Transition écologique : la formation professionnelle forcée d’anticiper l’évolution des métiers
La transition écologique est en passe de durablement modifier les métiers dans de nombreux secteurs. Si les « emplois verts » – qui agissent directement pour préserver l’environnement – sont appelés à demeurer peu nombreux (0,5 % des emplois en 2018), de nombreux emplois vont verdir. Pour accompagner ce changement, et structurer certaines filières, la formation professionnelle doit suivre. Encore faut-il savoir quels sont les métiers porteurs de la transition écologique.
The Shift Project, un groupe de réflexion spécialiste de la transition énergétique, anticipe 1,1 million de créations et 800 000 destructions d’emplois d’ici à 2050. Dans le cadre de sa mission de prospective des métiers et des qualifications, France Stratégie a mis en évidence les secteurs en croissance d’ici à 2030, avec plusieurs scénarios : 180 000 à 250 000 nouveaux emplois sont ainsi attendus dans le secteur du bâtiment.
« La rénovation énergétique est le secteur qui devrait créer le plus d’emplois dans la transition écologique. L’industrie est relativement stable, avec des industries carbonées qui vont perdre des emplois, et la fabrication d’intrants pour la construction (bois, produits métalliques), par exemple, qui va y gagner, décrit Cécile Jolly, cheffe de projet « Métiers en 2030 » de France Stratégie. Elle cite aussi de bonnes prévisions pour l’emploi agricole et les services aux entreprises (ingénierie, architecture). Même sans savoir quelles politiques publiques seront mises en place, on peut assurer que tous les métiers vont être touchés, avec de nouvelles formes d’organisation du travail pour produire moins d’émissions. »
Une urgence dans la formation des nouveaux métiers
Les métiers cadres ne sont pas en reste : si les métiers à finalité environnementale ne représentent que 1 % de l’emploi cadre aujourd’hui, l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) précise dans une étude publiée en septembre 2023 que le nombre d’offres d’emploi cadre a augmenté de 48 % entre 2019 et 2022 dans ces métiers (responsables RSE, chefs de projet biodiversité…), en particulier dans l’énergie.
Mais seuls 13 % des recruteurs anticipent que le verdissement des entreprises aura des impacts en matière de besoins en compétences. « Pourtant, si un comptable n’est pas capable d’intégrer des données de carbone ou d’eau dans l’évaluation de la performance, il ne pourra pas continuer son métier, donne en exemple Caroline Renoux, fondatrice de Birdeo, un cabinet de recrutement en RH et RSE. Aujourd’hui, il y a une pénurie de cadres qualifiés sur ces nouveaux sujets. »
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