Archive dans 2019

« La crise de la représentation du monde politique est proche de celle qui touche les entreprises »

Dans une tribune au « Monde », la philosophe Sophie Berlioz et le sociologue Philippe Emont décrivent l’effet de dupe de l’actuel modèle de consultation français, qui aboutit à l’absence de dialogue social, en raison du refus d’écouter la parole exprimée.

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. La consultation citoyenne est à la mode, hier le grand débat, aujourd’hui les consultations sur les retraites. Pourtant, le dialogue social ne fonctionne pas. Certes, les vertus du concept sont louées, mais lorsque l’on quitte les éléments de langage, les belles idées se transforment alors en autant d’éléments de blocages. Blocages sociaux tous azimuts dont la crise des « gilets jaunes » représente sans doute l’événement le plus saillant.

Car, indépendamment de la violence qui s’est exprimée, cette crise est le symptôme d’un dysfonctionnement du dialogue social qui touche peu ou prou tous les secteurs, de la politique aux entreprises. En effet, tant que les réformes seront présentées par les gouvernants comme s’imposant logiquement et rationnellement (et donc sans autres possibilités), il continuera d’être inutile d’en discuter, et préférable de les appliquer rapidement.

Réformes conçues en « chambre »

La crise de la représentation qui touche aujourd’hui le monde politique est proche de celle qui touche les entreprises et altère la bonne conduite du dialogue social. De fait, il peine aujourd’hui à jouer son rôle de régulation ou à garantir la cohésion sociale. Pourquoi ?

Prenons le cas d’une restructuration d’entreprise. Les décisions stratégiques sont prises d’en haut. Les modalités de mise en œuvre de la décision sont conçues « en chambre » par des experts qui établissent ensemble une organisation cible.

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Les organisations cibles font ensuite l’objet d’une consultation auprès des instances représentatives du personnel. Les remarques formulées par ces dernières peuvent être prises en compte par les décideurs pour améliorer le projet, mais elles peuvent ne pas être prises en compte, et les décideurs mettront en œuvre le projet tel qu’initialement conçu.

Ce mouvement, à peine caricatural, est proche de la manière dont sont menées les réformes publiques, conçues en « chambre » par des experts, puis présentées aux organisations syndicales qui font part de leurs amendements. Ensuite débattues au Parlement, validées ou complétées, dans le cas où le 49.3 n’est pas activé. Enfin présentées aux Français de manière technique et rationnelle.

Effet de dupe

Très schématiquement, je décide d’un cap, j’en conçois les modalités de mise en œuvre, j’en informe les corps intermédiaires, je les consulte sur les modalités de mise en œuvre, et quel que soit leur avis, je suis tout à fait libre de ne rien changer dans les limites fixées par le droit.

Les chiffres chocs d’une enquête européenne sur les violences sexistes au travail

Un sondage réalisé dans cinq pays de l’Union et publié samedi révèle que 60 % des femmes ont subi des atteintes au cours de leur carrière.

Par Publié le 12 octobre 2019 à 05h16, mis à jour à 09h41

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JAMIE JONES / IKON IMAGES / PHOTONONSTOP

Six Européennes sur dix ont été un jour confrontées, au cours de leur carrière professionnelle, à des violences sexistes ou sexuelles. C’est l’un des chiffres chocs de l’enquête sur le sexisme au travail réalisée par l’IFOP pour la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation européenne d’études progressistes, publiée samedi 12 octobre.

Ce travail a pour ambition de combler un manque : les dernières données sur le sujet remontent à 2014 pour la France (une enquête du Défenseur des droits) et elles datent de 2012 pour l’Europe (issues de l’Agence européenne des droits fondamentaux).

Cinq mille femmes, qui ont été interrogées en avril dans cinq pays de l’Union européenne (UE) – Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni –, témoignent de cette réalité contemporaine, malheureusement bien enracinée. Pour éviter que certains faits passent sous les radars, toute une série d’agissements, répétés ou non, allant du regard concupiscent jusqu’au rapport sexuel contraint, ont été passés à la loupe.

A chaque fois, les femmes ont été interrogées sur leur expérience au long de la vie et au cours de l’année écoulée. Sur cette période plus restreinte, 21 % des femmes en moyenne (18 % en France) se disent victimes d’au moins une manifestation de sexisme ou de harcèlement sexuel. Leurs réponses, qui s’inscrivent dans des contextes culturels différents, avec des seuils de tolérance qui peuvent varier, restent cependant éloquentes.

« La violence est une réalité quasi quotidienne pour une grande partie des femmes au travail », résume Juliette Clavière, directrice de l’Observatoire de l’égalité femme-homme de la Fondation Jean-Jaurès.

Sifflements et gestes grossiers

C’est en Espagne et en Allemagne que les femmes se déclarent plus volontiers victimes d’atteintes sexuelles ou sexistes au travail au cours de leur vie, respectivement 66 % et 68 % d’entre elles – contre 55 % des Françaises.

Gare toutefois aux interprétations hâtives, met en garde François Kraus, directeur du pôle « Genre, sexualité et santé sexuelle » de l’IFOP. La réponse aux questions dépend aussi du seuil de tolérance des femmes interrogées. Dans ces deux pays, des politiques publiques volontaristes sur le sexisme et des polémiques nationales récentes (vague d’agressions en Allemagne, affaire de la « meute » en Espagne) ont probablement eu un effet sur les consciences, estime-t-il.

La CFE-CGC veut incarner une « troisième voie syndicale »

Trente-six résolutions sur le statut de l’encadrement, la qualité de vie au travail et les principes de gouvernance de l’entreprise de demain ont été adoptées lors du 37e congrès à Deauville.

Par Publié aujourd’hui à 06h36

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Sa méthode d’organisation des votes, rapide et efficace, mériterait d’être brevetée. Grand maître des compteurs et président des assemblées confédérales, Roger Gruszka a mené d’une main de maître l’adoption des résolutions, jeudi 10 octobre, lors du second et dernier jour du 37e congrès de la CFE-CGC, à Deauville (Calvados). Trente-six résolutions sur le statut de l’encadrement, la qualité de vie au travail (QVT), la dénonciation de l’« impasse de la gestion par les coûts » – un thème cher au président de la centrale, François Hommeril – et les principes de gouvernance de l’entreprise de demain, ont été adoptées au pas de charge en un temps record. A chaque fois, M. Gruszka a fait entendre le même refrain, donnant juste le temps aux délégués de se précipiter sur leur boîtier électronique : « J’ouvre le scrutin, il reste 2 secondes et je clos le scrutin. »

Il n’y a eu ni véritable débat ni profusion d’amendements, ceux-ci étant pour la plupart acceptés par la direction. A une seule exception : la fédération des énergies a proposé d’étudier un « crédit d’impôt santé, sécurité et QVT ». Les délégués l’ont adopté à une majorité de 60,43 % contre l’avis de l’exécutif. Une résolution a préconisé la rédaction d’un « code de gouvernement d’entreprise » en soulignant que les actionnaires « ne peuvent être privilégiés aux dépens » des salariés « ou de l’équilibre de l’entreprise ». Les différentes résolutions ont été approuvées avec des scores oscillant entre 88,63 % et 98,65 %… « C’est toujours à la soviétique », commentait sobrement M. Gruszka.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi François Hommeril, un président qui détonne à la CFE-CGC

Fidèle à sa réputation de trublion qui déteste qu’on « lui beurre ses tartines », M. Hommeril, réélu le 9 octobre pour un second mandat avec 91,78 % des suffrages, a tenu un discours radical, plutôt marqué à gauche. Il a égrené une série de sombres constats : « des services publics au bord du chaos », « une société où la solidarité se déconstruit et où seule compte la réalité du chiffre même quand il n’a aucun sens ». « Depuis deux décennies, a lancé l’ingénieur géologue, la gestion par les coûts a masqué le déficit de stratégie des décideurs. » Il a fustigé « la recherche brutale et vulgaire du profit à court terme ». « Nous sommes là pour que les choses changent, a martelé M. Hommeril, car nous ne croyons pas à l’absence d’alternative. »

Face à la pression du low cost, Michelin ferme ses usines en Europe de l’Ouest

Huit sites industriels et 4 600 emplois ont disparu dans les trois dernières années sur le continent. Plutôt que de délocaliser à l’Est, comme ses concurrents, l’entreprise préfère limiter le nombre de petites unités de production.

Par Publié aujourd’hui à 04h30, mis à jour à 10h03

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Des employés de l’usine Michelin protestent contre l’annonce de sa fermeture, à La Roche-sur-Yon (Vendée), le 10 octobre.
Des employés de l’usine Michelin protestent contre l’annonce de sa fermeture, à La Roche-sur-Yon (Vendée), le 10 octobre. LOIC VENANCE / AFP

La production industrielle de pneumatiques en France a-t-elle encore un avenir ? La question vient fatalement à l’esprit lorsqu’on fait le bilan sur plusieurs années de fermeture d’usines de pneus Michelin. La dernière en date, le site de La Roche-sur-Yon, 619 emplois, a été annoncée jeudi 10 octobre.

Pour « Bibendum », ce ne sont pas moins de 4 600 emplois et huit sites industriels qui ont disparu dans les trois dernières années en Europe.

Lire notre reportage : A La Roche-sur-Yon, les « Michelins » sonnés par l’annonce de fermeture de leur usine

Outre l’usine vendéenne où l’on produit des pneus pour poids lourds, le groupe de Clermont-Ferrand venait tout juste d’annoncer, fin septembre, la fermeture du site allemand de Bamberg, en Bavière (pneus de voitures, 858 emplois). Un an auparavant, c’était celui de Dundee, en Ecosse (pneus de voitures, 845 emplois), qui disparaissait de la liste. Fin 2016, l’entreprise avait déjà annoncé plusieurs fermetures quasiment simultanées en Irlande du Nord, en Italie, en Hongrie et en Allemagne, toutes dans l’activité poids lourds.

A la direction, on justifie ces décisions par des conditions de marché mettant ses sites français et européens sous intense pression. « Il y a deux phénomènes, expliquait Florent Menegaux, le nouveau président de Michelin, le 10 octobre, dans un entretien au quotidien Ouest-France : les pneus asiatiques ont envahi le marché. Il y a cinq ans, ils étaient encore marginaux. Aujourd’hui, ils représentent un tiers du marché. Simultanément, nous avons un ralentissement économique mondial qui fait que les camions roulent moins parce qu’ils ont moins de marchandises à transporter. »

Montée du low cost

Dans une récente étude interne sur la compétitivité de ses sites industriels, le groupe français insistait sur la montée des pneus à bas prix (produits soit en Europe de l’Est, soit en Asie) dans deux secteurs très importants du marché européen en raison des volumes de gomme qu’ils représentent : le pneu camion et le pneu tourisme de petite taille (16 pouces).

Cette montée du low cost s’est faite au détriment du pneu premium, la spécialité de Michelin, qui est tombé sous les 50 %, voire 40 %, de parts de marché alors que le haut de gamme tutoyait les deux tiers il y a huit ans.

La conséquence logique de cette pression des prix bas est un dégonflement des marges qui met en danger les sites Europe centrale où le coût de la main-d’œuvre manufacturière est trois à quatre fois supérieur à celui observé dans les pays de l’Est. Face à cette situation, certains industriels comme Continental et Bridgestone, le numéro un mondial, ont délocalisé leurs usines européennes de l’Ouest vers l’Est (une zone qui représente, aujourd’hui, les deux tiers de leur empreinte industrielle).

A La Roche-sur-Yon, les « Michelins » sonnés par l’annonce de fermeture de leur usine

L’équipementier français a confirmé la fermeture du site vendéen d’ici à la fin 2020. Face au plan de sauvegarde de l’emploi prévu par Michelin, les syndicats annoncent vouloir poursuivre la bataille pour conserver la pérennité de leur usine.

Par Publié aujourd’hui à 18h15

Temps de Lecture 4 min.

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Un ouvrier de l’usine Michelin de La Roche-sur-Yon, en Vendée, manifeste après l’annonce de la fermeture du site, fin 2020, jeudi 10 octobre.
Un ouvrier de l’usine Michelin de La Roche-sur-Yon, en Vendée, manifeste après l’annonce de la fermeture du site, fin 2020, jeudi 10 octobre. LOIC VENANCE / AFP

Certains regards sont hagards. D’autres, sont emplis d’une rage sourde. A 8 h 45, jeudi 10 octobre, les 619 salariés du géant du pneumatique français ont collectivement encaissé le message qu’ils craignaient d’entendre. En raison des « difficultés du marché » et « d’une concurrence exacerbée », la direction leur a annoncé qu’ils perdraient leur emploi « d’ici à la fin 2020 ».

« En vingt minutes à peine, ils nous ont dit merci vous pouvez rentrer chez vous” », lance dans un calme paradoxal, Frédéric, vingt-deux ans d’ancienneté sur le site de La Roche-sur-Yon. Vous parlez d’un modèle social. Florent Menegaux [président du groupe depuis le 17 mai] n’a même pas eu le courage de venir nous l’annoncer en face, poursuit le quinquagénaire. Il a délégué le sale boulot au directeur du site. C’est d’une violence ! »

Lire le portrait : Florent Menegaux, le nouveau patron de Michelin sort de l’ombre

« S’il n’y avait pas eu les débrayages de la semaine dernière, complète Guillaume, ancien salarié parisien arrivé sur le site vendéen il y a un peu plus de trois ans, on serait toujours sur nos lignes à travailler et on aurait fini par apprendre la nouvelle par médias interposés. C’est donc ça, le modèle social tant vanté par Michelin ? »

« L’esclavagisme, ça suffit ! »

Cigarette au coin des lèvres, le trentenaire, regard digne, ne décolère pas. « On est en train d’être foutus dehors comme des chiens. Après avoir accepté de passer des 3/8 en 4/8. Après avoir plié l’échine comme on nous l’a demandé et, alors même que la santé financière de la boîte est excellente, on nous vire ? L’esclavagisme, ça suffit ! », s’emporte-t-il.

En écho à la colère des mots, sur le parking de l’usine, des « Michelins » montent une petite pyramide de pneus usagers, consolidée à coup de palettes de chantiers. Une large fumée acre noircie la zone industrielle de la route de Nantes. Un stand s’installe sur le parking et les langues se délient. « Mon frère aîné travaille ici depuis quinze ans, raconte, sonné, Jérôme, à peine trois ans d’ancienneté. Qu’est-ce qu’il va devenir ? Comment va-t-il payer sa maison, les activités de ses gamins ? On nous parle du miracle économique vendéen, pourquoi pas ? Mais retrouver un emploi dans l’agroalimentaire ou la plaisance et devoir redémarrer à zéro alors qu’après quinze ans de boîte, on était payés 1 800 euros sans compter les primes et l’ancienneté, ce n’est pas du tout la même chose », réagit le jeune homme d’une voix faible.

L’usine Michelin de La Roche-sur-Yon fermera d’ici à la fin de 2020, plus de 600 salariés impactés

L’usine de pneus pour poids lourds était menacée en raison d’une « concurrence exacerbée ». Le grand groupe français spécialiste du pneu va engager la négociation d’un plan d’accompagnement des salariés.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 10h29, mis à jour à 11h29

Temps de Lecture 2 min.

Le couperet est tombé pour les 619 salariés de l’usine Michelin de La Roche-sur-Yon, et l’histoire n’est pas sans rappeler celle des GM&S, dans la Creuse. Le fabricant de pneumatiques français a annoncé, jeudi 10 octobre, son intention de fermer « d’ici fin 2020 » son usine de pneus pour poids lourds, qui était menacée depuis plusieurs semaines en raison des « difficultés du marché » et d’une « concurrence exacerbée ».

« Michelin va proposer aux partenaires sociaux d’engager au plus tôt la négociation d’un accord portant sur un plan d’accompagnement des salariés » avec des mesures de préretraite et des dispositifs de mobilité interne et externe, selon un communiqué du groupe. Le grand groupe français spécialiste du pneu l’assure néanmoins :

« Michelin donnera à chaque salarié concerné la possibilité de rester au sein de l’entreprise en France. »

« Environ 120 millions d’euros » seront provisionnés pour financer l’opération, a précisé le groupe, qui s’engage en outre à lancer « un projet public-privé d’envergure pour donner un nouvel avenir au site ».

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« Que tous les salariés retrouvent un emploi »

« Notre objectif, c’est que tous les salariés retrouvent rapidement un emploi », et de « vérifier que l’emploi retrouvé est de qualité », au sein du groupe ou à l’extérieur, notamment sur « un territoire vendéen qui est très dynamique », a assuré une source proche de la direction.

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Par ailleurs, 74 personnes travaillant à l’usine de Cholet (Maine-et-Loire) à la fabrication de « mélanges de gomme » pour La Roche-sur-Yon « sont concernées par le projet de fermeture ». « Au-delà des mesures de préretraite », chacune « se verra proposer un nouveau poste sur le site » de Cholet, a précisé le groupe, assurant qu’il n’y aurait « pas d’impact pour les salariés des autres usines françaises ».

Les équipes de La Roche-sur-Yon ont été informées de cette décision jeudi matin. A la fin de septembre, le président du groupe, Florent Menegaux, avait évoqué la « situation très préoccupante » de l’usine, confirmant les craintes syndicales.

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Le « pacte d’avenir » lancé en 2016 « pour renforcer l’activité du site » vendéen, ouvert en 1971, n’a « pu produire les effets attendus », malgré « 70 millions d’euros d’investissements », a expliqué Michelin. En cause, les « difficultés du marché des pneus poids lourds haut de gamme, tant en Europe qu’à l’export ».

Réagissant sur Twitter, le maire de La Roche-sur-Yon, Luc Bouard, a dénoncé ce qu’il estime être des « promesses non tenues par Michelin », assurant qu’il se « battrait pour qu’aucun salarié Yonnais ne se retrouve sans emploi » :

Le syndicat CFE-CGC dénonce, lui, « une décision purement financière ».

Soumis à la pression exercée par de nouveaux concurrents chinois qui submergent l’Europe de produits à bas coûts, le grand groupe français spécialiste des pneumatiques avait déjà annoncé à la fin de septembre la fermeture d’ici à 2021 de son usine de Bamberg (sud de l’Allemagne), qui emploie 858 salariés pour produire des pneus de voitures.

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Michelin employait quelque 110 000 salariés (équivalent temps plein) à la fin de 2018, dont plus de 20 000 en France, où l’entreprise compte une quinzaine d’implantations industrielles.

Dans la Sarthe, les anciens salariés d’Arjowiggins se battent pour faire repartir une activité industrielle

L’ex-intersyndicale de l’usine du papetier liquidée en mars, qui comptait 550 salariés, élabore un projet de fabrication de nouveaux produits papetiers innovants.

Publié aujourd’hui à 08h33

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A l’entrée de l’usine du papetier Arjowiggins, à Bessé-sur-Braye (Sarthe), en mars.
A l’entrée de l’usine du papetier Arjowiggins, à Bessé-sur-Braye (Sarthe), en mars. JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Bessé-sur-Braye (Sarthe), envoyé spécial

« Tant qu’on n’est pas mort, on est vivant. » Jacques Lacoche, maire UDI du village de Bessé-sur-Braye (Sarthe), ne veut pas désarmer. Mercredi 9 octobre, il est venu soutenir la nouvelle mobilisation de l’association Action citoyenne pour l’intérêt général, qui entend empêcher la vente aux enchères de papier et pâte à papier encore stockés dans l’usine Arjowiggins, liquidée en mars.

Il est également là, car il fonde un grand espoir dans une autre association, Les Sacrifiés d’Arjowiggins, créée par l’ancienne intersyndicale de l’entreprise (CGT, CFDT et CFE-CGC). Celle-ci vient de faire savoir qu’elle travaille à un projet de reprise industrielle. « S’il doit y avoir un projet, ce ne sera pas sur du papier recyclé, car c’est une “bulle”, un secteur en croissance dans un marché global du papier en déclin », prévient Pascal Trudel, délégué CGT.

« En revanche, il y a du grain à moudre sur des produits innovants et de spécialité. Nous avons un groupe de dix-sept chercheurs du service R&D qui ont continué à travailler sur ces nouveaux produits. » Les anciens salariés les tiennent encore secrets. « Mais c’est un projet très fiable et qui peut rapporter beaucoup d’argent », assure Emmanuel Sauvaitre, délégué CFDT.

L’intersyndicale veut lancer une étude auprès de la société d’expertise Secafi pour montrer le potentiel économique de ce projet et séduire des industriels et financiers afin de relancer la papeterie. Mais le temps presse… Ce travail devrait « durer environ deux mois », selon le représentant syndical Christophe Garcia (CFE-CGC). Or le propriétaire des machines de production qui étaient louées en leasing a donné comme délai le 31 octobre avant de reprendre son bien.

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« Course contre la montre »

« Nous avons décidé de demander un délai supplémentaire pour la location des machines, indique M. Garcia devant les grilles de l’usine. Ce que l’on voudrait, c’est garder les machines le temps que l’étude, qui est en train d’être financée par la région et la préfecture de la Sarthe, puisse être lancée. »

L’urgence, c’est aussi l’arrivée de l’automne. « C’est une course contre la montre, concède le maire de Bessé-sur-Braye. Nous avons eu un été chaud et les machines n’ont pas trop souffert. Mais il ne faudrait pas que le matériel se dégrade avec l’humidité. »