Sur le lieu de travail, les manifestations de religiosité se banalisent

Sur le lieu de travail, les manifestations de religiosité se banalisent

Le baromètre de l’Institut Montaigne note que la religiosité dans l’entreprise continue d’être revendiquée, le plus souvent par des salariés musulmans.

Par Publié hier à 06h10, mis à jour à 14h09

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Une femme travaille à « La Rencontre annuelle des musulmans » au Bourget (Paris), le 14 avril 2017.
Une femme travaille à « La Rencontre annuelle des musulmans » au Bourget (Paris), le 14 avril 2017. LIONEL BONAVENTURE / AFP

Dans l’entreprise, le fait religieux se « banalise », les manageurs le gèrent « de mieux en mieux » et les salariés « s’adaptent » plus volontiers. C’est ce que révèle l’édition 2019 du baromètre du fait religieux en entreprise publié par l’Institut Montaigne depuis 2013. L’étude, intitulée « Religion au travail : croire au dialogue » et publiée jeudi 7 novembre, confirme une dynamique à l’œuvre depuis six ans : les manifestations de religiosité sur le lieu de travail continuent de s’affirmer.

Les demandes d’aménagement du temps de travail, le port visible d’un signe religieux (voile, croix, étoile de David…) et la volonté de pouvoir faire sa prière pendant les temps de pause restent les principaux signes observés. « 90 % d’entre eux émanent de salariés de confession musulmane », précise l’auteur, Lionel Honoré, professeur des universités à l’Institut d’administration des entreprises de Brest et directeur de l’Observatoire du fait religieux en entreprise.

Pour réaliser cette étude, 1 100 personnes ont répondu à un questionnaire, une trentaine d’entretiens ont été conduits et 30 experts (directeurs des ressources humaines, responsables diversité…) ont été interrogés. 70 % d’entre eux disent rencontrer « régulièrement » (32 %) et « occasionnellement » (38 %) des faits religieux. Ils étaient 66 % en 2018. Dans 19 % des cas, cela génère des tensions, un conflit ou un blocage, un pourcentage en augmentation régulière.

Infographie Le Monde

« La grande majorité des salariés ne laisse rien transparaître de leur religiosité dans l’entreprise, tient à souligner l’auteur. La plupart des autres sont prêts à aménager leur pratique pour la rendre “acceptable” et se conforment aux exigences de l’organisation pour laquelle ils travaillent. »

Une petite minorité – 12 % des cas qui créent des dysfonctionnements – se place dans « une logique de refus ». « Ce qui est marginal mais pas anecdotique, commente Lionel Honoré. Ceux-là adoptent une posture de revendication et veulent imposer à l’entreprise un fonctionnement religieux. » Ils exigent par exemple des jours de repos à des dates précises, refusent certaines tâches ou encore constituent des équipes de travail uniquement composées de coreligionnaires ou réclament une salle de prière.

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LJD

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