Derrière la dette de Recylex, le minier suisse Glencore
Le tribunal de commerce de Paris a validé, mercredi 6 juillet, la cession partielle des activités industrielles de Recylex au belge Campine NV pour 4 millions d’euros. C’est moins de 10 % de la dette de l’entreprise de recyclage de métaux, principalement due au suisse Glencore. Cette décision fait suite à la mise en redressement judiciaire de Recylex en mai. La reprise, par le groupe belge, des sites de recyclage de batteries au plomb d’Escaudœuvres (Nord), de Villefranche-sur-Saône (Rhône) et de leur soixantaine de salariés s’accompagne du transfert à Campine NV de la participation de Recylex dans la société C2P (recyclage de plastiques et polypropylènes), également basée à Villefranche-sur-Saône.
Metaleurop, dont le nom reste lié à l’histoire industrielle du Nord de la France, était devenu Recylex en 2007. C’était quatre ans après la fermeture particulièrement brutale de la plus ancienne fonderie de plomb d’Europe, créée en 1894 à Noyelles-Godault, dans le bassin minier du Pas-de-Calais. Il n’avait en effet fallu que sept ans à Glencore, un des leaders mondiaux du commerce des métaux, pour vider de sa substance Metaleurop Nord, dont il était devenu l’actionnaire principal via Metaleurop SA, sa maison mère. En janvier 2003, c’est par un fax lapidaire qu’elle provoquait la stupeur en annonçant la fermeture, du jour au lendemain, de la fonderie nordiste. Elle abandonnait à leur sort 830 salariés sans indemnités de licenciement. Jacques Chirac, alors président de la République, avait dénoncé des « méthodes de patrons voyous ». Metaleurop laissait aussi une pollution irréversible des sols au plomb et au cadmium.
Coté en Bourse sur l’Euronext Paris – son cours a été suspendu en 2020 –, Recylex est détenu à 29,76 % par Glencore Finance Ltd, une société de la galaxie Glencore, immatriculée aux Bermudes. Le client quasi unique pour son activité plomb est Nordenham Metall GmbH, une filiale de Glencore International AG. Recylex est endetté à hauteur de 68,4 millions d’euros, en intégrant les provisions pour risques et passifs environnementaux. Dans cette dette, on retrouve notamment Glencore International AG pour un emprunt de 18,2 millions d’euros (avec les intérêts capitalisés), une clause de retour à meilleure fortune dont le principal créancier est encore Glencore (3,5 millions d’euros), et une amende pour entente de 25,6 millions d’euros infligée par la Commission européenne.
Procédures judiciaires interminables
Enfin, il y a les 5,7 millions accordés à SNCF Réseau par le tribunal administratif de Marseille en juin 2021 pour la remise en état du domaine public ferroviaire autour de l’ancien site industriel de l’Estaque (et ce, à concurrence de 63,3 millions d’euros au fur et à mesure des appels de fonds de SNCF Réseau). Recylex a fait appel de cette décision. Il y a deux ans, Recylex avait annoncé la perte de contrôle de son sous-groupe allemand, constitué de quatre entités déclarées insolvables. Elles ont été reprises par Glencore en avril 2021 via Nordenham Metall GmbH (le principal créancier actuel de l’activité plomb de Recylex). C’est encore Glencore qui avait, à l’époque, accordé un prêt de 16 millions d’euros à ce sous-groupe allemand.
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