En Ile-de-France, le secteur privé continue à recruter à tour de bras

Des ouvriers construisent, sur le champ de course de Longchamp, en octobre 2019.
Des ouvriers construisent, sur le champ de course de Longchamp, en octobre 2019. JOEL SAGET / AFP

L’Ile-de-France, premier bassin d’emploi de l’Hexagone avec 4,8 millions de salariés dans le secteur privé – soit un salarié sur quatre dans le pays –, va continuer à recruter de manière soutenue en 2020. Ce sont tout particulièrement les services qui devraient soutenir la tendance dans cette région qui représente 31 % du produit intérieur brut (PIB) national, indique une enquête de la Banque de France réalisée auprès de 14 800 chefs d’entreprise, tous secteurs confondus, et publiée jeudi 13 février. « Dans un contexte international difficile, marqué par un ralentissement de la croissance et des échanges internationaux, les entreprises franciliennes ont bien tiré leur épingle du jeu en 2019 », explique Jean-Pascal Prevet, directeur régional Île-de-France de l’institution.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’emploi des cadres sur de nouveaux sommets en 2020

Les sociétés du secteur de la construction et des travaux publics, notamment, ont réalisé une excellente année 2019, avec un chiffre d’affaires en hausse de 4,7 %, et s’acheminent vers une croissance plus modérée en 2020 (+ 2,3 %). L’industrie, après une production en augmentation de 2,4 %, prévoit une progression de 1 % cette année, en raison d’une conjoncture moins favorable dans l’automobile. Dans ce secteur, « l’année 2019 a connu une stabilisation » des effectifs, essentiellement due à la diminution « drastique » du nombre d’intérimaires dans les usines de la région, Renault à Flins et PSA à Poissy, note l’étude.

Le BTP toujours porteur

Les services marchands devraient connaître une année particulièrement dynamique (+ 4,3 % attendus, après 3 % en 2019). Toutes les branches des services ont recruté l’an passé (+ 3,6 % au global) et vont poursuivre sur cette lancée, à l’exception notable de la publicité. L’ingénierie technique (bureaux d’étude), notamment, est fortement pourvoyeuse d’emplois, dans un secteur en tension. « Les compétences sont difficiles à recruter et à conserver », a souligné Danièle Koubi, responsable des études économiques au sein de la direction des affaires régionales Ile-de-France de la Banque de France. Les effectifs devraient y augmenter de 5,4 % en 2020, au même rythme que l’année passée.

Autre activité en tension : l’information-communication, portée par les activités informatiques et le secteur des logiciels. Développeurs, ingénieurs, chefs de projet sont toujours très demandés alors que les embauches accélèrent encore (+ 5,6 % cette année, après 3,8 % en 2019). Dans un autre registre, les transports et l’entreposage, qui bénéficient de l’envolée du e-commerce, cherchent des manutentionnaires ou des chauffeurs pour acheminer les millions de colis qui leur sont confiés, mais souffrent d’un manque d’attractivité qui pénalise les entreprises.

« Scrum master », « Bim manager », « photogrammètre »,… : ces nouveaux métiers qui apparaissent et recrutent

Personne ne les connaît. Ils sont entrés dans les entreprises avec la multiplication des drones, et la diffusion du numérique, mais pas seulement. Dans le BTP, la construction, la santé, l’informatique et l’ingénierie, de drôle de noms de métiers s’infiltrent dans les petites annonces depuis cinq ans. Qu’est-ce qu’un photogrammètre ou un scrum master ? Quelle est la différence entre le bid manager, et le BIM manager ? Et que vient faire l’assistant médical dans ces nouveaux métiers ?

Le groupe Randstad s’est appuyé sur l’intelligence artificielle pour identifier ces métiers émergents. Le spécialiste de l’intérim a recensé leur niveau de salaire, les régions qui les recrutent, et ce qu’on attend d’eux en termes de formation et de compétences comportementales, dites « soft skills ».

Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’emploi des cadres sur de nouveaux sommets en 2020

Le photogrammètre est très recherché en Bretagne, pour un salaire annuel moyen de 30 000 euros. Spécialiste de la cartographie et de la topographie, c’est un cousin germain du géomètre qui aurait passé son brevet de pilote de drone avec une spécialité data. Il doit être qualifié en photogrammétrie par drone, soit quelque treize jours de formation pour près de 5 000 euros. Après quoi, il parlera couramment orthophotoplan, nuage de points et autres cubatures. Une partie de la formation est éligible au CPF sous l’intitulé « pilotage de drone industriel automatisé » ou « télépilotage drone ». Le volume d’offres n’est pas très important, 275 en 2019, mais en progression de 125 % en un an.

« Maître de mêlée »

L’Ile-de-France est, elle, en quête de scrum masters, autrement dit de chefs de projet en méthode « agile ». Le seul site Jobthis a publié une dizaine d’offres ces deux dernières semaines. 2 774 annonces ont été publiées en 2019, en hausse de 30 % en un an. Le scrum master, de l’anglais « maître de mêlée » (celle du rugby), tient davantage du coach que du chef de service. « Il doit notamment s’assurer que la méthode [agile] est comprise et mise en œuvre et que l’équipe adhère à la théorie, aux pratiques et aux règles de Scrum Manifesto », précisait une offre récente. La formation initiale d’ingénieur informatique plus une certification de scrum master assurent un salaire annuel moyen de 59 000 euros.

Au centre de la France, l’Auvergne recherche plutôt des BIM managers, à ne pas confondre avec le bid manager, très couru en Ile-de-France. « BIM » est l’acronyme de Building Information Modeling, en référence aux maquettes virtuelles des chantiers ou projets conduits par ces nouveaux architectes numériques, tandis que « bid » est la traduction d’« enchères ». Le bid manager est un professionnel du marketing, expert du référencement et du coût par « clic ». Bouygues Telecom, Engie, Atos sont autant de recruteurs de bid managers. La digitalisation des métiers valorise davantage le commercial à 52 000 euros annuels, que l’architecte, rémunéré en moyenne 42 000 euros.

La bonne nouvelle du marché de l’emploi

Quand Emmanuel Macron, lors de sa campagne présidentielle de 2017, avait jugé possible d’atteindre un taux de chômage de 7 % en fin de quinquennat, l’objectif avait suscité beaucoup d’incrédulité. Les Français avaient encore en tête l’incapacité de son prédécesseur à « inverser la courbe » du chômage, comme ce dernier s’y était engagé. Les chiffres de l’emploi, publiés par l’Insee, jeudi 13 février, montrent que la trajectoire fixée par Emmanuel Macron est du domaine du possible.

Le taux de chômage, en 2019, a chuté de 0,7 point pour tomber à 8,1 %. Pas de quoi pavoiser, mais le nombre de chômeurs de longue durée est passé, pour la première fois depuis dix ans, sous la barre du million, tandis que le marché des cadres bat record sur record.

Lire aussi Le chômage en France est à son plus bas niveau depuis 2008, selon l’Insee

D’aucuns diront que c’est un bol d’oxygène pour un gouvernement empêtré dans sa réforme des retraites. Il s’agit avant tout d’une bonne nouvelle pour les Français. Voilà douze ans qu’un tel chiffre n’avait pas été atteint. Plus marquant encore : pas une seule année depuis 1983, le taux de chômage de notre pays n’est retombé sous la barre des 7 %, alors que la plupart des grandes économies ont retrouvé le plein-emploi depuis plusieurs années déjà.

L’amélioration de la situation française s’explique d’abord par la dynamique de créations d’emplois. La tendance est d’autant plus solide que, contrairement à un passé récent, les emplois aidés ne sont pas à l’origine de la décrue. Près de 90 % du million de postes créés sur les cinq dernières années le sont dans le privé.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Amélioration durable sur le front de l’emploi

Lorsque le chômage augmente, le gouvernement est systématiquement considéré comme le principal responsable. Il est bien légitime que, lorsqu’il baisse, l’exécutif cherche à s’en attribuer les mérites. Mais ceux-ci doivent être partagés. Les réformes engagées sous François Hollande avec l’allégement du coût du travail pour les entreprises et la réforme du code du travail, deux axes poursuivis et amplifiés par Emmanuel Macron, commencent à produire des effets. Le regain d’attractivité de la France pour les investisseurs étrangers, la montée en puissance de la réforme de l’apprentissage et de la formation professionnelle sont également à même de soutenir la tendance.

Diminution mécaniquement facilitée

Mais, au-delà de ces mesures, deux facteurs puissants expliquent l’amélioration du marché du travail. Le premier tient à la démographie. Alors que, dans les années 2000, la population active augmentait de 200 000 à 300 000 personnes par an, elle a aujourd’hui tendance à stagner, voire à diminuer. Sans remettre en question les efforts du gouvernement, quand un pays a moins de personnes à intégrer sur son marché du travail, la diminution du taux de chômage est mécaniquement facilitée.

Le second facteur est lié au ralentissement des gains de productivité. Désormais, l’économie française continue de créer de l’emploi à un rythme soutenu, même lorsque la croissance est tout juste supérieure à 1 %. Même s’il faut se féliciter du fait que l’industrie recommence à créer de l’emploi, l’essentiel de la dynamique est soutenu par les emplois de services, qui ont une faible productivité.

Ces deux paramètres devraient continuer à jouer dans les mois à venir. C’est une opportunité pour le gouvernement, qui doit maintenant concentrer ses efforts pour rendre le marché de l’emploi plus inclusif, alors que le nombre de personnes sans activité, mais qui, pour diverses raisons, ne cherchent pas de travail, a explosé en quinze ans. Derrière des chiffres encourageants, la fracture sociale demeure.

Lire aussi Le chômage baisse, mais « les difficultés sont devant nous »

Le Monde

« Dans mon immeuble, personne ne sait que je suis policier » : le difficile début de carrière des jeunes agents

Cérémonie d’accueil des gardiens de la paix issus des 247e et 248e promotions à la préfecture de police de Paris, en décembre 2018.
Cérémonie d’accueil des gardiens de la paix issus des 247e et 248e promotions à la préfecture de police de Paris, en décembre 2018. ROMAIN GAILLARD / REA

Lorsqu’il évoque son métier de policier, Adrien (tous les prénoms ont été modifiés) donne l’impression d’avoir plusieurs années d’expérience tant son discours sur ses conditions de travail est lucide, parfois désabusé.

Grand, les épaules carrées, ce n’est pas son physique mais la candeur de son regard qui trahit son jeune âge : 25 ans. Diplômé de l’Ecole nationale de police, il fait ses premiers pas en uniforme depuis septembre 2019, à Paris. Après cinq mois, il dresse déjà une longue liste de griefs, égrenant les maux de sa vie de jeune policier : « Les débuts sont difficiles financièrement, moralement… »

Selon les chiffres de la Police nationale, près de 8 400 gardiens de la paix ont été formés depuis 2017. Fidèle à sa promesse de campagne, le président de la République Emmanuel Macron poursuit la vague de recrutements initiée par son prédécesseur François Hollande.

Pour ces gardiens de la paix âgés de 18 à 35 ans, intégrer la police n’a rien d’anodin. « Dès l’école on nous dit : à partir de maintenant, vous entrez dans une grande famille. Il y aura des hauts mais aussi beaucoup de bas. Si vous n’êtes pas prêts, partez », se rappelle Adrien, qui a pris son poste à Paris cinq jours avant qu’un agent administratif de la Préfecture de police ne tue quatre de ses collègues sur son lieu de travail.

« Mauvaise image de la police »

Originaire du Sud-Ouest de la France, il avait demandé « tout l’Est de la France, de Lille à Marseille ». Son affectation en Ile-de-France lui a été imposée. Depuis 2017, 77 % des gardiens de la paix diplômés y sont envoyés. Les besoins dans la région, notamment en effectifs, sont conséquents.

Deux ans plus tôt, Adrien avait tenté de passer le concours de gardiens de la paix dit « national », qui permet d’être envoyé sur l’ensemble du territoire. Contrairement au concours Ile-de-France, il n’entraîne pas une affectation automatique en région parisienne sans l’exclure pour autant. Le sort des élèves dépend du classement de fin d’école. Ceux qui obtiennent les meilleures notes choisissent leur lieu d’affectation en premier ; les autres se partagent les postes restants, majoritairement situés en Ile-de-France.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les policiers sont souvent caricaturés. Certains d’entre nous ont voulu faire connaître notre métier et l’expliquer »

C’est ainsi qu’Adrien s’est retrouvé à Paris. En octobre 2019, il est arrivé dans la capitale, partagé entre l’envie d’être policier, cette profession qu’il n’échangerait « pour rien au monde », et la sensation d’être pris à la gorge financièrement. Pas facile pour les élèves policiers de trouver un logement en Ile-de-France, un mois avant leur prise de fonction et avec un salaire de 1 380 euros net par mois.

L’emploi des cadres sur de nouveaux sommets en 2020

L’emploi cadre marquera un nouveau record en 2020, affirme l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) dans ses prévisions publiées vendredi 14 février. 281 300 encadrants ont été recrutés en 2019 et ils seront 5 % de plus cette année, soit 296 600. Le seuil des 300 000 devrait être dépassé en 2022. « Cette bonne dynamique va se poursuivre. Les entreprises continuent de recruter massivement, car les transformations exigent toujours plus d’expertises », commente, le directeur général de l’APEC, Bertrand Hébert, qui émet toutefois un bémol pour les seniors qui n’en profitent pas tous.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les demandeurs d’emplois les plus âgés et les moins diplômés, oubliés de la « société du tout numérique »

Quelques chiffres récents confirment cette orientation. Spécialiste de l’ingénierie, Alten a annoncé le 11 février le recrutement de 4 400 postes en CDI en 2020 (dont 1 900 en Ile-de-France) : 4 000 ingénieurs, 260 business manager et 140 cadres pour les fonctions supports. Dans les télécommunications, le 6 février, la DRH d’Orange Valérie Le Boulanger, qui présentait son plan stratégique « Engage 2025 », déclarait vouloir doubler le nombre d’experts techniques d’ici à 2025 pour atteindre plus de 20 000 personnes.

« En deux ans, ce sont 150 000 nouveaux postes qui ont été créés », insiste Gaël Bouron, responsable adjoint du pôle études de l’APEC. L’enquête annuelle de l’association a été menée du 21 octobre au 31 décembre auprès de 10 000 entreprises représentant 1,7 million de salariés. Elle fait le bilan du nombre de nouveaux CDI et CDD d’au moins un an, des promotions internes et des départs depuis janvier 2019. Depuis plusieurs années, le haut niveau de recrutement a favorisé leur mobilité, passée de 6 à 9 % entre 2015 et 2018. Mais en 2019, les entrées et les promotions internes ont été nettement supérieures aux sorties, avec 74 800 créations nettes d’emplois.

Intégration de la transformation numérique

L’essoufflement de la croissance économique, à 1,2 % du PIB en 2019, n’a eu que peu d’impact sur l’emploi des cadres. Après trois années de progression à deux chiffres des recrutements, le rythme s’est toutefois ralenti avec une hausse de 6 % en 2019 et de seulement 5 % pour 2020. « Mais les recrutements sont plutôt indexés sur les investissements des entreprises, en hausse de 4,2 % en 2019 », explique Gaël Bouron. En 2020, les entrepreneurs devraient maintenir leur propension à investir, afin de poursuivre l’intégration de la transformation numérique, explique l’APEC.

Le chômage baisse, mais « les difficultés sont devant nous »

Le chômage a atteint, fin 2019, son plus bas historique depuis 2008. Les chiffres de l’Insee publiés jeudi 13 février établissent le niveau de chômage à 8,1 % de la population active (hors Mayotte), soit 2,4 millions de personnes. Cette baisse, quasi continue depuis 2015, a poussé la ministre du travail, Muriel Pénicaud, à juger « franchement atteignable » l’objectif d’un taux de chômage à 7 % pour 2022.

Mais pour l’économiste Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), si ces chiffres sont très bons, ils doivent être relativisés eu égard au « halo du chômage », zone grise qui concerne un nombre toujours croissant d’individus situés entre chômage et inactivité.

Comment expliquez-vous cette baisse du chômage ?

Plusieurs éléments peuvent expliquer cette baisse qui, avec 0,4 point en un trimestre, est forte. Le premier, c’est que les créations d’emplois sont dynamiques. Avec 40 000 créations nettes au quatrième trimestre 2019 et 210 000 sur l’année, on voit un marché du travail dynamique, malgré la croissance qui ralentit. Mais ces créations d’emplois n’expliquent pas, à elles seules, la baisse de 0,7 point de chômage sur l’année. Avec la démographie et la croissance actuelles, on devrait plutôt avoir une diminution de 0,4 ou 0,5 point.

« La hausse du halo du chômage, c’est le point noir de l’analyse »

S’ajoute le phénomène du halo du chômage, qui a beaucoup augmenté (90 000 personnes en plus sur l’année 2019). Ces personnes-là sont à la limite du chômage, sans recouper les critères du chômage au sens du Bureau international du travail (BIT), la norme utilisée par l’Insee. Cela concerne des gens qui souhaitent travailler, mais qui ne sont pas présents dans les statistiques : soit ils ne sont pas immédiatement disponibles pour travailler, soit pas en recherche active d’un emploi. Et cette hausse, c’est le point noir de l’analyse.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Chiffres du chômage : pourquoi tant d’écart entre l’Insee et Pôle emploi ?

Pourquoi le halo du chômage change-t-il la donne ?

Son augmentation est bizarre. Le halo du chômage est en forte augmentation, alors que le marché du travail reprend avec, depuis 2015, la création nette d’un million d’emplois. Or, normalement, si le marché du travail est dynamique, comme il l’a été en 2019, le halo du chômage devrait aussi se résorber : les gens se disent qu’il y a des opportunités de boulot et se réinsèrent. Cette hausse est donc difficilement compréhensible, ce n’est pas un phénomène classique. La question se pose : est-ce que ces personnes, qui ne sont aujourd’hui plus considérées comme au chômage, vont revenir dans ces statistiques dans les prochains mois ? Il faut donc être prudent sur ces chiffres.

« ) } }, « legend »: { « enabled »: « 1 », « reversed »: «  », « layout »: « horizontal », « verticalAlign »: « top », « align »: « left », « margin »: 40, « y »: -30, « x »: 0, « itemStyle »: { « fontSize »: 13, « font-family »: « ‘Marr Sans’,Helvetica,arial », « fontWeight »: « normal », « color »: « #2A303B » }, « itemMarginBottom »: 10 }, « series »: [ { « stack »: « null », « name »: « Nombre total de ch\u00f4meurs au sens du BIT (Insee), en millions », « lineWidth »: 2, « color »: « #fc8604 », « type »: «  », « yAxis »: « 0 », « visible »: true, « dataLabels »: { « enabled »: false }, « step »: «  », « data »: [ [ 2.3, « #fc8604 », « pt0 », true, false ], [ 2.35, « #fc8604 », « pt1 », false, false ], [ 2.32, « #fc8604 », « pt2 », false, false ], [ 2.42, « #fc8604 », « pt3 », false, false ], [ 2.48, « #fc8604 », « pt4 », false, false ], [ 2.43, « #fc8604 », « pt5 », false, false ], [ 2.46, « #fc8604 », « pt6 », false, false ], [ 2.48, « #fc8604 », « pt7 », false, false ], [ 2.41, « #fc8604 », « pt8 », false, false ], [ 2.47, « #fc8604 », « pt9 », false, false ], [ 2.51, « #fc8604 », « pt10 », false, false ], [ 2.54, « #fc8604 », « pt11 », false, false ], [ 2.57, « #fc8604 », « pt12 », false, false ], [ 2.52, « #fc8604 », « pt13 », false, false ], [ 2.5, « #fc8604 », « pt14 », false, false ], [ 2.36, « #fc8604 », « pt15 », false, false ], [ 2.39, « #fc8604 », « pt16 », false, false ], [ 2.3, « #fc8604 », « pt17 », false, false ], [ 2.26, « #fc8604 », « pt18 », false, false ], [ 2.13, « #fc8604 », « pt19 », false, false ], [ 2.04, « #fc8604 », « pt20 », false, false ], [ 2.09, « #fc8604 », « pt21 », false, false ], [ 2.12, « #fc8604 », « pt22 », false, false ], [ 2.22, « #fc8604 », « pt23 », false, false ], [ 2.47, « #fc8604 », « pt24 », false, false ], [ 2.65, « #fc8604 », « pt25 », false, false ], [ 2.63, « #fc8604 », « pt26 », false, false ], [ 2.75, « #fc8604 », « pt27 », false, false ], [ 2.71, « #fc8604 », « pt28 », false, false ], [ 2.68, « #fc8604 », « pt29 », false, false ], [ 2.67, « #fc8604 », « pt30 », false, false ], [ 2.66, « #fc8604 », « pt31 », false, false ], [ 2.65, « #fc8604 », « pt32 », false, false ], [ 2.63, « #fc8604 », « pt33 », false, false ], [ 2.67, « #fc8604 », « pt34 », false, false ], [ 2.72, « #fc8604 », « pt35 », false, false ], [ 2.76, « #fc8604 », « pt36 », false, false ], [ 2.83, « #fc8604 », « pt37 », false, false ], [ 2.85, « #fc8604 », « pt38 », false, false ], [ 2.97, « #fc8604 », « pt39 », false, false ], [ 3.03, « #fc8604 », « pt40 », false, false ], [ 3.07, « #fc8604 », « pt41 », false, false ], [ 3.03, « #fc8604 », « pt42 », false, false ], [ 2.98, « #fc8604 », « pt43 », false, false ], [ 2.98, « #fc8604 », « pt44 », false, false ], [ 2.99, « #fc8604 », « pt45 », false, false ], [ 3.03, « #fc8604 », « pt46 », false, false ], [ 3.08, « #fc8604 », « pt47 », false, false ], [ 3.03, « #fc8604 », « pt48 », false, false ], [ 3.09, « #fc8604 », « pt49 », false, false ], [ 3.06, « #fc8604 », « pt50 », false, false ], [ 3.02, « #fc8604 », « pt51 », false, false ], [ 3.02, « #fc8604 », « pt52 », false, false ], [ 2.96, « #fc8604 », « pt53 », false, false ], [ 2.91, « #fc8604 », « pt54 », false, false ], [ 2.96, « #fc8604 », « pt55 », false, false ], [ 2.82, « #fc8604 », « pt56 », false, false ], [ 2.82, « #fc8604 », « pt57 », false, false ], [ 2.83, « #fc8604 », « pt58 », false, false ], [ 2.68, « #fc8604 », « pt59 », false, false ], [ 2.74, « #fc8604 », « pt60 », false, false ], [ 2.7, « #fc8604 », « pt61 », false, false ], [ 2.69, « #fc8604 », « pt62 », false, false ], [ 2.61, « #fc8604 », « pt63 », false, false ], [ 2.58, « #fc8604 », « pt64 », false, false ], [ 2.51, « #fc8604 », « pt65 », false, false ], [ 2.51, « #fc8604 », « pt66 », false, false ], [ 2.42, « #fc8604 », « pt67 », true, false ] ], « keys »: [ « y », « color », « id », « marker.enabled », « dataLabels.enabled » ] }, { « stack »: « null », « name »: « Personnes dans le halo autour du ch\u00f4mage (Insee), en millions », « lineWidth »: 2, « color »: « #2c6b7c », « type »: « areaspline », « yAxis »: « 0 », « visible »: true, « dataLabels »: { « enabled »: false }, « step »: «  », « data »: [ [ 1.28, « #2c6b7c », « pt68 », true, false ], [ 1.22, « #2c6b7c », « pt69 », false, false ], [ 1.31, « #2c6b7c », « pt70 », false, false ], [ 1.31, « #2c6b7c », « pt71 », false, false ], [ 1.33, « #2c6b7c », « pt72 », false, false ], [ 1.34, « #2c6b7c », « pt73 », false, false ], [ 1.35, « #2c6b7c », « pt74 », false, false ], [ 1.32, « #2c6b7c », « pt75 », false, false ], [ 1.3, « #2c6b7c », « pt76 », false, false ], [ 1.3, « #2c6b7c », « pt77 », false, false ], [ 1.27, « #2c6b7c », « pt78 », false, false ], [ 1.27, « #2c6b7c », « pt79 », false, false ], [ 1.3, « #2c6b7c », « pt80 », false, false ], [ 1.31, « #2c6b7c », « pt81 », false, false ], [ 1.29, « #2c6b7c », « pt82 », false, false ], [ 1.35, « #2c6b7c », « pt83 », false, false ], [ 1.29, « #2c6b7c », « pt84 », false, false ], [ 1.31, « #2c6b7c », « pt85 », false, false ], [ 1.22, « #2c6b7c », « pt86 », false, false ], [ 1.23, « #2c6b7c », « pt87 », false, false ], [ 1.26, « #2c6b7c », « pt88 », false, false ], [ 1.22, « #2c6b7c », « pt89 », false, false ], [ 1.26, « #2c6b7c », « pt90 », false, false ], [ 1.24, « #2c6b7c », « pt91 », false, false ], [ 1.29, « #2c6b7c », « pt92 », false, false ], [ 1.31, « #2c6b7c », « pt93 », false, false ], [ 1.34, « #2c6b7c », « pt94 », false, false ], [ 1.37, « #2c6b7c », « pt95 », false, false ], [ 1.34, « #2c6b7c », « pt96 », false, false ], [ 1.37, « #2c6b7c », « pt97 », false, false ], [ 1.35, « #2c6b7c », « pt98 », false, false ], [ 1.33, « #2c6b7c », « pt99 », false, false ], [ 1.39, « #2c6b7c », « pt100 », false, false ], [ 1.41, « #2c6b7c », « pt101 », false, false ], [ 1.42, « #2c6b7c », « pt102 », false, false ], [ 1.42, « #2c6b7c », « pt103 », false, false ], [ 1.41, « #2c6b7c », « pt104 », false, false ], [ 1.38, « #2c6b7c », « pt105 », false, false ], [ 1.43, « #2c6b7c », « pt106 », false, false ], [ 1.41, « #2c6b7c », « pt107 », false, false ], [ 1.38, « #2c6b7c », « pt108 », false, false ], [ 1.39, « #2c6b7c », « pt109 », false, false ], [ 1.43, « #2c6b7c », « pt110 », false, false ], [ 1.45, « #2c6b7c », « pt111 », false, false ], [ 1.5, « #2c6b7c », « pt112 », false, false ], [ 1.46, « #2c6b7c », « pt113 », false, false ], [ 1.54, « #2c6b7c », « pt114 », false, false ], [ 1.53, « #2c6b7c », « pt115 », false, false ], [ 1.6, « #2c6b7c », « pt116 », false, false ], [ 1.56, « #2c6b7c », « pt117 », false, false ], [ 1.53, « #2c6b7c », « pt118 », false, false ], [ 1.54, « #2c6b7c », « pt119 », false, false ], [ 1.57, « #2c6b7c », « pt120 », false, false ], [ 1.61, « #2c6b7c », « pt121 », false, false ], [ 1.61, « #2c6b7c », « pt122 », false, false ], [ 1.6, « #2c6b7c », « pt123 », false, false ], [ 1.64, « #2c6b7c », « pt124 », false, false ], [ 1.61, « #2c6b7c », « pt125 », false, false ], [ 1.56, « #2c6b7c », « pt126 », false, false ], [ 1.61, « #2c6b7c », « pt127 », false, false ], [ 1.64, « #2c6b7c », « pt128 », false, false ], [ 1.61, « #2c6b7c », « pt129 », false, false ], [ 1.61, « #2c6b7c », « pt130 », false, false ], [ 1.61, « #2c6b7c », « pt131 », false, false ], [ 1.55, « #2c6b7c », « pt132 », false, false ], [ 1.61, « #2c6b7c », « pt133 », false, false ], [ 1.65, « #2c6b7c », « pt134 », false, false ], [ 1.71, « #2c6b7c », « pt135 », true, false ] ], « keys »: [ « y », « color », « id », « marker.enabled », « dataLabels.enabled » ] } ], « accessibility »: { « enabled »: true }, « exporting »: { « enabled »: false }, « credits »: { « enabled »: false }
} );
});

Pour revenir sur les créations d’emplois, les récentes lois de libéralisation du marché du travail ont-elles eu un effet bénéfique ?

Il est un peu tôt pour l’évaluer. Potentiellement, oui, mais j’émettrais des réserves. Ces réformes, comme la loi travail (2016), visent plutôt à réduire la dualité du marché du travail en flexibilisant le CDI pour faciliter les embauches en CDI, à la place de contrats précaires (CDD, intérim). Cela n’a pas tellement joué sur le volume d’emplois, mais sur le taux de CDI, qui a augmenté au quatrième trimestre 2019.

Comment expliquer ces créations nettes d’emplois l’an passé ?

Les chiffres bénéficient de l’effet retardé des mesures fiscales du quinquennat précédent, type CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) et pacte de responsabilité, qui sont arrivés à maturité et ont participé à baisser le coût du travail. S’est ajoutée à cela, en 2019, la transformation du CICE en baisses de cotisations sociales, qui a contribué à verser exceptionnellement aux entreprises 20 milliards d’euros. Cela a boosté les créations d’emplois au premier semestre 2019. S’ajoute encore la montée en charge des contrats de professionnalisation, les apprentissages ainsi que les plans de formation, mais qui sont plus marginaux.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Amélioration durable sur le front de l’emploi

On remarque aussi une forte amélioration pour l’emploi des seniors, pour quelle raison ?

« Il y a un phénomène d’aspiration globale vers l’emploi »

C’est assez difficile de répondre simplement. Mais, après plusieurs années de recul du chômage, l’ensemble des populations en bénéficient. Quand il y a un chômage de 10 %, un chômage de masse, les entreprises embauchent au plus facile. Avec les difficultés de recrutement actuelles, elles se tournent à nouveau vers une main-d’œuvre qu’elles utilisaient moins, comme les seniors. Si on voit le chômage comme une file d’attente, il faut plusieurs années pour voir arriver ceux du fond de la fille, et observer ainsi la baisse du chômage de longue durée et celui des seniors – c’est aujourd’hui le cas. Cela signifie qu’il y a un phénomène d’aspiration globale vers l’emploi.

Voir nos graphiques : Chômage : une décrue sensible depuis le début du quinquennat Macron

Avec une telle dynamique, l’objectif gouvernemental d’atteindre un taux de chômage à 7 % en 2022 est-il envisageable ?

Nos simulations nous indiquent que ce n’est pas la probabilité la plus élevée, environ une chance sur six. Car les difficultés sont devant nous : les prévisions de croissance sont plutôt à la baisse, et les politiques fiscales de baisse des cotisations sociales et de crédits d’impôt sont, sauf grande surprise, derrière nous. Cela ne laisse plus beaucoup de grain à moudre et s’ajoutent les personnes situées dans le halo du chômage, dont un certain nombre va repasser dans les statistiques. Bref, le pari n’est pas évident.

Les personnels hospitaliers restent mobilisés, onze mois après les premières grèves

Le personnel médical quitte l’hôpital de Caen lors d’une manifestation, le 3 février.
Le personnel médical quitte l’hôpital de Caen lors d’une manifestation, le 3 février. SAMEER AL-DOUMY / AFP

Onze mois après les premières grèves dans des services d’urgences parisiens, les personnels soignants inquiets de la dégradation de l’hôpital public continuent de se faire entendre.

Pour la troisième fois en quatre mois, ils se rassembleront vendredi 14 février à Paris et dans une cinquantaine de villes à travers le pays pour demander « la réouverture de lits » et « le recrutement de personnels en nombre suffisant et avec des salaires décents ». Une journée décrite comme celle de la « remobilisation » par Hugo Huon, le président du Collectif Inter-Urgences, après plusieurs semaines d’un agenda social écrasé par la grève contre la réforme des retraites.

Sur le terrain, les médecins font désormais vivre le mouvement qui avait été lancé par les paramédicaux. Depuis le 27 janvier, les hôpitaux du pays vivent ainsi au rythme des démissions – très symboliques – de chefs de service de leurs fonctions administratives, les soins et l’enseignement étant toujours assurés. Près de 1 200 d’entre eux avaient brandi cette menace le 14 janvier si le gouvernement refusait d’ouvrir des négociations budgétaires. Selon les derniers chiffres du Collectif Inter-Hôpitaux (CIH), près de 780 ont effectivement envoyé leur lettre de démission, non sans quelques tensions dans certains établissements.

« Notre directrice pensait qu’on bluffait, qu’on ne passerait pas à l’acte, raconte Cécile Vigneau, responsable – démissionnaire – du service de néphrologie au CHU de Rennes, où une cinquantaine de médecins ont sauté le pas le 27 janvier. Elle nous a dit qu’elle ne comprenait pas qu’on ait démissionné de nos charges avant de voir si les mesures de la ministre portaient leurs fruits. »

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La difficulté de se faire entendre est absolue » : l’hôpital public, laboratoire de nouvelles formes de protestation

« On est loin du compte »

La ministre de la santé, Agnès Buzyn, qui a repoussé à la mi-mars sa prochaine rencontre avec des représentants des médecins démissionnaires, estime qu’il faut désormais laisser le temps au plan d’urgence annoncé le 20 novembre 2019 par le gouvernement d’entrer pleinement en vigueur. Celui-ci comprend notamment des primes pour certaines catégories de soignants, des budgets pour l’amélioration de la qualité de vie au travail et une reprise par l’Etat d’un tiers de la dette des établissements de soins publics, soit 10 milliards d’euros en trois ans.

« Tant que ces mesures concrètes ne sont pas visibles dans le quotidien des soignants, ils resteront dans le niveau d’insatisfaction que l’on connaît parce qu’ils veulent que ça change tout de suite », a lancé Mme Buzyn lors de ses vœux à la presse le 28 janvier, estimant que, parmi les médecins démissionnaires qu’elle avait rencontrés, « tous n’avaient pas perçu l’ampleur des mesures prises par le gouvernement ».

Dans les hôpitaux, les premiers fonds issus du plan gouvernemental ont reçu un accueil mitigé. « Grâce à notre mobilisation, notre hôpital a reçu 500 000 euros pour du matériel et améliorer les conditions de travail, témoigne Renaud Chouquer, médecin réanimateur et responsable d’unité, démissionnaire à Annecy. On va peut-être acheter un lève-malade quelque part, de nouveaux brancards ailleurs, mais c’est loin de changer la vie des soignants. Avec ce plan, on va voir de tous petits effets, alors qu’il nous faut de gros changements. On est loin du compte. »

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Crise de l’hôpital public : « Chaque jour, j’ai des infirmières qui craquent et qui pleurent »

« Ce qu’on demande, ce sont des embauches »

Internes en grève, le 17 octobre 2012, devant le ministère de la santé à Paris.
Internes en grève, le 17 octobre 2012, devant le ministère de la santé à Paris. FRANCOIS GUILLOT/AFP

Une perception partagée par Cécile Vigneau, au CHU de Rennes. « Notre service de néphrologie va recevoir 15 000 euros pour améliorer la qualité de vie au travail et l’accueil des patients, détaille-t-elle. On va peut-être repeindre une salle d’attente, mais cela ne va pas améliorer radicalement notre quotidien. Nous, ce qu’on demande, ce sont des embauches, que les arrêts de travail soient remplacés à 100 % et pas à 60 %. »

« On va peut-être repeindre une salle d’attente, mais cela ne va pas améliorer radicalement notre quotidien », note Cécile Vigneau, responsable du service de néphrologie au CHU de Rennes.

Alors que le gouvernement semble avoir fermé la porte à tout nouveau geste budgétaire, les organisateurs du mouvement affichent, eux, leur détermination. « Il ne faut pas que le gouvernement ait la moindre illusion : ça ne pourra pas s’arrêter », a fait valoir jeudi 13 février Renaud Péquignot, du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs (SNPHAR-E) lors d’une conférence de presse des quatorze organisations, syndicats et collectifs appelant à la journée de mobilisation du 14.

La campagne des élections municipales de mars est le prochain objectif des hospitaliers en colère. « On va prendre date avec les candidats par rapport à la crise sanitaire en cours et à venir », annonce le docteur François Salachas, neurologue à la Pitié-Salpêtrière et membre du CIH. A la direction du collectif, on assure par ailleurs réfléchir à la mise en place d’actions « encore plus bloquantes » dans les semaines à venir.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les métiers hospitaliers particulièrement touchés par la réforme des retraites

Le chômage en nette baisse en France au 4e trimestre, à son plus bas niveau depuis fin 2008

Le taux de chômage a nettement baissé, de 0,4 point, au quatrième trimestre 2019 pour s’établir à 8,1 % de la population active et atteindre son plus bas niveau depuis fin 2008, selon les chiffres publiés par l’Insee jeudi 13 février.

La France (hors Mayotte) compte 2,424 millions de chômeurs, soit 85 000 de moins sur le trimestre. Sur un an, le taux de chômage, mesuré selon les normes du Bureau international du travail (BIT), est en recul de 0,7 point. L’Insee a aussi révisé son chiffre du 3e trimestre de 8,6 à 8,5 %.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Amélioration durable sur le front de l’emploi

Le taux de chômage diminue de 0,5 point pour les personnes de 25 à 49 ans et pour celles de 50 ans ou plus, signale l’Insee. En revanche, il augmente nettement pour les jeunes (+1,1 point).

Sur Twitter, Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’action et des comptes publics, a souligné que « les investissements et les créations d’emplois dans le privé portaient leurs fruits ». Il a salué le « plus bas niveau de chômage depuis 12 ans ». La ministre du travail Muriel Pénicaud a, elle, estimé que l’objectif d’un taux de chômage à 7 % en 2022 était « franchement atteignable ».

Lire aussi Chômage : une décrue sensible depuis le début du quinquennat Macron

Au travail, l’homophobie se dévoile

« L’inclusion des salariés LGBT est un sujet qui s’est imposé aux entreprises à l’occasion de leur travail sur les questions de diversité »
« L’inclusion des salariés LGBT est un sujet qui s’est imposé aux entreprises à l’occasion de leur travail sur les questions de diversité » Ingram / Photononstop

Tabou pour les uns, non-sujet pour les autres, l’orientation sexuelle d’un salarié constitue pourtant une source de rejet au travail. Selon un sondage réalisé par l’IFOP pour l’Autre Cercle, une association qui œuvre pour l’inclusion professionnelle des personnes lesbiennes, gay, bisexuelles et transgenres (LGBT), pas moins de 10 % d’entre elles font état d’agressions physiques ou sexuelles à leur encontre au travail. Au total, un sondé sur quatre dit avoir été victime d’au moins une agression, verbale ou physique, dans son entreprise ou son administration. « Les résultats de l’enquête montrent que le problème est réel, déclare Alain Gavand, vice-président de la Fédération nationale de l’Autre Cercle, chargé de ce baromètre. Cela prouve aussi que l’orientation sexuelle et l’identité de genre ne peuvent être cantonnées à la sphère privée. »

Les agressions verbales sont les plus fréquentes. Moqueries, insultes et mises à l’écart s’avèrent les discriminations les plus subies par les personnes interrogées dans le cadre de cette enquête d’une ampleur inédite, réalisée par questionnaire auto-administré en ligne auprès de 1 229 personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres, extrait d’un échantillon de 13 346 personnes représentatives de la population métropolitaine âgée de 18 ans et plus, du 12 au 24 avril 2019.

A titre de comparaison, l’enquête a également été menée du 4 au 30 novembre 2019 auprès d’un échantillon de 16 953 salariés et agents travaillant dans des organisations engagées sur ces questions et signataires de la Charte LGBT + lancée par l’Autre Cercle.

Double peine

L’étude montre aussi le poids des discriminations fondées sur l’apparence : les hommes qui se décrivent comme d’apparence féminine et les femmes androgynes sont les plus nombreux à se dire victimes de ces moqueries (41 % et 42 % respectivement). Les facteurs discriminatoires se cumulent chez les salariés LGBT non blancs, qui sont 34 % à se déclarer victimes de pareilles attaques, contre 18 % chez les autres. Les salariés musulmans sont davantage touchés (40 %) que les catholiques (19 %) ou que ceux qui se déclarent sans religion (16 %). Les femmes sont aussi un peu plus nombreuses à subir des moqueries (23 % contre 17 % pour les hommes). « Les gens qui appartiennent à plusieurs groupes minoritaires subissent la double peine », commente Alain Gavand, qui souligne également le poids de la religion : « On l’a vu, par exemple, lors des manifestations contre le mariage pour tous. »

L’Assemblée nationale vote une loi pour encadrer le travail des enfants youtubeurs et influenceurs

L’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi sur l’exploitation commerciale de l’image d’enfants de moins de 16 ans sur Internet.
L’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi sur l’exploitation commerciale de l’image d’enfants de moins de 16 ans sur Internet. NICOLAS SIX / « LE MONDE »

Ils s’appellent Kalys, Athena, Néo, Swan, Fantin, Amantine ou encore Maellia. Ces jeunes Français sont les stars ou les contributeurs de chaînes YouTube qui cumulent plusieurs centaines de milliers de vues et d’abonnés.

Leur activité – qui peut paraître anodine mais est parfois très lucrative – de déballage de jouets et de scènes familiales du quotidien devrait être prochainement encadrée par le droit du travail. L’Assemblée nationale a en effet adopté, mercredi 12 février, en première lecture, une proposition de loi sur l’exploitation commerciale de l’image d’enfants de moins de 16 ans sur Internet.

A l’issue d’un débat plutôt consensuel, les 69 députés présents ont voté à l’unanimité pour le texte. Son rapporteur, le député (La République en marche, LRM) du Bas-Rhin et président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée nationale, Bruno Studer, salue « le résultat d’un travail transpartisan » sur ce dossier. Si la proposition de loi est adoptée au terme de son parcours législatif, la France serait à l’avant-garde en la matière.

Vide juridique

Le texte a comblé un vide juridique concernant une « nouvelle forme d’entrepreneuriat et d’expression artistique » ayant émergé ces dix dernières années, expliquait M. Studer au Monde en décembre 2019. Il s’agit tout d’abord d’étendre la législation en vigueur pour les enfants du spectacle aux activités rémunératrices des enfants youtubeurs, e-sportifs (participant à des compétitions de jeux vidéo) ou influenceurs.

La proposition adoptée va aussi plus loin en réglementant « la zone grise » des vlogs (contraction des mots « vidéo » et « blog ») familiaux, qui ne relèvent pas vraiment des relations de travail traditionnelles mais dépassent la simple activité de loisir. La loi prévoit ainsi dans son article 3 que seront concernées les activités de production de vidéos en ligne avec des mineurs dès lors qu’elles dépasseront un certain temps consacré, un volume de contenus ou « lorsque la diffusion de ces contenus produit, au profit de la personne responsable de la réalisation, de la production ou de la diffusion de celui-ci, des revenus directs ou indirects ». Les seuils seront fixés ultérieurement par décret en Conseil d’Etat.

Les créateurs de contenus qui embauchent des moins de 16 ans, qu’il s’agisse ou non des parents, devront aussi obtenir une autorisation auprès de la commission des enfants du spectacle, rattachée à chaque direction départementale de la cohésion sociale.

Comme pour les enfants acteurs et mannequins, les horaires et temps de tournage seront encadrés et la rémunération de ces contenus (par la publicité en ligne ou le placement de produit par exemple) sera en grande partie bloquée auprès de la Caisse des dépôts et consignations jusqu’à la majorité de l’enfant. L’autorité administrative pourra également saisir un juge des référés qui pourra contraindre la plate-forme à retirer les contenus des chaînes qui ne respecteraient pas la loi.

Responsabiliser les plates-formes

Les députés instaurent aussi un droit à l’oubli pour les enfants mis en scène sur les plates-formes en ligne. Même avant leur majorité, ils pourront s’adresser au service de partage de vidéos qui sera « tenu de faire cesser dans les meilleurs délais la diffusion de l’image du demandeur lorsque celui-ci était mineur à la date de ladite diffusion ».

Les plates-formes devront par ailleurs informer les usagers sur la loi, les droits de l’enfant et les risques psychologiques, « favoriser » un système de signalement et collaborer avec les associations françaises de protection de l’enfance.

« Les services de plate-forme de partage de vidéos [devront aussi adopter] des chartes visant à améliorer la lutte contre l’exploitation commerciale illégale de l’image d’enfants », mentionne la loi. Un dispositif placé sous l’égide du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), appelé à devenir l’Arcom dans le cadre de la future réforme de l’audiovisuel, qui pourra formuler des recommandations et dressera des bilans réguliers.

Car « il faut aussi responsabiliser les entreprises qui participent à la diffusion de ces images et en tirent des revenus, soutient le rapporteur. Elles doivent s’associer à cet effort, comme les parents. » Si le député avait échangé ces derniers mois avec YouTube, détenu par Google, et dit avoir « reçu un retour favorable de Snapchat », il déplore que les autres réseaux sociaux ne se soient pas associés aux discussions.

Bien que soutenant la proposition, certains députés, à l’instar de Muriel Ressiguier (La France insoumise, Hérault), ont toutefois regretté que les plates-formes soient seulement incitées à coopérer à travers l’élaboration de chartes et non contraintes.

« Ce n’est qu’un petit aspect de la question de la vie en ligne des mineurs, concédait avant l’examen de la loi Bruno Studer. Il restera aussi à se pencher sur la question de l’exposition à la violence et à la pornographie. Toutefois, cette proposition permet concrètement de garantir les intérêts supérieurs des enfants, de protéger aussi leur intimité et leur intégrité, de rappeler que le travail des enfants est interdit sauf dérogation. »

Et de se féliciter que ce texte « produise, avant même son adoption, des effets ». A l’initiative de Hasbro, un mastodonte du secteur, la Fédération française des industries jouet puériculture (FJP) a signé, en janvier, une charte éthique concernant le recours à des enfants influenceurs dans ses campagnes de promotion.

Retrouvez nos articles sur YouTube et les enfants

Le Monde a publié une série d’articles sur les liens parfois problématiques entre les enfants et YouTube, pour découvrir ce qu’ils regardent sur la plate-forme, mais aussi ce qu’ils y créent :