« Dans mon immeuble, personne ne sait que je suis policier » : le difficile début de carrière des jeunes agents

« Dans mon immeuble, personne ne sait que je suis policier » : le difficile début de carrière des jeunes agents

Cérémonie d’accueil des gardiens de la paix issus des 247e et 248e promotions à la préfecture de police de Paris, en décembre 2018.
Cérémonie d’accueil des gardiens de la paix issus des 247e et 248e promotions à la préfecture de police de Paris, en décembre 2018. ROMAIN GAILLARD / REA

Lorsqu’il évoque son métier de policier, Adrien (tous les prénoms ont été modifiés) donne l’impression d’avoir plusieurs années d’expérience tant son discours sur ses conditions de travail est lucide, parfois désabusé.

Grand, les épaules carrées, ce n’est pas son physique mais la candeur de son regard qui trahit son jeune âge : 25 ans. Diplômé de l’Ecole nationale de police, il fait ses premiers pas en uniforme depuis septembre 2019, à Paris. Après cinq mois, il dresse déjà une longue liste de griefs, égrenant les maux de sa vie de jeune policier : « Les débuts sont difficiles financièrement, moralement… »

Selon les chiffres de la Police nationale, près de 8 400 gardiens de la paix ont été formés depuis 2017. Fidèle à sa promesse de campagne, le président de la République Emmanuel Macron poursuit la vague de recrutements initiée par son prédécesseur François Hollande.

Pour ces gardiens de la paix âgés de 18 à 35 ans, intégrer la police n’a rien d’anodin. « Dès l’école on nous dit : à partir de maintenant, vous entrez dans une grande famille. Il y aura des hauts mais aussi beaucoup de bas. Si vous n’êtes pas prêts, partez », se rappelle Adrien, qui a pris son poste à Paris cinq jours avant qu’un agent administratif de la Préfecture de police ne tue quatre de ses collègues sur son lieu de travail.

« Mauvaise image de la police »

Originaire du Sud-Ouest de la France, il avait demandé « tout l’Est de la France, de Lille à Marseille ». Son affectation en Ile-de-France lui a été imposée. Depuis 2017, 77 % des gardiens de la paix diplômés y sont envoyés. Les besoins dans la région, notamment en effectifs, sont conséquents.

Deux ans plus tôt, Adrien avait tenté de passer le concours de gardiens de la paix dit « national », qui permet d’être envoyé sur l’ensemble du territoire. Contrairement au concours Ile-de-France, il n’entraîne pas une affectation automatique en région parisienne sans l’exclure pour autant. Le sort des élèves dépend du classement de fin d’école. Ceux qui obtiennent les meilleures notes choisissent leur lieu d’affectation en premier ; les autres se partagent les postes restants, majoritairement situés en Ile-de-France.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les policiers sont souvent caricaturés. Certains d’entre nous ont voulu faire connaître notre métier et l’expliquer »

C’est ainsi qu’Adrien s’est retrouvé à Paris. En octobre 2019, il est arrivé dans la capitale, partagé entre l’envie d’être policier, cette profession qu’il n’échangerait « pour rien au monde », et la sensation d’être pris à la gorge financièrement. Pas facile pour les élèves policiers de trouver un logement en Ile-de-France, un mois avant leur prise de fonction et avec un salaire de 1 380 euros net par mois.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.