Chez Renault, la restructuration avance dans un climat de défiance

Chez Renault, la restructuration avance dans un climat de défiance

Manifestation pour la hausse des salaires et l’abandon des réformes des retraites et de l’assurance chômage, à Paris, le 17 septembre 2020.

Coup de chaud sur le dialogue social chez Renault. Réunis mardi 29 septembre lors d’un comité central social et économique (CCSE), les quatre syndicats représentatifs du groupe automobile en France ont voté contre le plan d’économies de 2,15 milliards d’euros et de 4 600 suppressions d’emplois en France ont fait savoir les organisations de salariés du constructeur au losange.

La rencontre était inscrite au calendrier par l’accord de méthode signé le 24 juillet par l’ensemble des syndicats et il était prévu que ces derniers donnent un avis – consultatif – sur la restructuration. Pour les éclairer dans leur choix, ils avaient mandaté, afin d’analyser la mise en œuvre du plan d’économies en France, le cabinet d’expertise sociale Secafi, qui a rendu ses conclusions lors du CCSE.

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« Il est apparu que la contribution forte des salariés français au plan de réduction d’effectifs par rapport au reste du monde n’avait pas de justification », déclare Guillaume Ribeyre, le délégué central CFE-CGC, le premier syndicat chez Renault. Côté CFDT, deuxième syndicat du groupe, le constat est cinglant : « provocation, atermoiements » sur la forme, et sur le fond une « absence de stratégie globale » et un plan qui « risque de laisser beaucoup de salariés en mal-être, voire pire, en burn-out ou bore-out ».

Climat de défiance

Troisième organisation, la CGT a « voté contre un plan de destruction d’emplois, de casse industrielle et d’abandon de la filière automobile en France », a déclaré son délégué central adjoint, Laurent Giblot, lors d’une conférence de presse. Enfin FO, qui « ne conteste pas la nécessité d’un plan d’économies », attend « une feuille de route claire qui garantisse la qualité du dialogue social, le maintien de l’emploi avec des engagements fermes ».

Selon un responsable de Renault, « la séance de mardi est une étape importante franchie car elle permet à la négociation d’avancer site par site »

Voilà qui ressemble à un climat de défiance. Pourtant, à la direction de Renault, on récuse cette analyse. « C’est davantage un vote contre le passé, contre la communication du plan en février et en mai, que le signe d’un blocage du dialogue social, avance un responsable. La séance de mardi est d’ailleurs une étape importante franchie car elle permet à la négociation d’avancer site par site. » Même si la direction martèle que les 4 600 postes supprimés sont intangibles, des marges de manœuvre semblent s’être ouvertes, non pas dans l’ingénierie (où 5 500 emplois de sous-traitants sont menacés, en plus des 1 500 de Renault selon le rapport Secafi), mais dans la production.

Les annonces du directeur général, Luca de Meo, sur Alpine (elle devient la marque de sport de Renault) ont donné quelques espoirs aux salariés de l’usine de Dieppe. Le transfert de Maubeuge (production des Kangoo) à Douai ne semble plus à l’ordre du jour. En revanche, l’avenir de la Fonderie de Bretagne au sein de Renault paraît davantage compromis, et la fermeture et le transfert à Flins du site de Choisy-le-Roi sont confirmés.

« Il y a encore beaucoup trop de flou, déplore M. Ribeyre. Ce qui manque, c’est un plan stratégique et un plan produit. Et ils ne seront pas dévoilés avant le début de l’année prochaine. Pour le moment, on ne sait pas où on va. »

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LJD

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