« Les propositions gouvernementales sont bien en deçà des propositions du rapport Sénard-Notat sur le statut de l’entreprise »

La loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) est en débat à l’Assemblée nationale depuis le mardi 25 septembre.

Tribune. Le président de la République l’avait pourtant bien dit sur TF1 le 18 octobre 2017 : « L’entreprise ne peut être simplement un rassemblement des actionnaires. Le code civil la définit comme tel ; l’entreprise, c’est un lieu où des femmes et des hommes se sont engagés, certains mettent du capital, d’autres du travail. »

Forts de ces propos, nous étions pleins d’espoir de voir la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) – en débat à l’Assemblée nationale depuis le mardi 25 septembre – affirmer l’ambition de repenser la place de l’entreprise dans la société. En effet, il est temps de mettre fin à cet anachronisme français qu’est la définition de la société commerciale, qui ne connaît que l’intérêt exclusif des actionnaires ; il est temps de renforcer le poids des salariés, l’autre partie constituante de l’entreprise, au sein des conseils d’administration à l’instar des autres pays de l’Union européenne.

Depuis près d’un an, nous sommes nombreux, universitaires, fondations, think tanks, syndicalistes, patrons progressistes, ONG, à avoir échangé autour d’une vision de l’entreprise, à la fois projet collectif, lieu de création de richesse partagée, espace de travail où chacun peut trouver, en plus d’un revenu, un sens à son activité et son propre épanouissement personnel.

Quatre propositions majeures

Même si, pour nous, l’entreprise est aussi un objet politique du fait de son influence sur la vie des individus, nous nous sommes rangés sous la bannière du rapport présenté par Jean-Dominique Sénard, président de Michelin, et Nicole Notat, présidente de l’agence de notation extra-financière Vigeo (« L’entreprise, objet d’intérêt collectif », Rapport aux ministres de la transition écologique, de la justice, de l’économie, 9 mars 2018), et nous avons soutenu leurs quatre propositions majeures : intégration de la responsabilité sociale et environnementale dans le…

Fonction publique : des salaires qui patinent

2 505 euros net. C’est le salaire moyen net perçu par un agent de la fonction publique d’Etat (FPE) – fonctionnaire ou non – en 2016, d’après les dernières données de l’Insee publiées fin août. Pour l’ensemble de la fonction publique, le salaire net moyen est de 2 230 euros par mois en 2016, avec en tête les 2 505 euros de la FPE, suivie de la fonction publique hospitalière (FPH) à 2 260 euros. La fonction publique territoriale (FPT) ferme la marche, avec une moyenne de 1 900 euros.

Indicateur plus parlant, le RMPP mesure l’évolution moyenne de la rémunération des personnels présents durant deux années consécutives chez le même employeur et avec le même temps de travail, soit les deux tiers des agents

« Ces écarts entre les trois versants de la fonction publique s’expliquent par des structures d’emploi différentes, que ce soit en termes de catégorie hiérarchique, de statut ou du type d’emploi occupé », explique Fabien Guggemos, chef de la division salaires et revenus d’activité à l’Insee. Ainsi, la FPE compte 53 % de cadres de catégorie A (fonctions de conception et de direction), alors qu’ils ne sont que 32 % dans la FPH et 9 % dans la FPT. A l’inverse, 76 % des agents de la FPT sont de catégorie C (fonctions d’exécution), alors qu’ils sont 49 % dans la FPH et 21 % dans la FPE.

La hausse du salaire net moyen pour l’ensemble de la fonction publique a été de 0,4 % en 2016, corrigée de l’inflation. « Au-delà de mesures comme la revalorisation du point d’indice, cette hausse reflète les évolutions individuelles dont les effets de carrière liés à l’ancienneté, explique Fabien Guggemos, mais aussi les variations de la structure d’emploi, par exemple en termes de statut (évolution du nombre de contrats aidés dans l’effectif) ou en termes d’âge (du fait des départs à la retraite et des recrutements). »

Un indicateur plus parlant est dès lors le RMPP, qui mesure l’évolution moyenne de la rémunération des personnels présents…

Macron appelle à accepter une offre d’emploi « même si ce n’est pas exactement ce qu’on veut »

Emmanuel Macron à Goyave, vendredi 28 septembre.

Le ton reste résolument incitatif, en dépit des nombreuses critiques évoquant un mépris présidentel. Emmanuel Macron à de nouveau appelé vendredi 28 septembre les chômeurs à accepter les offres d’emploi « même si ce n’est pas exactement ce qu’on veut », afin de « se mettre le pied à l’étrier », lors d’un échange à la fin de sa visite en Guadeloupe.

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Lors d’un bain de foule dans la commune de Goyave, le chef de l’Etat a échangé avec un jeune homme. En lui rappelant ses propos controversés sur « traverser la rue pour trouver un emploi », ce dernier lui a objecté que « ce n’est pas comme ça que ça fonctionne ».

« Il y a des secteurs qui embauchent qui correspondent à vos formations ou qui ne nécessitent pas de formation et où il faut aussi accepter dans un premier temps, pour se mettre le pied à l’étrier, d’y aller. Et ce n’est pas un gros mot de dire (ça) à notre jeunesse. »

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« Je sais comment vous vivez »

Son jeune interlocuteur lui a alors rappelé les difficultés économiques aux Antilles. « Vous savez comment nous vivons », a-t-il plaidé. « Je sais comment vous vivez, c’est pour ça que je viens ici, (mais) c’est facile pour personne. Je suis toujours aux côtés de ceux pour qui c’est pas facile, sinon je serais pas là et je me battrais pas chaque jour », a répondu M. Macron. « Parce que sinon, on est dans une société qui en quelque sorte demande toujours la solution à l’autre », a jugé le chef de l’Etat.

En conseillant il y a deux semaines à Paris à un jeune horticulteur au chômage de chercher un emploi dans les cafés-restaurants, où il suffirait de « traverser la rue » pour décrocher un travail, Emmanuel Macron avait suscité la polémique. Le chef de l’Etat s’était à la fois vu reprocher une forme de condescendance vis-à-vis des chômeurs, mais également d’appeler les demandeurs d’emploi à renoncer aux secteurs auxquels ils aspirent.

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Harcèlement moral : la direction de Weight Watchers mise en cause

Logo  Weight Watchers.

« Je n’aurais pas pu faire autre chose que de travailler pour le bien-être des salariés. » Après avoir vécu une expérience qu’elle qualifie de « destructrice » dans une entreprise, Anne-Véronique Herter, ex-responsable marketing, a voulu « être utile » aux victimes de souffrance au travail. Depuis le 3 septembre, elle se consacre à son nouveau métier : consultante en prévention des risques psychosociaux (RPS), dans un cabinet spécialisé.

Dans son livre Le Cri du corps, paru le 3 mai (Editions Michalon), Mme Herter, auteur de deux autres ouvrages, témoigne du harcèlement moral dont elle dit avoir fait l’objet à son travail. Lors de son embauche, en 2008 dans cette nouvelle entreprise, après une dizaine d’années en agence de communication, elle avait cru entrer dans « la boîte de (sa) vie ». Elle va connaître au bout de quelques années une descente aux enfers, faite d’humiliations et de dénigrement de la part de plusieurs directrices. Elle ne voit alors d’issue que dans la mort. Elle n’ira pas jusque-là, mais séjournera en clinique psychiatrique, ce qui lui permettra de se reconstruire. Et, enfin, de quitter cette entreprise en octobre 2017.

Cette dernière, dont Mme Herter ne cite pas le nom, est, selon nos informations, Weight Watchers, la filiale de la compagnie américaine qui a changé de nom le 24 septembre pour se rebaptiser WW pour se retrouver en phase avec son nouveau slogan « Wellness that works », soit « le bien-être qui marche ». L’entreprise propose, notamment, des programmes de perte de poids, diffusés en ligne ou lors de réunions animées par des « coachs ».

« L’entreprise que (Mme Herter) décrit n’est pas la nôtre, réagit Joël Thivet, directeur marketing et communication chez Weight Watchers France. C’est une histoire qu’elle s’est racontée. Peut-être pour lancer sa carrière d’écrivain. » Pourtant, après un entretien…

Dégressivité du chômage pour les cadres : la CFE-CGC dénonce le « populisme » du gouvernement

Le président de la Confédération française de l’encadrement – Confédération générale des cadres (CFE-CGC), François Hommeril, estime qu’en évoquant la piste d’une possible dégressivité des allocations de chômage pour les hauts salaires, jeudi 27 septembre, le premier ministre, Edouard Philippe, « tombe dans la stigmatisation des cadres ».

« Je suis déçu car le gouvernement se lance dans une opération de communication populiste », déclare M. Hommeril dans une interview publiée samedi par Libération. « Le plus grave, ajoute-t-il, c’est de faire croire que la dégressivité des allocations chômage va faire baisser le chômage. C’est faux, toutes les études l’ont démontré. »

Le premier ministre a déclaré jeudi sur France 2 que « dans certains cas », cette dégressivité pouvait être « envisagée », et « peut avoir du sens » pour ceux qui ont « une très forte employabilité, pour ceux qui ont des salaires très élevés ».

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Nouvelle négociation sur l’assurance-chômage

Selon le président de la CFE-CGC, les cotisations des cadres « représentent 42 % des ressources » de l’assurance-chômage, alors que les allocations qu’ils perçoivent n’en représentent que « 15 % ».

« Que les cadres participent à la solidarité, c’est très bien ! Mais il est inadmissible de les en exclure », s’indigne M. Hommeril, qui juge « stupéfiant » de voir le premier ministre « tomber dans la stigmatisation des cadres ».

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D’autant que « la réalité », selon lui, « c’est que nombre de cadres qui perdent leur place entre 45 et 65 ans ont du mal à retrouver un emploi équivalent ». Pour le président de la CFE-CGC, ce qui coûte cher à l’assurance-chômage, « ce sont les contrats courts : cela représente quatre à six milliards d’euros », dit-il.

Les partenaires sociaux doivent s’engager dans une nouvelle négociation sur l’assurance-chômage, voulue par le gouvernement, qui leur demande notamment de faire de 3 à 3,9 milliards d’euros d’économies sur trois ans.

La diminution de l’emploi intérimaire se confirme en août

Le travail intérimaire, considéré comme un compteur avancé de la situation générale de l’emploi, a vu la immobilisation de sa croissance se confirmer en août, avec une augmentation limitée à 0,1% contre 0,3% en juillet, selon le barème mensuel Prism’emploi publié jeudi.

« Le marché reste néanmoins à un niveau historiquement élevé », souligne Prism’emploi, qui associe plus de 600 entreprises de recrutement et d’intérim.

L’emploi intérimaire a évolué dans la majorité des secteurs en août.

Les services ont enregistré le mois dernier une hausse de 9,6% de leurs effectifs par rapport à août 2017 et l’évolution a également été positive dans le BTP (+1,7%) et les transports (+0,8%).

En revanche l’intérim a reculé de 0,9% dans le commerce et de 3,3% dans l’industrie.

L’amélioration des effectifs intérimaires s’applique selon les catégories professionnelles et reste orientée à la hausse pour les plus qualifiés tandis qu’elle recule pour les moins qualifiés.

L’emploi des cadres et professions intermédiaires progresse ainsi de 4,8% et celui des employés s’inscrit en hausse de 3,3%.

Impactées par le recul dans l’industrie et le ralentissement dans le BTP, les catégories des ouvriers voient leurs effectifs intérimaires reculer de 1,6% (-0,9% pour les ouvriers qualifiés et -2,2% pour les

Contre les fonds activistes « une défense efficace est possible »

Entreprises. Il y a peu, Danone et Vivendi ont subi les attaques de fonds activistes (hedge funds en anglais). Jusque-là rares en France, les actions de ce type sont au nombre de trois cents chaque année aux Etats-Unis. Mais qu’est-ce qu’un fonds activiste ? Comment peut-il déstabiliser une entreprise avec un petit nombre d’actions ? Et que peut faire une entreprise pour se défendre ?

le fonds activiste va tenter d’imposer une stratégie qui maximise la valeur des actions

Un article récent, qui décrit de manière clinique l’attaque du fonds américain JANA Partners et la résistance d’Agrium, géant canadien de la chimie agricole (« Activisme de fonds de couverture et stratégie de défense des entreprises », Sylvie Berthelot et Vanessa Serret, Revue française de gestion n° 272, 2018), montre qu’une défense efficace est possible.

Les fonds activistes ne sont pas des redresseurs d’entreprises en difficulté. Ils s’attaquent à des entreprises qui font beaucoup de R&D (recherche et développement) ou maintiennent des activités raisonnablement rentables mais qui, qu’elles soient en bonne santé ou connaissent une baisse conjoncturelle de leurs bénéfices, distribuent des dividendes modérés. A l’inverse, le fonds va tenter d’imposer une stratégie qui maximise la valeur des actions.

Une manœuvre d’abord « pacifique »

Fin 2011, le canadien Agrium, leader des engrais agricoles, est une cible parfaite. Après un développement remarquable, il est 25e sur 244 à l’indice boursier de Toronto, mais subit une baisse du prix de la potasse et du rendement global de ses actions. C’est le bon moment pour le fonds JANA Partners, qui annonce en mai 2012 avoir acquis plus de 5 % des titres de l’entreprise.

La manœuvre est d’abord « pacifique » : le fonds demande à la direction de céder sa filiale de commerce de détail, jugée insuffisamment rentable. Agrium comprend la menace : il double ses dividendes et procède à un…

Compagnies aériennes régulières et à bas coûts rapprochent leurs pratiques

Un Airbus A320-200 de Vueling, à l’approche de l’aéroport de Roissy, près de Paris, en juillet 2017.

Les compagnies régulières et celles à bas coûts vont-elles finir par se ressembler ? Plus les années passent, plus les différences s’estompent entre les grandes rivales du transport aérien. Une nouvelle preuve de ce rapprochement a été apportée par la low cost Vueling.

La filiale espagnole du groupe britannique IAG, maison mère de British Airways, a annoncé, jeudi 27 septembre, une nouvelle organisation de son offre tarifaire. A l’instar des compagnies régulières comme Air France, British Airways et consorts, Vueling propose désormais des options – avec tarifs et offre de sièges adaptés – conçues spécialement pour les familles et les voyageurs d’affaires.

Cette démarche rompt avec le credo de départ des compagnies à bas coûts, qui avaient opté pour un tarif unique. Au fil des ans, ce prix de base s’est enrichi d’une kyrielle d’options payantes comme le choix du siège, l’embarquement rapide ou l’enregistrement de bagages en soute. Vueling explique la diversification de son offre tarifaire par la volonté de « s’adapter au mieux aux besoins de ses clients ».

En effet, la filiale espagnole d’IAG a constaté que seuls « 70 % de ses passagers l’ont choisie pour le prix » de ses billets, signale son directeur commercial, David Garcia Blancas. Parmi les 21,5 millions de passagers transportés entre janvier et août, « 30 % sont des clients affaires », notamment des patrons ou des cadres de PME. Ces clients sont « très intéressés par les prix » bas de Vueling, constate M. Garcia Blancas, mais ils souhaitent aussi des billets modulables pour s’adapter à leurs contraintes professionnelles.

Conflits sociaux

Chez Vueling, les familles doivent débourser 20 euros de plus par siège pour voyager côte à côte, tandis qu’il en coûte 35 euros supplémentaires aux passagers business pour acquérir un billet modifiable et un embarquement prioritaire. Ces options font la fortune des low cost. EasyJet a ainsi dévoilé,…

Unédic : le premier ministre s’invite dans le débat sur la dégressivité

Edouard Philippe, lors de « L’Emission politique » sur France 2, le 27 septembre.

Edouard Philippe s’est invité dans les négociations sur la réforme de l’assurance-chômage avant même qu’elles ne débutent. Au cours de « L’Emission politique » sur France 2, le premier ministre a déclaré, jeudi 27 septembre, que la dégressivité des allocations, versées aux demandeurs d’emploi, peut être « dans certains cas (…) envisagée ». Une intervention qui fait froncer les sourcils de leaders syndicaux et patronaux, déjà bien peu disposés à se lancer dans des discussions destinées à revoir les conditions d’indemnisation des chômeurs.

Pour le chef du gouvernement, instaurer « une forme de dégressivité peut avoir du sens », s’agissant des personnes en quête d’un poste, qui ont « une très forte employabilité (…), qui ont des salaires très élevés ». Cette option-là n’est pas inscrite dans le document de cadrage que l’exécutif a adressé aux partenaires sociaux afin de tracer les grandes orientations de la réforme. Mais elle y figure en filigrane, puisqu’il est question de refondre un dispositif qui ne tient pas compte des « différences de capacité à retrouver un emploi ».

Autrement dit, les chômeurs hautement qualifiés, qui sont censés pouvoir rebondir rapidement sur le marché du travail, se verraient appliquer des règles plus strictes. « Nous mettons sur la table un certain nombre de pistes qui nous semblent raisonnables (…), dont les partenaires sociaux vont discuter », a complété M. Philippe. Pas d’injonction, donc, mais son propos est un peu plus directif que celui de Muriel Pénicaud : la ministre du travail a, plusieurs fois, indiqué que le gouvernement n’avait pas à dicter de solutions.

« Dualité du marché du travail »

Le secrétaire général de FO, Pascal Pavageau, fulmine contre la sortie de M. Philippe : « Si c’est une tentative de nous mettre la pression au moment où l’on va peut-être ouvrir la négociation, ça va ! Nous ne sommes pas des sous-traitants du gouvernement….

Les vols de plus de 40 000 passagers Ryanair affectés par la grève

La compagnie aérienne à bas coûts Ryanair promettait d’assurer la plupart de ses vols vendredi 28 septembre, malgré un appel à la grève dans plusieurs pays européens du personnel de cabine et des pilotes, qui réclament de meilleures conditions de travail.

Le transporteur irlandais prévoit l’annulation de 250 vols sur les 2 400 programmés en Europe, expliquant que la majorité de ses salariés travailleront normalement.

Le transporteur précise que tous les clients concernés ont été prévenus par courrier électronique et SMS depuis mardi. « Nous trouvons cette grève déraisonnable et quelque peu en décalage avec les progrès que nous pensions avoir réalisés », a affirmé jeudi Peter Bellew, le directeur opérationnel de Ryanair. « En n’annulant pas assez de vols en vue de la grève, Ryanair adopte un comportement irresponsable qui pourrait créer tensions et insécurité pour tout le personnel de l’aéroport, de Ryanair et les passagers concernés », a pour sa part prévenu le syndicat belge CNE, affilié à la Confédération des syndicats chrétiens.

Contrats par pays

L’appel à la grève concerne les personnels navigants en Espagne, au Portugal, en Belgique, aux Pays-Bas, en Italie et en Allemagne, rejoints par les pilotes dans certains de ces pays.

Les syndicats réclament de meilleures conditions de travail et l’emploi de chaque salarié via un contrat relevant de son pays de résidence, contrairement à la pratique historique de Ryanair d’employer une bonne part de son personnel via des contrats de droit irlandais.

La commissaire européenne aux affaires sociales, Marianne Thyssen, est intervenue mercredi pour rappeler Ryanair à l’ordre, après sa rencontre avec le directeur général de la compagnie, Michael O’Leary. « Le respect du droit communautaire n’est pas quelque chose sur lequel les travailleurs devraient avoir à négocier, ni quelque chose qui peut être fait différemment d’un pays à l’autre », a-t-elle prévenu. « Le marché intérieur n’est pas une jungle : il comporte des règles claires sur la mobilité équitable du travail et la protection des travailleurs », a ajouté la commissaire belge.

« Annulez cette grève ! »

Pour la Commission européenne, « ce n’est pas le pavillon de l’avion qui détermine la loi applicable. C’est l’endroit d’où les travailleurs partent le matin et reviennent le soir, sans que l’employeur ait à couvrir les frais ».

M. O’Leary a pour sa part appelé à « annuler la grève » lors d’une conférence de presse mercredi à Diegem, près de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, selon des propos rapportés par l’agence Belga. « On accepte de négocier et il y a quand même une grève », a-t-il fait valoir, avant de lancer : « Annulez cette grève qui n’est pas soutenue par la très grande majorité des travailleurs de Ryanair ! »

La compagnie irlandaise connaît une grogne sociale endémique depuis un an, qui a débuté avec le mécontentement de ses pilotes. La compagnie a tenté d’éteindre la contestation en signant dernièrement plusieurs accords avec des syndicats, notamment au Royaume-Uni, en Irlande et en Italie, dans lesquels la direction accepte des augmentations de salaire et des améliorations des conditions de travail.

La grève de vendredi marque la poursuite d’un mouvement social qui a déjà frappé la compagnie aérienne cet été avec deux vastes mouvements coordonnés dans plusieurs pays européens : chez le personnel de cabine fin juillet (600 vols annulés et 100 000 passagers touchés) puis chez les pilotes au cœur du mois d’août (400 vols annulés et 55 000 passagers touchés). Ryanair avait aussi dû annuler 150 vols en Allemagne le 12 septembre en raison d’une grève des pilotes et du personnel.

L’entreprise irlandaise compte 86 bases en Europe, selon son site Internet, qui lui permettent de stationner ses avions et de domicilier son personnel. Elle a annoncé jeudi l’ouverture de deux nouvelles bases en France, à Bordeaux et Marseille, où elle n’était plus présente depuis 2011.