Une forte présence masculine dans la fintech

Une forte présence masculine dans la fintech

Céline Lazorthes, fondatrice du site de cagnotte en ligne Leetchi, est la figure de proue de la fintech française, ici en février 2016 à Paris.

Céline Lazorthes, fondatrice du site de cagnotte en ligne Leetchi, est la figure de proue de la fintech française, ici en février 2016 à Paris. Charles Platiau / REUTERSLes femmes sont uniquement 9 % des créateurs et 12 % des groupes dirigeantes dans la fintech, selon une étude de France FinTech-Crédit mutuel Arkéa et Roland Berger.

Le rapport est très sévère. « Quand nous avons initié la French Tech, tout semblait possible. C’était l’occasion de remettre les compteurs à zéro, y compris en matière d’égalité des chances », se souvient Axelle Lemaire, associée du cabinet de conseil Roland Berger et ancienne secrétaire d’Etat au numérique (2014-2017). « Près de sept ans après, la promesse n’a pas été tenue », regrette-t-elle. Le secteur de la « tech » reste amplement masculin et, en particulier, celui des start-up de la finance aussi appelées les « fintech ».

Les femmes représentent uniquement  9 % des créateurs et 12 % des équipes gouvernantes, selon une étude dévoilée jeudi 4 avril par France FinTech, Crédit mutuel Arkéa et Roland Berger. Ironiquement, si Céline Lazorthes reste la figure de proue pour avoir été la première de cette nouvelle génération de jeunes gouvernantes à manier le jackpot en revendant le site de cagnotte en ligne Leetchi à Arkéa en 2015, son parcours reste une rareté dans le paysage.

Sur les 19 cofondateurs de fintech françaises, ayant accompli les augmentations de fonds les plus significatives en 2018, une seule est une femme : il s’agit de Ludivine Doladille, qui a co-créé en 2015 LaFinBox, un agrégateur de patrimoine, dans lequel Swiss Life a administré dix millions d’euros en avril 2018.

« La double peine »

Pour la fintech, en effet, « c’est la double peine », déclare Kristen Charvin, déléguée générale de France FinTech : l’entrepreneuriat a du mal à charmé les femmes et la finance, dont découlent souvent les fondateurs des Compte Nickel et autres October (ex. : Lendix), reste un monde très masculin. Avec, à la clé, un risque d’introduire des biais dans les algorithmes développés par des équipes quasiment masculines, sur lequel Aurélie Jean, docteure en mécanique numérique et entrepreneuse, tire souvent la sonnette d’alarme.

« On se prive de performance avec des pourvois qui n’ont pas développé de culture inclusive », assure Anne-Laure Navéos, directrice augmentation externe, collaborations et digital chez Crédit mutuel Arkéa, qui martèle :

« J’entends dire tout le temps que c’est difficile d’embaucher des femmes, qu’il n’y a pas assez d’ingénieures. En fait, tout le monde se renvoie la balle en disant que ce n’est pas de sa faute. Pour en sortir, il faut agir sur tous les fronts de manière volontariste : éducation scientifique, progrès de l’entourage professionnel, réduction des freins psychologiques et financement. »

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LJD

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