Archive dans juillet 2022

Frédéric Sève, numéro trois de la CFDT, est mort

Frédéric Sève (au centre), entouré de Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT (à gauche), et de Virginie Aubin, responsable à la CFDT, le 5 septembre 2019, à Paris.

Le secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Laurent Berger, a annoncé mardi 26 juillet la mort de Frédéric Sève, trésorier de l’organisation, chargé du dossier des retraites et numéro trois de la première confédération syndicale de salariés en matière de représentativité électorale.

« Avec une infinie tristesse, nous annonçons le décès brutal de Frédéric Sève, secrétaire national et trésorier de la CFDT. Militant engagé, immense responsable qui savait allier réflexion, ambition et action, Frédéric était un homme merveilleux et un ami. La CFDT est en deuil », a tweeté M. Berger. M. Sève est mort à 55 ans d’une crise cardiaque, fait-on savoir à la centrale.

Trésorier confédéral de la CFDT, ce professeur de sciences économiques et sociales avait été secrétaire général du syndicat de l’éducation SGEN-CFDT en 2012 avant d’intégrer la commission exécutive de la confédération en 2016, relate ce syndicat dans un communiqué, évoquant une « immense tristesse ».

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Retraites : la CFDT durcit sa doctrine

« Un syndicaliste passionné »

« Responsable du dossier des retraites, il n’a cessé ces dernières années de lutter avec conviction et persévérance pour rendre le système plus juste », poursuit le communiqué. « Il fut également le grand artisan de l’alliance de la CFDT avec une soixantaine d’organisations dans le “Pacte du pouvoir de vivre” », lancé en mars 2019 avec l’ambition de faire « converger écologie et social ».

Plusieurs responsables syndicaux et politiques lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux. « Frédéric Sève était un syndicaliste passionné. Son talent et sa capacité de négociation manqueront au dialogue social. Il nous manquera à tous », a réagi Olivier Dussopt, ministre du travail.

« La CFDT perd un infatigable militant », a écrit sur Twitter la présidente de l’Unédic, Patricia Ferrand, tandis que le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a salué sur le même réseau social un « grand syndicaliste avec lequel le Medef a toujours dialogué dans le respect et l’écoute ».

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La CFDT tente de retrouver une place centrale dans le dialogue avec l’exécutif

Le Monde avec AFP

Apprentissage : grosse inquiétude après le coup de rabot budgétaire

Olivier Dussopt (à gauche), ministre du travail, de la formation professionnelle et de l’insertion, et Pap Ndiaye, ministre de l’éducation et de la jeunesse, à l’Élysée, le 13 juillet 2022.

La prochaine rentrée cause déjà de grosses angoisses à de nombreux acteurs de l’apprentissage. A partir du 1er septembre, les crédits accordés à certaines certifications vont subir des baisses substantielles, parfois supérieures à 30 %. Ce coup de sécateur, infligé au début de l’été, est critiqué car il pourrait mettre en difficulté des organismes de formation tout en conduisant à l’abandon de projets d’ouverture de sections. L’Elysée et le gouvernement reçoivent des messages pressants de toute part, depuis plusieurs jours, afin de reconsidérer les arbitrages.

A l’origine de cette soudaine poussée de température, il y a une délibération adoptée le 30 juin par France compétences, « l’autorité nationale » de régulation et de financement du secteur, dont le conseil d’administration est multipartite (Etat, patronat, syndicats, régions, personnalités qualifiées). Cette instance a recommandé une diminution « moyenne totale de l’ordre de 10 % » des « niveaux de prise en charge » – c’est-à-dire la dotation destinée à payer l’accompagnement du titulaire d’un contrat d’apprentissage. La cure d’amaigrissement s’effectuera en deux étapes, avec une première réduction d’environ 5 % applicable au 1er septembre, suivie d’une autre (à partir du 1er avril 2023) dont l’ampleur pourrait être équivalente. Entre 750 et 800 millions d’euros devraient être ainsi économisés.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés L’apprentissage est dans une « impasse financière », selon la Cour des comptes

Le but d’une telle décision, poussée par les pouvoirs publics, est de « concourir à l’objectif d’équilibre financier du système ». Une formule pudique qui fait implicitement référence au déficit structurel de France compétences : – 4,6 milliards d’euros en 2020, – 3,2 milliards en 2021… Cette année, le trou pourrait atteindre 6 milliards, selon un rapport rendu public le 23 juin par la Cour des comptes. L’Etat a dû débloquer des subventions pour renflouer l’opérateur.

Méthode pointée du doigt

Ces problèmes de trésorerie sont, à la fois, une source de préoccupations et la conséquence d’un phénomène dont la plupart des protagonistes se réjouissent : le succès sans précédent de l’apprentissage. En 2021, le nombre de contrats signés a culminé à un peu plus de 730 000, contre 290 000 cinq ans auparavant. Un essor impressionnant enclenché par la loi de septembre 2018 sur « la liberté de choisir son avenir professionnel », qui a libéralisé le secteur. La tendance à la hausse a été démultipliée grâce aux primes exceptionnelles attribuées, depuis la mi-2020, aux employeurs qui embauchent des apprentis.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés L’apprentissage bat de nouveau des records en France

Tous ces changements ont été facteurs d’inflation et d’effets d’aubaine. Dès 2021, il a été constaté que les dotations étaient supérieures d’environ 20 % au coût estimé des formations – ces chiffrages renvoyant à des moyennes. L’heure de la « rationalisation » a donc sonné, comme l’indique une source au cœur du dossier. Depuis la fin 2021, les parties prenantes dialoguent pour rapprocher le montant des aides avec celui des frais supportés par les organismes qui accueillent des apprentis. Ces tractations ont abouti à un résultat conforme aux attentes de France compétences pour environ 70 % des niveaux de prise en charge. Pour les autres, un tour de vis va donc être donné.

Il vous reste 51.87% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Les syndicats européens veulent une loi sur les températures maximales au travail

Paris France le 19 juillet 2022 : RER B en gare de Châtelet en direction du Nord de Paris. Les wagons pleins et les rames non climatisées transforment le voyage en épreuve. La température extérieure est de 40 degrés / a l’intérieur des RER il faut au moins rajouter 10 degrés.

Au cœur d’un été où l’Europe a déjà subi deux périodes de canicule, la Confédération européenne des syndicats (CES) plaide lundi 25 juillet 2022 pour l’adoption d’une loi qui fixerait une température maximale au travail sur le continent.

« Deux travailleurs sont morts d’un coup de chaleur en Espagne la semaine dernière. En France, un pays qui ne plafonne pas les températures au travail, 12 personnes sont mortes d’accidents du travail liés à la chaleur en 2020 », relève la CES dans un communiqué. Le bilan s’est même alourdi jeudi en Espagne, les services de secours de la région de Madrid ayant annoncé le décès « en raison d’un coup de chaleur » d’un homme qui distribuait des prospectus dans les boîtes aux lettres.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « La canicule est insupportable. Je n’arrivais plus à travailler » : une journée en Ile-de-France sous des températures extrêmes

Pourtant, « seule une poignée de pays européens ont une législation destinée à protéger les travailleurs pendant les vagues de chaleur », avec de « grandes variations » d’un Etat à l’autre.

Une température optimale entre 16 et 24 °C selon l’OMS

Selon les syndicats affiliés à la CES, les actifs belges dont l’emploi est physiquement exigeant ne peuvent pas travailler quand la température excède 22 °C. La limite est fixée 5 °C plus haut en Hongrie pour le même type de travail, tandis que la Slovénie plafonne la température à 28 °C sur tous les lieux de travail. Or d’après l’Organisation mondiale de la santé, la température de travail optimale se situe entre 16 et 24 °C.

« Les travailleurs sont chaque jour en première ligne de la crise climatique, ils ont besoin de protections adéquates », alerte le secrétaire général adjoint de la CES Claes-Mikael Stahl. « Les conditions météorologiques ne se soucient pas des frontières nationales. C’est pour cela que nous avons besoin d’une législation à l’échelle européenne sur les températures maximales au travail », poursuit-il dans le communiqué.

La canicule qui a frappé l’Europe occidentale mi-juillet a causé la mort de plus de 500 personnes en Espagne et de nombreux records de température ont été battus en France, au Royaume-Uni et au Danemark. La multiplication des vagues de chaleur est une conséquence directe de la crise climatique selon les scientifiques, les émissions de gaz à effet de serre augmentant à la fois leur intensité, leur durée et leur fréquence.

Le Monde avec AFP

« Rendre le travail plus soutenable pendant la carrière est un chemin exigeant, mais plus prometteur que de taper sur les chômeurs »

Il y a au moins une chose que l’on ne peut pas reprocher au président de la République, c’est de manquer de suite dans les idées. Tout le monde garde en mémoire son conseil à un horticulteur au chômage, selon lequel il suffit de traverser la rue pour trouver du travail, prélude à un durcissement des conditions d’entrée dans le dispositif d’indemnisation du chômage.

Après sa remarque du 14 juillet à l’encontre de ceux qui préfèrent « profiter de la solidarité nationale pour réfléchir à leur vie », un nouveau tour de vis sur l’assurance-chômage est clairement annoncé. « Il faut aller plus loin », assume le chef de l’Etat. Pour Emmanuel Macron, il s’agit d’appliquer le principe des vases communicants : il y a trop de chômeurs qui coûtent cher à la collectivité d’un côté, et trop d’emplois non pourvus de l’autre ; en compliquant la vie des chômeurs, on les pousse vers l’emploi.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Pour son entretien du 14-Juillet, Emmanuel Macron campe sur ses positions

Ce raisonnement simpliste ne résiste pas à l’examen des données disponibles. La direction de l’animation de la recherche et des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail montre ainsi que les difficultés de recrutement sont liées, entre autres, aux mauvaises conditions de travail dans les secteurs en tension (« Quelles sont les conditions de travail qui contribuent le plus aux difficultés de recrutement dans le secteur privé ? », Analyses n° 26, Dares, juin 2022).

Des conditions difficiles de travail et des faibles salaires

« Les employeurs qui signalent que leurs salariés sont exposés à des conditions de travail difficiles sont plus nombreux (85 %) à connaître des difficultés de recrutement. Les horaires atypiques ou imprévisibles ainsi que la difficulté à pouvoir faire un travail de qualité sont parmi les expositions professionnelles les plus associées aux difficultés de recrutement », peut-on y lire. Les secteurs les plus concernés sont les industries agricoles et alimentaires, les hôtels-cafés-restaurants, les transports, la santé et l’action sociale.

Cet état de fait est récurrent. Dans une étude datée d’octobre 2021, la Dares signalait que les tensions de recrutement sur certains métiers s’expliquaient par des conditions de travail peu attractives, notamment pour les aides à domicile, les conducteurs routiers, les ouvriers non qualifiés de l’industrie, certains ouvriers qualifiés de l’industrie et du bâtiment ou les serveurs.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Emmanuel Macron réélu : les défis économiques du nouveau quinquennat

Pour d’autres métiers, de mauvaises conditions de travail conjuguées à une pénurie de main-d’œuvre contribuent aux tensions. C’est le cas pour les métiers de bouche (cuisiniers, bouchers, boulangers) ou encore les aides-soignantes. L’étude concluait : « L’apaisement des difficultés de recrutement (et la baisse du chômage) pourrait donc aussi passer par l’amélioration des conditions de travail et/ou la revalorisation des salaires dans certains métiers » (« Quelle relation entre difficultés de recrutement et taux de chômage ? »).

Il vous reste 54.61% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Assurance-chômage : vers une modulation des règles en fonction de la conjoncture

L’exécutif dit vouloir « aller plus loin » sur la transformation de l’assurance-chômage mais où exactement ? Vendredi 22 juillet, Olivier Dussopt a apporté un début de réponse, sans lever toutes les inconnues. Lors d’un déplacement à Nice consacré aux « tensions de recrutement », le ministre du travail a confirmé que le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi allait prochainement évoluer, en livrant quelques détails sur une annonce faite le 14 juillet par Emmanuel Macron.

M. Dussopt a évoqué un paradoxe qui alimente un mécontentement grandissant chez les patrons : d’un côté, des propositions d’embauche qui ne trouvent pas preneur ; de l’autre, un taux de chômage relativement élevé, à 7,3 %. Ce « n’est pas acceptable », a estimé, vendredi, le ministre. C’est pourquoi il entend actionner plusieurs « leviers », parmi lesquels le dispositif qui permet aux sans-emploi de toucher une allocation.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les demandeurs d’emploi doivent faire face à des sanctions plus musclées : radiations, suppressions d’allocations…

Mises en application sous la précédente législature, les règles actuelles, qui ont eu pour effet de durcir les conditions d’indemnisation et qui devaient expirer le 31 octobre, vont être prorogées, a indiqué M. Dussopt, ajoutant : « Nous allons même [les] renforcer. » Il a cité l’exemple du Canada où les dispositions sont plus strictes quand le marché de l’emploi va bien « et plus protectrices quand il y a des difficultés économiques ». Son propos s’inscrit dans le prolongement d’une promesse de campagne faite par M. Macron.

Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés Assurance-chômage : « Une réforme inefficace, injuste et punitive »

Incompréhension et colère des syndicats

A Matignon, on précise qu’« il y aura un texte en septembre pour prolonger » les mesures en vigueur. En parallèle sera lancée « une concertation sur la gouvernance » du régime, c’est-à-dire sur le rôle respectif des partenaires sociaux et de l’Etat. Ensuite, une autre « concertation » démarrera au sujet « des nouvelles règles d’indemnisation dans le cadre de gouvernance qui aura été décidé ».

Une telle démarche donne satisfaction à François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, car elle correspond à une idée défendue par son organisation. Les syndicats, eux, oscillent entre incompréhension et colère. Cyril Chabanier, le président de la CFTC, confie être surpris car M. Dussopt avait fait part de son intention d’évaluer l’incidence des mesures instaurées sous le premier quinquennat de M. Macron, ce qui pouvait laisser penser qu’aucun changement n’interviendrait tant que les résultats de cette étude d’impact ne seraient pas connus.

Secrétaire confédéral de FO, Michel Beaugas considère que l’initiative du gouvernement « revient à piétiner la procédure définie par les textes puisqu’il appartient aux interlocuteurs sociaux de négocier les paramètres du régime, dans le cadre d’un document d’orientation transmis par Matignon ». « Tout se passe comme si le pouvoir en place cherchait à minorer, encore plus, le rôle des syndicats et du patronat dans le pilotage du dispositif », déplore-t-il.

Il vous reste 23.54% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Bruno Le Maire : « Nous avons changé »

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, le 20 juillet 2022 à l’issue du conseil des ministres à l’Elysée, à Paris.

Pièce maîtresse du dispositif gouvernemental en ce début de législature marquée par une forte inflation et des tensions géopolitiques qui affectent la croissance, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, est en première ligne au moment de faire adopter par les parlementaires le projet de loi d’urgence sur la protection du pouvoir d’achat et sur le projet de loi de finances rectificative en assurant le financement.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les parlementaires accusent le camp présidentiel de ne pas changer d’attitude ni de pratiques

Sur le pouvoir d’achat, les oppositions vous accusent de ne pas suffisamment chercher le compromis. Etes-vous prêts à trouver un accord, notamment sur le carburant, avec Les Républicains (LR) ?

Bien sûr ! Nous sommes ouverts au compromis. Mais il faut un cadre : rien qui puisse dégrader nos finances publiques, tout pour la transition climatique, tout pour le travail. La suppression des taxes sur les carburants n’est donc pas envisageable. C’est une mesure irréversible qui coûterait chaque année des dizaines de milliards d’euros au contribuable. Et en plus pour subventionner une énergie fossile. Le gouvernement propose une remise de 18 centimes d’euro par litre jusqu’au 1er octobre, puis une indemnité plus ciblée. Si les LR estiment qu’il faut faire davantage que 18 centimes, pourquoi pas ? Une chose est sûre : les compromis qui aboutiront lors des discussions à l’Assemblée doivent respecter notre enveloppe de 4,4 milliards d’euros pour 2022.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le camp Macron multiplie les gestes en direction de LR pour espérer obtenir le soutien d’une partie de ses députés

Une partie de la majorité est désormais favorable à une taxe sur les « superprofits », à laquelle vous vous opposez…

Ne tombons pas dans une escroquerie intellectuelle qui laisserait penser que toutes les entreprises françaises auraient profité de la crise. Un grand nombre de nos entreprises sont affectées par la hausse des prix de l’énergie et par les difficultés d’approvisionnement. Seules quelques entreprises, notamment dans les secteurs énergétique et du transport maritime, ont fait des bénéfices importants. Nous leur demandons de faire un effort. Je pense en particulier à Total et à CMA-CGM. Elles ont pris de premiers engagements. Doivent-elles faire plus ? Oui, certainement. Nous ferons les comptes lors du projet de loi de finances 2023.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Certains élus LR prêts à examiner une « taxe sur les superprofits »

L’Espagne, l’Italie ou le Royaume-Uni ont instauré cette taxation exceptionnelle…

Vous oubliez que ces trois pays ont des taux de prélèvement obligatoire inférieurs au nôtre ! En France, à chaque difficulté, on répond par une nouvelle taxe. Ce réflexe pavlovien n’améliore en rien le pouvoir d’achat des Français. Avec l’attractivité du pays, la valorisation du travail et le soutien aux entreprises, la baisse des impôts fait partie de l’ADN politique de notre majorité. Affirmons notre identité politique. Ne cédons pas aux sirènes des oppositions. Restons nous-mêmes. N’oublions jamais que nos choix économiques depuis 2017 nous ont mis sur le chemin du plein-emploi et ont fait de la France le pays le plus attractif pour les investissements étrangers en Europe.

Il vous reste 70.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Secteur aérien : deux accords signés pour revaloriser les salaires minimums

Deux accords visant à revaloriser l’ensemble des salaires minimums dans le transport aérien et à simplifier la grille de classification de la branche ont été signés par les partenaires sociaux, a annoncé mercredi 20 juillet la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM). Ces accords ont été signés « par quatre des cinq organisations syndicales représentatives au sein de la branche, à savoir la CFDT, la CGT, la CFE-CGC et l’UNSA » qui pèsent à elles toutes 75 % des voix, s’est réjoui la FNAM, principale organisation professionnelle du secteur aérien.

Le nouvel accord salarial concerne les personnels au sol et non les personnels navigants, et s’assimile à un rattrapage, alors que le smic a augmenté sensiblement récemment, et que tout le secteur est perturbé cet été par des pénuries de personnel et des grèves d’hôtesses, stewards et pilotes dans les compagnies aériennes.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés A l’aéroport de Roissy, quinze jours après les grèves, des valises n’ont pas encore été remises à leurs propriétaires

Cet accord prévoit une revalorisation des sept premiers niveaux de salaire de la grille à hauteur de 6 %, « soit une augmentation annuelle entre 1 100 euros et 1 417 euros pour les salariés sur ces premiers niveaux », a fait savoir la FNAM.

« Plus de 11 % au-dessus du smic annuel actuel »

C’est la deuxième fois cette année que les minima de la branche sont réévalués. « En janvier dernier, la FNAM avait entériné un premier accord salarial visant à revaloriser les plus bas salaires de la grille au regard de l’impact de la hausse du smic », a rappelé l’organisation patronale. Cette fois-ci, c’est la hausse du 1er mai dernier qui a été répercutée. Avec ce nouvel accord, la rémunération minimale d’un salarié du premier échelon est portée « à plus de 11 % au-dessus du smic annuel actuel », assure la FNAM.

Le smic doit à nouveau être réévalué de 2,01 % au 1er août en raison de l’inflation qui s’est portée à 5,8 % en juin.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Ça bouge partout » : sous l’effet de l’inflation, les mobilisations salariales se multiplient en France

La déléguée générale adjointe chargée des affaires sociales à la FNAM, Hélène Clavé, s’est réjouie de la signature de ces deux accords. Elle a salué un dialogue social de qualité « qui a permis de trouver un compromis malgré le contexte économique fragile, instable et incertain du secteur », selon un communiqué.

Comme beaucoup d’autres secteurs, l’aérien peine à recruter pour répondre à une demande croissante avec la fin des restrictions de voyage liées à la pandémie de Covid-19.

Lire notre décryptage : Article réservé à nos abonnés Logistique, hôtellerie, bâtiment… La grande pénurie de main-d’œuvre à travers l’Europe

Le Monde avec AFP

Sans-papiers, ils font tourner un centre d’hébergement d’urgence

A l'entrée de l'hôtel Ibis à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), converti en centre d'hébergement d'urgence depuis le début de la crise sanitaire, les employés sans-papiers lancent un mouvement de grève pour exiger le paiement de leurs salaires et leur régularisation, le 20 juillet 2022.

C’était au début de l’épidémie de Covid-19. Alors que la France était confinée depuis trois semaines à peine, la population claquemurée, l’Etat se mobilisait pour mettre à l’abri les plus vulnérables.

En Seine-Saint-Denis, un nombre record de chambres d’hôtel étaient préemptées. A Bagnolet, par exemple, un hôtel Ibis était réquisitionné pour offrir un hébergement d’urgence à des sans-abri. La gestion du lieu était confiée à un opérateur bien connu de l’Etat, l’association Coallia, mastodonte de l’hébergement social de plus de 4 000 salariés, dont le président n’était autre que l’actuel ministre aux outre-mer, Jean-François Carenco.

Dans ce grand bâtiment de huit étages, qui voisine l’autoroute A3, plus de 400 personnes sont encore abritées aujourd’hui, originaires notamment d’Afrique de l’Ouest, d’Afghanistan ou d’Europe.

Lire aussi le reportage : Article réservé à nos abonnés Travailleurs sans papiers : vingt-quatre heures avec les « premiers de corvée »

Et c’est ici que, mercredi 20 juillet, sept travailleurs ont entamé une grève. Ils font partie d’une équipe d’une vingtaine d’agents hôteliers qui, pour le compte d’une entreprise sous-traitante, Gaba Global Service International, gèrent l’accueil, la livraison des repas et l’entretien du réfectoire. Ils disent aussi être chargés de faire des rondes de sécurité dans les étages. Ils travaillent de jour ou de nuit, souvent douze heures par vacation. Fait tout à fait notable : ils sont sans-papiers et disent n’avoir jamais été déclarés. Ils expliquent aussi au Monde n’être payés qu’un mois sur deux en moyenne.

Moins de 3,50 euros de l’heure

Originaires de Côte d’Ivoire, du Mali ou encore de Guinée et aujourd’hui accompagnés par le syndicat CGT, ils ont débrayé pour exiger le paiement de leurs salaires et leur régularisation.

A l’entrée de l’hôtel, mercredi, outre la présence des grévistes et de syndicalistes, on pouvait observer le va-et-vient routinier des résidents ainsi que d’autres salariés. Il apparaît que la gestion de ce centre est entièrement confiée à des entreprises sous-traitantes, qu’il s’agisse de la sécurité ou même de l’accompagnement des résidents. Les travailleurs sociaux, par exemple, sont tous intérimaires. Contactée, Coallia n’avait pas encore donné suite au moment de la publication de l’article. En début d’après-midi, mercredi, un représentant de l’association ainsi qu’un autre de Gaba Global Service International se sont brièvement déplacés sur le site pour rencontrer les grévistes, avant de convenir d’un nouveau rendez-vous jeudi.

« On a des loyers à payer et des familles qui comptent sur nous », explique au Monde l’un d’eux, Alassane (à leur demande, seuls les prénoms des travailleurs sont donnés). Cet Ivoirien de 39 ans vit en France depuis près de cinq ans. Il a été embauché dans le centre d’hébergement d’urgence dès son ouverture, au mois d’avril 2020. Plusieurs grévistes montrent les attestations de déplacement dont ils ont bénéficié pendant le confinement. Sur la foi de relevés bancaire et des jours qu’il dit avoir travaillés, Alassane aurait perçu 4 976 euros en 2022 pour 1 428 heures, soit moins de 3,50 euros de l’heure, sans jamais voir l’ombre d’un contrat de travail ou d’un bulletin de salaire.

Il vous reste 47.89% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

« Pour certains salariés, c’est un second licenciement » : l’unique projet de reprise de la Société aveyronnaise de métallurgie enterré

Après des semaines d’attente, le couperet est tombé, douchant le dernier mince espoir des anciens salariés de la société aveyronnaise de métallurgie (SAM), plantée dans la zone industrielle Les Prades, à Viviez, sur les hauteurs du bassin houiller de Decazeville (Aveyron). Matthieu Hède, l’unique candidat à la reprise de cette usine définitivement close, a annoncé jeter l’éponge, lundi 18 juillet. Le dirigeant de MH Industries, un groupe lotois spécialisé dans la fabrication de pièces métalliques, a essuyé une fin de non-recevoir de la part de Renault – premier client de la SAM – pour l’achat de pièces. « Il n’y avait pas de scénario possible sans le constructeur. Il fallait le convaincre pour amorcer la reprise avant de pouvoir nous en passer demain », explique M. Hède ce mercredi.

Si la proposition présentée en avril (8 millions d’euros de chiffre d’affaires par an) semblait le satisfaire, le groupe au losange s’est ravisé deux semaines plus tard. « Il ne voulait plus entendre parler des salariés de la SAM. Pour Renault, la fonderie n’existe plus », rapporte M. Hède, qui espérait, alors, « que le gouvernement joue son rôle d’interlocuteur. » Autre raison l’ayant poussé à renoncer à reprendre la SAM : un financement loin d’être bouclé. « Le montant, entre 30 millions et 45 millions d’euros, était un souci. Car les organismes financiers étaient peu nombreux à nous suivre sur un projet risqué de sous-traitance. »

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Notre combat a un sens, il est juste et légitime » : dans l’Aveyron, les ex-salariés de la SAM refusent de quitter l’usine

« Ce n’est pas de la déception. Le mot n’est pas assez fort. C’est du dégoût, de la colère, réagit David Gistau, ancien agent de production entré à la fonderie en 1991, et ex-membre CGT du comité social et économique de l’entreprise. Pour certains salariés c’est comme si on les licencie une deuxième fois. » Le tribunal de commerce de Toulouse avait scellé le sort de cette fonderie le 26 novembre 2021, prononçant la cessation définitive de son activité et le licenciement de 333 employés. Ces derniers ont alors occupé l’usine pendant cent cinquante-quatre jours avant d’obtenir, sous l’égide de la préfète d’Aveyron, des garanties permettant d’éviter la vente des machines par les mandataires judiciaires.

« Notre territoire disparaît peu à peu »

Ghislaine Gistau, ex-déléguée syndicale CGT, ne s’en remet pas. « Je suis écœurée. Le gouvernement avait les moyens d’agir et voilà, il laisse agir le constructeur automobile en toute impunité », fustige-t-elle. A 45 ans, cette responsable qualité embauchée en 1998 effectue actuellement un bilan de compétences. « Je suis nostalgique de cette entreprise et des relations nouées avec mes collègues. J’ai besoin d’ouvrir une autre page. Je ne travaillerai probablement plus dans l’industrie », reconnaît-elle.

Il vous reste 43.29% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.