Réforme des retraites : les syndicats, unis, « se préparent à la mobilisation »
Après trois mois d’échanges avec le gouvernement sur la réforme des retraites, l’état d’esprit des leaders syndicaux n’a pas varié d’un iota : ils sont vent debout contre la principale mesure de ce projet qui devrait repousser à 64 ou à 65 ans l’âge d’ouverture des droits à une pension, conformément à un engagement de campagne d’Emmanuel Macron. Reçus à tour de rôle, mardi 3 et mercredi 4 janvier, par la première ministre, Elisabeth Borne, ils ont exprimé, à l’issue de leur entretien, une immense frustration, donnant le sentiment que le dialogue avec l’exécutif avait tourné à vide. Ils ont, au passage, réaffirmé leur volonté de s’opposer, tous ensemble, à un chantier dont les grandes lignes doivent être dévoilées le 10 janvier.
L’amertume de Laurent Berger était palpable, juste après son rendez-vous à Matignon. Le secrétaire général de la CFDT a évoqué un « dernier tour de piste » qui ne lui a « pas [appris] grand-chose », en dehors du fait que le pouvoir en place était résolu à faire « travailler plus longtemps » la population. D’après lui, très peu d’« éclaircissements » ont été apportés sur des thèmes cruciaux : la prévention de l’usure professionnelle, le maintien en activité des travailleurs âgés, les dérogations pour ceux qui sont entrés avant 20 ans sur le marché de l’emploi afin qu’ils puissent prendre leur retraite de façon anticipée, la revalorisation du minimum de pension à hauteur de 85 % du smic, etc.
« On n’a pas avancé », a renchéri Frédéric Souillot, le numéro un de Force ouvrière, en déplorant le manque de considération dont l’exécutif a fait preuve – à ses yeux – face aux « propositions » de sa confédération. « Ce que j’aurais aimé (…), c’est que le président de la République et son gouvernement cherchent le consensus social pour pouvoir l’imposer à une Assemblée nationale (…) où il n’[a] pas de majorité absolue, a confié François Hommeril, le président de la CFE-CGC. Ça aurait eu de la gueule. » Mais cette option-là n’a pas « été retenue », a-t-il regretté. Pour son homologue de la CGT, Philippe Martinez, c’est la preuve que M. Macron « veut une réforme dogmatique qu’il a décidé de faire sans tenir compte de l’avis des syndicats ».
« Inacceptable »
De là à soutenir que la consultation des partenaires sociaux depuis octobre 2022 n’a servi à rien, il y a toutefois un pas, que peu de monde franchit. Plusieurs responsables syndicaux ont même reconnu que des « choses intéressantes » avaient été obtenues, selon la formule de Cyril Chabanier, le président de la CFTC, qui – sans entrer dans les détails – a cité des dispositions en matière de pénibilité au travail et d’emploi des seniors. S’agissant des personnes ayant accompli de longues carrières, il semble que les scénarios gouvernementaux aient évolué : l’idée d’introduire de nouvelles règles pour ceux qui ont commencé à travailler avant 18 ans n’était pas dans la maquette initiale, à en croire des sources au cœur du dossier.
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