« L’appel universelle du 15 mars, lancée par la jeunesse, doit nous interpeler et nous faire réagir »

Un collectif d’universitaires, particulièrement toulousains, salue « l’entrée en résistance » des jeunes contre l’inaction climatique, mais adresse aussi ses remarques aux établissements de recherche elles-mêmes.

Des étudiants et des lycéens ont déclenché un appel à la « grève mondiale pour le futur », le 15 mars, et à des actions renouvelables et amplifiées chaque vendredi. Nous, personnels de la recherche publique et de l’enseignement supérieur, sommes à leurs côtés et avec les enseignants qui auront choisi de les conduire. Nous fêtons leur décision « d’entrer en résistance » face à le sommeil politique comme à l’aveuglement ou à l’acceptation passive qui s’en satisfait.

Par la recherche académique, nous avons un accès favorisé aux résultats très alarmants sur les confusions écologiques et les dérèglements globaux en cours, sans précédent. Nous savons aussi que ceux-ci résultent des activités d’une partie de l’humanité à travers des systèmes socio-économiques qui ont montré leur inaptitude structurelle à prendre en compte le long terme et les limites environnementales. Sitôt globalisé, ce cadre général produit une fuite en avant destructrice. Les tendances actuelles nous conduisent vers des conditions critiques, au point que d’ici quelques décennies à peine l’habitabilité de notre planète pourrait être exposée.

Nos perceptions nous placent en position de témoins malheureusement privilégiés du gouffre continuellement plus béant qui sépare le chemin que devraient suivre nos sociétés pour tenter de borner la catastrophe – par un profond changement de nos modes de vie et les indispensables politiques de justice, de solidarité, de relocalisation et de résilience pouvant rendre ce tournant possible – et la trajectoire mortifère effectivement suivie. Dans la variété de nos disciplines, notre profession au service de la connaissance nous donne l’implication d’en tirer des conséquences pratiques et un engagement dans l’action.

A l’image du déni généralisé

Au cœur même de nos institutions (CNRS, instituts, universités…), nous devons enregistrer que la transition écologique – dans ses dimensions les plus simples – est loin d’être assimilée dans les objectifs et les pratiques. Combien d’organismes de recherche en France ont-ils mis en place une politique  véridique de réduction de leur empreinte environnementale ? Combien d’entre nous ont réellement changé leurs habitudes, par exemple, en arrêtant les déplacements en avion ?

La plupart de nos laboratoires sont actuellement inaptes d’évaluer leur propre impact, ne serait-ce qu’en réalisant un bilan carbone complet, alors que c’est une obligation légale. Les modalités d’évaluation des projets comme des carrières encouragent les circulations tous azimuts, particulièrement les congrès et colloques internationaux sans aucune retenue. Le fait que les institutions mêmes qui produisent les résultats les plus alarmants sur l’état du système Terre, et les chercheuses et chercheurs qui tirent constamment la sonnette d’alarme, soient incapables de mettre en place les mesures pour limiter leur propre impact est à l’image du déni répandu qui caractérise nos sociétés.

Revue académique : une domination anglo-saxon

Presque 80 enseignants et chercheurs en gestion appellent les pouvoirs académiques français à critiquer la domination des revues anglophones dans l’estimation de leurs travaux.

Pour estimer la recherche en sciences de gestion, un principe s’est décidé : celui de se baser sur les seuls articles diffusés dans des revues académiques, au détriment des autres formes de production scientifique (ouvrages, rapports de recherche, etc.). Dans ce cadre, le Centre national de recherche scientifique (CNRS) et la Fondation nationale pour l’enseignement et la gestion des entreprises (Fnege) ont tous deux préparé des listes de revues qui font aujourd’hui référence dans notre règlement. Ces listes jouent un rôle de maîtrise qualité, en distinguant les revues répondant aux exigences académiques (principe d’évaluation par les pairs, en double aveugle) des autres. Elles placent par ailleurs une hiérarchisation entre les revues d’excellence, qui sont classées au « rang 1 », et les revues moins prestigieuses, classées aux rangs 2, 3 et 4.

C’est là que le bât blesse. Car ces listes permettent un pouvoir des revues anglo-saxonnes sur les revues francophones. Parmi les 110 revues classées par le CNRS à un rang 1, comme parmi les 61 revues classées par la Fnege à ce même rang, aucune n’est de langue française. Comment deux institutions françaises en arrivent-elles à l’aberration consistant à dire qu’une revue publiée dans notre langue serait par nature moins bonne qu’une revue écrite en anglais ? L’élément qui légitime cet état de fait aux yeux de ses concepteurs est le moindre « facteur d’impact ». Le facteur d’impact est une mesure de visibilité des revues. Son calcul s’opère en comptant le nombre de fois où les articles édités dans la revue sont cités par d’autres articles au cours des trois dernières années.

Discrimination                                                                                                                         

Pour le dire avec une métaphore, le principal critère utilisé pour classifier les revues s’apparente aujourd’hui à un calcul de box-office de cinéma. Selon une logique similaire à celle consistant à compter les entrées à la sortie d’un film d’une semaine sur l’autre, c’est en fonction du nombre de citations de ses articles juste après leur parution que la qualité d’une revue est évaluée. Au-delà d’inciter le monde de la recherche à un court-termisme néfaste, un tel calcul de box-office repose par nature sur un biais majeur : il avantage ceux qui disposent d’un plus grand marché. Ainsi, mécaniquement, un article en anglais sera plus cité qu’un article en français, parce qu’il y a plus de chercheurs anglophones dans le monde pour lire les articles publiés dans cette langue, qu’il y a plus de revues anglophones, plus d’institutions, etc. Mais certainement, ce plus fort facteur d’impact ne veut rien dire de la qualité des travaux publiés dans les revues francophones. Ainsi, Jacques Audiard ou Jean-Luc Godard, parce que leurs films ont engendré bien moins d’entrées que ceux de Steven Spielberg ou Martin Scorsese, seraient-ils de moins bons opérateurs ? Leur impact sur les pratiques cinématographiques serait-il moindre ?

Coût d’immatriculation des étudiants étrangers : des adaptations à l’étude

Les nouveaux tarifs nécessiteraient bien d’entrer en vigueur en septembre. Mais un rapport propose particulièrement de ne pas accroître les droits des nouveaux doctorants extra-européens.

Comment apaiser l’incendie provoqué par l’augmentation des droits d’inscription des étudiants étrangers, décidée par le gouvernement en novembre ? A partir de la rentrée de septembre 2019, les nouveaux étudiants extra-communautaires devront se libérer de 2 770 euros pour s’inscrire en licence (contre 180 euros actuellement) et 3 770 euros en master et doctorat (contre 243 euros et 380 euros). Les organisations syndicales étudiantes et enseignantes, de même que les présidents d’université, s’objectent à l’approbation de cette mesure.

Ça fait un mois, un comité de cinq personnalités indépendantes a été appelé par le ministère de l’enseignement supérieur, pour estimer la mise en œuvre de cette mesure. Il a rendu un rapport, lundi 18 février, qui propose plusieurs évolutions, sans pour autant toucher au principe de la hausse des droits.

Première piste, montrée comme prioritaire : le retrait des doctorants du champ d’attention de la mesure. « Les doctorants sont en grande partie des salariés ; les doctorants étrangers, qui représentent environ 45 % des doctorants, contribuent largement à l’activité scientifique dans les unités de recherches », déclare-ils. Au niveau international, les universités sont en compétition pour attirer les meilleurs, constatent les auteurs. Et à ce titre, elles pratiquent soit la gratuité des droits, soit une politique systématique de financement des années de doctorat.

Les distances territoriales « renforcées »

La deuxième proposition d’adaptation vise à « doter les universités de capacités d’exonération suffisantes ». Le sujet est sensible : une quinzaine d’universités ont déjà annoncé qu’elles n’appliqueraient pas la hausse des droits. Actuellement, une université peut exonérer de droits – hors boursiers – 10 % de ses étudiants. D’après les calculs du comité, toutes les universités (hormis celle de La Rochelle) peuvent déjà, avec ce taux, exonérer l’intégralité de leurs nouveaux étudiants extra-communautaires à la rentrée 2019. Mais les choses s’embarrasseront les années suivantes, quand les rangs grossiront, chaque nouvelle « promo » s’ajoutant à la précédente. Les auteurs du rapport recommandent donc de porter ce taux à 15 %. « Cela donnera aux établissements la possibilité de décider en toute autonomie de la politique qu’ils veulent mener », estime l’un des auteurs, Christophe Strassel, professeur associé à l’université de Lille.

La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, doit s’exprimer dans les jours qui viennent sur ces pistes, après avoir échangé avec les organisations syndicales. La FAGE, premier syndicat étudiant, a déjà réagi : si l’organisation salue les propositions concernant l’accueil des étudiants étrangers, elle dénie la « demi-mesure » de ces ajustements. « La politique d’exonération va très rapidement renforcer un enseignement supérieur à double vitesse, de très fortes inégalités territoriales, et n’est de toute façon pas tenable à plus d’un an de mise en œuvre », juge l’organisation, qui appelle à traquer la mobilisation pour le retrait de la mesure.

Baisse des inscriptions des étudiants étrangers non-européens en France

Les inscriptions des étudiants étrangers extra-européens en première année de licence sont en diminution de 10 % par rapport à l’an dernier, a avisé Campus France, l’agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, le 5 février. Celles-ci ont été clôturées le 1er février, dans la plupart des 42 pays relevant de la plate-forme « Etudes en France », gérée par le ministère des affaires étrangères. Si certains pays connaissent une augmentation du nombre de candidats, comme le Sénégal (+11,34 %), la Russie (+8,95 %), et la Chine (+8,62 %), d’autres enregistrent une forte baisse, comme l’Algérie (-22,95 %), le Vietnam (-19,72 %) ou la Tunisie (-16,18 %).

Autres universités françaises se sont déjà affectées de voir les candidatures s’effondrer à la suite de l’annonce du plan gouvernemental d’attractivité des étudiants internationaux, « Bienvenue en France », qui prévoit particulièrement l’élévation des droits d’inscription pour les étudiants extracommunautaires, fermement contestée dans la communauté universitaire.

Un campus pour deux clans

Bachelor versus programme grande école. Sur le campus de Lille de cette « business school », les étudiants conduisent des vies parallèles, selon la filière qu’ils ont choisie. Dans un climat de relative indifférence.

Pour s’immerger du « cas » du jour, une étude de la stratégie de marque d’Adidas, des étudiants de ce cours de marketing de deuxième année de bachelor ont chaussé des baskets dont les couleurs chatoyantes dépendent avec les murs ­immaculés de la salle de cours. « Dans quelle autre tendance s’inscrit la marque ? », ­demande la professeure, Sabine Ruaud. « Oui, le vintage moderne, la logotisation, c’est ça ! »

Il est presque midi sur le campus lillois de l’Edhec et, malgré l’heure du déjeuner qui arrive, l’interactivité du cours tient la trentaine d’étudiants en haleine. Des étudiants dynamiques, qui n’ont pas peur de prendre la parole.

Nous n’assistons pas à un cours de l’Edhec au sens classique du terme – dans ce cursus grande école en trois ans, qui délivre un ­diplôme de master et recrute parmi les meilleurs étudiants des classes préparatoires de France. Nous sommes dans un cours du ­Bachelor in Business ­Administration (BBA), un cursus postbac en quatre ans, bien moins ­sélectif à l’entrée et moins connu du grand ­public. « Quand je dis que je suis à l’Edhec, les gens pensent d’abord au master », révèle Sara, en deuxième année de ce bachelor.

Deux formations, deux publics, deux philo­sophies. Le bachelor captive, à l’instar de Sara, des étudiants éblouis par les cours professionnalisants et la possibilité d’accomplir très rapidement stages et séjours à l’étranger, quand le ­programme grande école (PGE) recrute des « très bons élèves » sélectionnés à travers un concours académique sanctionnant deux années de ­bachotage en prépa.

Une fourmilière

« Les étudiants de bachelor sont moins formatés que les élèves de la grande école. Ils n’arrivent pas avec la même culture, les mêmes attentes… On part plus facilement du concret pour expliquer la théorie », communique Sabine Ruaud. Comme les 172 professeurs et chercheurs continus de l’Edhec, elle enseigne aussi bien en « bachelor » qu’en « programme grande école ». A des élèves qui dispensent au quotidien les 43 000 mètres carrés de locaux pédagogiques de l’imposant campus lillois : ­salles de cours, cafétéria, salle de spectacle, ­incubateur, équipements sportifs… « Et pourtant, à part en sport ou dans certaines associations, on a très peu de contacts », garantissent en chœur Sara, ­Perrine, Joseph et Théo, tous élèves en deuxième année du bachelor.

 

Les facultés de médecine et conflits d’intérêts

Selon un rangement de l’association Formindep, les universités mettent trop lentement en œuvre la charte d’éthique adoptée il y a un an.

Des efforts, mais peut mieux faire. C’est en substance l’appréciation donnée à l’ensemble des trente-sept facultés de médecine en matière de protection des conflits d’intérêts par l’association pour une information médicale indépendante (Formindep), mardi 29 janvier, à l’occasion de la parution de son nouveau classement en la matière.

Liens avec les laboratoires pharmaceutiques, enseignement de la déontologie aux étudiants, transparence des financements… La publication d’un premier classement, en janvier 2017, avait formé un électrochoc, la plupart des facultés affichant des scores quasi nuls. Onze mois plus tard, une « charte éthique » de quatorze pages était adoptée par la Conférence des doyens des facultés de médecine et d’odontologie.

« Cette charte représente un grand pas, mais le chemin pour qu’elle soit pleinement appliquée est encore long », déclare Paul Scheffer, qui coordonne l’enquête au Formindep. L’édition 2018 vise donc, à travers dix-huit critères, à « mesurer la mise en place effective » de la charte. Un cours sur l’intégrité scientifique et les conflits d’intérêts est-il proposé aux étudiants ? Est-il obligatoire ou facultatif ? Les enseignants déclarent-ils leurs liens d’intérêts au début de chaque cours ? Des mesures sont-elles mises en place pour que les étudiants ne soient pas mis en situation d’obtenir des cadeaux ou des repas ou qu’ils n’aient plus recours aux sociétés privées comme source de financement, par exemple pour l’impression de la thèse ?

 « Piqûre de rappel »

En dépit des engagements, les résultats ne sont toujours pas satisfaisants. Dans la grille de 36 points distribués par le Formindep, seule la faculté de médecine de Tours obtient la moyenne, tandis que trois quarts des établissements ne passent pas la barre des 10 points. Cinq d’entre eux n’ont toutefois pas répondu au questionnaire. Au Formindep, on n’exclut pas que certaines facultés aient davantage choisi la charte « dans un but de gain d’image, et non de changement de pratiques et de mentalité ». Seule une faculté sur trois aurait mis en place une commission de déontologie, pourtant l’une des mesures clés. Et parmi celles mises en place, certaines n’auraient pas encore siégé une seule fois.

Parcoursup 2019 : concevoir les dispositifs de la sélection

Quatre professionnels ont répondu aux lecteurs sur la sélection des dossiers et la mobilité entre académies.

La plate-forme Parcoursup, qui chemine en 2019 pour la deuxième année, permet de répartir et de sélectionner les candidats dans différentes formations postbac, publiques ou privées. Quelles sont ses logiques ? Comment répondre aux critères demandés ? Quelles sont les nouvelles règles de la mobilité entre académies ?

Camille Stromboni, journaliste du Monde, Natacha Lefauconnier, journaliste indépendante spécialisée, Sylvie Boudrillet, conseillère d’orientation, et Dominique Pimont, conseillère psychologue de l’éducation nationale au centre d’information et d’orientation Mediacom ont répondu en direct aux questions des lecteurs lors d’un tchat organisé par Le Monde mercredi 23 janvier.

Minjeong : Quels sont les critères de sélection des dossiers ?

Natacha Lefauconnier : Les critères de choix des dossiers varient d’une formation à l’autre. Il est donc nécessaire d’aller consulter la fiche de chaque formation qui vous intéresse sur le site Parcoursup. Une fois que vous l’avez trouvée avec le moteur de recherche, cliquez sur chacun des onglets (caractéristiques, etc.). L’onglet « Examen du dossier » vous précisera quels éléments seront regardés attentivement dans votre dossier. Pour vous distinguer (en dehors de vos notes et des appréciations de vos professeurs), vous pouvez peaufiner votre « projet de formation motivé » : expliquez pourquoi cette formation vous motive, montrez que votre profil correspond aux attendus (bonne moyenne dans la discipline principale, etc.), montrez en quoi cette formation correspond à votre projet professionnel (si vous en avez un).

Savez-vous si ces critères seront publiés ?

Camille Strombonk : Les candidats ont, comme l’an dernier, accès aux « attendus » de chaque formation (les compétences et les prérequis) et aux « critères généraux d’appréciation des dossiers » (voir l’onglet « Examen du dossier » sur chaque formation), qui détaillent le plus souvent les pièces prises en compte dans l’examen du dossier (notes de premières, de terminale, fiche avenir, lettre de motivation, attestations extrascolaires, etc.).

Pour le reste, la question de la clarté sur les modalités précises d’examen des dossiers (ordre de prise en compte des critères, hiérarchisation, poids dans la décision de la commission d’examen des dossiers, etc.) a fait l’objet de débats et d’un recours de certains élus (comme le sénateur communiste Pierre Ouzoulias) et syndicats étudiants et enseignants, devant le Défenseur des droits. Ce dernier vient d’émettre une décision demandant que ces informations soient rendues publiques. Reste à savoir si le gouvernement donnera suite à cette recommandation.

Laurent : Comment Parcoursup tient-il compte du fait que certains lycées ont une notation plus stricte que d’autres ?

S. : Cette année, comme en 2018, les formations ont accès au lycée d’origine. On ne peut pas connaitre si elles vont tenir compte de ce dernier, ni « du fait que certains établissements ont une notation plus stricte que d’autres »… La question du lycée d’origine, et de sa prise en compte par les formations du supérieur dans le classement des dossiers des candidats, est particulièrement sensible.

A la suite de craintes de ségrégations venant l’an dernier de lycéens de Seine-Saint-Denis, notamment, la ministre de l’enseignement supérieur a annoncé que la question de l’anonymisation des dossiers était en réflexion. Le Défenseur des droits vient d’annoncer que la prise en compte de ce critère pouvait être assimilée à une « pratique discriminatoire » et demande une plus forte transparence sur le détail des critères appliqués par chaque formation.

Bart : Si je reçois plusieurs propositions favorables et que je dois en accepter une seule (formation sélective), est-ce que cette réponse est définitive, ou puis-je répondre « oui mais » en maintenant des vœux en attente, en espérant obtenir un autre « oui » ?

Sylvie Boudrillet et Dominique Pimont (CIO Mediacom) : Il n’y a pas de réponse « oui mais » à une offre d’admission. Vous devez l’accepter ou la refuser. Cela fait, vous devrez en plus répondre « j’accepte » ou « je renonce à mes vœux en attente ». Attention : l’établissement peut vous avoir fait une proposition avec la réponse « oui » ou « oui si ».

La licence de sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) est-elle sélective ?

S. : La licence de Staps fait partie des formations universitaires non sélectives. En revanche, cela ne veut pas dire qu’aucune sélection ne peut être faite : lorsque la demande excède le nombre de places, le classement opéré par chaque licence en s’appuyant sur le dossier des candidats servira à départager les candidats. Les Staps font en outre partie des licences « sous pression » (très fortement demandées) ces dernières années, mais de nombreuses places supplémentaires ont été créées, pour essayer de répondre le plus largement possible à la demande.

Comment sont sélectionnés les candidats à des doubles licences ?

B. et D. P. : Ces formations sélectionnent sur dossier, regardent le profil scolaire, le projet de formation motivé, parfois demande un entretien ou un test de langues, selon les mentions de licences envisagées. Les conditions sont à chaque fois précisées sur la plate-forme pour celles qui sont dans Parcoursup : attention tous les doubles cursus ne sont pas dans Parcoursup, notamment pour l’académie de Paris.

Bondycapé : Existe-t-il un statut particulier lorsqu’on est handicapé dans Parcoursup ?

L. : Il y a un onglet, dans votre dossier Parcoursup, « Handicap/besoins spécifiques ». Lisez-le attentivement. Vous verrez qu’on vous conseille, lors de la phase de formulation des vœux, de prendre contact avec le référent handicap de la formation afin de connaître les modalités d’accompagnement et les aides dont vous pourrez bénéficier. Le contact du référent handicap est disponible pour chaque formation référencée sur Parcoursup.

De plus, vous avez la possibilité de remplir une fiche de liaison qui pourra être, le cas échéant, transmise à la commission d’accès à l’enseignement supérieur de votre rectorat, chargée des demandes de réexamen de candidatures.

Makix : Je suis intéressé par une filière en particulier. Puis-je faire des vœux identiques dans plusieurs régions ?

Natacha Lefauconnier : Oui, c’est même tout à fait conseillé, si c’est la filière de vos rêves, vous pouvez postuler dans plusieurs académies ! S’il s’agit d’une filière sélective, le critère géographique n’est pas pris en compte, c’est la qualité de votre dossier qu’examinera la commission d’examen des vœux.

S’il s’agit d’une filière non sélective (licence, Paces), vous pouvez solliciter partout, mais il y aura un nombre maximal de candidats « hors secteur » admis, donc vous aurez moins de chances de l’obtenir dans les académies autres que la vôtre. Notez qu’une aide financière à la mobilité étudiante a été mise en place en 2018 et qu’elle sera reconduite et renforcée en 2019. D’un montant de 200 à 1 000 euros, elle sera destinée aux bacheliers ayant saisi le rectorat faute d’obtenir une place dans le supérieur, et qui accepteront une mobilité géographique.

Arthur : Est-ce que les lycéens de banlieue parisienne ont cette année accès aux universités parisiennes ? Sans quota ?

Sylvie Boudrillet et Dominique : Pour les filières non sélectives de l’université, le secteur géographique de recrutement est désormais l’Ile-de-France. La réponse est donc oui, les « lycéens de banlieue » (académies de Créteil et Versailles) ont accès aux universités parisiennes, de la même manière que ceux de l’académie de Paris. Pour les filières sélectives (écoles, BTS, CPGE, DUT, infirmiers, etc.), il n’y a pas de sectorisation.

Camille Stromboni : Les lycéens des trois académies franciliennes sont observés comme appartenant au « secteur » de recrutement. L’an dernier, ce n’était pas le cas.

Etudiants étrangers : la polémique continue dans les universités

Une quinzaine d’établissements s’engagent à ne pas imposer la hausse des droits d’inscription, résolue par le gouvernement pour les étudiants extracommunautaires.

Depuis le début de l’année, la liste s’allonge de semaine en semaine. Clermont-Auvergne, Le Mans, Rennes II, les universités de Paris-Saclay… Près d’une quinzaine d’universités ont annoncé qu’elles n’appliqueront pas l’augmentation des droits d’inscription pour les étudiants étrangers extra-européens à la rentrée 2019. Une drôle de fronde : pour cela, elles envisagent d’utiliser une possibilité d’exonération existant déjà dans un décret de 2013.

« Si l’augmentation générale des droits d’inscription entre en vigueur, l’établissement utilisera toutes les possibilités réglementaires qui lui seront offertes pour permettre aux étudiants internationaux extracommunautaires concernés de bénéficier du maintien du régime tarifaire actuellement appliqué », s’est ainsi déclarée l’université d’Aix-Marseille, le 18 janvier.

Cette augmentation des droits, annoncée par le premier ministre, le 19 novembre 2018, dans le cadre de sa stratégie d’attractivité des étudiants internationaux, baptisée Bienvenue en France, a donné lieu à un vent de contestation dans la communauté universitaire. Les étudiants extracommunautaires devront désormais verser 2 770 euros en licence – contre 170 euros actuellement – et 3 770 euros en master et en doctorat (contre respectivement 243 euros et 380 euros). En parallèle, le nombre de bourses et d’exonérations doit tripler, passant de 7 000 à 21 000.

Devant l’opposition unanime des syndicats étudiants et enseignants, jusqu’à la Conférence des présidents d’université qui a réitéré, le 10 janvier, sa demande de suspension de la mesure, le gouvernement maintient son cap. Une concertation a certes été ouverte en janvier sur les modalités de mise en œuvre de ce plan visant à améliorer les conditions d’accueil des étudiants internationaux.

 « Devoir d’obéissance et de loyauté »

Mais elle ne porte ni sur le principe ni sur le calendrier de l’élévation des droits, qui doit être inscrite dans un décret à l’issue de la concertation prévue jusqu’à la mi-février, pour s’appliquer dès la rentrée 2019. Sur le terrain des droits d’inscription, seul le sujet de l’augmentation du taux d’exonération que peuvent pratiquer les universités – actuellement fixé à 10 % des inscrits (hors boursiers) – figure dans la feuille de route des discussions.

Signe des tensions actuelles, la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a rappelé les universités à leur « devoir d’obéissance et de loyauté ». « En tant qu’opérateur de l’Etat » et « en tant que « fonctionnaires », « il est très important qu’ils portent les politiques publiques décidées par l’Etat », a-t-elle déclaré à une sénatrice qui l’interrogeait sur les universités frondeuses, mercredi 16 janvier.

Un rappel à l’ordre peu apprécié chez les intéressés. « C’est une manière de faire pression difficilement entendable », soutient Nathalie Dompnier, à la tête de l’université Lyon 2, qui fait partie des établissements ayant éclairci leur intention de ne pas répercuter la hausse. « D’une part, nous ne sommes pas hors-la-loi, il n’y a pas pour l’instant de texte contraignant qui encadre cette hausse, souligne l’universitaire. D’autre part, les textes réglementaires qui existent devraient nous permettre d’exonérer tous les nouveaux arrivants pour la rentrée 2019. » Les étudiants étrangers déjà inscrits en France ne doivent pas être intéressés, d’après le ministère de l’enseignement supérieur.

 « Situation confuse »

Le temps presse pour les établissements : à l’étranger, les étudiants internationaux ont jusqu’au 1er février pour remplir leur dossier de candidature en premier cycle. « Nous sommes dans une situation confuse, décrit Joël Alexandre, à la tête de l’université de Rouen, qui s’est lui aussi engagé à exonérer tous les nouveaux arrivants. Les étudiants étrangers sont nombreux à nous interroger, il faut leur apporter un discours clair. »

Pour son homologue tourangeau, Philippe Vendrix, l’augmentation paraît de toute façon « impossible » à mettre en œuvre techniquement. « C’est totalement illusoire, juge-t-il. Sur quels critères pourra-t-on exonérer ? Comment calculer en amont ces pourcentages, sans savoir le nombre d’étudiants qui viendront effectivement à la rentrée ? »

En toile de fond, tous craignent déjà un fort effet d’éviction sur les étudiants internationaux. S’il est encore trop tôt pour communiquer les chiffres des candidatures à l’échelle nationale, d’après Campus France, l’agence de promotion de l’enseignement supérieur français, dans les universités, on regarde les compteurs avec inquiétude. A Paris-Nanterre, où le président, Jean-François Balaudé, a annoncé qu’il n’augmenterait pas les droits pour les étrangers dès la mi-décembre, l’indicateur a déjà viré au rouge : d’après ses chiffres, l’an dernier à la même date, il y avait 4 000 candidatures, elles n’étaient que 1 643, au 25 janvier.

Mais si ces universités attendent pouvoir exonérer tous les nouveaux arrivants à la rentrée 2019, impossible de dire ce qu’il adviendra par la suite. « Il est certain qu’il va être difficile, si cette mesure est entérinée, et que les uns et les autres l’appliquent, de résister longtemps », reconnaît Jean-François Balaudé.

Parcoursup : recommandations, décodages et erreurs à éviter

Plusieurs professionnels ont répondu aux questions des lecteurs sur le fonctionnement de la plate-forme d’orientation Parcoursup, qui existe pour la deuxième année.

Comment organiser son orientation et maîtriser les subtilités de la plate-forme Parcoursup ? Natacha Lefauconnier, journaliste indépendante spécialisée, Sylvie Boudrillet, conseillère d’orientation, et Dominique Pimont, conseillère psychologue de l’éducation nationale au CIO Mediacom ont répondu en direct aux interrogations des lecteurs lors d’un tchat organisé par Le Monde mercredi 23 janvier. Compte rendu.

Quelles sont les erreurs à ne pas faire sur Parcoursup ?

Sylvie Boudrillet, conseillère d’orientation, et Dominique Pimont, conseillère psychologue de l’éducation nationale :

La première faute serait de ne pas prendre le temps de réfléchir à ses vœux, saisir et confirmer trop rapidement, sachant qu’un vœu confirmé ne peut plus être supprimé et sera décompté dans vos dix vœux.

Ensuite, ne pas s’informer sur les contenus des formations, les choisir au hasard et ne pas estimer les différentes étapes de la procédure, comme par exemple ne pas finaliser son dossier dans les délais (3 avril), en serait un autre.

Il est de même impératif de répondre dans les délais aux propositions reçues au risque de perdre les nouvelles propositions et les vœux en attente, et nous vous conseillons de diversifier ses candidatures.

En ce mois de janvier, quels conseils donneriez-vous aux lycéens ?

S.B. et D.P. : Il faut bénéficier des journées portes ouvertes des établissements, des journées d’immersion et des semaines de l’orientation dans les lycées. Dans les universités, n’hésitez pas à contacter les « étudiants ambassadeurs » dont les coordonnées sont dans la « fiche formation » de Parcoursup, consulter les foires aux questions, tutos, vidéos sur la plate-forme.

Si vous n’avez pas de projet clair, vous pouvez rencontrer vite un Psy-EN (psychologue de l’Education nationale) dans votre lycée ou dans un CIO et/ou en parler avec votre professeur principal. Si vous avez déjà formulé des vœux, aménagez dès à présent vos projets de formation motivés (lettre de motivation). Enfin, vous pouvez toujours appeler le numéro vert 0800 400 0870 de Parcoursup, ouvert du lundi au vendredi de 10 heures à 16 heures.

Remy67 : Est-ce que cette nouvelle mouture de Parcoursup intègre une hiérarchisation des vœux ?

La hiérarchisation des vœux, qui était demandée aux candidats sur la antérieure plate-forme d’admission APB, a été supprimée avec la réforme de Parcoursup, l’an dernier. Le ministère a exclu tout retour de la hiérarchisation des vœux – que certains demandaient pour plus d’efficacité.

Par contre, un nouveau système est prévu, de manière facultative, de classement des vœux : après les écrits du bac, les candidats pourront exprimer l’ordre de leur préférence entre leurs vœux en attente. Avec le déclenchement d’une réponse automatique positive en cas de proposition d’admission aux vœux préférés, ce qui permettra au candidat de ne plus avoir à se connecter tous les jours, pour vérifier s’il a reçu de nouvelles propositions.

S.B. et D.P. : Cela ne vous empêche pas d’y réfléchir, dès maintenant, pour faciliter votre prise de décision au moment de la phase d’admission. Vous devrez répondre aux propositions reçues à partir du 15 mai. Vous aurez alors cinq jours pour répondre, puis, jusqu’à la fin de la procédure, trois jours pour vous retenir sur chaque nouvelle proposition d’admission.

Remy67 : Cette réduction du délai de réponse à 5 jours, puis à 3 jours alors qu’un lycéen attend d’autres réponses ne risque-t-elle pas d’entraîner un non-choix ?

Natacha Lefauconnier : Attention : le délai de réponse pour admettre (ou non) une proposition d’admission sera en effet de cinq jours au début de la procédure, puis de trois jours… Mais répondre « oui » ne vous empêche pas de maintenir un ou plusieurs vœux pour lesquels vous êtes « en attente ». C’est seulement si vous avez deux « oui » (ou plus) que vous devez renoncer à l’un (ou à tous sauf un), tout en maintenant là aussi des vœux en attente le cas échéant. Ce principe vous permet de vous décider jusqu’au dernier moment pour la formation qui vous plaît le plus.

Carole L. : Pour les filières non sélectives a-t-on la garantie d’avoir une réponse positive pour l’un de nos vœux ?

N.L. : Les licences (hors doubles cursus sélectifs) peuvent vous répondre « oui », « oui si » (vous avez une place à condition de suivre un parcours de remédiation qui sera défini : enseignements de remise à niveau, licence en 4 ans au lieu de 3…) ou bien « oui – en attente » (ce dernier cas si la demande est supérieure à la capacité d’accueil). Elle ne peut pas répondre « non » (réponse que peuvent faire les formations sélectives).

Carole : Je veux intégrer une licence cinéma en Ile-de-France. Est-ce que je prends un risque en ne mettant que quatre vœux uniquement sur cette spécialité ?

S.B. et D.P. : Vous avez toujours intérêt à diversifier vos candidatures, tant que ces vœux correspondent à vos envies. N’hésitez pas à aller au-delà de ces quatre vœux. Sachez que ces licences sont très souvent en tension (très demandées), demandez conseil auprès d’un psychologue de l’éducation nationale dans un CIO (Centre d’information et d’orientation). Consultez également les fiches infos « Licence » en Ile-de-France sur le site de l’Onisep, pour connaître l’offre de formation en détail sur la fiche « Arts ».

Carole L. : Que deviennent les « oui – en attente » à la fin du processus de Parcoursup ? Une place est-elle attribuée systématiquement ou faut-il passer en commission ?

S.B. et D.P. : A partir des résultats du bac, après le 5 juillet, si vous n’avez que des réponses en attente d’une place, vous aurez la possibilité de solliciter l’accompagnement de la commission d’accès à l’enseignement supérieur (CAES). Vous pourrez également, à partir du 25 juin, consulter et vous inscrire en phase complémentaire pour faire des vœux sur les places inoccupées.

Troubadour : Certaines filières sont-elles moins demandées qu’auparavant du fait de Parcoursup ? Y a-t-il un « effet Parcoursup » sur les demandes des lycéens ?

N.L. : Il est pénible d’avoir des éléments précis à ce stade, mais on a pu constater que certaines filières ont été moins demandées, du fait de la publication des « attendus » des formations, par des lycéens n’ayant pas le profil requis. Les candidats ont pu mieux se rendre compte des profils recherchés par les universités ou écoles. Pour la licence de droit, par exemple, les candidats devaient passer un module d’auto-évaluation, qui devait les aider à mieux comprendre cette filière (le résultat n’était pas communiqué à l’université).

 

 

Parcoursup 2019 : comment le supérieur va choisir les lycéens du bac

Les élèves ont peur que le choix des spécialités en première ne limite les orientations possibles.

Les lycéens vont-ils se charger de prendre « la » décision de leur vie en matière d’orientation dès 15 ans ? C’est à cet âge que la majorité d’entre eux se positionne aujourd’hui entre les cursus littéraire, scientifique ou économique, pour ce qui est du lycée général. Mais avec le nouveau bac revisité à l’horizon 2021, l’exercice pourrait se compliquer : les élèves de seconde craignent déjà que leur choix pour la première ne conditionne plus fortement la poursuite de leurs études. A compter de février, ils ont à se prononcer sur les douze enseignements de spécialité qui s’offrent à eux, pour en garder trois en première, deux en terminale.

Les adversaires de la réforme engagée, à débuter par le SNES-FSU, syndicat majoritaire parmi les enseignants du secondaire, s’alarment déjà d’un « tube », ou d’un « silo », enfermant la jeunesse dans des voies toutes tracées encore plus tôt. Derrière cette inquiétude, c’est la sélection opérée par les formations de l’enseignement supérieur qui pose question. Comment les universités vont-elles juger les combinaisons de matières désormais choisies par chacun – en plus du tronc commun – à l’heure de l’admission sur la plate-forme Parcoursup ? Lesquelles de ces combinaisons vont-elles privilégier ? Certains choix seront-ils rédhibitoires ?

« On nage en pleine hypocrisie »

Le gouvernement a beau marteler que les choix de spécialités ne seront pas « prescripteurs » et n’interdiront, en rien, l’entrée dans une formation, il a du mal à déterminer. « C’est la grande ambiguïté de cette réforme : vouloir faire coexister une plus grande liberté de choix [d’orientation] et une mise en cohérence des enseignements[lycée-université] », analyse l’ancien recteur Alain Boissinot. Malgré les confiances données par la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, et son homologue à l’éducation, Jean-Michel Blanquer, l’évidence demeure : une réforme faite pour mieux articuler le secondaire et le supérieur et favoriser la réussite en licence ne peut ignorer l’imbrication des deux niveaux.

« Le choix des spécialités sera évidemment utilisé dans le classement des dossiers. Et certaines matières rapporteront forcément plus que d’autres. »

Les responsables de l’enseignement supérieur ne disent pas autre chose, quand on les consulte sur la manière dont ils envisagent de sélectionner ces futurs étudiants venant frapper à leurs portes. « Le gouvernement ne veut pas qu’on annonce clairement qu’il faudra avoir suivi telle ou telle spécialité au lycée pour rejoindre une licence,rapporte un vice-président d’université francilienne. Mais on nage en pleine hypocrisie. Le choix des spécialités sera évidemment utilisé dans le classement des dossiers. Et certaines matières rapporteront forcément plus que d’autres. » Cet universitaire reconnaît simplement que le fonctionnement antérieur n’était pas très différent : il était recommandé de ne pas afficher les filières de bac dans les « prérequis », alors que celles-ci étaient prises en compte.

Comment Parcoursup a transformé les stratégies des lycéens

La fin de la structuration des vœux, les dispositifs « oui si » et la définition des « attendus » dans chaque licence, apparus l’année dernière avec Parcoursup, ont changé les comportements. Reportage dans un salon de l’orientation à Paris.

Ce vendredi matin de janvier, des classes entières de lycéens arpentent les allées du salon Postbac agencé à La Villette, à Paris. Les élèves se déplacent en petits groupes, prenant le temps de poser pour un selfie devant un stand, avant d’aller récolter des informations. A partir du mardi 22 janvier, ils pourront exprimer leurs vœux sur Parcoursup, la plateforme d’inscription et d’admission dans l’enseignement supérieur, qui fonctionnera pour la deuxième année.

Certains hésitent sur la politique à adopter, comme Océane, 17 ans, en terminale S dans un lycée privé du XIXarrondissement, qui veut « faire médecine » :

« Sur Parcoursup, je ne vais faire que des vœux en Paces [première année commune aux études de santé]. On m’a conseillé de mettre les universités les plus proches de chez moi. Mais comme mon niveau a baissé en terminale, j’hésite à faire une préparation avant d’aller à l’université. »

Les lycéens de terminale peuvent en tout cas se réjouir : à l’inverse à ceux qui ont passé leur bac en 2018, ils n’essuient pas les plâtres. Ils peuvent ainsi avoir un aperçu des logiques applicables sur cette plateforme de distribution et de sélection des futurs étudiants dans l’enseignement supérieur, tandis que divers ajustements ont été annoncés par le ministère.

Pas de hiérarchisation des vœux

Première modification : contrairement au système précédent, les vœux ne sont pas hiérarchisés. Le candidat ne reçoit plus, comme à l’époque d’Admission post-bac (APB), une seule offre – la meilleur possible –, mais une réponse à chacun de ses vœux.

Ainsi, plus les lycéens font de vœux, plus ils ont des occasions d’avoir un « oui » : en cas d’admission multiple, ces nouvelles règles du jeu donnent le dernier mot au candidat. Mathilde, 17 ans, en terminale S à Viry-Châtillon (91), compte mettre un maximum de prépas scientifiques dans sa liste :

« En plan B, je vais mettre des DUT ou des écoles d’ingénieurs post-bac. Mon objectif est d’être pilote d’avion ou pilote de chasse. »

Son amie Léna, en filière ES dans le même lycée, vise une licence de droit : elle en mettra plusieurs. « Il y a une douzaine d’universités avec du droit en Ile-de-France. Si je dois choisir entre plusieurs propositions d’admission, je regarderai en fonction de la réputation de la fac », indique la jeune fille, qui espère devenir « avocate ou notaire ».