Pour la première fois, le salaire minimum britannique dépasse celui de la France

Pour la première fois, le salaire minimum britannique dépasse celui de la France

Le premier ministre britannique Boris Johnson s’exprime devant des ouvriers à Matlock, dans le centre de l’Angleterre, le 5 décembre.
Le premier ministre britannique Boris Johnson s’exprime devant des ouvriers à Matlock, dans le centre de l’Angleterre, le 5 décembre. HANNAH MCKAY / AFP

Un coup de pouce de 6,2 %. L’une des premières décisions de Boris Johnson après sa victoire aux élections législatives britanniques de mi-décembre a été d’augmenter le salaire minimum. A partir d’avril, celui-ci va passer à 8,72 livres de l’heure, soit 10,26 euros. Franchissant un cap symbolique, il dépassera pour la première fois le smic horaire français, qui est à 10,15 euros brut. « Et il montera jusqu’à 10 livres (11,67 euros) », a ajouté M. Johnson, mardi 14 janvier, sans préciser la date à laquelle cet objectif doit être atteint.

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Il ne s’agit pas d’un coup politique de la part du premier ministre britannique, simplement de la poursuite de la démarche de ses prédécesseurs. En juillet 2015, George Osborne, alors chancelier de l’Echiquier, faisait face à l’explosion du nombre de travailleurs pauvres : ces personnes qui, malgré un emploi, n’arrivent pas à boucler les fins de mois. Pour ce père de l’austérité, cela posait un problème paradoxal : de plus en plus de gens au travail touchaient des aides sociales, dont il cherchait justement à faire baisser l’enveloppe. M. Osborne a donc décidé d’effectuer un virage économique important, en promettant une large augmentation du revenu minimum sur le moyen terme. « La Grande-Bretagne doit passer dans les cinq prochaines années d’une économie à bas salaires et hauts impôts et aides sociales, à des rémunérations plus élevées, et des impôts et des aides sociales plus bas », expliquait-il. Objectif : atteindre d’ici à 2020 un salaire minimum à 60 % du salaire médian britannique. Les gouvernements conservateurs qui se sont succédé ont tenu parole puisque, depuis 2015, le smic dans le pays a augmenté d’un tiers.

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Un profond changement d’approche

Pour éviter de trop politiser le débat, son niveau est délégué à la Low Pay Commission, un organisme indépendant, qui vérifie qu’il n’a pas d’impact négatif sur l’emploi. En octobre, celle-ci a proposé une augmentation de 6,2 %, qui permet d’atteindre exactement la barre de 60 % du salaire médian. M. Johnson n’a fait qu’accepter cette recommandation, comme ses prédécesseurs.

Pour le Royaume-Uni, il s’agit d’un profond changement d’approche. Le salaire minimum n’a été créé qu’en 1998 par Tony Blair, alors premier ministre. A l’époque, face aux récriminations du patronat, il avait été fixé très bas, autour de 46 % du salaire médian. Seulement 200 000 personnes étaient payées à ce seuil. Aujourd’hui, 1,6 million de Britanniques le touchent. Le système est différencié en fonction de l’âge : le revenu minimum à taux plein ne s’applique qu’aux plus de 25 ans. Pour les plus jeunes, différentes catégories (16-17 ans, 18-20 ans, 21-24 ans) prévoient des montants plus faibles.

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LJD

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