Les chaussures Paraboot victimes de leur succès sur Instagram
Sans attendre la revalorisation automatique du smic de 0,9 % au 1er janvier 2022, la direction de Paraboot a déjà prévu la réévaluation des salaires de l’ensemble de ses ouvriers courant 2022. Y compris ceux qui sont payés au-dessus du smic. La marque française de chaussures avait déjà procédé à des augmentations en 2021, en dépit de la chute de ses ventes en 2020.
« Il est important de rester compétitifs », explique Eric Forestier, directeur général de Paraboot. Car, comme ses concurrents, dont J.M. Weston à Limoges, le fabricant est confronté à des difficultés de recrutement au sein de son usine de Saint-Jean-de-Moirans (Isère), qui emploie 95 personnes. Le dirigeant sait que certains de ses salariés ont récemment démissionné pour « gagner 100 à 200 euros de plus » dans l’une des entreprises voisines de cette zone industrielle Centr’Alp 2, aux portes de Grenoble.
A en croire M. Forestier, l’agglomération dénombrait « plus de 6 000 offres d’emploi fin octobre », soit deux fois plus qu’en octobre 2020. Et l’entreprise, qui dégage 6 % à 8 % de résultat net chaque année, a beau proposer des salaires moyens de « 2 000 à 2 200 euros bruts », majorés de primes, d’intéressement, de participations et d’un treizième mois, elle peine à attirer de nouvelles recrues.
Quatorze postes de monteurs et de couseurs sont à pourvoir au sein de cette usine inaugurée en 2017 en remplacement des deux sites historiques d’Izeaux et de Tullins (Isère), à une dizaine de kilomètres. Pourvoir ces postes vacants permettrait de remettre en route la deuxième ligne de montage, à l’arrêt depuis près de deux ans « faute de bras, de bons bras », déplore un ouvrier, Yannick Lefebvre, devant sa machine, faisant allusion au long temps de formation à ces métiers manuels et physiques.
Au goût des jeunes
Or, en cette fin 2021, augmenter la production serait bienvenu. La marque ne parvient pas à répondre à la demande. Ses ventes sont en hausse de 35 % cette année ; elle devrait générer 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit l’équivalent de son exercice 2019. Connue pour la robustesse de ses cuirs et ses épaisses semelles de caoutchouc, portée « par des curés, des vignerons et des avocats », selon un dirigeant, la marque est désormais au goût de certains jeunes consommateurs.
Instagram y a contribué. La marque communique davantage sur le réseau social de Facebook, pour promouvoir son savoir-faire, publier des photos d’archives, présenter ses modèles et suggérer des looks sur une jupe longue ou un bermuda. A commencer par le modèle Michael. Dessinée en 1945, cette chaussure simplissime avait déjà séduit les « étudiants de Dauphine et de la Sorbonne, à la fin des années 1980 », alors que la mode était au « gentleman farmer », rappelle Pierre Colin, directeur marketing et communication de la marque.
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