General Electric impose un remède de cheval à son pôle énergie

Des turbines à gaz en construction à l’usine de Belfort de General Electric, en 2014.

General Electric (GE) est plus que jamais plombé par son pôle énergie, qui avait absorbé les activités « Power » (énergie) d’Alstom en 2015 pour 12,5 milliards d’euros. Le géant américain a annoncé, mardi 30 octobre, une perte historique de 22,8 milliards de dollars (20 milliards d’euros) au troisième trimestre et une restructuration de cette division produisant et assurant la maintenance de puissantes turbines pour centrales électriques (nucléaire, gaz, charbon, hydraulique).

Lawrence Culp, remplaçant de John Flannery, limogé sans ménagement le 1er octobre après quatorze mois à la tête du groupe, avait annoncé la couleur dès sa nomination à la tête de GE. Il envisageait de déprécier jusqu’à 22 milliards d’actifs de la branche Power pour redresser GE. Après un tour du monde (et du groupe) de quatre semaines, le nouveau PDG en conclut que si GE est une « entreprise fondamentalement solide, dotée d’une équipe talentueuse et d’excellentes technologies », ses résultats sont « loin de refléter ce potentiel ».

« Nous allons mettre les bouchées doubles et demander qu’on rende davantage de comptes au sein de l’organisation, pour enregistrer de meilleurs résultats », a-t-il prévenu, mardi. Joignant les actes à la parole, M. Culp a annoncé la scission en deux entités de la division énergie (comprenant Alstom) – toujours malade de la chute des commandes de turbines liée à la baisse des prix de l’électricité sur les marchés de gros. Amorcée il y a plusieurs années, cette forte baisse a entraîné d’énormes surcapacités à travers le monde. Pour GE, les difficultés se sont aggravées, mi-septembre, avec l’annonce de problèmes d’oxydation sur ses turbines de nouvelle générations, censées réarmer le groupe face à une concurrence de plus en plus dure.

34 millions d’euros au lieu des 1 000 emplois promis

Une première unité réunira la production des grosses turbines à gaz et les services associés ; la seconde regroupera…

8 universités s’unissent pour la création d’une Université Civique Européenne

Avec l’objectif de la création d’un espace universitaire intégré où étudiants, universitaires, chercheurs et personnels se mobilisent et coopèrent aussi librement que dans leur organisme d’origine, 8 universités ont décidé de créer ensemble une université civique européenne.

Le but de cette union est d’encourager le multilinguisme par la rencontre d’individus parlant anglais, français, allemand, grec, italien, roumain, espagnol et suédois.
C’est pourquoi font partie du projet : Aix Marseille Université (France), l’Université Kapodistrian (Grèce), l’Université de Bucarest (Roumanie), l’Université Libre de Brxelles (Belgique), l’Université Autonome de Madrid (Espagne), l’Université de Rome la Sapienza (Italie), l’Université de Stockholm (Suède), et Eberhard Karls Universität Tübingen (Allemagne).
Cette grande université européenne va créer un espace créatif et responsable d’enseignement, de recherche, d’échanges culturels et d’action citoyenne tout en dialoguant avec le monde, ses habitants et ses institutions.

Le Projet

Ce projet vise à promouvoir les valeurs, les cultures et la citoyenneté européennes auprès de nouvelles générations d’étudiants. Il va épauler des collaborations novatrices et intégrées, en dehors des frontières, des langues ou des disciplines universitaires. Il agira au même temps localement et globalement, tout en défiant les problèmes sociaux, économiques ou environnementaux.

Cet engagement va favoriser la croissance et la multiplication des opportunités à tous les niveaux, pour toutes les universités partenaires et pour l’Europe dans son ensemble. L’Université Civique Européenne se conçoit comme un outil essentiel du renouveau du processus d’intégration européenne.
Toutes les universités partenaires ont comme objectif commun : inclure un engagement auprès des territoires et de leurs acteurs socio-économiques et culturels. Ainsi, elles associeront leurs ressources dans les domaines de l’enseignement et de la recherche pour répondre aux besoins d’aujourd’hui et de demain, comme l’urbanisation, l’énergie et le changement climatique, le vieillissement, le patrimoine culturel.
Les grands défis seront de même pédagogiques, pour offrir les opportunités communes dans l’enseignement supérieur à tous les étudiants, ou pour développer de nouvelles méthodes d’apprentissage numérique.

Processus d’évaluation : « Etre premier en ordre de passage vous pénalisera »

Teacher sitting at desk with stack of papers to grade, portrait

Tribune. Si décider de votre horaire de passage à un concours vous a toujours angoissé, vous avez bien raison car c’est loin d’être un détail sans influence sur le résultat. C’est la leçon d’expériences menées par deux chercheurs de l’université de Virginie, qui ont mis en évidence un nouveau biais cognitif (« Do Evaluations Rise With Experience ? » Kieran O’Connor, Amar Cheema, Psychological Science n° 29/5, 1er mars 2018).

Ils ont demandé à un groupe de 168 étudiants de donner un score à dix histoires qu’on leur demandait de lire, à raison d’une histoire par jour, de façon à étaler le processus d’évaluation dans le temps. L’ordre dans lequel les histoires leur étaient données différait selon les étudiants. Or, ce sont les histoires lues dans les derniers jours qui ont eu le meilleur score, peu importe laquelle. En fait, la note attribuée avait tendance à monter jour après jour. On leur a ensuite demandé, au fur et à mesure qu’ils avançaient dans leur évaluation des dix histoires, de juger la difficulté de cette tâche d’évaluation. Véracité, style, contenu, genre, chacun avait des critères d’évaluation différents, mais tous étaient d’accord pour dire que la tâche devenait plus facile avec le temps.

C’est ce qui fait penser aux chercheurs que notre cerveau confond inconsciemment la facilité à donner un score avec le score lui-même, comme si quelque chose qui devient (plus) facile à évaluer était forcément meilleur ! Et si l’on peut parler de « biais cognitif », c’est parce que les participants étaient persuadés d’évaluer de la même manière au début du test comme à la fin.

L’objectivité existe-t-elle ?

Si on fait le bilan de toutes les situations où une estimation s’étale dans le temps, cette expérience est riche d’enseignements. Passer le premier ou le dernier à l’épreuve orale, c’est un dilemme auquel tous les étudiants font face : les partisans d’aller les premiers à l’examen pensent avoir des questions…

La Formation professionnelle : l’Oise fortement touchée

Durant la semaine dernière l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) a annoncé un plan de changement qui prévoit la fermeture en France de 13 centres sur 112 et 25 centres associés. La région ne va pas y échapper et devrait même payer un dur tribut.

«  La Picardie est gravement touchée  », dénonce Éric Carpentier, secrétaire du comité régional d’établissement (CRE) et représentant Sud. Selon lui, une cinquantaine de postes sont avisés. «  Le centre de Beauvais va fermer et celui de Compiègne va devenir un centre annexe à celui de Creil, affirme-t-il. Et un centre annexe, on sait tous ce que cela veut dire à l’Afpa, ça veut dire que dans le futur, il va disparaître.  »

Les élus de Beauvais, Compiègne et Creil réagissent

Selon Eric Carpentier, sur les 16 formations actuellement existantes, il n’en restera qu’une seule. «  Seule la chimie va continuer à exister à Compiègne. Cela veut dire que si l’an prochain l’appel d’offres de l’Afpa pour la chimie n’est pas retenu par la Région, le centre va fermer ses portes sans que personne ne soit forcément informé. Car quand l’Afpa ferme un centre annexe, elle n’est pas obligée de le faire publiquement.  »

A travers une note que les élus du Pôle métropolitain de l’Oise (PMO), composé des agglomérations de Beauvais, Creil et Compiègne, vont réagir. «  Le PMO ne peut se résoudre à accepter cette décision et dénonce cette politique qui consiste à retirer des services et pénaliser nos concitoyens, avancent-ils. Chaque territoire a sa propre identité et les élus ne peuvent se réjouir de cette décision de concentrer les formations sur un même lieu. Loin de les diviser, le fait que Creil soit le seul bénéficiaire dans cette décision les rend au contraire encore plus solidaires pour s’élever contre ce projet. Les territoires du Beauvaisis et de la Région de Compiègne seraient privés du premier service public de formation professionnelle et d’un établissement structurant en matière de formation  ».

« The Job », Pôle emploi à l’heure de la téléréalité

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Dans un article paru sur le site StreetPress, le 17 octobre, le journaliste Mathieu Molard révélait que plusieurs agences Pôle emploi, afin d’organiser des sessions de recrutement, s’étaient inspirées de « The Voice », le télécrochet de TF1. Face au tollé, la direction de Pôle emploi a décidé de suspendre l’opération.

Rappelons le concept : un jury, composé de quatre professionnels de l’industrie musicale installés dans des fauteuils aux allures de trône, procède à des auditions « à l’aveugle ». Tournant le dos aux candidats, les jurés doivent sélectionner les interprètes qui rejoindront leur équipe en se basant sur le seul critère vocal. Lorsqu’il pense être en présence d’un candidat valable, le juré appuie sur un buzzer et son fauteuil pivote, volte-face permettant de créer les conditions d’un dialogue à peu près décent.

Brochette de nuques mutiques

Derrière l’argument consistant à ne pas juger les gens sur leur physique, transparaît un mépris statutaire habilement mis en scène. Ce n’est qu’à partir du moment où il représente un capital exploitable que le candidat à l’emploi obtient un semblant de considération. On peut voir dans ce dispositif savoureusement asymétrique la mise en scè­ne d’un féodalisme managérial dont on retrouve malheureusement la trace en entreprise.

Qu’un chanteur professionnel vous fasse sentir toute la puissance de son arbitraire en ne vous accordant même pas un regard rappelle ces moments où le N + 1 vous parle en consul­tant ses textos, les pieds sur son bureau, attitude ayant pour but de vous ravaler au rang de sous-espèce. On peut donc se demander pourquoi faire vivre une telle humiliation à un public déjà fragilisé.

Baptisé « The Job », ce jeu de recrutement invite électroniciens, ou­vriers d’abattoirs, soudeurs, manutentionnaires, manœu­vres, maçons, électriciens, préparateurs de commandes, électroniciens, agents de fabrication, à tenter de s’attirer les bonnes grâces d’une brochette de nuques mutiques appartenant à des recruteurs d’agences d’intérim. « Démarquez-vous et décrochez une immersion en entreprise, un entretien d’embauche, voire un emploi ! », promet le slogan sur les affiches.

La baisse des contrats aidés, un problème dans le monde rural

Depuis la baisse drastique du nombre de contrats aidés, décidée par le gouvernement, l’Association rurale d’éducation populaire (AREP) a des difficultés pour boucler son budget et continuer de prendre en charge la garderie, le réfectoire, l’étude, la bibliothèque de la vallée de la Corneilla. Ces emplois étaient subventionnés parfois jusqu’à 95 % du taux brut du smic. A Festes-et-Saint-André (Aude), elle a failli coûter leur poste à quatre des sept salariés de l’AREP. Pour prolonger trois contrats, requalifiés en CDD, la petite structure a dû puiser dans son fonds de roulement. Un reportage photographique nous fait découvrir l’essentiel des services périscolaires de l’association.

Contrats aidés, ces emplois dont on ne peut pas se passer

Garderie, réfectoire, étude, bibliothèque : la petite structure prend en charge l’essentiel des services périscolaires de la vallée de la Corneilla (Aude).

Les torrents d’eau qui se sont déversés sur l’Aude ont, pour une fois, épargné la vallée de la Corneilla. Aucun dégât sérieux à déplorer dans ce bout de campagne heureuse, nichée dans les premiers contreforts des Pyrénées. Comme chaque jour, les cinquante-quatre enfants du regroupement pédagogique de Festes-et-Saint-André, Bourigeole, Bouriège et Roquetaillade, ont rejoint leurs écoles. Et comme chaque jour, ils ont déjeuné dans les locaux qui jouxtent la mairie, face à une antique remise, toujours à vendre.

Pourtant, si les murs ont tenu, un pan entier de la vie locale menace, lui, de s’effondrer. L’Association rurale d’éducation populaire (AREP), en sursis depuis plus d’un an, a besoin de 25 000 euros pour boucler son budget et continuer de prendre en charge la garderie, le réfectoire, l’étude, la bibliothèque, bref, l’essentiel des services périscolaires de la vallée. « Des missions qu’on remplit à la place de l’Etat », précise la directrice, Claire Poussou. Des missions en péril aussi depuis la baisse drastique du nombre de contrats aidés, décidée par le gouvernement en 2017.

Cassure

Destinés en priorité aux chômeurs de longue durée, aux jeunes sans qualification et aux allocataires de minima sociaux, ces emplois étaient subventionnés parfois jusqu’à 95 % du taux brut du smic.

Au deuxième trimestre 2017, 474 000 personnes en bénéficiaient dans le secteur non marchand grâce, notamment, aux contrats d’accompagnement dans l’emploi (CAE). Elles n’étaient plus que 280 000, un an plus tard, après les coupes de l’Etat. Une taille justifiée par le faible taux d’insertion sur le marché du travail des intéressés. D’après la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), seuls 26 % jouissaient d’un emploi durable six mois après la fin de leur contrat.

« Ces contrats sont des pansements qui ne font que cacher les plaies, on n’a pas le choix », se désespère Thomas Fonder, le président…

Le chômage, la Macronie y pense toujours, et n’en parle (presque) jamais

Surtout ne pas se lier à des chiffres, ne pas se contraindre par une tendance. Contrairement à son prédécesseur François Hollande, Emmanuel Macron a très vite décidé de décorréler son destin politique de la courbe du chômage. Interrogé sur la question par des journalistes de TF1 lors d’une interview en octobre, il avait déclaré : « La baisse du chômage ne se décrète pas. » Fermez le banc.

Dans un entretien accordé vendredi 26 octobre à plusieurs journaux régionaux, le premier ministre Edouard Philippe explique qu’« en 2017 et en 2018, on a créé beaucoup plus d’emplois en France qu’il n’y en a eu de détruits. Et on a créé de vrais emplois, pas des emplois aidés. La dynamique est là et je suis confiant ».

Très tôt, le président de la République a donné le ton de ce qui allait être une particularité de son mandat sur le front de l’emploi : en Macronie, finalement, on parle beaucoup de travail mais peu de chômage. C’est ainsi que la publication des chiffres de Pôle emploi est passée de mensuelle à trimestrielle. Des statistiques qui ne sont quasiment jamais accompagnées de commentaires politiques de la part du gouvernement. Il y a certes des conférences organisées tous les trois mois au ministère du travail, lesquelles font débattre des chercheurs sur la question.

Retour à la normale

Le chef de l’Etat a néanmoins donné un objectif chiffré d’un chômage à 7 %, mais pour la fin de son quinquennat. A part ça, rien. Les réformes structurelles sur le marché de l’emploi sont soigneusement présentées sous le prisme positif du travail, dont le but premier est de doper l’activité des entreprises qui embaucheront et réduiront alors le chômage.

Pour les uns, il s’agit d’un habile coup de communication. « C’est normal qu’ils ne parlent pas trop du chômage car, comme ça, ils pensent ne pas être comptables des résultats de leur politique qui d’ailleurs n’en produisent pas de bons », estime Boris Vallaud, député PS des Landes, pour qui les bons chiffres en termes de création d’emploi des deux dernières années sont imputables au quinquennat précédent. « La ministre de l’emploi ne fait jamais de visites sur ce sujet-là, elle est en tournée constante sur l’apprentissage, peut être est-ce parce que ça ne marche pas ? On a l’impression qu’il y a une politique du marché du travail et pas une politique de l’emploi… », ajoute un ancien du gouvernement Hollande. Celui-ci pointe, entre autres, la fin de la prime à l’embauche, mais surtout la baisse significative des contrats aidés.

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Pour d’autres, en revanche, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un retour à la normale. « Les deux gouvernements précédents ont fait face à une crise importante, le sujet était brûlant, commente un spécialiste de la question. Mais à force de déclarations permanentes, on était tombé dans une situation mortifère. » L’exécutif souhaite donc clairement éviter les écueils de son prédécesseur, afin de ne pas focaliser les Français sur la question. Au risque de donner l’impression de ne pas accorder au sujet du chômage l’importance qu’il mérite ? « Muriel Pénicaud parle tout le temps de lutter contre le chômage de masse. Aujourd’hui, la vérité, c’est que nous l’avons baissé et que nous attaquons la partie structurelle dans beaucoup d’endroits. C’est peut-être insuffisamment dit, mais c’est notre priorité », défend Sacha Houlié, député LRM de la Vienne.