Télétravail : vers la fin de l’« open bar »
« Je ne vois pas comment c’est possible », peste un salarié de Publicis sur le compte Instagram de #balancetonagency, après l’annonce par son employeur, le 12 octobre, du retour obligatoire au bureau. « Il est déjà actuellement compliqué de trouver une place (bureau flex) ou de s’isoler pour une réunion. Pourtant nous devrons tous être sur place le lundi. » Le groupe publicitaire a décidé qu’à partir du 1er janvier 2024 il ne serait plus question de télétravailler plus de deux jours par semaine et jamais le lundi. Pour Publicis, qui s’était fait le chantre du travail à distance, ce mode d’organisation hybride serait désormais associé à la baisse de productivité.
Et Publicis n’est pas un cas isolé. « Partout, on renégocie les accords, explique Benoît Serre, vice-président de l’Association nationale des DRH (ANDRH). Les dirigeants commencent à mesurer les conséquences structurelles du télétravail. La perte de productivité collective avec des salariés qui se croisent mais ne se voient plus. Ils comprennent que ce mode d’organisation perturbe énormément le management. Ils n’ont plus que 15 % à 20 % de l’effectif le vendredi. Ils ont parfois l’impression qu’on est passé à la semaine de quatre jours sans le dire. Et partout où l’on renégocie, que ce soit chez Safran, L’Oréal, ou Bouygues, ça râle. »
Les employeurs français souhaiteraient limiter le télétravail à 0,7 jour en moyenne par semaine, révèle l’étude internationale « EY Work Reimagined », publiée jeudi 26 octobre. Tandis que les salariés aspirent soit à la stabilité, soit à plus de télétravail : 78 % sont satisfaits de leur rythme actuel, d’après la dernière note de l’Insee sur le sujet, et dans le secteur tertiaire plus d’un Français sur trois préférerait télétravailler quatre jours sur cinq, selon l’étude d’EY. Dans les vingt pays suivis depuis 2020 par le cabinet de conseil, les employeurs français sont « les plus frileux face au télétravail ». Le retour au bureau va-t-il s’imposer en France ?
Cohésion d’équipe
Les Etats-Unis sont les premiers à avoir connu une telle vogue. Zoom, Apple, Google, Meta, Amazon, Tesla, les grandes entreprises américaines qui avaient adopté le 100 % télétravail y ont renoncé dès 2022 pour faire revenir leurs salariés au moins deux ou trois jours par semaine, voire plus. Chez Tesla, c’était quarante heures par semaine au bureau ou la démission, dixit le PDG Elon Musk, au nom de la productivité. Même motif que chez Publicis. La cohésion d’équipe a également été convoquée pour justifier ce rappel des salariés. « Il est plus facile de construire une relation de confiance en présentiel », a expliqué Mark Zuckerberg, fondateur et DG de Meta, dans un courriel adressé à ses effectifs, en mars 2023.
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