« Que sait-on du travail ? » : la baisse de qualité de l’emploi, une menace pour les classes moyennes moins aisées

« Que sait-on du travail ? » : la baisse de qualité de l’emploi, une menace pour les classes moyennes moins aisées

18,4 % : c’est la part des individus appartenant à la classe moyenne la moins aisée qui avaient un contrat à durée déterminée en 2019, selon les données de l’Insee. Cette proportion a triplé depuis 1996 (6,8 %), et a significativement grimpé depuis 2011 (14,5 %), à un rythme que l’on ne retrouve pas chez les autres tranches de la population.

Pour l’ensemble des ménages entrant dans les classes moyennes, la part de contrats à durée déterminée (CDD) est moitié moindre (9,5 %), et a même baissé depuis 2011. Ce chiffre illustre une nette dégradation de la situation de l’emploi des classes moyennes les moins aisées, ces dernières années.

C’est ce que met en évidence l’économiste Pierre Courtioux, dans le cadre du projet de médiation scientifique « Que sait-on du travail ? », du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (Liepp), diffusé en collaboration avec le Liepp et les Presses de Sciences Po sur la chaîne Emploi de Lemonde.fr.

Les classes moyennes sont l’une des catégories les plus discutées en sciences sociales, au point qu’il est difficile de trouver un consensus entre chercheurs sur ses limites. Dans cette analyse, c’est le revenu qui détermine la position d’un individu : les personnes dont le niveau de vie est compris entre 60 % et 200 % du niveau de vie médian [la moitié des personnes a un niveau de vie supérieur, l’autre moitié un niveau de vie inférieur] appartiennent aux classes moyennes dans un sens large.

Dans le cas d’un célibataire, ce revenu est compris entre 14 497 et 48 322 euros annuels. En 2019, 78 % de la population rentrait dans cette catégorie, contre 14,6 % d’individus en risque de pauvreté et 7,4 % d’individus dits « aisés ». Par « classe moyenne moins aisée », l’auteur désigne la tranche de population dont le niveau est compris entre 60 % et 80 % de la médiane française, soit 16,2 % de la population.

Pierre Courtioux souligne la « résilience » historique de cette large catégorie en France : après la crise de 2008, elle n’a pas connu d’appauvrissement massif. Comme en Belgique ou aux Pays-Bas, cela est dû à un certain nombre de règles qui limitent les inégalités, comme un système d’assurance-chômage protecteur et l’existence de salaires minimum.

Le poids de l’inflation

Ce statut protecteur est désormais remis en question, au détriment de la partie « moins aisée », qui risque de glisser dans la pauvreté. Le recul de l’âge de départ à la retraite et le durcissement des règles d’indemnisation des chômeurs concernent directement cette sous-catégorie, puisque les ouvriers et employés, plus frappés par le chômage ou des problèmes de santé en fin de carrière, y sont surreprésentés.

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LJD

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