Archive dans juillet 2021

Emmanuel Macron renonce à l’objectif de supprimer 50 000 postes d’agents de l’Etat

L’objectif de supprimer 50 000 postes dans la fonction publique d’Etat, promesse faite par Emmanuel Macron en 2017, est définitivement abandonnée. Lundi 5 juillet, dans un entretien accordé au site spécialisé Acteurs publics, le ministre délégué au budget, Olivier Dussopt, a indiqué que le nouvel objectif était « la stabilité de l’emploi de l’Etat » sur le quinquennat.

De fait, depuis la crise des « gilets jaunes », en 2018-2019, la volonté d’Emmanuel Macron de réduire le nombre de fonctionnaires dans les administrations d’Etat s’était déjà fortement émoussée. Olivier Dussopt l’a d’ailleurs rappelé : « Il y a eu des décisions qui ont été prises après le grand débat, en 2019, qui nous ont amenés à revoir ces objectifs. » Exemples : ne plus fermer d’écoles dans les campagnes sans l’accord du maire ou la mise en place du « plan BTS » qui représente « plusieurs centaines de postes ».

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D’ailleurs, en juillet 2019, Gérald Darmanin, alors ministre de l’action et des comptes publics, avait confié que, sur les 50 000 postes promis, le quinquennat Macron n’en supprimerait sans doute que 15 000. La cible avait même encore été réduite ensuite. Car, a rappelé Olivier Dussopt, « après le grand débat, la crise [sanitaire] s’est abattue sur le pays. Et cela s’est traduit par des créations de postes parce qu’il fallait répondre ». Pôle emploi, les agences régionales de santé… « C’est plus de 500 postes créés dans les territoires », rappelle M. Dussopt. Les enseignants, « fragiles du point de vue de leur santé », qu’il a fallu remplacer parce qu’ils étaient à l’isolement, c’est encore « 1 500 emplois ». Bref, « toutes ces décisions, nous les assumons, cela fait partie de la réponse à la crise. Mais cela modifie l’objectif à l’échelle du quinquennat », a déclaré le ministre.

« Une bonne chose »

Deux limites, cependant : d’une part, stabilité ne signifie pas égalité de traitement. Si certains ministères gagnent des postes (armées, intérieur, justice), d’autres continueront à en perdre, comme le ministère de l’économie et des finances. D’autre part, la stabilité revendiquée par le gouvernement pourrait devenir création d’emplois à la fin du quinquennat. Car, outre les 50 000 postes dans la fonction publique d’Etat, Emmanuel Macron s’était également engagé à supprimer 70 000 postes dans les collectivités locales. Or, celles-ci ne l’entendent pas de cette oreille. Et cet objectif qui n’a jamais été officiellement abandonné a pourtant peu de chance d’être tenu. Bien au contraire. Alors que l’emploi local avait baissé du temps de François Hollande, il est fortement reparti à la hausse depuis l’élection d’ Emmanuel Macron : + 13 000 emplois en 2018 et + 16 500 en 2019.

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La formation, vrai point faible de la France face à l’Allemagne

Analyse. C’est une obsession française, frisant parfois l’absurde. C’est plus fort que nous : chaque fois qu’un nouvel indicateur économique est publié, nous comparons presque systématiquement nos performances à celles de nos voisins allemands. Au premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) outre-Rhin a reculé de 1,8 % en raison des restrictions sanitaires prolongées, soit plus que le nôtre (– 0,1 %). En 2021, il devrait enregistrer une croissance plus faible, de 3,3 % contre 5,8 % chez nous, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

A la lecture de ces chiffres, quelques Français peinent à réprouver une once de Schadenfreude, ce mot allemand désignant la joie coupable ressentie devant la mauvaise fortune d’autrui. Paris rebondira plus fort que Berlin ! Ce serait oublier qu’en 2020, la récession a été bien plus violente en France (– 8,2 %, contre – 5,3 % outre-Rhin). Et que nous faisons beaucoup moins bien que l’Allemagne en matière de chômage (7,3 % contre 4,4 % en avril), de déficit (9,2 % du PIB contre 4,2 %), de dette publique (115,7 % contre 69,8 %).

Le modèle allemand n’est peut-être pas parfait, il fabrique aussi de la précarité et des travailleurs pauvres, mais il a généré plus de revenus par tête

Surtout, l’économie allemande affiche de bien meilleures performances depuis vingt ans. Un chiffre le résume : en 2000, le PIB par habitant était similaire dans nos deux pays, autour de 28 900 euros. Mais en 2020, il était de 34 110 euros en Allemagne contre 30 690 euros chez nous. Le modèle allemand n’est peut-être pas parfait, il fabrique aussi de la précarité et des travailleurs pauvres, mais il a généré plus de revenus par tête.

Cela signifie-t-il que la divergence entre les deux rives du Rhin continuera de se creuser après la crise du Covid-19 ? Rien n’est moins sûr. D’une certaine façon, la pandémie a rebattu les cartes en accélérant les transitions écologique et numérique, tout comme les velléités de relocalisation des usines. Nos deux pays devront fournir un effort d’investissement considérable pour convertir leur appareil de production aux enjeux de demain. Les incertitudes sont nombreuses, et le chemin économique que suivra l’Allemagne pour y parvenir dépendra en partie du résultat des élections fédérales de septembre.

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Reste que l’industrie automobile allemande est encore très carbonée et que les investissements publics dans les infrastructures indispensables à la transition, en partie muselés par l’obsession du zéro déficit, sont trop timides. Cela, alors que Berlin a entrepris très peu de réformes depuis la crise de 2008. D’une certaine façon, elle s’est endormie sur les acquis de son industrie, devenue colosse aux pieds d’argile : l’introduction de nouvelles normes d’émission en 2018 a révélé l’impréparation de son secteur automobile, présageant sa délicate reconversion vers les nouvelles motorisations.

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La mobilité des travailleurs n’est pas celle de l’emploi

Livre. Où est produit un iPhone ? Impossible à dire, tant sa fabrication est fractionnée aux quatre coins du monde. Il en va de même pour la plupart des biens que nous consommons. Avec le développement des réseaux internationaux de sous-traitance, les phénomènes d’interdépendance entre pays sont renforcés : un choc négatif, même très localisé, se répercute sur l’économie mondiale. « D’un point de vue macroéconomique, l’impression qui se dégage est donc celle d’un aplatissement du monde au XXIe siècle », estiment Thomas Delemotte, Francis Kramarz et Benoît Schmutz.

Néanmoins, alors qu’ils sont très proches de régions dynamiques, certains territoires subissent des taux de chômage élevés et ne parviennent pas à moderniser leur appareil productif. « La géographie du monde du travail est donc paradoxale, entre un monde qui s’aplatit, ouvrant des possibilités toujours plus grandes à des régions éloignées, et l’apparition de disparités nouvelles entre territoires voisins », soulignent les chercheurs au Centre de recherche en économie et statistique (Crest).

Leur ouvrage L’Emploi et le territoire s’intéresse à la fragmentation spatiale, un phénomène d’abord documenté dans les plus grandes métropoles, mais qui s’observe à toutes les échelles, entre quartiers comme entre pays. « Si la nécessité de penser la juxtaposition de territoires obéissant à des logiques singulières est au cœur du renouvellement de l’analyse géographique, la science économique est en retard sur ces questions. »

La relocalisation des emplois

En France, la divergence entre villes de taille comparable, comme Toulouse et Marseille, a été soutenue par la présence initiale d’industries différentes avec, d’un côté, l’aéronautique et, de l’autre, le trafic maritime et le secteur textile. Des villes moyennes comme Nancy et Orléans ont aussi suivi des chemins différents, l’une pâtissant du déclin séculaire de la sidérurgie française quand l’autre bénéficiait de l’essor conjoint des secteurs pharmaceutique et cosmétique.

Facteur aggravant de divergence, la concentration spatiale des populations qualifiées induit des emplois supplémentaires dans les secteurs non marchands. La puissance publique intervient alors afin de stimuler l’implantation d’emplois marchands. Ainsi de l’implantation des antennes de musées nationaux en province. L’effet de ces politiques est toutefois incertain : l’activité touristique est volatile. « A l’inverse, des politiques concentrées sur les emplois à forte valeur ajoutée, comme le cluster universitaire de Sophia Antipolis, ont davantage de chances de voir des effets multiplicatifs importants. »

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La justice annule le plan social du voyagiste TUI

Des employés de TUI manifestent devant le siège du voyagiste en France contre les suppressions d’emplois et les fermetures de sites, à Levallois-Perret, le 7 juillet 2020.

C’était le plus conséquent des plans sociaux mis en œuvre dans le secteur touristique depuis le début de la pandémie de Covid-19. Mercredi 7 juillet, la justice administrative a annulé le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de la filiale française du groupe TUI, qui concernait 599 des 904 salariés du groupe.

Les conséquences seront limitées pour TUI France, 587 des 599 salariés concernés ayant déjà été licenciés. Mais c’est une nouvelle avanie pour cette filiale du numéro un mondial du tourisme, dont l’implantation sur le marché français du voyage est une longue succession d’échecs. Cette décision pourrait se traduire par le paiement d’indemnités supplémentaires aux prud’hommes. Le PSE concernait les salariés des 65 agences TUI fermées ainsi que le service comptabilité, délocalisé au Maroc, et la production de séjours, transférée en Belgique.

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La cour administrative d’appel de Versailles a suivi l’avis du rapporteur public, qui s’était prononcé contre l’homologation du PSE par la Direccte (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) des Hauts-de-Seine. Annoncé en juin 2020, validé en décembre, le PSE avait été conforté par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise en mars 2021.

Critères d’ordre de licenciements

L’arrêt dispose que l’article L. 1233-5 du code du travail n’a pas été respecté par le PSE. TUI s’est mépris dans l’élaboration des critères d’ordre de licenciements, qui doivent être appliqués pour chaque poste au sein d’une même zone d’emploi. Or, l’entreprise avait élaboré ces critères d’ordre au niveau de chacune de ses agences. « Cela a bouleversé la manière dont les salariés auraient dû être mis en comparaison les uns avec les autres », explique Maître Vincent Gury, avocat du Comité social et environnemental (CSE) de TUI.

« Ce point avait été mis en avant par le CSE et la direction, sûre d’elle, avait balayé cela d’un revers de la main. Nous avions aussi alerté la Direccte, complète Lazare Razkallah, secrétaire CGT (le syndicat majoritaire) du CSE. Ils payent cher leur mépris. »

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Le PSE étant annulé, chaque salarié licencié peut désormais saisir un conseil des prud’hommes afin d’obtenir les dommages et intérêts auquel il aurait eu droit en cas de licenciement sans cause sérieuse et réelle. Depuis les ordonnances sur le travail prises au début du quinquennat d’Emmanuel Macron, ces indemnités sont plafonnées, avec un minimum de trois mois de salaire à partir de deux ans d’ancienneté.

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Le gouvernement débloque 250 millions d’euros pour augmenter les fonctionnaires les moins bien payés

Des mesures ciblées plutôt qu’un saupoudrage général. Telle est la stratégie retenue, sans surprise, par le gouvernement à l’occasion du traditionnel point sur les salaires de la fonction publique qui s’est tenu, mardi 6 juillet, au ministère de la transformation et de la fonction publique. Les agents les moins bien payés – 1,2 million de personnes relevant de la catégorie C au sein de l’Etat, des collectivités locales et des hôpitaux – bénéficieront en 2022 d’une augmentation de 40 à 100 euros net par mois, selon l’ancienneté.

Lors d’une conférence de presse, tenue à l’issue de la réunion avec les syndicats, la ministre a justifié « une rupture assumée avec les augmentations générales du point d’indice pratiquées lors des précédents quinquennats, des mesures assez inéquitables et très coûteuses ». De fait, a expliqué Amélie de Montchalin, l’augmentation générale de 1 % du salaire de tous les fonctionnaires reviendrait à dépenser deux milliards d’euros (dont 900 millions d’euros pour ceux qui sont employés par l’Etat). Mais pour les agents de catégorie C, cela ne représenterait qu’une augmentation de quatorze euros net par mois. Le choix ciblé du gouvernement se traduira donc par une revalorisation bien supérieure pour eux, et une enveloppe moins importante pour l’Etat : 250 millions d’euros. Chacun pour ses agents, la fonction publique territoriale et les hôpitaux devront appliquer les mesures annoncées mardi.

Amélie de Montchalin défend « un acte politique »

« On change véritablement la vie quotidienne des agents de catégorie C. L’efficacité de chaque euro de ces 250 millions d’euros est maximale. [L’augmentation générale du] point d’indice, cela nous aurait coûté beaucoup plus cher et je ne suis pas sûre que cela aurait changé quoi que ce soit à la vie quotidienne des agents qui en ont le plus besoin », a précisé Mme de Montchalin, en défendant « un acte politique ». « Parce que, a poursuivi la ministre, l’égalitarisme en matière d’augmentation salariale, cela a conduit à ce qu’on a vu », c’est-à-dire « faire de l’indemnitaire », compenser la hausse limitée de la rémunération par des primes. Ce qui a pour conséquence « des écarts énormes entre les ministères » selon la manière dont chacun négocie son budget. « Je ne pense pas que cela serve la fonction publique », a-t-elle conclu.

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L’augmentation de 40 à 100 euros net par mois comprend la réforme de la complémentaire santé, annoncée en décembre. Jusqu’à présent, contrairement à ce qui existe dans le privé, les agents publics sont tenus de payer eux-mêmes leur protection sociale complémentaire, soit quelque 60 euros par mois. A partir de 2022, leur employeur prendra en charge un quart de cette somme, puis la moitié avant 2026. En 2022, cela représentera donc à peu près 15 euros par mois et par agent, soit 440 millions en plus pour l’Etat.

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Retraites : les partenaires sociaux contre une réforme « prématurée »

La mise en garde a été quasi unanime. A l’occasion d’un temps d’échange avec Emmanuel Macron, mardi 6 juillet à l’Elysée, la plupart des leaders syndicaux et patronaux ont, de nouveau, exprimé leur opposition à une réforme des retraites avant l’élection présidentielle de 2022. Plusieurs dossiers – comme la vaccination des soignants, le plan de relance ou la conjoncture économique – figuraient au menu de cette rencontre, à laquelle ont également participé le chef du gouvernement, Jean Castex, la ministre du travail, Elisabeth Borne, et son collègue de l’économie, Bruno Le Maire. Mais l’avenir des régimes de pensions a capté une bonne partie des discussions, ce thème ayant été replacé au cœur des débats par le président de la République lors d’un déplacement dans le Sud-Ouest, début juin.

La réunion de mardi, qui a duré trois heures, n’a pas permis d’y voir plus clair sur les intentions de M. Macron, alors même que l’hypothèse d’un relèvement de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans circule avec insistance depuis plusieurs semaines. En revanche, le message des syndicats a été net : non à un allongement de la durée des carrières professionnelles pour pouvoir percevoir sa pension.

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« Il n’y a pas de voie de passage pour une mesure purement paramétrique à l’automne », a martelé Laurent Berger dans la cour du palais de l’Elysée. Pour le secrétaire général de la CFDT, ce serait « une forme de folie » de lancer un tel chantier dans les mois à venir, en soulignant « un risque social et démocratique ». « Le vrai sujet [à l’heure actuelle] est de relancer, rassembler et d’accompagner les personnes les plus en difficulté », a-t-il ajouté. « Tout le monde a insisté sur les risques de tension sociale », a renchéri son homologue de la CGT, Philippe Martinez, en faisant valoir qu’à la rentrée, « on [aura] plutôt besoin de régler les questions d’emploi, de salaires ».

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez écoutant celui de la CFDT, Laurent Berger à leur sortie de l’Elysée, le 6 juillet.

« Il faudra faire une réforme »

« A l’applaudimètre, tout le monde lui dit (…) “pas maintenant” », a enchaîné Yves Veyrier, le numéro un de FO. Le président de la CFE-CGC, François Hommeril, a déploré, de son côté, que la retraite soit devenue « un sujet politique » : « Il est hors de question de se retrouver otages des différents éléments de campagne électorale », a-t-il tonné. Quant à Cyril Chabanier, le dirigeant de la CFTC, il a déclaré que « si demain, on va vers une réforme seulement financière mais qui oublie toute la partie justice [sociale], ça sera sans nous ».

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Le conflit chez Groupe ADP s’enlise

Grève à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, le 2 juillet 2021.

Le conflit chez Groupe ADP n’est pas près de toucher à sa fin, à l’heure où les salariés du gestionnaire d’aéroports vont entamer leur troisième week-end de grève. La dernière rencontre de négociations, lundi 5 juillet, n’a pas donné les résultats escomptés par les trois syndicats représentatifs, CGT, CFE-CGC et UNSA.

« Nous maintenons le préavis de grève du vendredi 9 au dimanche 11 juillet », dit Véronique Pigueron, présidente de la CFE-CGC de Groupe ADP. Selon elle, les quelques avancées proposées lundi 5 juillet par la direction sont « insuffisantes et pas satisfaisantes ». Contrairement aux demandes des trois organisations, la direction a refusé de retirer son plan d’adaptation des contrats de travail, qui prévoit une baisse des rémunérations des salariés. Tout juste a-t-elle proposé d’en réduire la durée.

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Selon nos informations, cette diminution des rémunérations n’ira pas au-delà du 1er janvier 2024. La réduction des salaires pourra même être encore plus courte « si le trafic aérien atteint en 2019 est de retour avant cette date », indique un syndicaliste. C’est peu vraisemblable, s’inquiètent les syndicats, car 2019 était une année record pour Groupe ADP avec 108 millions de passagers. En pratique, selon les dernières propositions de la direction, la baisse des revenus sera de « 5 % en 2022 puis de 4 % en 2023 », souligne le syndicaliste.

Inflexibilité

Mais, en réalité, le manque à gagner est plus important, car, à en croire Mme Pigueron, « il n’y aura pas d’intéressement en 2021 et il n’y a pas eu de participation en 2020 ». Pour les syndicats, la direction est encore très loin du compte avec ces avancées. Au démarrage du conflit, les salariés redoutaient de perdre jusqu’à 20 % de leurs rémunérations. « C’est inexact », avait tenté de rassurer Augustin de Romanet, PDG du groupe, car, « au-delà de 7 %, nous compensons toutes les pertes et 88 % de nos collaborateurs ne perdront pas plus de 4 % », avait-t-il alors précisé. Faux, rétorque Mme Pigueron. Pour elle, « les 15 mesures proposées par la direction aboutiront à une perte de plus d’un mois de salaire ». Notamment par la baisse de 90 % de l’indemnité kilométrique.

Les salariés ne sont pas satisfaits non plus du simple report d’un an de la clause de mobilité dont ils demandaient la suppression. Cette dernière ne devrait entrer en vigueur qu’en septembre 2022. Contactée, la direction de Groupe ADP n’a pas souhaité faire de commentaires.

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Dans l’industrie, la collaboration hommes-robots n’est pas sans danger

Certains ont la capacité de réaliser avec précision la pose de rivets. D’autres intègrent des ateliers où l’on peint des carrosseries automobiles. On les trouve aussi chez des spécialistes de l’agroalimentaire, par exemple sur des chaînes d’emballage. Les robots collaboratifs font, depuis quelques années, leurs premiers pas dans l’industrie.

Des premiers pas discrets, « leur présence dans les entreprises restant encore marginale, parfois le fait d’une curiosité des organisations ou d’une volonté d’avoir une vitrine technologique », relève Jean-Christophe Blaise, responsable du laboratoire Sécurité des équipements de travail et des automatismes à l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Pour autant, « leur essor semble inéluctable », estime l’INRS. En confiant aux machines les tâches à risque pour les salariés, « cela nous permettra d’améliorer leur bien-être mais aussi d’avoir des équipes plus efficaces et de réduire ainsi absentéisme et turnover », remarque un industriel.

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L’arrivée annoncée de ces « cobots » (contraction de « coopération » et « robotique »), qui ont souvent la forme d’un bras articulé, constitue une petite révolution dans le secteur de la robotique industrielle. Car, contrairement aux machines jusqu’alors déployées, les cobots peuvent opérer dans le même espace de travail que les salariés. « C’est un véritable changement de paradigme : on ne concevait jusqu’alors le robot que dans une cage, sans contact possible », note M. Blaise.

Vitesse d’exécution réduite

Cette sortie hors des cages protectrices s’accompagne aujourd’hui de nombreuses réflexions sur la sécurité des collaborateurs amenés à évoluer à proximité immédiate des cobots. Elle implique, en effet, de nouveaux risques. Afin de prévenir, par exemple, les chocs et la menace d’écrasement, certains cobots disposent de fonctions de sécurité : ils peuvent se mettre automatiquement à l’arrêt en cas de contact avec un opérateur. « Un radar laser permet de ralentir ou de stopper le robot. Il reprendra son activité lorsque la personne s’éloignera », explique Maxime Hardouin, directeur général d’AeroSpline, société qui développe des cobots. Lequel précise, par ailleurs, que « dans beaucoup de cas les mouvements du robot sont lents ».

C’est une spécificité commune à de nombreux cobots travaillant en interaction avec des opérateurs : la vitesse d’exécution est volontairement réduite pour limiter les risques d’impact physique. D’autres adaptations peuvent être déployées, en fonction des situations de terrain : réduction de la masse du robot, absence de bords saillants, etc.

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« Ces salariés qui ne décolèrent pas à l’idée de renoncer au 100 % télétravail  »

Carnet de bureau. ADP, PSA, Indeed : le 100 % télétravail a eu ses pionniers durant l’année Covid 2020. Des salariés en ont été ravis, qui déchantent en 2021, depuis que les manageurs ont commencé l’organisation du retour sur site. Chez Indeed, qui a déjà élaboré son organisation post-Covid, certaines professions n’auront pas le choix : les salariés des ressources humaines, ceux de l’informatique et de l’accueil.

« A part pour ceux qui n’ont pas le choix, le “full remote” [100 % télétravail] est toujours possible. Le retour des salariés est organisé sur la base du volontariat avec trois options : 100 % au bureau, deux jours sur site-trois jours de télétravail, ou tout à distance », expose Matthieu Eloy, le directeur général France d’Indeed. « Chaque salarié doit se prononcer sur son profil, afin qu’on restructure les bureaux. Les “inoffice” auront un bureau attitré, les “flex” seront attachés à un service mais sans bureau nominatif et les “full remote” n’auront pas de bureau. » C’est l’heure du choix : soit le télétravail, soit le bureau.

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Selon une enquête de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) publiée le 1er juillet, pour 82 % des salariés d’Ile-de-France, la motivation première du télétravail est de réduire les temps de trajet du domicile au lieu de travail, pour 64 % il s’agit de travailler au calme, 55 % veulent réduire le niveau de fatigue, et pour 8 % ce sont des raisons de santé. « Au bureau, on entend le tram de la rue, il y a les collègues qui parlent, les photocopieuses qui tournent, j’avais oublié. A mon retour, jeudi 1er juillet, à 9 h 30, j’étais déjà stressée », reconnaît Marie, qui ne décolère pas à l’idée de renoncer au 100 % télétravail : « Comme on dit toujours, “toutes les bonnes choses ont une fin”, mais j’avoue que je me demande ce que je fais au bureau », interpelle cette gestionnaire comptable en université.

« Plus du tout adapté »

Le retour progressif prévu pour la fonction publique n’autorise plus que deux jours de télétravail par semaine et cinq jours flottants dans l’année. « Ce n’est plus du tout adapté. Je ne comprends pas pourquoi on nous demande de revenir pour rien. Je suis quasiment restée à 100 % télétravail depuis un an. Toutes mes tâches ont été dématérialisées. La seule chose que je ne peux pas faire à distance c’est le traitement des chèques. Un jour par semaine me suffirait largement. Sur soixante salariés, la moitié seulement de l’équipe comptable veut revenir. Pourquoi est-ce qu’on ne laisse pas aux manageurs la liberté d’organiser leur équipe », interroge-t-elle.

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