Le problème des urgences ne peut être résolue sans que soit traitée celle de la capacité de la médecine de ville 

Le problème des urgences ne peut être résolue sans que soit traitée celle de la capacité de la médecine de ville 

Un jour après les annonces de la ministre de la santé, le collectif Inter Urgences, à l’origine fait de personnels soignants paramédicaux, a réuni le 10 septembre son assemblée générale, à laquelle plusieurs médecins ont participé. Selon le collectif, 249 services d’urgence étaient en grève, soit la moitié des services d’urgence publics. L’été et la rentrée ont également vu la publication de plusieurs tribunes et reportages attirant l’attention sur la gravité et le caractère structurel de la crise. Deux ouvrages annoncés dernièrement par des chercheurs en sciences sociales permettent de rendre compte des enjeux et de faire des solutions pour bâtir l’hôpital – et le système de soins – du XXIe siècle.

L’activité dans le secteur public hospitalier a augmenté de 11 %, mais l’emploi de 4 % seulement

Le premier, La Casse du siècle. A propos des réformes de l’hôpital public (Raisons d’agir, 192 p., 8 €), de Pierre-André Juven, Frédéric Pierru et Fanny Vincent, met en évidence les limites de la thèse répétée ad nauseam par un bon nombre d’experts et de responsables administratifs et politiques selon laquelle « les difficultés de l’hôpital public ne viendraient pas d’un manque de moyens financiers, matériels et humains, mais d’un problème d’organisation et d’efficience », comme le conclu les auteurs. La froide analyse des chiffres dit tout autre chose : les capacités d’hospitalisation ont été drastiquement réduites depuis une décennie ; en vingt ans, le nombre de passages aux urgences est passé de 10 à 21 millions ; entre 2005 et 2009, l’activité dans le secteur public hospitalier a augmenté de 11 %, mais l’emploi de 4 % seulement.

Résultats: les soignants sont à bout ; les paramédicaux finissent par choisir des dispositifs à la limite de la légalité, qui allongent démesurément leur temps de travail (la journée de 12 heures, par exemple, étudiée par Fanny Vincent) en partie pour échapper à la dégradation de celui-ci ; la maltraitance supportée par les soignants rejaillit sur les patients eux-mêmes. Les conditions d’exercice du travail des personnels médicaux et paramédicaux de l’hôpital public se sont considérablement dégradées depuis des années, comme le montrent les enquêtes « Conditions de travail » du ministère du travail. Les personnels de la fonction publique hospitalière sont ainsi presque 40 % à déclarer « devoir faire trop vite, toujours ou souvent, une opération qui demanderait davantage de soin », face à une moyenne de 27 % pour l’ensemble des salariés.

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LJD

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