Instabilité, robotisation… Face aux transformations de l’emploi, l’Europe en ordre répandu

Instabilité, robotisation… Face aux transformations de l’emploi, l’Europe en ordre répandu

Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a mis en place un « plan de choc » pour limiter les CDD et augmenté le salaire minimal de 740 à 900 euros mensuels.
Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a mis en place un « plan de choc » pour limiter les CDD et augmenté le salaire minimal de 740 à 900 euros mensuels. REUTERS/Toby Melville

Le taux d’inactivité a recouvré son niveau d’avant-crise sur le Vieux Continent. Mais, sous la conséquence de l’universalisation et de la robotisation, le fossé se creuse entre les emplois très exercés et peu qualifiés.

Au début, il jugeait récupérer la chambre de son enfance pour quelques mois seulement. Il y dort depuis bientôt quatre ans. Quand Joao Ferreira a perdu son travail d’assistant comptable à Lisbonne, en 2015, il est rentré vivre chez ses parents, près de la capitale portugaise. « J’ai dû ravaler ma fierté, mais c’était encore la crise », ajoute le jeune homme, qui vient de fêter ses 37 ans. Après deux ans de chômage, il a recouvré une mission pour une PME. Puis une autre.

La plupart du temps, ses embaucheurs le payent avec des « recibos verdes » (« reçus verts »), des contrats à l’origine conçus pour les indépendants, et offrant aux salariés des droits – congés, indemnités chômage et maladie – limités. « Beaucoup d’entreprises en abusent pour ne pas embaucher », déclare-t-il. En janvier, le gouvernement a réformé ce régime, sous lequel travaillent 300 000 Portugais, pour le rendre plus protecteur. « C’est bien mieux, reconnaît Joao. Mais ma situation reste trop précaire pour que je puisse reprendre un studio à Lisbonne. »

Au-delà des « recibos verdes » portugais, que dire des « contrats zéro heure » britanniques, des mini-emplois allemands ou encore des autoentrepreneurs français ? « En Europe, comme dans les nations industrialisées, le déséquilibre se développe aux marges et la qualité de certains emplois se dégrade », constate Stefano Scarpetta, spécialiste du sujet à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). De grandes mutations sont à l’œuvre au sein des marchés du travail européens, observe-t-il : « Elles se sont accentuées depuis la crise de 2008 mais, en vérité, elles ont commencé bien avant. »

Un jeune sur trois au chômage en Grèce

Douze ans après le choc des subprimes, le taux de chômage dans l’Union européenne (UE) est effondré à 6,5 %, selon Eurostat, soit son plus faible niveau depuis 2000. Mais ce bon chiffre masque des situations très disparates selon les Etats. « Les taux de chômage y varient de 2 % à 18,5 %, en fonction de la puissance plus ou moins forte de la reprise et des spécificités structurelles nationales », détaille Zsolt Darvas, économiste au centre de réflexion Bruegel, à Bruxelles (Belgique). L’Europe du Nord, les Pays-Bas, et surtout l’Autriche et l’Allemagne ont quasiment rattaché avec le plein-emploi. Outre-Rhin, le taux de chômage était de 3,2 % uniquement en janvier, d’après Eurostat.

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LJD

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