Covid-19 : quand Washington se montre généreux avec les Américains
On se rappelle le Tweet de l’ex-ministre française du travail Muriel Pénicaud, qui vantait, le 3 avril, la prétendue supériorité du modèle hexagonal sur celui des Etats-Unis : « Grâce au chômage partiel, 5 millions de salariés conservent leur emploi, soit 1/4 du secteur privé ; 473 000 entreprises gardent leurs compétences pour rebondir. Aux USA, en deux semaines : 10 millions de salariés licenciés. Fiers de notre modèle qui protège salariés et entreprises. »
Pourtant, l’Etat fédéral américain aura dépensé deux fois plus que ses recettes pour l’exercice clos le 30 septembre. Le plan de relance, voté au printemps par les démocrates et les républicains du Congrès, a pris à sa charge les salaires des entreprises (670 milliards de dollars, soit 565 milliards d’euros, de coût budgétaire), instauré une assurance chômage provisoire sans précédent (267 milliards de dollars), et envoyé un chèque de 1 200 dollars à chaque contribuable (292 milliards de dollars). « Le choc infligé à l’économie par le Covid-19 a été beaucoup plus fort que ceux ayant précipité les récessions précédentes [au début des années 1980 et lors de la crise financière de 2008], mais, dans le même temps, la réponse politique a été beaucoup plus forte que les fois précédentes, avec un stimulus fiscal cinq fois supérieur à l’ancien record », écrit Jason Furman, professeur à l’université Harvard et ancien conseiller économique du président Barack Obama.
Dans le détail, le Congrès a adopté, au début de la crise, une assurance fédérale de 600 dollars par semaine, en complément des assurances versées par les Etats (qui vont de 101 dollars dans l’Oklahoma à 531 dollars dans le Massachusetts, pour une moyenne de 330 dollars). Les 600 dollars équivalaient à une semaine de quarante heures payée 15 dollars, soit deux fois le salaire minimal fédéral. Ils étaient très généreux, avec une indemnité moyenne mensuelle par chômeur supérieure à 3 700 dollars.
Un revenu disponible qui a bondi en avril
Ce montant devait durer jusqu’en juillet – le Congrès pensait à l’époque que l’épidémie serait maîtrisée d’ici là. Il n’a pas été prolongé, les républicains estimant qu’il n’incitait pas à travailler. Selon l’université de Chicago, 68 % des chômeurs touchaient plus en restant chez eux qu’en travaillant, mais les chercheurs n’ont pas trouvé d’exemple significatif de personnes restant volontairement au chômage.
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