Pour le responsable de la transition climatique juste au sein de Réseau Action Climat, les dispositifs de transition écologique ne peuvent être mis en œuvre sans mesures d’accompagnement social.
Propos recueillis par Laetitia Van EeckhoutPublié le 07 octobre 2019 à 18h17, mis à jour à 08h46
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A peine le projet de loi de finances (PLF) pour 2020 était-il adopté, le 27 septembre, en conseil des ministres, que Réseau Action Climat (RAC) se disait « consterné, malgré certaines avancées, devant l’absence d’ambition et de cohérence du budget de la France, au regard de ses engagements climatiques et environnementaux ».
Cette ONG, qui regroupe en France dix-sept associations, se félicite, certes, que ce texte aborde, pour la première fois, le sujet des niches fiscales néfastes pour le climat, mais il juge les avancées proposées en la matière « trop hésitantes ».
Meike Fink, responsable de la transition climatique juste au sein du RAC, revient sur la nécessité de trouver des solutions accessibles à tous, notamment aux ménages les plus modestes, en amorce de la conférence « La transition écologique est-elle l’ennemie du pouvoir d’achat ? » organisée par « Le Monde Cities », le 18 octobre.
Manifestation des « gilets jaunes », à Paris, le 9 mars. KENZO TRIBOUILLARD / AFP
Transition écologique et justice sociale sont-elles compatibles ?
Elles le doivent. Si elle n’est pas juste, la transition se heurtera nécessairement à des oppositions légitimes. Les dispositifs de la transition écologique présentent en effet le risque de peser lourdement sur les ménages précaires. Ils ne peuvent être mis en œuvre sans que soient prises, en parallèle, des mesures d’accompagnement social. Chaque année une évaluation du budget vert couplée à celle de son impact sur les inégalités mériterait d’être faite.
La taxe carbone est-elle une bonne idée ?
La taxe carbone est importante pour rendre plus cher ce qui est polluant et donc permettre aux solutions alternatives d’être plus compétitives. La décision prise par le gouvernement en novembre 2018 de geler la hausse de la taxe carbone était une réponse aux protestations des « gilets jaunes », mais elle n’a pas pris en compte l’origine de la colère. Ce qui était reproché à cette mesure n’était pas tant son caractère écologique qu’antisocial. Dans sa forme, avant le mouvement des « gilets jaunes », la taxe carbone affectait de fait davantage les ménages à faibles revenus : un ménage du 1er décile payait, au regard de ses revenus, 2,7 fois plus qu’un ménage de 10e décile.
En redistribuant vers les ménages vulnérables, sous forme d’un « revenu climat », une partie des recettes de la taxe. Versé sous forme d’un crédit d’impôt ou d’un chèque, ce revenu ne consisterait pas en un remboursement direct. L’objectif est de maintenir l’incitation à diminuer la consommation d’énergie fossile. La personne paierait plus cher son essence afin d’être incitée à moins utiliser sa voiture mais sur l’année, elle aurait peu ou pas d’impact sur son pouvoir d’achat global. Pour les personnes n’ayant aucune marge dans leur budget, une avance pourrait être versée en début d’année.
Au 1er janvier, un comité social et économique doit avoir pris la place des autres instances représentatives des salariés. Les entreprises doivent avoir lancé la procédure en octobre si elles veulent éviter de lourdes sanctions, explique l’avocate Jacqueline Cortès.
« Le CSE a reçu une compétence générale en matière de santé et de sécurité et de conditions de travail, l’article L 2312-5 énonçant qu’il contribue à les “promouvoir”, qu’il réalise des enquêtes en cas d’accident de travail notamment, qu’il exerce un droit d’alerte et qu’il peut saisir l’inspection du travail. » Philippe Turpin / Photononstop
A partir du 1er janvier 2020, toutes les entreprises ayant un effectif d’au moins onze salariés depuis douze mois consécutifs devront avoir mis en place leur comité social et économique (CSE), au risque de sanctions qui peuvent être lourdes pour l’employeur. Introduite par l’article 9 de l’ordonnance du 22 septembre 2017 relative au dialogue social et économique, cette nouvelle instance de représentation du personnel rassemblera les anciens délégués du personnel, le comité d’entreprise et le comité d’hygiène et de sécurité (ou remplacera la délégation unique du personnel).
Alors que l’échéance approche, il est urgent de démarrer la procédure dès ce mois d’octobre pour ceux qui ne l’ont pas encore fait. En effet, le premier tour doit se tenir, au plus tard, le 90e jour suivant l’information du personnel. Et un second tour sera parfois nécessaire, dans un délai de quinze jours maximum. Si aucun candidat n’a pu être élu, l’employeur prouvera son respect de son obligation d’organiser l’élection du CSE par un procès-verbal de carence conforme à la loi.
Lourdes sanctions
A défaut d’être prêts au 1er janvier, les sanctions peuvent être lourdes. Tout d’abord, ne pas mettre volontairement en place le CSE est un délit d’entrave, puni d’un an d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende (Art. L 2317-1).
Les conséquences en l’absence de procès-verbal de carence sont importantes.
D’une part, certaines procédures seront invalidées, entraînant des indemnités à verser au salarié licencié pour motif économique (un mois de salaire minimum – Art. L 1235-15) ou au salarié licencié pour inaptitude d’origine professionnelle (douze mois de salaires minimum – Art. L1226-15). Le salarié n’aura pas à prouver un préjudice spécifique, les juges estimant de manière constante qu’il existe du seul fait que le salarié a été privé d’une possibilité de représentation et de défense de ses intérêts (récemment Cass. soc. 15 mai 2019 n°17-22.224).
D’autre part, certaines opérations de management peuvent être bloquées. Par exemple, l’employeur ne peut dénoncer valablement un usage (Cass. soc.16/11/05, n° 04-40.339 : dans cette affaire, l’entreprise a dû reverser à ses salariés un 13e mois qui provenait d’un usage non valablement dénoncé). Impossible aussi de conclure un accord d’intéressement (Art. L3312-2). Enfin, l’entreprise de 50 salariés et plus, qui n’a pas de délégué syndical, ne pourra pas négocier, conclure, réviser ou dénoncer des accords collectifs avec un ou plusieurs salariés mandatés (Art. L2232-26, al. 3).
Lili Miquela, 19 ans, créée par un logiciel 3D, influenceuse de mode. Capture d’écran Instagram
Sur son compte Instagram, la mannequin et chanteuse de 19 ans Lil Miquela se filme en train de se faire un masque au saut du lit, de bronzer au bord d’une piscine ou de méditer entre deux vidéos de son dernier disque, Money. Boulot-promo-dodo en somme pour cette artiste mi-brésilienne mi-espagnole apparue sur le réseau social en 2016 et suivie par 1,6 million d’abonnés. Sauf que derrière cette créature aux lèvres pulpeuses et au visage constellé de taches de rousseur se cache un « robot », alerte un instagrammeur russe.
Lil Miquela est, en réalité, bien plus que cela. La première influenceuse virtuelle de l’histoire a été programmée pour parodier les normes sociales à l’œuvre sur les réseaux sociaux et les faire changer, selon ses géniteurs, les Américains Trevor McFedries et Sara DeCou, associés dans la société Brud. Elle a tout du coup de génie marketing. Le mystère sur sa véritable nature a été entretenu pendant deux ans, le temps de montrer ce dont elle était capable. Photographiée au soleil, elle possède une ombre. Et son miroir lui renvoie fidèlement son reflet.
300 000 euros pour une campagne
Aussi courtisée par Samsung que par Prada, cette muse numérique a ouvert une boîte de Pandore. Plus de talents et d’ego à gérer. Des possibilités créatives démultipliées. « Et un coût inférieur à un mannequin un peu connu », assure Arielle Le Bail, consultante en nouvelles technologies et innovation chez Fabernovel, qui a exploré le sujet à la demande d’un parfumeur. Selon ses calculs, il faut compter 330 000 dollars tout compris (300 000 euros) pour réaliser une campagne avec un avatar de la classe de Lil Miquela. Environ un tiers allant à la conception du personnage et de ses vêtements en 3D, et le reste à la campagne sur les réseaux sociaux.
En 2018, Lil Miquela a été classée parmi les personnalités les plus influentes d’Internet par le magazine américain « Time »
Sollicité, Brud ne laisse pas filtrer le moindre chiffre sur les collaborations de sa muse avec des marques. En revanche, il montre comment nourrir son histoire dans la durée. Il a commencé à bâtir un univers autour de son personnage central. L’avatar Bermuda est entrée en scène en 2018, en « piratant » le compte Instagram de Lil Miquela, un scénario inventé de toutes pièces par Brud. Egalement créé l’an dernier, Blawko est le garçon de la bande.
L’usine de France Tabac à Sarlat-la-Canéda, en Dordogne, le 20 septembre. MEHDI FEDOUACH / AFP
Les machines se sont arrêtées lundi 30 septembre à Sarlat-la-Canéda en Périgord, dernière usine de transformation du tabac en France. Dans le silence soudain des 15 000 m2, de France Tabac, qui a employé jusqu’à 250 personnes, les 33 salariés réagissent avec chagrin et fatalisme sur cette mort annoncée qui laisse la filière française orpheline de transformation autonome. L’unité sarladaise a connu trois plans sociaux en dix ans, et une chute inexorable des effectifs qui n’a fait qu’accompagner les baisses de production et de rendement du tabac.
Dans cette unité en sursis depuis dix ans, le cariste Gérard évoque avec nostalgie le monopole de la Seita pour laquelle sa grand-mère travaillait, ici. Le directeur Eric Tabanou enfonce le clou. Il ne s’inquiète pas pour les machines qui trouveront preneur, jusqu’en Indonésie comme ce fut déjà le cas, mais pleure sur le gâchis des savoir-faire perdus pour le pays. Exemple, Laurence Nicolas, agent de laboratoire et affineuse, dont le métier (la sélection des feuilles) disparaît avec elle et qui estime que face à la mondialisation, au marché mondial, « les administrateurs et pouvoirs publics auraient pu susciter et obtenir de meilleurs soutiens ».
Dans la région, l’événement sonne comme la fin d’une saga démarrée avec la révolution industrielle. Après la crise du phylloxera dans la viticulture, le Second Empire avait favorisé cette culture d’origine tropicale, qui aimait les terrains siliceux et légers, appréciait les pluies de juin et les étés chauds et les vallées de ces territoires situés sur le 45e parallèle, Lot-et-Garonne, Gironde, Béarn, Dordogne, mais aussi Alsace.
Il devint vite un appoint riche ou revenu principal pour les paysans qui avaient tous un carré dans leur polyculture et dont certains se spécialisèrent sur cette production. Les unités tournaient à plein régime en 1900, et progressaient encore avec la mécanisation de l’après-guerre. Puis le marché a décliné. La faute à la mondialisation, déplorent les producteurs et transformateurs, mal accompagnés selon eux par les politiques nationale et européenne.
La baisse des subventions et les mesures sanitaires ont fait le reste. « Des clients ont fait défaut dès la mise en place du “paquet neutre” chez les débitants. Les Italiens, qui n’ont pas fait çà, se portent mieux », explique M. Tabanou. En 2016, l’usine ne traitait plus que 5 000 tonnes, contre quatre plus fois dans les années 2000. En 2018, France Tabac a bien espéré trouver sa planche de salut en le groupe allemand Alliance One International, mais l’accord est tombé à l’eau.
Depuis quelques années, certaines entreprises accompagnent davantage leurs salariés aidants. Mais il reste encore beaucoup à faire.
Par Pauline JanicotPublié aujourd’hui à 10h00, mis à jour à 10h58
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Combiner activité professionnelle et aide quotidienne à un proche peut vite conduire à l’épuisement. Mint RF / Photononstop
Les dispositifs légaux de soutien aux aidants progressent et l’indemnisation du congé réservé au proche aidant représente une avancée. Ces mesures restent pourtant insuffisantes, tant la charge qui pèse sur cette catégorie de salariés est importante. Dans un sondage réalisé en juin 2019 par la plate-forme Yoopies en partenariat avec le LabRH, auprès de 1 300 salariés aidants, 97 % reconnaissent qu’ils gèrent au travail leurs problématiques personnelles, comme, par exemple, les démarches administratives liées à leur proche dépendant ou les urgences qui font suite à une maladie ou à un accident.
Depuis quelques années, certains grands groupes tiennent compte de ces difficultés et accompagnent davantage leurs salariés qui s’occupent d’un proche malade ou âgé. Reste encore à sensibiliser les entreprises de plus petite taille qui, elles, n’ont pas toujours les moyens de se mobiliser. L’accent a surtout été mis sur l’information délivrée aux aidants qui peuvent rapidement se perdre face au nombre de structures et à la complexité des démarches à accomplir pour son proche dépendant ou malade.
Peu d’aides financières
Certaines entreprises ont donc mis en place plusieurs actions destinées à mieux informer leurs salariés aidants en éditant par exemple un guide (BNP Paribas, Crédit agricole Assurances…). D’autres ont développé des sites d’informations et des groupes de parole anonymes (La Poste, Macif…) et des plates-formes destinées à les aiguiller (Danone, Bayard, AG2R…).
En revanche, les aides financières réservées à ces salariés sont plus rares. Un accord de branche ou d’entreprise peut d’ailleurs prévoir des dispositions plus favorables que celles prévues dans le code du travail sur les conditions des congés spécifiques (proche aidant…). Certains groupes vont plus loin en maintenant la rémunération de leurs salariés dans le cadre du congé de l’aidant ou en proposant une indemnisation complémentaire (Casino, ProBTP…). D’autres entreprises facilitent l’aménagement de leur temps de travail en autorisant un télétravail (Macif, Matmut…) ou des jours d’absence rémunérés (Novartis…).
Certaines entreprises, enfin, encouragent le don par leurs employés de jours de repos au profit de collègues aidants. Un salarié a ainsi la possibilité de renoncer anonymement et sans contrepartie à tout ou partie de ses jours de repos non pris – RTT, récupération ou congé, à l’exception des 4 premières semaines de congés payés – au profit d’un collègue dont l’enfant est gravement malade ou d’un proche aidant. Ce don permet au salarié qui en bénéficie d’être rémunéré pendant son absence.
Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec Harmonie mutuelle
Les suppressions d’emplois dans le monde entier mêleront licenciements et départs volontaires, précise le fabriquant d’ordinateurs et d’imprimantes américain.
Le Monde avec AFPPublié aujourd’hui à 08h08, mis à jour à 09h48
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Jusqu’à 9 000 emplois. Le fabriquant d’ordinateurs et d’imprimantes américain HP a annoncé jeudi 3 octobre un vaste plan de restructuration qui va conduire à la suppression de plusieurs milliers d’emplois sur les 55 000 que compte l’entreprise. Elle souhaite ainsi devenir une entreprise plus numérique et orientée vers les services.
Les 7 000 à 9 000 suppressions d’emplois dans le monde entier vont s’étaler sur trois ans et mêleront licenciements et départs volontaires à la préretraite, précise HP dans un communiqué.
Ce plan de restructuration, présenté par Enrique Lores, le nouveau président-directeur général qui prendra les rênes au 1er novembre, doit permettre à HP de s’adapter aux nouvelles habitudes de consommation de ses clients, en particulier en matière de cartouches d’encre, qui pendant longtemps ont été la vache à lait de l’entreprise.
Economie de 1 milliard de dollars envisagée
HP compte se concentrer davantage sur les services et proposer par exemple de vendre ses imprimantes à des prix cassés – comme elle le fait déjà – mais en échange le client s’engagerait à s’approvisionner en cartouches chez HP.
L’entreprise estime que grâce à cette restructuration elle pourra économiser 1 milliard de dollars par an à partir de l’exercice 2022.
HP est né de la scission en 2015 de Hewlett-Packard, le grand ancêtre des entreprises high-tech de la Californie et qui a été la première d’une longue série à être fondée dans un garage par William Hewlett et David Packard en 1939.
L’autre société née de la séparation, HP Enterprise, est spécialisée dans les serveurs et les machines de stockage de données destinées aux entreprises. M. Lores était à la tête de la division imprimantes quand il a été nommé en août pour remplacer Dion Weisler, qui avait annoncé son départ pour des raisons personnelles et son retour dans son Australie natale.
Lors de l’exercice 2018, HP avait engrangé un chiffre d’affaires de 58,5 milliards de dollars pour un bénéfice net de 5,3 milliards de dollars.
Des dispositifs ont été mis en place pour soulager les aidants qui s’occupent d’un proche dépendant ou handicapé. Mais ces derniers y ont peu recours car les conditions pour en bénéficier sont trop strictes ou contraignantes.
Par Pauline JanicotPublié aujourd’hui à 08h00, mis à jour à 10h57
Temps de Lecture 4 min.
Confier son proche dépendant à une structure adaptée pendant quelques jours permet à l’aidant de souffler de son côté. Fotoagentur/Westend61 / Photononstop
Quiconque assiste une personne âgée dépendante ou handicapée s’épuise forcément peu à peu. « Un tiers des aidants meurent avant la personne qu’ils aident, 40 % lorsqu’il s’agit d’un malade d’Alzheimer », alerte Serge Guérin, sociologue et spécialiste du vieillissement. Concilier sa vie professionnelle et son rôle d’aidant se révèle aussi très compliqué. Plus d’un Français sur six soutient au quotidien un parent, un enfant ou un proche en situation de dépendance. Parmi eux, plus de la moitié est en activité professionnelle.
Si les personnes âgées dépendantes ou handicapées peuvent toucher des aides financières (allocation personnalisée d’autonomie (APA)…), le dédommagement des proches aidants est, lui, presque inexistant. Dans de rares cas, ces derniers peuvent être salariés par la personne dépendante dont ils s’occupent (mais cela est impossible s’il s’agit de son conjoint, concubin ou pacsé) ou percevoir une partie de la prestation de compensation du handicap (PCH).
Le congé du « proche aidant » permet de cesser son activité pendant trois mois (renouvelables jusqu’à un an) pour aider un proche handicapé ou dépendant. Pour l’heure, il n’est toujours pas indemnisé
Néanmoins, trois congés distincts existent pour soulager les aidants qui travaillent. Le congé de « présence parentale » permet, par exemple, d’accompagner son enfant de moins de 20 ans handicapé ou malade. Sa durée peut atteindre 310 jours (soit 14 mois maximum) et peut être étalée sur trois ans. Lors de ce congé, le parent touche une allocation journalière, versée par la Caisse d’allocation familiale, s’élevant à 43,70 euros s’il vit en couple ou à 51,92 euros s’il vit seul. Le congé de « solidarité familiale » permet quant à lui de cesser de travailler si l’un de ses proches est en fin de vie. Sa durée est de trois mois, renouvelable une fois. Durant ce congé, une allocation journalière est versée par la Sécurité sociale. Elle s’élève à 56,10 euros dans la limite de 21 jours (pour un temps plein) ou à 28,05 euros dans la limite de 42 jours (temps partiel).
Enfin, le congé du « proche aidant » permet de cesser son activité pendant trois mois (renouvelables jusqu’à un an) pour aider un proche handicapé ou dépendant. Il peut être posé par un membre de la famille ou toute personne qui apporte une aide régulière pour l’aider au quotidien. Plus de 4 millions d’aidants actifs sont ainsi concernés. Pour en bénéficier, il faut justifier d’une ancienneté d’un an minimum dans son entreprise. Or, ce congé n’était jusqu’à présent pas indemnisé.
Droits à la retraite
Une mesure figurant dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020 prévoit néanmoins qu’il le soit dès l’an prochain. Son montant devrait atteindre entre 43 et 52 euros par jour selon la composition du foyer, mais il doit encore être fixé par décret. « C’est une bonne nouvelle car ce congé était le seul à ne pas être indemnisé, ce qui limitait franchement son efficacité », estime Benoit Durand, directeur général de l’association France Alzheimer & maladies apparentées. cette indemnité pourra être versée pendant une durée de trois mois maximum pour l’ensemble de la carrière de l’aidant, qu’il soit salarié, fonctionnaire ou indépendant. Ce congé pourra, avec l’accord de l’employeur, être transformé en temps partiel ou bien fractionné. Dans ce cas, la durée minimale de chaque congé sera d’une journée. Il devrait également être comptabilisé pour les droits à la retraite.
Ces aménagements vont-ils améliorer l’efficacité de ce dispositif ? Il faut l’espérer car, si ces congés ont le mérite d’exister, « peu d’aidants y ont recours en réalité », constate Benoit Durand. Par exemple, selon le rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge, seules 545 personnes ont bénéficié du congé de solidarité familiale en 2016. « Ces congés sont encore méconnus et mal indemnisés, ce qui explique leur faible utilisation », commente Guillemette Leneveu, directrice générale de l’Union nationale des associations familiales (Unaf).
Le droit au répit finance l’accueil ou l’hébergement de la personne aidée dans une structure adaptée et permet ainsi aux aidants de prendre un peu de repos
Ils manquent aussi de lisibilité. « Les délais pour prévenir les employeurs sont, par exemple, variables selon les congés demandés », relève Mme Leneveu. Enfin, ils ne sont pas toujours évidents à poser. « Certains aidants n’osent en pas parler à leur employeur car ils craignent d’être stigmatisés. Ils n’ont donc parfois pas d’autres choix que de poser des RTT ou un arrêt maladie lorsque l’épuisement est trop grand », note Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam). Par ailleurs, un certain nombre de proches aidants, qui ne sont pas salariés, sont laissés au bord de la route. « Rien ou presque n’existe pour les plus jeunes qui accompagnent au quotidien un parent ou un frère malade ou en situation de handicap », rappelle Françoise Ellien, présidente de l’association nationale Jeunes AiDants Ensemble (JADE).
Le constat est le même pour le droit « au répit » qui peine à décoller. Cette mesure, instaurée lors de la loi d’adaptation de la société au vieillissement de 2015, permet aux aidants de prendre un peu de repos en finançant l’accueil ou l’hébergement de la personne aidée dans une structure adaptée. Son montant s’élève, en 2019, à 506,71 euros maximum par an. « C’est une aide indispensable et fondamentale mais les conditions pour en bénéficier sont trop limitées », constate Benoit Durand. Elle est actuellement réservée aux aidants de personnes âgées percevant l’APA et qui ont atteint son plafond d’éligibilité.
Seule une petite partie des 8,3 millions de proches aidants est donc susceptible d’en bénéficier. Un constat partagé par le rapport de Dominique Libault sur la concertation Grand âge et autonomie de mars 2019 : « La loi a créé une aide au répit et un relais en cas d’hospitalisation de l’aidant. Mais ces dispositifs, dont les critères d’activation sont restrictifs et dont la mobilisation s’avère complexe, sont peu utilisés. » Ils sont pourtant incontournables et devraient être au cœur des réflexions lors du plan de mobilisation nationale en faveur des proches aidants présenté cet automne par le gouvernement.
Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec Harmonie mutuelle
L’enseigne française de mode masculine change d’identité pour relancer ses ventes, notamment en France où elle envisage la fermeture de 26 de ses 545 magasins.
Par Juliette GarnierPublié aujourd’hui à 07h50, mis à jour à 09h46
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A giant 3D advertisement for a pair of jeans by clothing brand Celio is seen at the Opera subway station in Paris, France, October 25, 2018. REUTERS/Benoit Tessier – RC161F2A6A40 Benoit Tessier / REUTERS
Celio s’offre un coup de jeune. L’enseigne de mode masculine, fondée en 1978, signe une campagne de publicité à la télévision et sur Internet, à partir du dimanche 6 octobre, en faisant appel à une nouvelle agence de publicité M & C Saatchi Gad. Cette vidéo de 14 saynètes doit « installer une nouvelle image » auprès de sa cible de clientèle « âgée entre 25 et 40 ans », précise Gaëlle de la Fosse, sa directrice générale depuis février.
La chaîne aux 1 313 magasins dans le monde en a urgemment besoin. En France, son premier marché, le secteur de l’habillement masculin peine à sortir de la crise. Le circuit des chaînes spécialisées, dont le chiffre d’affaires est en recul de 1,3 % depuis début janvier, selon l’Institut français de la mode, est bousculé par la puissance de feu de l’espagnol Zara et de l’irlandais Primark, et des prix pratiqués en ligne, chez le britannique Asos notamment. Plusieurs des concurrents de Celio ont déjà pris des mesures. Jules, chaîne détenue par l’Association familiale Mulliez, a notamment mené des plans de restructuration en 2018.
Celio, enseigne toujours détenue à 100 % par ses fondateurs, les frères Laurent et Marc Grosman, assure ne pas avoir besoin de mesures aussi drastiques. « Celio est leader du marché français ; elle représente 6 % des ventes de mode masculine. Chaque année, plus de 56 millions de personnes entrent dans un magasin Celio », explique Mme de la Fosse, ancienne consultante chez l’entreprise de services informatiques Capgemini et au cabinet Roland Berger.
Réduire ses coûts
La marque à l’astérisque rouge, qui exploite 545 magasins en France – soit plus du double des hypermarchés Carrefour en France –, espère aussi profiter de ses implantations « aux meilleures adresses »partout dans les centres commerciaux, les centres-villes et les zones commerciales de périphérie.
Il n’empêche. D’après nos informations, l’enseigne qui refuse de dévoiler sa rentabilité, cherche à réduire ses coûts depuis plusieurs années. Après avoir mené un plan social en 2015, portant sur quinze postes au siège social de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), Celio a fermé 18 points de vente en France l’an dernier. Et, après un exercice 2018 marqué par une chute de 30 % de la fréquentation en magasin, la direction de l’enseigne a dévoilé un nouveau plan de restructuration en avril. Cette fois, il s’agit de fermer 26 magasins non rentables. Les syndicats évoquent la suppression de 86 postes et l’adoption d’un plan de reclassement interne, sur un effectif global de 4 200 personnes. « Il s’agit d’un pourcentage très limité de magasins », souligne Mme de la Fosse.