Suède : les salariés de Tesla en grève pour défendre leurs salaires et leur modèle social

Suède : les salariés de Tesla en grève pour défendre leurs salaires et leur modèle social

Un réprésentant du syndicat IF Metall devant un centre de services Tesla, à Segeltorp, en Suède, le 27 octobre 2023.

« Honte à toi Tesla, honte à toi ! » L’ancien premier ministre social-démocrate suédois Stefan Löfven n’est pourtant pas du genre à se laisser emporter par ses émotions. Mais l’également ancien leader du puissant syndicat IF Metall a vu rouge en apprenant que le géant américain refusait de signer les accords collectifs suédois.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La Suède s’enfonce dans la déprime économique

Dans un message publié sur Facebook, dimanche 29 novembre, Stefan Löfven fait savoir qu’il boycotterait les taxis de la marque d’Elon Musk et il encourage ses concitoyens à suspendre leur achat d’une Tesla « jusqu’à ce qu’un accord soit signé ».

Depuis le 27 octobre, le syndicat a lancé un mouvement de grève chez sept concessionnaires Tesla en Suède, où sont employées 120 personnes. Si aucun accord n’est passé d’ici au 3 novembre, IF Metall menace d’élargir la grève aux garages de la marque dans une quinzaine de villes. Le syndicat Transport a, lui, fait savoir qu’il était prêt à bloquer tous les départs et arrivées des véhicules électriques dans quatre des plus grands ports de Suède à partir du 7 novembre, en solidarité avec les salariés de la compagnie.

Un mouvement exceptionnel

« Ce conflit porte sur les salaires, les pensions et les assurances de nos membres travaillant chez Tesla. Mais fondamentalement, il s’agit aussi de défendre l’ensemble du modèle suédois du marché du travail. En Suède, ce sont les syndicats et les employeurs qui conviennent des conditions de travail, dans le cadre des négociations sur les conventions collectives », rappelle Marie Nilsson, la présidente d’IF Metall.

Selon le syndicat, les discussions avec l’entreprise ont capoté le 24 octobre. Refusant de signer les accords de branche, les représentants de Tesla auraient fait savoir que le groupe « n’a d’accord collectif nulle part dans le monde » et que « c’est une décision qui doit être prise au plus haut niveau de la compagnie », a précisé Veli-Pekka Säikkälä, en charge des négociations sur les accords collectifs chez IF Metall.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Tesla, le trublion de l’automobile devenu la référence « hype »

Le mouvement est exceptionnel. Le dernier conflit au cours duquel syndicat métallurgique avait indemnisé ses membres en grève remonte à 2010. Il opposait IF Metall à une société de taille de pierre, qui refusait de signer les accords collectifs. A plusieurs occasions depuis, le syndicat a menacé d’arrêter le travail mais, à chaque fois, un compromis a été trouvé avant que la grève ne soit déclenchée.

Menacés par leurs chefs

Autre particularité : la compagnie américaine semble prête à aller à l’affrontement. Des salariés ont révélé qu’ils avaient été menacés par leurs chefs. Le journal suédois Dagens Arbetare a également démontré que Tesla prévoyait de casser le mouvement de grève en transférant des employés d’une concession à l’autre, à l’intérieur du pays, ce qui violerait l’accord de Saltjöbad, qui régule les relations entre partenaires sociaux depuis 1938.

Il vous reste 20% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.