Tesla condamné à payer 137 millions de dollars à un ancien employé victime de racisme au sein de l’une de ses usines
C’est un jugement qui pourrait faire date. Un jury californien a condamné, lundi 4 octobre, l’entreprise automobile Tesla à payer à un ancien employé noir près de 137 millions de dollars (environ 118 millions d’euros) de dommages et intérêts, pour avoir fermé les yeux sur le racisme que subissait l’homme dans une usine du groupe.
Engagé via une agence de recrutement, Owen Diaz a travaillé comme opérateur de monte-charge entre juin 2015 et juillet 2016 dans l’usine du constructeur de véhicules électriques de Fremont, en Californie, où il a essuyé des insultes racistes et un environnement de travail hostile, selon des documents judiciaires.
Durant le procès, M. Diaz a expliqué que les Afro-Américains de l’usine, où son fils travaillait aussi, étaient régulièrement victimes de surnoms racistes et de dénigrement. Selon son témoignage, les employés avaient dessiné des croix gammées, ainsi que des graffitis et des dessins racistes autour de l’usine. M. Diaz a affirmé que, malgré des plaintes à la hiérarchie, Tesla n’a pas réagi pour mettre fin au racisme habituel.
« Une façade »
« L’image progressiste de Tesla était une façade cachant le traitement rétrograde et dévalorisant de ses employés afro-américains », selon la plainte.
Le jury du tribunal fédéral de San Francisco a octroyé à M. Diaz 6,9 millions de dollars de dommages et intérêts pour « détresse émotionnelle », et 130 millions de dollars à titre de punition, a déclaré son avocat, Larry Organ, au Washington Post. « Ils ont décidé d’un montant qui pourrait servir de sonnette d’alarme pour les firmes américaines », a-t-il déclaré, mardi, à l’Agence France-Presse. « Ne vous comportez pas de façon raciste et ne laissez pas le racisme perdurer », a ajouté l’avocat.
« Je savais qu’Owen disait la vérité, je devais juste le prouver à huit personnes inconnues », a-t-il raconté, en référence au jury. « Les gens normaux voient clair à travers les conneries qu’affichent les boîtes américaines. »
Du côté de Tesla, la vice-présidente chargée des ressources humaines, Valerie Capers Workman, a reconnu une partie des faits dans un communiqué publié dans la foulée du verdict : « Même si nous croyons fermement que les faits ne justifient pas cette décision du jury de San Francisco, nous reconnaissons qu’en 2015 et 2016 nous n’étions pas parfaits. » Elle mentionne qu’à l’usine de Fremont, d’autres employés ont témoigné qu’ils avaient « entendu régulièrement des insultes racistes », dont le mot nigger (« nègre »). Selon elle, ces salariés ont dit que « la plupart du temps, ils pensaient que ce langage était utilisé de façon “amicale” et en général par des collègues afro-américains ». Elle a expliqué que Tesla avait réagi aux plaintes d’Owen Diaz en congédiant deux contractuels.
« Ils inventent des excuses »
« Notre ligne d’attaque était que Tesla n’assume pas ses responsabilités », a détaillé Larry Organ. « Ils font la même chose maintenant : ils inventent des excuses », a-t-il accusé.
Valerie Capers Workman a aussi souligné que Tesla avait fait des changements depuis la période où Owen Diaz travaillait dans l’usine, en constituant une équipe de ressources humaines qui enquête sur les plaintes des employés. « Nous ne sommes toujours pas parfaits, mais nous avons parcouru beaucoup de chemin en cinq ans », a-t-elle ajouté.
En mai, après un arbitrage, Tesla avait été obligé de débourser plus d’un million de dollars pour des allégations similaires d’un autre ancien ouvrier de l’usine de Fremont. Cet employé avait accusé ses collègues de lui avoir fait subir des insultes racistes, et ses superviseurs d’avoir ignoré ses plaintes.