Les paradoxes du travail étudiant

Les paradoxes du travail étudiant

Tremplin vers le marché de l’emploi, rite de passage, ou source de surmenage et de décrochage : travailler pendant ses études a un impact très variable sur les trajectoires des élèves. De nouvelles manières d’assurer cet équilibre précaire émergent.

Nathalie Lees

Il peint des murs, cire des parquets, pose des meubles,  donne quelques cours de yoga et travaille parfois comme agent d’accueil. Autant de petits boulots qui, ajoutées à une aide familiale de 150 euros par mois, permettent à Marius, 24 ans, de financer ses études d’économie à la Sorbonne. Chaque semaine, l’étudiant travaille environ 25 heures mais, ne pouvant attester d’un contrat long, il n’a pas pu solliciter d’aménagement d’emploi du temps à son université. « Cela a un fort impact sur ma vie et mes études. L’année dernière, j’étais pris dans une spirale de stress, entre les révisions, les cours, le boulot et les temps de trajet considérables », regrette-t-il. Sa licence, Marius l’a finalement terminée en quatre ans, après une année de redoublement. « La fatigue m’a labouré, parfois même terrassé. »

Comme Marius, près d’un étudiant sur deux a eu une activité compensée au cours de son année universitaire, selon l’enquête 2016 de l’Observatoire national de la vie étudiante. A Paris, où le coût de la vie est plus élevé, ils sont même 57 %. Au-delà de la nécessité financière – la majorité de ceux qui œuvrent  jugent leur activité « indispensable » pour vivre –, les raisons avancées par les étudiants sont multiples : acquérir une expérience professionnelle, gagner un peu d’indépendance vis-à-vis de sa famille, améliorer son quotidien… « Le job étudiant est l’un des passages vers la vie adulte », assure le démographe Philippe Cordazzo, qui a dirigé la publication Parcours d’étudiants (Ined, 220 p., 21 €).

« Au-delà de 12 heures par semaine, on risque de basculer du statut d’étudiant salarié à celui de salarié étudiant, avec toute une série de conséquences. Cela peut entraîner le décrochage. » Jean-François Giret, professeur de sciences de l’éducation

Un passage, mais aussi un entre-deux périlleux. Ces jobs parallèles ne sont pas sans répercutions sur les études : 18 % des étudiants qui travaillent considèrent que cela a un impact négatif sur leurs résultats, 33 % que leur activité est source de stress ou de tensions nerveuses. Un impact qui varie considérablement selon le type de travail et le volume horaire qui y est consacré. « On considère que le travail étudiant devient néfaste et affecte la réussite de l’étudiant au-delà du seuil de 12 heures par semaine », déclare Jean-François Giret, professeur de sciences de l’éducation à l’université de Bourgogne.

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