L’avenir d’Atos se calcule en pointillé à Angers

L’avenir d’Atos se calcule en pointillé à Angers

Dans l’usine Atos d’Angers en septembre 2019.

Le long de l’avenue Patton, à l’ouest d’Angers, ce n’est pas la tempête financière qui fait trembler Atos, mais plutôt les engins de chantier et leur bruyant ballet. Ici se construit « l’usine du futur », celle qui doit permettre au site angevin du géant informatique de confirmer sa position de leader européen en 2027. C’est là que se pensent et s’assemblent les supercalculateurs d’Eviden, la branche spécialisée dans le numérique, le cloud, le big data et la cybersécurité. Des machines qui comptent désormais en exaflops, exécutant un milliard de milliards de calculs à la seconde. Ces calculateurs haute performance moulinent partout dans le monde pour résoudre des équations extrêmement complexes dans des domaines aussi variés que la météorologie, la recherche nucléaire, la santé, la finance ou la défense. Des bêtes de calcul vendues entre 10 et 50 millions d’euros pièces.

Un saut technologique vertigineux sur ce site où a été fabriqué le premier ordinateur de la marque tricolore Bull – le Level 64 –, en 1973. La société informatique a employé plus de 3 000 salariés à Angers, avant de s’effondrer et d’atterrir dans l’escarcelle d’Atos, en 2014. En 2019, le groupe et son PDG d’alors, Thierry Breton, y ont inauguré le centre d’essais « mondial » des supercalculateurs.

Dominique Rouger, 52 ans, a été embauché comme « développeur Java » en 2000. Depuis 2008, il est représentant du personnel (CFDT) et porte un regard circonstancié sur la situation de l’entreprise qui l’emploie : « Bien sûr, ça préoccupe les gens, mais on continue d’avoir des commandes. On travaille en essayant d’occulter un peu ce qui se passe autour de nous. » Derrière la façade en dentelle de métal qui évoque l’arborescence des machines fabriquées ici, les rumeurs courent depuis des mois parmi les 250 salariés. « Récemment, le directeur a pris la parole pour apaiser le climat et rasséréner les gens », confirme le délégué syndical. Le renoncement d’Airbus, qui a étudié la possibilité de racheter Eviden, a tout de même ébranlé le personnel. « On est un peu refroidis, il y avait un côté rassurant à rester dans un grand groupe. On attend vraiment du concret maintenant », ajoute-t-il.

« Absence de solution »

De l’autre côté de l’agglomération angevine, dans l’ex-cité ardoisière de Trélazé, l’autre usine Atos vit dans la même attente. Les quelque 180 salariés y assurent des services d’infogérance pour le compte de grandes entreprises et nul ne veut, ou ne peut, imaginer un effondrement brutal du géant informatique. « A court terme, il n’y a pas d’inquiétude, dit Thierry Pouplin, chef de projet de 50 ans et délégué syndical CFDT. On reste tout de même très prudents parce que ça fait deux ans que ça change tous les quinze jours. On ressent plutôt de l’agacement par rapport à l’absence de solution. »

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LJD

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