Premier bilan mitigé de l’impact de la dégressivité des allocations-chômage sur le retour à l’emploi
L’Unédic a dressé, le 19 octobre, un premier bilan de la réforme controversée de la dégressivité des allocations-chômage, qui concerne potentiellement 90 000 personnes, soit moins de 3 % des chômeurs indemnisés. Pour ce faire, à la mi-2023, l’organisme paritaire a sollicité en ligne 45 000 chômeurs qui avaient vu leur allocation baisser de 720 euros par mois en moyenne. 10 608 personnes ont répondu à l’enquête qui cherchait à mesurer l’impact sur le retour à l’emploi.
Entrée en vigueur en 2021 durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, cette réforme introduite par un décret de 2019 suspendu par la crise sanitaire a imposé une baisse de l’allocation à partir du neuvième mois, pouvant aller jusqu’à 30 % du montant pour les demandeurs d’emploi âgés de moins de 57 ans et gagnant plus de 4 500 euros brut par mois. Les bénéficiaires sont principalement des hommes très diplômés (bac + 5 et plus), cadres, âgés de plus de 45 ans percevant en moyenne un salaire brut mensuel de 4 850 euros.
« Le taux de retour à l’emploi des allocataires soumis à la dégressivité est plus faible que celui des autres allocataires », explique l’Unédic. Toutefois, 10 % à 15 % des répondants à l’enquête reconnaissent qu’ils ont accéléré leur recherche à la suite de cette mesure. 10 % affirment même qu’ils n’auraient pas pris l’emploi qu’ils occupent sans dégressivité. Les répondants déclarent être prêts à des concessions sur le type de contrat ou les missions, éventuellement le salaire (40 %), mais moins sur la qualification de l’emploi (le quart) et leur disponibilité pour leur famille (le tiers).
Les syndicats de salariés critiques sur la réforme
Un quart des répondants dit avoir repris un emploi salarié et un tiers avoir créé une entreprise. 15 % de ceux qui envisageaient de créer leur entreprise disent que, sans la dégressivité, ils auraient pris plus de temps pour monter leur projet. Mais les deux tiers évoquent des difficultés financières après la réduction de leur allocation et ressentent un « sentiment d’injustice au regard des années travaillées ».
Antoine Foucher, directeur de cabinet de la ministre du travail à l’époque de la réforme, voit dans ces chiffres « certes pas massifs, mais tout de même significatifs », la preuve que la dégressivité sert d’aiguillon. « A ce niveau de revenu, le chômage est quasi inexistant. Pourtant, ces cadres supérieurs mettaient bien plus de temps à retrouver un job que les chômeurs moins qualifiés. Cela tient au fait qu’ils perçoivent des allocations mensuelles élevées, souvent supérieures à 3 000 euros, et disposent d’un peu d’épargne. Il y a une corrélation entre la durée de la période d’indemnisation du chômage, le montant des allocations et le temps mis à retrouver un emploi. »
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