Les contraintes de l’emploi dans le tourisme
Actuellement, 100 000 postes ne trouvent pas preneurs du fait de faibles salaires , de lourdes contraintes horaires et de perspectives de carrière médiocres.
Le tourisme demeure un secteur d’or, quoi que le mouvement des « gilets jaunes » qui a ralenti ce secteur-clé de l’économie française au premier trimestre, en entraînant une baisse de 2,5 % du nombre de nuitées. Au cours du Conseil interministériel du tourisme (CIT), qui a assemblé gouvernement et professionnels autour du premier ministre, le 17 mai, Edouard Philippe a pu se féliciter des bons résultats 2018.
Le nombre de touristes a atteint 89,4 millions (+ 3 %), encore loin de l’objectif de 100 millions pour 2020. Mieux, ils ont dépensé 56,2 milliards d’euros, soit 3,4 milliards de plus qu’en 2017, selon les chiffres définitifs. La France demeure la première destination mondiale, après il y a l’Espagne et des Etats-Unis.
Il demeure cependant beaucoup à faire pour améliorer et pérenniser les emplois dans un secteur où 100 000 postes (sur 280 000 offres) ne trouvent pas preneur en raison de rémunérations faibles, de lourdes contraintes horaires et de perspectives de carrière médiocres. Pour son plan emploi-formation dans le tourisme, le gouvernement s’est appuyé sur les instructions de Frédérique Lardet, députée LRM de Haute-Savoie, chargée par M. Philippe d’une mission sur « les moyens d’optimiser le potentiel d’emplois » et « d’adapter la formation des salariés aux exigences des entreprises et des clientèles ».
La profession s’est engagée, avec l’Etat, à progressé les formations via les campus des métiers et les centres d’excellence. Fin 2019, ils lanceront une « plate-forme numérique des métiers et d’orientation » recensant les postes et favorisant les parcours professionnels, d’abord dans l’hôtellerie-restauration. Comme dans l’industrie (automobile, aéronautique…), le gouvernement mettra en place, d’ici à fin juillet, un « comité de filière » coprésidé par le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le secrétaire d’Etat au tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, et un responsable professionnel.
Rigueur budgétaire
Le but est de joindre les acteurs pour développer les parcours dans toutes les branches du tourisme (hôtels, restaurants, parcs de loisirs…) et améliorer la mobilité. Avec, à la clé, la création possible de 15 000 emplois supplémentaires par an. Afin de sécuriser le parcours des salariés et les fidéliser, l’Etat va aussi favoriser les groupements d’employeurs, qui leur permettent d’avoir un contrat unique tout en œuvrant pour plusieurs entreprises.
Mais il y a beaucoup à faire pour charmer plus de touristes et les inciter à dépenser davantage, comme ils le font surtout en Espagne
La rigueur budgétaire n’épargnera pas les crédits du tourisme, qui paieront leur écot à l’objectif de baisse de 10 % de masse salariale de l’Etat à l’étranger sur le quinquennat. Caroline Leboucher, la nouvelle directrice générale d’Atout France, devra diminuer cette masse de 20 % (à 16 millions) d’ici à fin 2020. Pour plus d’efficacité, l’organisme public chargé de promouvoir la destination France garde son réseau propre, mais il devra surtout trouver des synergies avec Business France, dont Mme Leboucher a été numéro 2, pour « mieux coordonner leurs actions ».
Il reste aussi beaucoup à faire pour charmer plus de touristes et les inciter à dépenser davantage, comme ils le font surtout en Espagne, où les recettes dépassent 80 milliards d’euros. Et pas uniquement en valorisant le patrimoine à travers la création d’hôtels destinés à le revaloriser, sur le modèle des « paradors » espagnols (dix sites pour une première expérimentation).
La France veut porter ces recettes à 60 milliards fin 2020. M. Lemoyne a annoncé un « plan détaxe » pour les 19 millions de touristes extra-européens : le délai durant lequel ils peuvent bénéficier de la détaxe va rapidement passer de un à trois jours, ce qui devrait favoriser les voyages tournés vers le shopping ; début 2020, le plafond de remboursement en liquide passera de 1 000 euros à 3 000 euros, ce qui favorisera la réinjection d’au moins une partie de ces sommes en France; et le seuil à partir duquel les touristes pourront détaxer leurs achats tombera de 175 euros à 100 euros fin 2021. Autant de mesures étalées dans le temps en raison de leur coût budgétaire.