En Grèce, les employés des plates-formes téléphoniques se mobilisent contre leur précarisation

En Grèce, les employés des plates-formes téléphoniques se mobilisent contre leur précarisation

« Le mouvement prend de l’ampleur. Lors de notre première grève en février, 3 000 personnes nous avaient suivis. Désormais, nous sommes presque 10 000 », se réjouit Nikos Spyrelis, membre du Syndicat des travailleurs dans les télécommunications et l’informatique (Setip) et vice-président du bureau au sein de la multinationale française Teleperformance. Le 13 mars, les salariés des quatre grandes plates-formes téléphoniques de Grèce (Teleperformance, Webhelp, TTEC et Foundever) étaient appelés pour la troisième fois depuis février à se mobiliser pour réclamer des augmentations de salaires, la réintroduction des conventions collectives (supprimées en Grèce pendant la crise financière de 2010-2018) et une généralisation des CDI alors que la règle dans ces entreprises est la multiplication des CDD. Dans les sept hubs de Teleperformance à travers la Grèce, les plates-formes se chargent en plusieurs langues des services clients de multinationales comme Apple, Google ou Airbnb.

En février, une petite victoire a été enregistrée par les salariés avec la création de deux bureaux syndicaux à Teleperformance et à Webhelp. Teleperformance Grèce a, depuis, déposé un recours en justice. Elle estime que le Setip ne peut pas représenter les salariés de l’entreprise parce qu’elle n’est pas dans le secteur des télécommunications mais des services.

Pour Nikos Spyrelis, l’augmentation des salaires, qui sont inchangés depuis 2010 alors que la Grèce était frappée par des mesures d’austérité imposées par les créanciers du pays (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international), est nécessaire. « Le salaire moyen dans l’entreprise est d’à peu près 850 euros net, et 30 % des employés touchent 780 euros. Avec l’inflation et l’augmentation du coût de la vie en Grèce ces trois dernières années, cela devient intenable ! », s’indigne-t-il. En 2022, l’inflation en Grèce a atteint presque 10 % – et se situait encore à 3,7 % en décembre 2023.

Recrutement à l’étranger

Teleperformance n’a cessé de grandir en Grèce. En 2018, elle comptait environ 7 000 salariés. Désormais, elle est le quatrième plus grand employeur en Grèce avec plus de 12 000 employés, dont 45 % qui viennent de l’étranger. L’entreprise recrute ces dernières années dans les pays du Maghreb pour les sections en français et en arabe. Après avoir embauché les candidats qui ont passé des tests à distance, l’entreprise prend tout en charge et délivre aux nouvelles recrues un visa spécial leur permettant de travailler uniquement dans les centres téléphoniques. « Nos collègues nord-africains se retrouvent souvent pris en otages, car ils ne peuvent pas partir chercher du travail ailleurs de peur de perdre leurs papiers pour rester légalement en Grèce », note Nikos Spyrelis.

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