Réforme des retraites : l’exécutif cherche à calmer la colère des salariés du transport

La phase de concertation se poursuit, notamment avec les syndicats de la RATP. Plusieurs organisations appellent à une journée de grève le 5 décembre, qui devrait être très suivie et pourrait durer.

Par Publié aujourd’hui à 06h07, mis à jour à 15h45

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Place au plat de résistance dans la réforme phare du gouvernement Macron-Philippe. Avant le grand oral sur les retraites du premier ministre, Edouard Philippe, face à un panel de Français, à Lons-le-Saunier (Jura), prévu dans la soirée du jeudi 17 octobre, le secrétaire d’Etat aux transports, Jean-Baptiste Djebbari, devait entamer ce même jour un cycle de négociations avec les organisations syndicales de la RATP.

« Nous avions jusqu’ici expliqué les principes, dit-on au ministère des transports. Il s’agit maintenant de s’attaquer au fond de l’affaire. » Le fond, c’est-à-dire les conditions précises de la disparition de l’avantageux régime spécial de retraite des agents de la régie publique parisienne des transports, au profit d’un nouveau système de retraite universel à points à l’horizon 2025. Les représentants des salariés de la SNCF, qui sont dans le même cas de figure que leurs collègues de la RATP, seront eux aussi conviés au ministère des transports, deux semaines plus tard.

M. Djebbari et son cabinet ont donc invité jeudi 17 octobre, pour un premier round, l’UNSA-RATP, puis la CGT et, dans l’après-midi la CFE-CGC, soit les trois syndicats représentatifs de la régie. Si l’UNSA et la CGC devaient répondre présent, la CGT a annoncé ne pas vouloir se déplacer. « Nous avons déjà dit clairement notre opposition à la retraite par points, a expliqué Bertrand Hammache, secrétaire général de la CGT-RATP. Par conséquent, nous n’avons rien à discuter. »

Appel à la grève le 5 décembre : « On souhaite une puissante journée d’action »

« Une première journée » de grève interprofessionnelle

Quant aux syndicalistes présents, ils ne devraient pas mâcher leurs mots. « Nous ne porterons aucun compromis, assène Thierry Babec, secrétaire général de l’UNSA-RATP. C’est la réforme du gouvernement. Il la portera seul et en tout cas pas avec nous. »

Chacun a dorénavant l’œil rivé sur la journée du jeudi 5 décembre, et ce mouvement de grève illimité lancé par les salariés de la RATP et auquel sont venus s’agréger d’abord des syndicats de la SNCF et des transports routiers avant d’être rejoints, mercredi, par quatre grandes confédérations, la CGT, FO, la FSU et Solidaires, qui ont appelé à « une première journée » de grève interprofessionnelle.

Aussi bien du côté de la direction de la RATP que du gouvernement, on s’attend à un mouvement exceptionnellement suivi et qui pourrait durer. Il va donc falloir déminer, tenter de calmer la colère ou, au moins, affaiblir la mobilisation qui s’annonce. S’il paraît certain que les discussions du 17 octobre n’arrêteront pas la grève programmée, Jean-Baptiste Djebbari va tenter d’ici là un échange direct avec les agents RATP. Selon une source proche du ministère des transports, le jeune secrétaire d’Etat animera à la mi-novembre, au siège parisien de la régie, un grand débat sur la réforme.

La solution au fatalisme anti-humaniste est sous nos yeux

Dans son ouvrage « L’Esprit malin du capitalisme », Pierre-Yves Gomez, professeur à l’EM Lyon, décrit les caractéristiques et les mécanismes assurant la croissance et l’innovation du capitalisme spéculatif, qui s’est illustré avec la financiarisation puis la digitalisation.

Par Publié aujourd’hui à 10h10

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« L’Esprit malin du capitalisme », de Pierre-Yves Gomez. Editions Desclée de Brouwer, 200 pages, 17,90 euros.
« L’Esprit malin du capitalisme », de Pierre-Yves Gomez. Editions Desclée de Brouwer, 200 pages, 17,90 euros.

Livre. Des bâtisseurs sans architecte sont appelés à construire un édifice. Mur après mur, ils dressent un labyrinthe dans lequel ils se perdent. Ils se fient à l’intuition qu’ils vont finir par découvrir un architecte invisible qui donnera sens à leurs efforts. Mais l’esprit insaisissable n’a pas plus qu’eux le plan des issues, il n’existe que les dédales sans fin du labyrinthe. « Telle est la manière dont on peut se figurer le système économique et social contemporain et le trouble qu’il produit. Criblés de dettes irrécouvrables, mais continuant de spéculer frénétiquement en prétendant qu’il n’y a pas d’autre alternative que de poursuivre un avenir évanescent qui pourrait seul les éteindre, nous pressentons que les dettes ne s’effaceront pas… sans que ne s’effacent aussi les endettés », analyse Pierre-Yves Gomez dans L’Esprit malin du capitalisme.

L’homme serait-il un être fondamentalement nuisible, qui a dévasté la planète et mérite ou bien de disparaître ou bien d’être régénéré par la technologie ? La question est sur toutes les lèvres, alors que les oiseaux disparaissent, et que le réchauffement climatique est inéluctable. Mais le professeur à l’école de management EM Lyon, où il dirige l’Institut français du gouvernement des entreprises, s’insurge contre cette « anthropologie de fin de repas ». « Trouver dans l’être humain des péchés constitutifs, c’est s’épargner la peine (ou le devoir) de critiquer la consommation, la production et les interactions dans le monde social concret dans lequel il vit ici et maintenant. »

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C’est faire l’impasse sur le fonctionnement économique actuel de la société. Les êtres humains ne sont pas depuis toujours des « prédateurs imbéciles ». Ils le sont depuis peu de temps, et « parce qu’un système économique et social particulier les y encourage. Mais l’encouragement est doux, malin, apparemment sans exigences claires sinon celle de continuer à bâtir ce monde déraisonnable ». C’est ce système que le spécialiste du lien entre l’entreprise et la société appelle « capitalisme spéculatif ». Comment fonctionne-t-il ? Comment y contribuons-nous et y succombons-nous ?

Promesses, réussites et envoûtements

L’ouvrage décrit les caractéristiques et les mécanismes assurant la croissance et l’innovation du capitalisme spéculatif, qui s’est illustré avec la financiarisation puis la digitalisation. Il en raconte les promesses, les réussites et les envoûtements. Et conduit à un dénouement démystifiant : financiers qui développent des fonds de placement éthiques ou socialement responsables ; tradeurs qui doutent de leur utilité et qui changent de vie ; salariés qui s’épaulent et maintiennent des solidarités de travail ; médecins qui trouvent des contournements pour continuer de soigner correctement, malgré la pression des chiffres ; consommateurs qui regardent leurs ordinateurs et leurs téléphones comme des outils quelconques, sans phobie ni fascination.

« S’inspirant des entreprises dites “libérées”, certains éliminent le manageur »

Au nom de l’« agilité », de nouveaux modes d’organisation du travail se diffusent dans les entreprises depuis les années 2000, recomposant les chaînes de décision, explique la journaliste du « Monde » Anne Rodier dans sa chronique.

Publié aujourd’hui à 10h03 Temps de Lecture 2 min.

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« Des strates de manageurs sont supprimées, jusque dans les entreprises les plus classiques du monde industriel. »
« Des strates de manageurs sont supprimées, jusque dans les entreprises les plus classiques du monde industriel. » David Leahy/Cultura / Photononstop

Chronique « Carnet de bureau ». Les manageurs français, débordés, stressés, démotivés, sont assez pessimistes sur l’avenir de leur fonction : « 38 % pensent qu’elle aura disparu d’ici cinq à dix ans », indique une étude du Boston Consulting Group, publiée fin septembre. Ils n’ont peut être pas complètement tort.

Au nom de l’« agilité », qui est au management ce que le numérique est à la technologie, de nouveaux modes d’organisation du travail se diffusent dans les entreprises depuis les années 2000, recomposant les chaînes de décision. « Big bang », « essaimage » ou « redéploiement par pôle », font voler en éclat l’organigramme d’hier, relate le Livre blanc des DRH édité au printemps par le cabinet de conseils Julhiet Sterwen, spécialisé en transformation des entreprises.

Le mode classique de gestion les entreprises « a atteint ses limites », affirmait dès 2014 l’auteur du best-seller Reinventing Organizations. Frédéric Laloux annonçait ni plus ni moins un changement d’ère dans la gouvernance et l’émergence d’une nouvelle façon de voir la collaboration : « Une organisation où des millions d’acteurs se coordonnent fonctionne mieux qu’une pyramide, disait-il. Mais ça nécessite qu’on réinvente l’ensemble des pratiques et des processus de décision. Il faut des structures, mais pas forcément des boss. »

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Des strates de manageurs sont supprimées, jusque dans les entreprises les plus classiques du monde industriel. Saint-Gobain a ainsi repensé son organisation à l’occasion du déménagement du siège, programmé pour le 1er trimestre 2020 dans une nouvelle tour de la Défense. « Pour améliorer le management, pour que la circulation de l’information soit plus fluide, nous avons supprimé trois niveaux hiérarchiques en 2019. Nous incitons les salariés à travailler en groupe », explique Régis Bluegeon, le DRH France du groupe industriel.

Retour de la « hiérarchie plate »

Les salariés ne s’y retrouvent pas toujours : « 67 % des manageurs estiment que depuis deux ans le management a évolué vers des méthodes plus collaboratives, mais seuls 44 % des salariés partagent cet avis », indique l’Observatoire du management dans son baromètre annuel paru le 11 octobre.

Les sciences cognitives s’invitent dans l’entreprise

Dans un monde professionnel où les repères se diluent, les cadres se forment aux neurosciences.

Par Publié aujourd’hui à 07h00

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« Les neurosciences permettent de revisiter ou de valider des techniques que l’on connaissait déjà, comme les exercices d’entraînement mental, et d’identifier les biais cognitifs qui altèrent nos décisions. »
« Les neurosciences permettent de revisiter ou de valider des techniques que l’on connaissait déjà, comme les exercices d’entraînement mental, et d’identifier les biais cognitifs qui altèrent nos décisions. » Ingram / Photononstop

Un homme a retroussé son pantalon, dévoilant de sobres chaussettes grises. Sa voisine a défait les lacets de sa chaussure, les laissant effleurer le sol. En face, un homme a enfilé sa veste, mais en partie seulement : une manche retombe inerte le long de sa chemise. Ils se dévisagent, curieux : en quelques secondes, chacun a dû changer six éléments dans son apparence, et ensuite repérer les modifications opérées par son binôme.

Le changement le plus flagrant, néanmoins, se lit sur leurs visages. Lorsqu’ils ont franchi le seuil de l’Institute of NeuroCognitivism (INC), logé dans un immeuble haussmannien du 9e arrondissement parisien, les huit inscrits à la séance découverte « Mon cerveau et moi. Comprendre et changer le comportement humain grâce aux neurosciences » affichaient une mine sérieuse, voire affectée. Les voilà souriants et décontractés.

« Vous êtes passés de la gouvernance émotionnelle à la gouvernance adaptative. Vous arrêtez d’anticiper, vous êtes dans le moment présent, vous n’êtes pas inhibés. Vous n’avez plus le stress du résultat, vous allez plus vite », détaille l’animatrice, Sabrina Lefébure. Trois heures durant, elle initie les dirigeants, spécialistes en RH et coachs, aux différents territoires cérébraux qui gouvernent les comportements. Après avoir investi le terrain de l’éducation, les sciences cognitives s’invitent désormais dans l’entreprise.

Le crâne de Phineas Gage

Dirigeant d’une société de transport de colis exprès qu’il a fondée en 1993, François-Xavier a poussé la porte de l’INC à la suite des plaintes de son fils de 25 ans, qui vient de rejoindre la structure familiale : « Il m’a dit que j’étais nul en intelligence émotionnelle. J’ai voulu me former, et j’ai été séduit par l’approche neuroscientifique, ça a l’air concret, c’est plutôt sécurisant pour quelqu’un de ma génération. »

Christophe Ferragne s’est, lui, intéressé à l’approche neurocognitive et comportementale grâce à une certification qualifiante organisée par l’Ecole nationale des ponts et chaussées. Le directeur adjoint chargé des collectivités et de la prospective au Syndicat intercommunal d’énergies du département de la Loire repart de la formation satisfait – il invitera tout son encadrement supérieur à suivre les mêmes cours – et armé d’outils concrets : « Lorsque je suis dans le couloir avant d’entrer dans la salle pour une réunion publique ou stratégique, pendant dix ou quinze secondes, je fais le blanc autour de moi. Je ferme les yeux, je me concentre sur les différents bruits qui m’entourent, et sur mes sensations. Cela me permet d’appréhender une situation complexe en toute sérénité. »

La grève pour le climat est-elle licite ?

Jean-Emmanuel Ray, dans sa chronique, précise les conditions d’acceptabilité du droit de grève face aux bouleversements et à l’urgence climatique.

Publié aujourd’hui à 06h30 Temps de Lecture 2 min.

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« Un arrêt de travail fondé sur ce seul motif [ le déréglemnt climatique] sera considéré comme illicite dans la plupart des pays développés »
« Un arrêt de travail fondé sur ce seul motif [ le déréglemnt climatique] sera considéré comme illicite dans la plupart des pays développés » Till Jacket / Photononstop

Droit social. Dans de nombreux pays, de puissantes manifestations ont eu lieu le vendredi 20 septembre contre le dérèglement climatique (« Fridays For Future »). Elles risquent de se reproduire, toujours un vendredi… Mais pour des raisons très différentes, un arrêt de travail fondé sur ce seul motif sera considéré comme illicite dans la plupart des pays développés.

En France, « l’exercice normal du droit de grève » exige l’existence de revendications professionnelles. De nature politique, un mouvement exclusivement fondé sur le changement climatique n’est donc pas licite ; à moins que ses organisateurs y ajoutent des revendications sociales sur la qualité de vie au travail, le télétravail… Sinon, il s’agit d’un « mouvement illicite » susceptible d’entraîner pour ses participants les mêmes sanctions disciplinaires que pour un salarié absent sans motif dans les mêmes conditions, avec un éventuel licenciement en cas de récidive.

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Seule exception : la très politique grève du 24 avril 1961 à la suite du putsch des généraux à Alger. Dans son arrêt du 16 juin 1963, la Cour de cassation n’avait pas évoqué le terme « grève », mais un « arrêt général de travail organisé par toutes les organisations syndicales en réponse à un appel du chef de l’Etat pour protester contre le mouvement insurrectionnel d’Alger ». Puisqu’il s’agissait d’un mouvement de civisme, l’employeur ne pouvait pas sanctionner un participant à cet « arrêt général » en forme de mobilisation des citoyens.

Une dynamique collective et consensuelle

Cette « illicéité » de principe est la même dans la plupart des pays du monde, car la grève est un « conflit d’intérêts » qui oppose les syndicats au « partenaire social adéquat » : l’employeur susceptible de négocier leurs revendications. Alors une grève mondiale pour le climat…

Sans parler du fréquent « devoir de paix », lié à la signature d’un accord collectif, aux Etats-Unis, au Canada ou en Allemagne. Pendant toute sa durée, les syndicats ne peuvent valablement déclencher une grève : s’ils le font tout de même, l’employeur pourra les assigner en responsabilité contractuelle.

Mais le contentieux n’est ni le droit ni la vie. Dans nos sociétés qui font la part belle à la réputation, l’entreprise médiatisée licenciant ainsi un collaborateur aurait sans doute judiciairement raison, mais médiatiquement tort.

La parité homme-femme progresse trop lentement en Europe

En dépit des progrès enregistrés ces dernières années, les Européennes restent moins payées que les Européens, et sous-représentées dans les hautes fonctions politiques comme économiques, selon un rapport.

Par Publié aujourd’hui à 11h10

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En France, les femmes touchent en moyenne 18 % de moins à la fin du mois
En France, les femmes touchent en moyenne 18 % de moins à la fin du mois GERARD JULIEN / AFP

Les femmes seront-elles, un jour, aussi bien payées que les hommes ? Peut-être, mais la route est encore longue. « L’Union européenne [UE] progresse vers l’égalité des genres à la vitesse d’un escargot » : tel est le constat dressé par l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE), dans un rapport publié mardi 15 octobre. Selon ce dernier, sur une échelle de 1 à 100, l’indice d’égalité des genres en 2019 n’est que de 67,4 points pour l’ensemble de l’Union, soit 1,2 point de plus seulement qu’en 2015, et 5,4 points de plus qu’en 2005.

Pour construire cet indice, l’EIGE, institution liée à la Commission européenne, a mouliné une impressionnante quantité d’indicateurs dans chacun des 28 pays membres en matière d’emploi, de revenus, d’éducation, mais aussi de parité dans les postes de pouvoir (économique, politique), de temps consacré aux tâches domestiques et de santé. Dans chaque domaine, une note de 1 à 100 permet de mesurer les progrès réalisés ces dernières années par les Etats en termes d’égalité hommes-femmes, et de leur attribuer une note globale.

Sans surprise, les pays nordiques, en particulier la Suède (83,6 points) et le Danemark (77,5) sont en tête du classement, tandis que la Hongrie (51,9) et la Grèce (51,2) sont en queue de peloton. La France, elle, se situe au-dessus de la moyenne (74,6), devant le Royaume-Uni (72,2) et l’Allemagne (66,9). L’Italie est loin derrière (63), mais enregistre une remontée rapide (+ 13,8 points depuis 2005). Si, depuis quinze ans, la plupart des pays ont progressé, les changements restent lents, jugent les experts de l’EIGE. Voire inexistants dans quelques-uns, comme la Lituanie, dont la note stagne depuis 2005 (55,5).

En France, les femmes touchent en moyenne 18 % de moins

Le rapport fourmille d’informations permettant de mesurer le fossé séparant encore les Etats, pour des raisons autant liées à l’histoire qu’au système de prise en charge de la petite enfance, aux discriminations en entreprise et au manque de volonté politique. Ainsi, 72 % des enfants de moins de 3 ans bénéficient d’un système de garde formel au Danemark, contre 7 % seulement en République tchèque et moins de 1 % en Slovaquie, où la maternité est plus souvent synonyme de renoncement à l’emploi. « Partout, être mère continue d’entraver la carrière des femmes, surreprésentées dans l’emploi à temps partiel », résument les auteurs.

« La peur de la discrimination au travail est la première cause de non-syndicalisation »

Pour la première fois, un rapport d’organisations publiques met en évidence que des millions de salariés sont sanctionnés quand ils exercent une liberté inscrite dans la Constitution, expliquent dans une tribune au « Monde » trois militants de la CGT.

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 4 min.

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« Il est maintenant officiel que c’est la peur, justifiée, de la discrimination au travail qui est la première cause de non-syndicalisation chez les salariés. »
« Il est maintenant officiel que c’est la peur, justifiée, de la discrimination au travail qui est la première cause de non-syndicalisation chez les salariés. » Fred De Noyelle/Godong / Photononstop

Tribune. Selon l’enquête sur les discriminations dans l’emploi du Défenseur des droits et de l’Organisation internationale du travail (OIT), la discrimination syndicale par les employeurs est un phénomène massif et répandu. 42 % des actifs estiment que s’ils exercent la liberté de se syndiquer, ils prennent un risque pour leur emploi, leurs conditions de travail, leur rémunération et leur déroulement de carrière.

Ce n’est pas de la paranoïa, puisque l’étude en question révèle que presque la moitié de celles et ceux qui ont pris ce droit de se syndiquer confirment qu’ils ont été victimes de représailles de la part de leur employeur. Et 67 % d’entre eux perçoivent leur engagement comme un risque professionnel. Enfin, le niveau de la répression augmente en cas de participation à l’activité syndicale, de prise de responsabilité dans les institutions représentatives du personnel, d’exercice d’un mandat de délégué.

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Il est maintenant officiel que c’est la peur, justifiée, de la discrimination au travail qui est la première cause de non-syndicalisation chez les salariés. Dans cette situation, que valent les déclarations patronales et gouvernementales sur l’importance d’une prétendue démocratie sociale ? Bien sûr, nous syndicalistes ne découvrons pas cette stigmatisation du syndicalisme que nous dénonçons depuis des années. En plus des mesures de rétorsion contre les syndiqués, il y a les attaques des médias, les procès contre les syndicalistes, les remises en cause des moyens et des locaux, les lois qui réduisent le droit syndical.

La stigmatisation du syndicalisme

En 2015, une analyse du Fonds monétaire international (FMI), passée elle aussi assez inaperçue, relevait l’existence d’un « lien entre la baisse du taux de syndicalisation et l’augmentation de la part des revenus les plus élevés dans les pays les plus avancés durant la période 1980-2010 ». Cette étude expliquait ce lien par le fait qu’« en réduisant l’influence des salariés sur les décisions des entreprises », l’affaiblissement des syndicats a permis « d’augmenter la part des revenus constitués par les rémunérations de la haute direction et des actionnaires ».