En France, l’inquiétude monte face aux plans sociaux

Des employés de l’usine de produits chimiques Vencorex, lors d’une manifestation après la mise en faillite de l’entreprise, en septembre, au Pont-de-Claix (Isère), le 7 novembre 2024.

Faut-il travailler à une stratégie industrielle européenne, comme le prône le ministre délégué chargé de l’industrie, Marc Ferracci ? Ou demander plutôt des comptes aux entreprises qui ont reçu des aides publiques, comme le suggèrent Sophie Binet et Marylise Léon, respectivement secrétaires générales de la CGT et de la CFDT ? L’Etat doit-il bloquer l’homologation de certains plans sociaux, ainsi que le plaide François Ruffin, député de la Somme ?

L’annonce en cascade, depuis le 5 novembre, de la fermeture de deux usines Michelin à Cholet (Maine-et-Loire) et à Vannes – soit 1 254 salariés – d’un plan social chez Auchan, qui s’apprête à supprimer 2 389 emplois, puis de la mise en redressement judiciaire du chimiste Vencorex, menaçant quelque 500 emplois, a soulevé une vague d’inquiétude dans le pays. A l’issue de cette semaine noire, responsables politiques et syndicalistes s’interrogent sur les réponses à apporter pour éviter une hémorragie sur le front social.

Car, sur le constat, personne ne semble se faire d’illusions. Pendant les trois années qui ont suivi la pandémie de Covid-19, les entreprises, aidées par le prêt garanti par l’Etat, les diverses aides accordées pendant les confinements et la relative bonne santé de l’économie d’alors, ont beaucoup embauché et peu licencié.

Mais désormais, l’horizon s’assombrit et les difficultés s’accumulent. « Des annonces de fermetures de sites, il y en aura probablement dans les semaines et les mois qui viennent », a déclaré M. Ferracci, samedi 9 novembre, sur France Inter, évoquant la possible destruction de « milliers d’emplois ». « Nous sommes au début d’une violente saignée industrielle », enchaînait le lendemain Mme Binet, de la CGT, dans l’hebdomadaire La Tribune Dimanche, mettant en cause la volonté des entreprises de « toujours augmenter les marges » et de « distribuer toujours plus de profit aux actionnaires ».

La confédération a déjà dressé une liste des plans sociaux en préparation, « qui frôle les 200 », assure-t-elle. La centrale syndicale a appelé à une journée de mobilisations dans toutes les régions, le 12 décembre. Mme Binet souhaite, en outre, « qu’une entreprise ne puisse pas toucher d’aides de l’Etat si l’avis des représentants du personnel est défavorable ». Un point sur lequel Mme Léon, son homologue de la CFDT, est d’accord. « Cela me paraît lunaire que l’Etat ne sache pas à quoi servent les aides qui sont attribuées : on parle de centaines de millions d’euros », a-t-elle déclaré sur Franceinfo, vendredi 8 novembre. Ces déclarations ont reçu un accueil plutôt bienveillant de la part de M. Ferracci. « Si les aides ne sont pas efficaces de manière globale, eh bien il faut arrêter les aides », a-t-il admis sur France Inter.

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Ingénieur, un métier toujours aussi attractif : « Je ne pensais pas que j’aurais un si beau poste à mon âge »

Beaucoup en rêvent : un diplôme qui permet de trouver du travail avant même la fin de ses études, de faire la ou le difficile entre plusieurs offres, de changer de secteur d’activité quand on le souhaite, de déménager au gré de ses projets de vie ou encore de reprendre ses études si l’on en a envie.

Année après année, l’attractivité du diplôme d’ingénieur sur le marché du travail ne se dément pas. Selon la dernière enquête menée par l’association Ingénieurs et scientifiques de France (IESF) auprès d’anciens élèves d’écoles d’ingénieurs et de diplômés scientifiques (bac + 5 et plus), 85 % des diplômés des trois dernières promotions (2020-2023) ont trouvé un emploi en moins de trois mois ; 65 % ont même été recrutés avant la fin de leurs études.

C’est le cas de Louis-Mayeul Rousset-Rouvière, 24 ans, originaire des Hauts-de-Seine, qui a plusieurs fois été approché lorsqu’il étudiait au sein de la prestigieuse Ecole nationale des ponts et chaussées. « On sentait bien qu’on était prisés. Chaque année, les entreprises se pressaient au Forum Trium [qui réunit grandes écoles et entreprises], c’est-à-dire qu’elles payaient pour nous rencontrer et nous donner envie de travailler pour elles. »

Lorsque Louis-Mayeul contacte de grands groupes, comme Eiffage ou Vinci, dans le cadre de ses stages obligatoires de fin de deuxième année, il est rappelé immédiatement. Pour son stage de fin d’études, il a l’embarras du choix et hésite. « C’est une décision importante, car elle conditionne souvent la première embauche », explique le jeune homme, qui a finalement choisi la Setec, un bureau d’études renommé, où il poursuivra en CDI.

« Le diplôme d’ingénieur est une belle machine à insérer, elle est très sélective à l’entrée mais insère très bien à la sortie », confirme Jean Pralong, enseignant-chercheur en gestion des ressources humaines à l’Ecole de management de Normandie, qui modère toutefois l’idée selon laquelle les candidats feraient seuls la loi sur le marché de l’emploi. « Il ne faut pas perdre de vue que c’est un marché segmenté. Pour chaque diplômé, il y a un périmètre de postes accessibles, en fonction du classement de son école, du secteur d’activité. Ce n’est pas illimité. »

Forte évolution des attentes

Si les jeunes diplômés ne sont pas tout-puissants dans leurs négociations avec les recruteurs, ils ont en tout cas un luxe : celui de pouvoir changer d’entreprise, voire de métier, quand ils le souhaitent et selon leurs propres critères. Bertille (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, comme d’autres personnes interrogées), 25 ans, également diplômée des Ponts, a décliné une belle offre – poste intéressant, plutôt bien payé – qui lui avait été faite lors de son stage de fin d’études. La localisation géographique ne lui convenait pas, et puis, son diplôme en poche, elle avait envie de faire une pause.

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« Après la croissance sans emploi qui menace les pays riches, faut-il craindre un développement sans emploi dans les économies à bas revenu ? »

Cet été, une agence bancaire de la State Bank of India, une vénérable institution publique indienne, a vu le jour à Chhapora, un petit village isolé du Chhattisgarh, l’un des Etats les plus pauvres du pays. Enseigne rutilante, ordinateurs tout neufs rangés derrière des guichets, formulaires imprimés avec le logo de la banque : qui aurait pu s’imaginer que cette nouvelle agence était en réalité fausse ? D’autant que les escrocs, prétextant un retard dans la livraison des serveurs, avaient refusé de prendre les liasses de billets apportées par les habitants, soulagés de pouvoir enfin placer leurs économies ailleurs que sous un matelas ou une pile de saris.

Les escrocs se sont enrichis autrement, en réclamant de l’argent contre la promesse d’un emploi à la State Bank of India. Ils ont ainsi récolté des dizaines de milliers d’euros et se sont ensuite évanouis dans la nature. Seul l’un d’entre eux a été arrêté. Il faut leur reconnaître un certain sens de l’inventivité. A force d’être alerté sur les arnaques en ligne, on en oublie que les fraudes bancaires ne sont pas que virtuelles. Les escrocs ont compris que le chômage de masse est un fléau qui gangrène l’Inde. Les emplois y sont devenus si rares que les chômeurs sont prêts à tout pour en décrocher, surtout si c’est un emploi de fonctionnaire.

Fin 2022, des demandeurs d’emploi avaient d’ailleurs été victimes d’une arnaque similaire, qui promettait cette fois des emplois dans les chemins de fer indiens. Après les avoir prétendument recrutés contre une commission, les escrocs les avaient envoyés dans des gares compter les trains, avant de disparaître. Le secteur privé offre des conditions de travail très précaires et les cas de surmenage se multiplient, comme l’a montré le suicide récent d’une jeune employée du géant de l’audit EY.

Lire le reportage | Article réservé à nos abonnés En Inde, le désenchantement de la jeunesse diplômée

De nombreux autres pays en développement sont menacés par le chômage. « Le spectre du chômage plane de manière inquiétante, avec, à la clé, 800 millions de jeunes qui pourraient se retrouver sans réel emploi, au risque de déstabiliser les sociétés et de freiner la croissance économique », s’est inquiété Ajay Banga, le président de la Banque mondiale, en octobre, lors des assemblées générales communes avec le Fonds monétaire international. Ce fléau est mal comptabilisé, donc invisible, et se confond souvent avec le secteur informel, des petits emplois qui consistent à appuyer sur le bouton d’un ascenseur ou à ouvrir les portes d’un magasin.

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Après l’attaque de Nicolas Sarkozy contre le temps de travail des enseignants, un tollé et un soutien ministériel jugé tardif

Les enseignants guettaient une réaction de leur ministre de tutelle depuis quatre jours. Depuis que l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy a porté une violente charge contre le temps de travail des enseignants, vendredi 8 novembre, à l’occasion d’une conférence organisée à Saint-Raphaël (Var). « Le statut de professeur des écoles, (…) c’est vingt-quatre heures par semaine » et « six mois de l’année », a lancé l’ancien chef de l’Etat, estimant que « nous n’avons pas les moyens d’avoir un million d’enseignants ». Avant d’ajouter ironiquement, sous les rires de l’assistance : « Alors, je sais bien, il faut préparer les cours… Maternelle, grande section… »

Ces déclarations ont immédiatement provoqué un tollé parmi la communauté enseignante, et de vives condamnations à gauche et au centre quant au « mépris » de l’ancien président et sa « méconnaissance abyssale » du travail en maternelle. La ministre de l’éducation nationale, elle, s’est finalement positionnée mardi 12 novembre.

Interrogée sur le sujet par l’Agence France-Presse, Anne Genetet a refusé de « juger » ces propos, mais elle a affirmé son « soutien » aux enseignants, qui « travaillent beaucoup » et « dans des conditions difficiles ». « Je ne suis pas d’accord. Je ne comprends pas ses propos », a-t-elle ensuite déclaré en marge d’un déplacement à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne). « J’ai vu qu’ils [les enseignants] ne ménagent pas leurs horaires, loin de là, leur volume horaire est très important, il faut cesser de se restreindre au temps devant élève », a insisté la ministre, souhaitant « remettre les pendules à l’heure ».

Douloureux retour en arrière

Un soutien attendu mais jugé tardif par les représentants des 850 000 enseignants, aussi révoltés par les propos dénigrants du 8 novembre que par le silence des membres du gouvernement ou de leurs soutiens parlementaires. « Quand les policiers sont visés, le ministre de l’intérieur se positionne tout de suite pour les défendre ; là, les enseignants subissent une attaque en règle par un ancien chef d’Etat et notre ministre ne dit rien avant d’être interrogée », déplore Guislaine David, du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire.

A l’heure où les gouvernements successifs ne cessent de proclamer la nécessaire « revalorisation du métier de professeur », le discours de Nicolas Sarkozy a fait l’effet d’un douloureux retour en arrière. L’assertion selon laquelle leur temps de travail se résumerait à leur temps de présence obligatoire devant les élèves est une vieille rengaine de l’ancien président, qui usait déjà des mêmes termes en 2007, en 2012, ou encore en 2016.

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Les salariés allemands, champions des arrêts maladie

LETTRE DE BERLIN

Un patient à l’hôpital St.Johannes de Dortmund (Allemagne), le 10 mai 2023.

L’Allemagne est l’homme malade de l’Europe, littéralement. Selon les statistiques officielles, les Allemands sont de plus en plus souvent malades, et s’arrêtent de plus en plus longtemps lorsqu’ils le sont : quatre jours de congé maladie de plus en moyenne en 2023 qu’en 2021, soit 15,1 jours contre 11,1 deux ans plus tôt, selon l’Office fédéral des statistiques (qui ne compte que les arrêts de plus de trois jours). Et la tendance s’accélère, puisqu’un record est attendu cette année, la fédération de caisses d’assurance-maladie, l’Allgemeine Ortskrankenkasse (AOK), ayant averti qu’un nouveau pic avait été atteint dès le mois d’août, avant même l’arrivée de l’hiver.

Dans un pays en récession, le sujet n’a rien d’anecdotique. La publication de ces chiffres a eu un fort retentissement en Allemagne, générant une inhabituelle vague d’introspection. « Sommes-nous tous devenus des tire-au-flanc ? », titrait ainsi le Tagesspiegel il y a quelques jours. « Sommes-nous paresseux ou simplement finis ? », s’interrogeait même le tabloïd Bild, tandis que le Handelsblatt parle de « la République malade ».

Les commentaires avancent volontiers que le pays est devenu le champion européen des arrêts maladie. Pourtant, les comparaisons internationales, complexes voire impossibles du fait des écarts de réglementation, conduisent à des conclusions souvent divergentes.

Les sondages menés par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) auprès des employés ne sont pas si affirmatifs, même si ses experts admettent observer une augmentation récente. A titre indicatif (les données n’étant pas directement comparables), un rapport de l’inspection des finances, paru en juillet, affirme que les salariés du secteur privé en France se sont absentés en moyenne 11,7 jours pour des raisons de santé en 2022, et les agents publics en moyenne 14,5 jours.

Un pilier de l’Etat social

Outre-Rhin, les réactions à ces statistiques en diraient ainsi presque plus long que les chiffres eux-mêmes : l’Allemagne, pays de l’éthique protestante du travail, serait-elle en train de vivre un changement de culture ?

Les économistes y voient un frein à la reprise de la croissance, certains avancent même que le manque à gagner lié à ces absences suffirait à combler le demi-point de produit intérieur brut (PIB) qui permettrait de sortir de la récession. « Le taux d’absentéisme élevé constitue un risque supplémentaire pour les chances de réussite des entreprises à surmonter la faiblesse de la croissance », assure le responsable d’une des principales caisses d’assurance maladie (DAK), Andreas Storm, dans le Bild du 28 octobre. La droite et les libéraux y lisent, quant à eux, le symptôme de la trop grande générosité de l’Etat social dont le coût entraverait le redémarrage de l’Allemagne.

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Paris 2024 : un ancien salarié du Comité d’organisation obtient en appel la nullité de son licenciement

Deux mois après la fin de l’été olympique et paralympique, la justice a donné raison à un ancien salarié du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Cojop), qui contestait son licenciement. Par un arrêt du 31 octobre, la cour d’appel de Paris condamne l’organisateur des JO pour licenciement nul « en raison de la violation de la liberté d’expression » de Sébastien Chesbeuf, détaille Thomas Hollande, l’avocat du plaignant, dans un communiqué publié mercredi 6 novembre.

Ancien responsable des relations institutionnelles du Cojop, M. Chesbeuf avait été licencié pour faute le 5 février 2020, après avoir alerté un cadre du Comité international olympique (CIO) de dysfonctionnements présumés (problèmes de gouvernance, risques budgétaires, manque de transparence de la direction avec les pouvoirs publics) au sein de Paris 2024, alors que sa fonction imposait, selon le Comité d’organisation, un devoir de loyauté.

L’ancien cadre du Cojop avait alors saisi le conseil des prud’hommes de Paris pour faire reconnaître la nullité de son licenciement. La justice prud’homale avait condamné le Cojop en juillet 2021 pour licenciement « abusif » et « sans cause réelle et sérieuse », mais avait débouté Sébastien Chesbeuf de sa demande de licenciement nul.

Dommages réputationnels

Ce dernier avait alors décidé de faire appel pour faire reconnaître son statut de lanceur d’alerte. Dans son arrêt, la cour d’appel infirme le jugement prud’homal, reconnaît la liberté d’expression du salarié et reproche à Paris 2024 « d’avoir tenté de réduire au silence Sébastien Chesbeuf en le licenciant pour avoir rendu public ses alertes et en avoir directement fait part à un membre du CIO, Pierre-Olivier Beckers », fait valoir Me Hollande.

Coauteur, avec les journalistes Jean-François Laville et Thierry Vildary, de La Face cachée des JO (JC Lattès, 216 p, 20 euros), un ouvrage publié quelques semaines avant les Jeux olympiques et dans lequel il détaille ses alertes sur la gestion du Cojop, Sébastien Chesbeuf affirme avoir, depuis son licenciement, subi des dommages aussi bien professionnels que réputationnels.

« Paris 2024 ne fera pas de commentaire », a, de son côté, répondu au Monde, mercredi, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.

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« 60 millions de consommateurs » ne passera « pas l’année 2025 » sans aide de l’Etat, selon les salariés du magazine

Les représentants des salariés de l’Institut national de la consommation (INC), qui édite le magazine 60 millions de consommateurs, ont demandé l’aide urgente du gouvernement de Michel Barnier, sans quoi l’INC « ne passera pas l’année 2025 », affirment-ils dans une lettre consultée vendredi 8 novembre par l’Agence France-Presse (AFP).

« Le 2 mai nous apprenions par la voix de la ministre déléguée chargée des entreprises, du tourisme et de la consommation » de l’époque, Olivia Grégoire, « qu’un scénario de rebond de l’INC avait enfin été choisi », écrivent des représentants de salariés dans ce document adressé à la nouvelle équipe gouvernementale, consultée vendredi.

Or, cela semble « remis en cause », poursuivent-ils. Ils demandent au premier ministre, Michel Barnier, au ministre de l’économie, Antoine Armand, et à la secrétaire d’Etat chargée de la consommation, Laurence Garnier, s’il leur est possible de « compter sur l’abondement financier de l’Etat à hauteur de 3,2 millions d’euros comme promis ? »

« Si non, considérant l’état de notre trésorerie, il est certain que l’INC ne passera pas l’année 2025 », s’alarment les représentants de la cinquantaine de personnes travaillant au sein de l’établissement public basé à Malakoff, dans les Hauts-de-Seine.

« Baisse progressive du montant de subvention »

Selon Bertrand Loiseaux, un membre du CSE, le budget de l’INC pour 2025 doit être présenté en CSE mardi 19 novembre, avant un conseil d’administration prévu à la fin du mois. Faute de visibilité sur l’aide accordée par l’Etat notamment au titre de la mission de service public effectuée par l’INC, la situation de l’Institut peut devenir rapidement « extrêmement périlleuse » en raison d’une trésorerie « qui se réduit comme peau de chagrin », selon M. Loiseaux.

En mars, les représentants des salariés avaient appelé à « sauver » 60 millions de consommateurs, journal né en 1970 et « en péril » en raison d’investissements insuffisants selon eux. Un rapport parlementaire en 2022 mentionnait une « baisse progressive du montant de subvention » à l’INC entre 2012 et 2020, passé de 6,3 millions d’euros à 2,7 millions d’euros.

Créé en 1966, l’établissement est chargé de la bonne information des consommateurs et de « promouvoir une consommation responsable ». Il regroupe un centre d’essais comparatifs de produits et de services ainsi qu’un département d’études juridiques et économiques, détaille-t-il sur son site Internet. Sollicitée vendredi par l’AFP, sa direction n’a pas immédiatement réagi.

Le Monde avec AFP

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SCOP-TI, dix ans après, les victoires des ex-Fralib : « On est toujours là, alors qu’on était voués au Pôle emploi »

Sur la chaîne de production des boîtes de thé de la marque 1336 de SCOP-TI, à Gémenos (Bouches-du-Rhône), le 4 janvier 2023.

Ils ont suivi à distance, et avec sympathie, l’annonce de la reprise par ses salariés de l’usine de verres Duralex au milieu de l’été. Comme une réminiscence de leur propre victoire, il y a dix ans, face à la multinationale Unilever, ses thés Lipton et ses tisanes Eléphant. Un combat à la David contre Goliath, souvent cité en exemple dans les luttes ouvrières. « Chaque histoire est unique. On n’a aucune leçon à donner », précise d’emblée Olivier Leberquier, depuis les bureaux de l’ex-usine Fralib de Gémenos (Bouches-du-Rhône), devenue la société coopérative ouvrière provençale de thés et infusions SCOP-TI.

Aujourd’hui, il en est le président ; en 2014, il en était le délégué CGT. A l’époque, alors que les Fralib venaient d’obtenir le droit de reprendre leur usine en SCOP après quatre ans d’une lutte acharnée, il déclarait : « La lutte va se poursuivre, puisqu’il va falloir pérenniser notre activité. » Dix ans après, ils tiennent enfin leur vraie victoire. Celle d’avoir « réussi à faire perdurer le projet dans le temps », résume-t-il. « On est toujours là, alors qu’on était voués au Pôle emploi. [En 2024], nous allons faire notre meilleur chiffre d’affaires en dix ans, en hausse de 30 % ou 35 %, et nous serons bénéficiaires, sans artifice ni aide extérieure, juste grâce à notre activité. »

Intarissable dans sa description passionnée du projet de l’entreprise, Nasserdine Aissaoui, qui prépare les commandes passées par Internet, ne dissimule rien de la réalité des dix années : « Jusqu’à aujourd’hui, ça a été compliqué, il n’y a rien qui est facile. » Les SCOP-TI ont su dès la reprise qu’ils partaient avec un sévère handicap : contrairement aux Duralex, ils n’ont pas obtenu de conserver la marque Eléphant. « Ça représentait un volume de 450 tonnes, alors qu’aujourd’hui on tourne autour de 300 tonnes, donc ça aurait été tout de suite gagné ! », explique Olivier Leberquier.

Lire aussi (2017) | Article réservé à nos abonnés Scop-TI, la coopérative des anciens de Fralib, sur la corde raide

Pour les salariés, la requête était d’autant plus légitime que la marque est née à Marseille, créée par les frères Pétrus et Lazare Digonnet à la fin du XIXe siècle, les aromates (verveine, tilleul, menthe…) étant alors issus du terroir local. Unilever rachète l’entreprise, qui devient Fralib (Française d’alimentation et de boissons) à la fin des années 1970. Avec l’ouverture des marchés, les plantes locales sont remplacées par des plantes « du bout du monde » et l’activité se réduit peu à peu au seul conditionnement, jusqu’en 2010, lorsque Unilever décide de la délocaliser en Pologne. Il reste alors 182 salariés. Cela marque le début de quatre ans d’occupation de l’usine. « Au bout du compte, on a réussi à garder les machines, rappelle Olivier Leberquier. Mais, sur la marque, Unilever n’a pas lâché ! »

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Du Pareil au même, Sergent Major et Natalys partiellement sauvées, annonce leur direction

Devant l’entrée d’un magasin Du Pareil au même à Paris, le 28 juin 2023.

Les marques de vêtements pour enfants Du Pareil au même (DPAM), Sergent Major et Natalys, qui avaient été placées en redressement judiciaire, ont été partiellement sauvées par un plan de continuation accepté par la justice, a annoncé leur direction jeudi 7 novembre, confirmant une information de L’Informé.

« Nous avons perdu entre 400 et 500 emplois depuis le début de la pandémie », a regretté auprès de l’Agence France-Presse (AFP) Paul Zemmour, le fondateur et dirigeant de l’entreprise qui emploie environ 1 500 personnes et possède 520 magasins en France.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Figure des années 1990, Du Pareil au même est à la peine

Du Pareil au même, Sergent Major et Natalys, ainsi que leur maison mère, Générale pour l’enfant (GPE), avaient été placées en redressement judiciaire, parce qu’elles ont été affectées par « les crises sociales, la pandémie de Covid-19, la crise énergétique et l’inflation », avait déclaré le groupe en 2023 à l’AFP.

Une source proche du dossier avait alors précisé que GPE avait subi un recul de 100 millions d’euros de son chiffre d’affaires pendant la pandémie de Covid-19 « en raison de la fermeture des magasins ». Le chiffre d’affaires avait atteint 275 millions d’euros en 2022, avait ajouté cette source.

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Dans le monde, 250 magasins fermés

« Après dix-huit mois de combat et avec l’approbation du tribunal (…), nous repartons d’un bon pied en espérant que les choses se passent le mieux possible et qu’on soit moins tributaires des événements négatifs », a déclaré M. Zemmour à l’AFP.

Dans le monde, 250 magasins ont déjà été fermés, « principalement en France », a chiffré M. Zemmour, qui a rappelé que Générale pour l’enfant employait au total 2 000 personnes et possédait 650 points de vente.

Camaïeu, Kookaï, Gap France, Don’t Call me Jennyfer, André, San Marina, Minelli, Pimkie, Comptoir des Cotonniers, Princesse Tam Tam, Kaporal, IKKS… Le prêt-à-porter traverse une violente crise depuis plus d’un an.

Elle a été fatale pour certaines marques, qui ont été liquidées, comme Camaïeu en septembre 2022, avec le licenciement de 2 100 salariés qui avait fortement marqué les esprits. Certaines entreprises ont coupé dans les effectifs et fermé des magasins, comme Pimkie. D’autres avaient été placées en redressement judiciaire, comme Naf Naf ou Kaporal. Outre Camaïeu, la liquidation a été prononcée pour San Marina et Burton of London plus récemment.

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Le Monde

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Des ouvriers chinois à Sochaux chez Stellantis

C’est une rumeur qui circule entre Sochaux et Montbéliard dans le Doubs. Stellantis serait prêt à faire appel à de la main-d’œuvre chinoise pour son usine. L’industriel, par l’intermédiaire d’une société lyonnaise, qui elle-même travaille pour un prestataire italien, serait à la recherche de logements et même d’un cuisinier chinois. Vérification faite, une société s’est bien mise en quête d’hébergements pour « célibataires » et « pour un an », concernant « au minimum une centaine de salariés chinois, voire 200, entre mars 2025 et janvier 2026 pour un transfert de compétences aux usines Stellantis de Sochaux », indique un document que Le Monde a pu lire.

Lire aussi le reportage (2022) : Article réservé à nos abonnés Compacte, frugale, l’usine rêvée de Stellantis à Sochaux

Il ne s’agirait donc pas d’ouvriers pour la ligne de montage des 3008 et 5008, mais de techniciens venant installer de nouvelles machines, fabriquées en Chine. Stellantis investit dans un nouvel atelier de peinture, pour diminuer de 30 % sa consommation d’énergie et de moitié sa consommation d’eau, et le groupe confirme qu’une telle installation « requiert une main-d’œuvre qualifiée et expérimentée ». Elle a été confiée à une société italienne, Fidia. Le nouvel atelier utilisera, pour un tiers, des technologies françaises, pour un autre des machines venant d’usines Stellantis qui n’en ont plus l’usage, et pour le dernier tiers, des technologies chinoises.

« Visas d’un an »

« A ce jour, un peu moins de 30 demandes de visa d’un an [janvier 2025 à janvier 2026] ont été faites pour des travailleurs chinois, indique un porte-parole. Ceux-ci seront destinés au montage et à la mise en service du process de cataphorèse [le traitement de la surface métallique des pièces à peindre]. » Il en faudra sans doute davantage, mais devant la difficulté d’obtenir ces visas, l’entreprise italienne « pourrait se tourner vers d’autres travailleurs », précise Stellantis.

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L’arrivée de machines chinoises pour équiper une usine automobile occidentale n’est pas une première. Les presses géantes de l’atelier d’emboutissage de l’usine de Sochaux, refait il y a quatre ans, sont elles aussi chinoises. Tout comme une grande partie des équipements de l’usine de batteries ACC, dont Stellantis est actionnaire, dans le Pas-de-Calais. « Les autres entreprises intervenant sur cet atelier de peinture sont françaises », insiste le groupe, qui cite : « Sames et Clid pour l’intégration des robots, la PME EPI, présente à Montbeliard, 2MCP pour une partie de la manutention et Clemessy, Spie et Firac pour l’automatisme ». Le démantèlement de l’ancienne ligne est confié à une entreprise allemande et le génie civil à une dizaine d’entreprises régionales.