatoire de 2023 ne venait pas anticiper l’année à venir, mais rattraper le niveau de l’inflation d’alors (à 5,9 % sur un an en décembre 2022), qui pesait lourd sur le pouvoir d’achat des employés.

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Longtemps, ces derniers se sont sentis plutôt mieux lotis que leurs collègues de la grande distribution. « Quand je suis arrivée, il y a vingt-quatre ans, c’était bien de travailler ici : on avait plein de primes, on était bien rémunérés », remarque une salariée du rayon boucherie. « Il y avait la prime de progrès trimestrielle en fonction du chiffre d’affaires, différentes primes individuelles… », liste une de ses collègues, à Auchan depuis 1991. « Et puis de la participation, renchérit une autre, là depuis trente-deux ans. Certaines années, c’était plus d’un mois de salaire ! Ça permettait de faire des projets : s’acheter une voiture, faire des travaux chez soi… Mais là, il n’y a plus rien, les gens sont bloqués. »

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Pascal Rogard : « La France a laissé tomber la défense du droit d’auteur pour faire plaisir à Mistral »

Pascal Rogard, directeur général de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques dans les locaux de la SACD, à Paris, le 27 mars 2024.

Défenseur incontesté de la culture – il s’est battu notamment pour imposer à Bruxelles l’exception culturelle –, Pascal Rogard, directeur général de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), rappelle que Paris avait jusqu’à présent toujours défendu le droit d’auteur dans les débats européens.

Il s’insurge contre le fait que, lors de l’adoption de la législation européenne sur l’intelligence artificielle (IA), cela n’ait pas été le cas. A ses yeux, la France a renoncé à ce combat pour complaire à Mistral, la licorne hexagonale spécialisée dans l’IA. Paris s’est retrouvé isolé et a dû approuver le règlement européen sur l’intelligence artificielle.

Vous êtes l’un des rares à attaquer la position française prise avant l’adoption, à Strasbourg, de la législation européenne sur l’intelligence artificielle, le 13 mars. Pourquoi ?

Dans le cadre du trilogue avec les représentants des Etats, Thierry Breton [commissaire européen chargé de la politique industrielle, du marché intérieur, du numérique, de la défense et de l’espace] proposait, fort de l’appui du Parlement européen, que les sociétés d’intelligence artificielle qui entraînent les machines génératives fassent preuve de transparence. Qu’elles soient obligées de faire connaître ce qui avait servi à leur apprentissage et dévoilent la liste des données aspirées.

Jusqu’à présent, dans tous les dossiers liés aux droits d’auteur et à la défense de la création, Bruxelles apparaissait prolibérale, et la France était partisane de la régulation et de la défense de la création. Là, pour la première fois, les rôles étaient inversés : celui du « gentil » était tenu par Thierry Breton, tandis que les « méchants » étaient Bruno Le Maire [ministre de l’économie] et Jean-Noël Barrot [ministre délégué chargé de la transition numérique sous le gouvernement Borne, entre 2022 et 2024].

La France, pays inventeur des droits d’auteur, est apparue à front renversé, à l’inverse de ce qu’elle a toujours défendu. MM. Le Maire et Barrot ont laissé tomber la défense du droit d’auteur au nom d’un développement du numérique national. Mais surtout pour faire plaisir à Mistral – l’une des principales start-up françaises de l’IA –, dont le lobbyiste à Bruxelles est Cédric O, ex-ministre chargé du numérique.

Pour bloquer l’adoption du règlement sur l’IA, la France a essayé de créer une minorité de blocage en allant chercher les Allemands, les Italiens et d’autres pays, mais finalement tous se sont défilés. On a vécu une période lamentable. La France s’est assise sur ses valeurs, s’est retrouvée largement isolée et a dû, in fine, approuver le règlement européen. C’est quand même très curieux d’avoir à se réjouir que la France soit battue… Thierry Breton était furieux.

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« Le Dauphiné libéré » : le plan de sauvegarde de l’emploi proposé par la direction rejeté

Christophe Victor, directeur général du « Dauphiné libéré », à Lyon, le 19 octobre 2023.

C’est un caillou dans la chaussure de Christophe Victor, le directeur général du Dauphiné libéré, qui avait annoncé, en novembre 2023, la mise en place d’un plan d’économies pour le quotidien grenoblois. La direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) de la région Auvergne-Rhône-Alpes a fait savoir, jeudi 28 mars, à la direction du titre détenu par le groupe Ebra qu’elle refuse d’homologuer le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui lui a été proposé.

L’administration du travail estime que l’évaluation des conséquences sur la charge de travail des salariés est trop imprécise. Le plan de restructuration proposé le 20 février est « de nature à accentuer les risques psychosociaux » au sein de l’entreprise du fait d’une « non-prise en compte ou de la méconnaissance » des situations de travail initiales, selon le document de la Dreets. Les salariés restant après le plan social seraient ainsi « exposés à une forte charge de travail que l’opération de restructuration aggraverait ».

« Une structure extérieure valide ce que notre cabinet d’expertise disait déjà : nous sommes bien au bord de la rupture, commente Agnès Briançon, copremière secrétaire générale du Syndicat national des journalistes (SNJ). Cela faisait longtemps qu’on disait qu’il y avait des risques psychosociaux non pris en compte, des conditions de travail pas bonnes, des charges de travail mal évaluées », ajoute la journaliste du Dauphiné libéré.

Des comptes dans le rouge pour la première fois

De son côté, Christophe Victor minimise le rejet de son plan. « On avait fait l’analyse de la charge de travail service par service. La Dreets souhaite qu’on procède par individu et on va rapidement apporter les précisions nécessaires de manière à les rassurer », assure le dirigeant visé par une motion de défiance, fin janvier, comme Philippe Carli, le président d’Ebra.

Fragilisés par la baisse des ventes (la diffusion France payée a chuté de 6,19 % en 2023 par rapport à 2022), un recul important de la publicité et la crise du portage, les comptes du journal ont terminé dans le rouge en 2023 pour la première fois. La direction du titre, anticipant un déficit de 4 millions d’euros en 2023, avait annoncé, fin novembre, un plan d’économies d’un montant de 4,2 millions d’euros.

Elle souhaitait mettre en place un plan de départs volontaires qui concernait vingt postes (dont six journalistes), ainsi que six départs « naturels » non remplacés, en contrepartie de quatre créations de poste et de seize titularisations de CDD. Vaucluse Matin, qui appartient au Dauphiné libéré, devait être particulièrement touché, avec la suppression de six à dix postes. A Avignon, les bureaux du journal, ouverts en 1946, devaient fermer leurs portes.

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Renault : plus de 500 embauches à venir à l’usine de Sandouville, qui produira la nouvelle génération d’utilitaires électriques

Bruno Le Maire, lors d’une visite à l’usine du constructeur automobile français Renault, à Sandouville, le 29 mars 2024.

Le directeur général de Renault, Luca de Meo, en déplacement à Sandouville, Seine-Maritime, avec le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, et le maire du Havre, Edouard Philippe, a annoncé vendredi 29 mars la fabrication d’ici 2026 d’un nouvel utilitaire 100 % électrique.

Ces fourgons nouvelle génération fourniront la coentreprise Flexis, créée le 22 mars par Renault, Volvo et l’armateur CMA CGM pour la livraison du dernier kilomètre, avec à la clé 550 embauches en quatre ans pour le site de Sandouville, a indiqué M. de Meo, évoquant un investissement de 330 millions d’euros.

Le nouveau véhicule, baptisé FlexEvan, « est quelque chose d’assez révolutionnaire dans un secteur où il n’y avait pas eu de gros big bang depuis plusieurs décennies », a affirmé M. de Meo. « L’e-commerce explose et ça rend encore plus indispensable la nécessité de réduire l’impact environnemental de ces véhicules en ville », a souligné le directeur général du constructeur automobile français.

Un utilitaire sur six vendus en Europe est fabriqué par Renault, a-t-il rappelé et 85 % d’entre eux sont fabriqués en France, sur trois sites dont Sandouville, où est assemblé le Renault Trafic.

Faciliter l’implantation d’industries en France.

L’usine de Sandouville compte 1 850 salariés et 600 intérimaires, et assemble 600 véhicules par jour. La Confédération générale du travail dénonce, elle, la réduction du nombre de salariés sur le site qui comptait 2 000 personnes en 2014, d’après le syndicat. Bruno Le Maire a souligné le rôle de « la baisse des impôts de production » qui a permis selon lui de relancer des projets industriels en France. « Nous continuerons de baisser les impôts de production en France », a-t-il martelé.

Le ministre a également appelé à créer de « nouvelles filières industrielles » dans les domaines des batteries mais aussi de l’intelligence artificielle, des pompes à chaleur et du photovoltaïque. Les batteries pour le FlexEvan seront d’ailleurs fournies par Verkor et son usine de Dunkerque, qui a un partenariat avec Renault.

Comme Edouard Philippe, il a alerté sur la nécessité de trouver des terrains pour faciliter l’implantation d’industries en France. « Nous devons nous interroger sur la mise en œuvre du ZAN », ou zéro artificialisation nette, qui consiste à limiter l’extension de l’artificialisation des sols, a soutenu M. Le Maire. Le ministre a aussi annoncé l’aménagement de 1 500 hectares sur les ports du Havre, de Dunkerque et de Marseille pour favoriser l’implantation d’usines. « C’est bon pour l’environnement de produire en France », a-t-il lancé.

Le Monde avec AFP

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Toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne pour protéger les salariés des risques professionnels

« On doit mieux prévenir les accidents du travail et l’on doit améliorer la qualité de vie au travail et les conditions de travail des Français, notamment de ceux qui ont les métiers les plus pénibles », a déclaré, mercredi 27 mars, le premier ministre, Gabriel Attal, au « 20 heures » de TF1.

En effet, sur la prévention et la santé au travail au sein des entreprises, le compte n’y est pas : moins de la moitié d’entre elles (46 %) avaient un document unique d’évaluation des risques professionnels (Duerp) à jour en 2019. Ce document est pourtant cité par les organismes de prévention comme la base de toute politique de lutte contre les dangers au travail.

Si tout employeur est tenu de protéger la santé et la sécurité de ses salariés, et de répertorier les risques auxquels ils sont exposés, la prévention est donc loin d’être la même partout : c’est ce que décrit une étude de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail (Dares) publiée le 21 mars.

Les petites entreprises moins bien couvertes

Les petites structures identifient moins ces risques : dans le secteur privé en 2019, 41 % des établissements de un à dix salariés avaient un Duerp à jour contre 91 % de ceux de plus de 250 salariés. Cette documentation s’observe aussi davantage dans les activités les plus exposées aux risques.

Quant aux actions de prévention (nouveaux équipements de protection individuelle, formations à la sécurité, assistance individuelle pour les salariés en difficulté…), elles sont davantage menées par les employeurs qui remplissent leur Duerp et déclarent des risques : ainsi, en 2019, 81 % des établissements qui déclaraient au moins trois risques pour leurs salariés ont mené des actions de prévention au cours des douze mois précédant l’étude contre 44 % de ceux qui ne déclaraient aucun risque physique.

Seule la moitié des établissements de moins de 10 salariés du secteur privé ont pris des mesures contre les risques physiques en 2019, et un quart pour les risques psychosociaux, alors que les grandes entreprises dépassent les 90 % sur ces deux plans.

La santé au travail moins prise en compte

Autre enseignement de ce travail, la prévention est aussi renforcée quand l’entreprise compte des instances représentatives du personnel (IRP) – comité d’entreprise ou d’établissement, comité social et économique, délégués du personnel, délégués syndicaux ou représentants de section syndicale – actives. Une entreprise qui compte une ou plusieurs IRP a, par exemple, deux fois plus de chances d’avoir recours à des conseils en prévention des risques professionnels auprès d’organismes spécialisés.

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Le lourd tribut imposé aux chômeurs

En annonçant, mercredi 27 mars, à l’issue d’un séminaire gouvernemental consacré à la thématique du travail, une troisième réforme en trois ans de l’assurance-chômage, le premier ministre, Gabriel Attal, savait qu’il allait prendre de front les partenaires sociaux. Certes, les formes sont respectées : le gouvernement va laisser le patronat et les syndicats aller au terme de leurs négociations sur l’emploi des seniors, qui comprennent un volet sur l’indemnisation des plus de 55 ans. Les discussions qui devaient se terminer mercredi ont été prolongées jusqu’au 8 avril à leur demande. Mais Gabriel Attal a été suffisamment explicite sur ses projets pour montrer que l’Etat entend reprendre la main sur la gestion de l’assurance-chômage.

Alors que les déficits publics s’emballent sous l’effet du ralentissement de la conjoncture, l’Etat cherche ainsi à faire plusieurs milliards d’euros d’économies sur le régime d’indemnisation des chômeurs. Trois pistes sont à l’étude : réduire la durée d’indemnisation, actuellement de dix-huit mois, revoir la période de travail ouvrant droit à indemnisation et réduire le niveau d’indemnisation.

Les deux premières sont privilégiées, le premier ministre précisant que la durée d’indemnisation ne serait pas inférieure à douze mois. Ces annonces ont provoqué un tir de barrage des syndicats. Compte tenu des excédents actuels du régime, ils s’étaient entendus avec les patrons sur une baisse de leur cotisation et sur une amélioration de l’accès à l’assurance-chômage pour les primo-entrants sur le marché du travail. Ces évolutions sont jugées inopportunes par le gouvernement.

Le gouvernement se dédit

La volonté de l’Etat de reprendre le contrôle sur le système d’assurance-chômage est en germe depuis 2017. Le basculement des cotisations salariales sur la contribution sociale généralisée, l’objectif d’en finir avec le chômage de masse ont conduit le gouvernement à se montrer de plus en plus directif pour tendre vers le plein-emploi et faire de l’Unédic l’un des instruments de sa politique, au côté de la réforme de France Travail et du développement des formations professionnelles. Cette stratégie ne pouvait déboucher que sur une confrontation avec les partenaires sociaux. Les syndicats et le patronat restent attachés à la protection des chômeurs et à la défense des intérêts des entreprises, là où le gouvernement pose le retour rapide vers l’emploi comme la condition principale du maintien de l’Etat-providence.

Les nouvelles pistes esquissées par Gabriel Attal, qui devraient entrer en application par voie réglementaire dès l’automne, vont faire peser sur les chômeurs un lourd tribut. Il sera ressenti d’autant plus durement qu’il se met en place alors que la conjoncture n’est pas bonne et que le chômage s’est mis à augmenter de nouveau.

Bousculé par l’ampleur des déficits, le gouvernement se dédit sur ce sujet, puisqu’il s’était promis en 2023 de lier le durcissement du régime d’indemnisation à l’amélioration du marché de l’emploi. Sa précipitation à engager une nouvelle réforme est d’autant plus contestable qu’il n’a pas pris le temps d’évaluer l’impact des deux précédentes pour en corriger les effets néfastes. Son initiative sera interprétée comme un coup porté aux plus précaires au nom du gage qu’il devait donner aux agences de notation financière. Après l’opposition sur la réforme des retraites, le divorce avec les syndicats n’en est que plus lourd de sens.

Le Monde

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En Grèce, les employés des plates-formes téléphoniques se mobilisent contre leur précarisation

« Le mouvement prend de l’ampleur. Lors de notre première grève en février, 3 000 personnes nous avaient suivis. Désormais, nous sommes presque 10 000 », se réjouit Nikos Spyrelis, membre du Syndicat des travailleurs dans les télécommunications et l’informatique (Setip) et vice-président du bureau au sein de la multinationale française Teleperformance. Le 13 mars, les salariés des quatre grandes plates-formes téléphoniques de Grèce (Teleperformance, Webhelp, TTEC et Foundever) étaient appelés pour la troisième fois depuis février à se mobiliser pour réclamer des augmentations de salaires, la réintroduction des conventions collectives (supprimées en Grèce pendant la crise financière de 2010-2018) et une généralisation des CDI alors que la règle dans ces entreprises est la multiplication des CDD. Dans les sept hubs de Teleperformance à travers la Grèce, les plates-formes se chargent en plusieurs langues des services clients de multinationales comme Apple, Google ou Airbnb.

En février, une petite victoire a été enregistrée par les salariés avec la création de deux bureaux syndicaux à Teleperformance et à Webhelp. Teleperformance Grèce a, depuis, déposé un recours en justice. Elle estime que le Setip ne peut pas représenter les salariés de l’entreprise parce qu’elle n’est pas dans le secteur des télécommunications mais des services.

Pour Nikos Spyrelis, l’augmentation des salaires, qui sont inchangés depuis 2010 alors que la Grèce était frappée par des mesures d’austérité imposées par les créanciers du pays (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international), est nécessaire. « Le salaire moyen dans l’entreprise est d’à peu près 850 euros net, et 30 % des employés touchent 780 euros. Avec l’inflation et l’augmentation du coût de la vie en Grèce ces trois dernières années, cela devient intenable ! », s’indigne-t-il. En 2022, l’inflation en Grèce a atteint presque 10 % – et se situait encore à 3,7 % en décembre 2023.

Recrutement à l’étranger

Teleperformance n’a cessé de grandir en Grèce. En 2018, elle comptait environ 7 000 salariés. Désormais, elle est le quatrième plus grand employeur en Grèce avec plus de 12 000 employés, dont 45 % qui viennent de l’étranger. L’entreprise recrute ces dernières années dans les pays du Maghreb pour les sections en français et en arabe. Après avoir embauché les candidats qui ont passé des tests à distance, l’entreprise prend tout en charge et délivre aux nouvelles recrues un visa spécial leur permettant de travailler uniquement dans les centres téléphoniques. « Nos collègues nord-africains se retrouvent souvent pris en otages, car ils ne peuvent pas partir chercher du travail ailleurs de peur de perdre leurs papiers pour rester légalement en Grèce », note Nikos Spyrelis.

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