La réalité virtuelle entre en force dans l’enseignement supérieur

La réalité virtuelle entre en force dans l’enseignement supérieur

Les technologies immersives se développent rapidement à l’université, dans les formations techniques et les grandes écoles.

ANNA WANDA GOGUSEY

Dans l’académie de Toulouse, les professeurs en lycée professionnel et en BTS se sont passé le mot : « Si tu as un problème, appelle Bernard Durante, à Castres » Dans le secteur de la formation, la réalité virtuelle est encore affaire de bouche-à-oreille et d’huile de coude, même si le taux de développement du marché pourrait atteindre près de 200 % d’ici à 2023, selon les prévisions du cabinet de conseil IDC.

Alors on l’appelle, Bernard Durante, à Castres. enseignant de génie civil au lycée professionnel Le Sidobre, il élabore des scénarios virtuels en 3D pour ses élèves à Castres. Sur son temps libre – soirées, week-ends et vacances y passent. « Pour l’heure, c’est l’autoformation qui prime !, déclare-t-il. On est au début de quelque chose, comme dans les années 1980 lorsque la micro-informatique est arrivée. Cela demande de l’investissement. »

Le professeur a développé avec l’entreprise Mimbus, installée dans la banlieue toulousaine, un scénario de montage d’échafaudage. Monter, vérifier, utiliser : muni d’un casque de réalité virtuelle, l’étudiant en BTP expérimente des situations courantes et extrêmes, découvrant ainsi jusqu’où il est capable d’aller. « J’ajoute l’univers du chantier avec des bruits, des orages qui menacent, des pluies qui s’abattent, d’autres corps de métier qui travaillent… A dix mètres de hauteur, certains élèves ont le vertige, ce qu’ils ignoraient jusqu’ici. Lors de leurs stages, ils ne pourraient pas se confronter à une telle diversité de situations », déclare Bernard Durante.

Apprendre à souder avec un simulateur

Grâce aux technologies immersives – réalité virtuelle, réalité augmentée et réalité mixte –, les élèves répètent des opérations complexes à l’infini, à moindre coût et sans risque, jusqu’à atteindre la maîtrise parfaite du geste. « Ils peuvent faire des erreurs sans que leur sécurité soit mise en cause, reconfigurer l’environnement, modéliser des terrains d’entraînement inaccessibles, réaliser des scénarios impossibles à reproduire dans la réalité, des accidents, simuler des conditions rares, des incidents techniques », ajoute Richard Ngu Leubou, professeur en informatique aux universités de Limoges et de Strasbourg. « La réalité virtuelle sert aussi à former à des gestes techniques, comme nettoyer le fond du moule d’une cuve en aluminium, étape indispensable avant de mettre de la matière en fusion, mentionne Indira Thouvenin, professeure de réalité virtuelle à l’université de technologie de Compiègne et vice-présidente du bureau de l’Association française de réalité virtuelle. Elle prépare les étudiants à l’usine du futur. »

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.