Chômage : quand l’Unédic punit le gouvernement

Chômage : quand l’Unédic punit le gouvernement

Pour la ministre du travail, 20 % des chômeurs ont une contribution supérieure à leur salaire. L’Unédic avance un chiffre plus faible.

Le débat sur la modification de l’assurance-chômage vient de connaître un effet très intrigant. A l’origine de ce nouvel épisode, une note de quatre pages rendue publique, mercredi 27 mars, par l’Unédic, l’association égalitaire qui pilote le dispositif de compensation des solliciteurs d’emploi. Ce document remet en cause l’un des arguments-clés de l’exécutif pour transformer le régime : il s’agit de l’idée selon laquelle 20 % des chômeurs profiteraient d’une allocation supérieure à leur salaire mensuel moyen, perçu avant de s’inscrire à Pôle emploi.

Ce chiffre avait été déclenché, fin février, par la ministre du travail, Muriel Pénicaud, lors d’une déclaration de presse à laquelle collaborait le chef du gouvernement, Edouard Philippe. Tout deux avaient estimé que le « système » repose sur des règles susceptibles d’engendrer des situations où le travail s’avère moins rémunérateur que l’indemnisation-chômage. Un discours qui avait plongé dans une colère noire plusieurs leaders syndicaux : Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, avait crié à la caricature et attrapé au pouvoir en place de vouloir faire passer les solliciteurs d’emploi pour des profiteurs.

Ecarts significatifs

Dans ce contexte très polémique, la note de l’Unédic, diffusée mercredi, fournit une participation très utile. Elle se penche sur le sort des bénéficiaires, « avant et après le début » de leur prise en charge par l’assurance-chômage, en exploitant des données relatives à novembre et décembre 2017. D’après ce document, ce sont surtout les personnes ayant travaillé « moins de 25 % de l’année précédant leur ouverture de droit » qui ont affecté une prestation supérieure à leur salaire antérieur. Or, elles sont peu nombreuses : 4 %, au total, soit un pourcentage très éloigné de celui invoqué par Mme Pénicaud. Précision importante : le cas de figure d’un demandeur d’emploi gagnant mieux sa vie au chômage peut se retrouver dans les catégories qui ont travaillé plus que 25 % des douze mois écoulés, mais « c’est rare », montre l’Unédic.

Ces conséquences ne vont pas certainement dans le sens des statistiques mises en avant, il y a un mois, par l’exécutif. Le ministère du travail avait alors exposé qu’il appuyait ses dires sur des recherches réalisées par Pôle emploi. L’opérateur public a, par la suite, apporté des explications orales à plusieurs journalistes, désireux d’en savoir plus, ainsi qu’à des responsables syndicaux. Mais à ce jour, aucun écrit n’a été diffusé – à la presse, tout au moins – pour exprimer l’analyse de Pôle emploi.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.