Education : la pénurie d’enseignants de français, un problème chronique, accentué par les groupes de besoins au collège

Une salle de classe pendant une épreuve de dissertation, au lycée Pasteur, à Strasbourg, le 18 juin 2018.

Cinq mois. C’est le temps qu’il aura fallu pour réussir à affecter un professeur remplaçant à temps plein sur un poste de lettres resté vacant depuis la rentrée de septembre 2024 au collège Les Capucins, à Melun. Faute de personnel, la réforme des groupes de besoins n’a pas été mise en place en français pour les 6e, le collège ayant préféré garder trois classes entières plutôt que de créer les quatre groupes prévus, dont l’un aurait été privé d’enseignant. Aucune solution n’a cependant pu être trouvée pour trois classes de 4e de cet établissement classé en réseau d’éducation prioritaire renforcée (REP+), qui ont ainsi passé la moitié de l’année sans enseignant de français. Seuls quelques cours ont été ponctuellement assurés en heures supplémentaires par des professeurs de l’équipe ou par des remplaçants en poste dans d’autres établissements.

« Nos élèves ont déjà un niveau scolaire fragile et leurs contextes familiaux ne leur permettent absolument pas de compenser l’absence d’enseignement de français, qui leur est, par ailleurs, fondamental », se désole Natacha (elle a souhaité rester anonyme, comme tous les enseignants cités par leur prénom), professeure de lettres aux Capucins. L’équipe enseignante se projette déjà sur la 3e : « Comment va-t-on rattraper une demi-année perdue pour tous ces élèves ? Comment va-t-on limiter les dégâts pour le brevet et pour la suite ? »

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A Lubrizol, une grève massive à l’appel de la CGT, pour protester contre un plan de sauvegarde, met à l’arrêt la production des sites de Rouen et du Havre

Une grève a mis à l’arrêt la production des sites Lubrizol de Rouen et du Havre, mardi 18 février, pour dénoncer une restructuration menaçant près de 150 postes en Seine-Maritime, a appris l’Agence-France Presse de source syndicale, confirmant une information d’Ici Normandie. « La CGT part sur une semaine de grève », a annoncé Thomas Ferment (CGT) à un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) devant le site rouennais, qui avait été touché en 2019 par un gigantesque incendie de produits chimiques.

« Cent pout cent des effectifs de production sont en grève à Rouen et à Oudalle [près du Havre], on est à l’arrêt avec mise en sécurité », a ajouté le syndicaliste. « La CGT demande le retrait du PSE [plan de sauvegarde de l’emploi] car l’usine va bien, on fait toujours de l’argent », a-t-il dit. « On veut nous faire croire qu’on manque de compétitivité, mais on a produit 350 000 tonnes en 2024 », a chiffré M. Ferment. « A titre de comparaison, notre concurrent Chevron en a produit 270 000. »

Lubrizol France produit sur ses trois sites français, à Rouen, Oudalle et Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), des additifs pour l’essence, le diesel ainsi que les lubrifiants moteurs et industriels.

Suppression de 169 postes

La direction a annoncé au début de février un PSE avec la suppression de 169 postes, notamment 145 des 367 emplois à Rouen – Petit-Quevilly. Contactée par l’AFP, la direction s’est dite « surprise » et « regrette » cette grève, rappelant avoir accepté de décaler la procédure du PSE de trois semaines.

« Le PSE a été un choc, personne ne s’y attendait », a témoigné Réginald Sauvalle, délégué CFDT, assurant que l’usine est « viable » et dénonçant l’ouverture de « centres clients » et d’« une méga-usine en Inde ». « On négocie avec une direction qu’on ne connaît pas, qu’on ne voit jamais », s’est emporté le syndicaliste.

Selon lui, le PSE a été mis en place « par rapport » à l’incendie du 26 septembre 2019 dans l’usine rouennaise. La combustion de 10 000 tonnes de produits chimiques avait alors causé toux, gênes respiratoires, irritations, maux de gorge, nausées et vomissements chez une partie de la population locale.

Un rapport de suivi de l’université de Rouen a mis en évidence la présence de huit substances classées « cancérogènes et mutagènes, perturbateurs endocriniens et/ou reprotoxiques, ou toxiques pour les organismes aquatiques » dans l’environnement. Une présence « reliable uniquement à l’incendie ».

Le Monde avec AFP

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La justice valide une expertise dans une filiale de la Banque de France après le suicide d’un salarié

Le tribunal judiciaire de Clermont-Ferrand a débouté, mardi 18 février, EuropaFi, filiale de la Banque de France, qui demandait l’annulation du vote par son comité social et économique (CSE) du recours à une expertise extérieure visant à identifier d’éventuels risques psychosociaux dans l’entreprise, après le suicide d’un salarié.

Le 19 décembre 2024, le CSE d’EuropaFi demandait une expertise au cabinet Technologia, un mois après le suicide d’un agent de maîtrise de l’atelier de maintenance électrique de l’entreprise, qui emploie 283 personnes à Vic-le-Comte (Puy-de-Dôme) et produit des papiers sécurisés destinés à l’impression de billets de banque ou de documents officiels.

Ce salarié n’avait laissé aucun écrit sur les raisons de son geste, mais la CGT, majoritaire sur le site, arguait du fait qu’il avait dénoncé, ces dernières années, la dégradation de ses conditions de travail. De son côté, la direction d’EuropaFi avait contesté l’existence d’un risque « grave, identifié et actuel » justifiant, selon le code du travail, le recours à une expertise extérieure.

Mais le tribunal a jugé, au contraire, que « la situation de danger grave et imminent » était « caractérisée » et que les risques psychosociaux évoqués par la délibération litigieuse avaient été « objectivés » par le même cabinet Technologia, dans une première expertise menée sur plusieurs sites du groupe (dont celui de Vic-le-Comte) après deux suicides de salariés en 2023.

« Augmentation de la production à effectif constant »

Dans ses conclusions publiées en avril 2024, que la Banque de France avait contestées, Technologia faisait état, à propos du site d’EuropaFi, de données « alarmantes » attestant de « la présence d’un “terreau” favorable aux risques psychosociaux ».

Enumérant les éléments qui justifient, selon lui, une expertise, le tribunal de Clermont-Ferrand conclut notamment que « l’augmentation de la production à effectif constant » au sein d’EuropaFi s’est accompagnée d’« une adaptation du mode de travail des salariés et d’une accélération de leur rythme de travail afin de répondre aux nouveaux objectifs de rendement », après la mise en œuvre, en 2022, d’un plan de compétitivité visant à la fois à accroître les recettes et à réduire les dépenses. Il évoque aussi un « manque de souplesse dans l’organisation du temps de travail », dans lequel il voit « une contrainte supplémentaire pesant sur les salariés ».

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Hausse des prix et gains de productivité, les clés du « made in France » chez l’horloger Pierre Lannier

L’atelier de production Pierre Lannier d’Ernolsheim-lès-Saverne (Bas-Rhin), le 14 janvier 2025.

Des champs et des bois, noyés en ce matin de janvier dans une brume glaciale et au premier plan un élevage de chevaux : la vue qui s’ouvre depuis les fenêtres de l’atelier de fabrication des montres Pierre Lannier n’était sans doute pas très différente lors de la création de l’entreprise, en 1977, par Jean-Paul Burgun, le père de l’actuel dirigeant, Pierre Burgun.

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En revanche, dans l’atelier de production d’Ernolsheim-lès-Saverne (Bas-Rhin) vu de l’intérieur, la mue a eu lieu. Aux côtés des opératrices et opérateurs, toujours penchés sur les longues tables d’assemblage, les machines, autrefois inexistantes, font leur apparition. D’un côté, un énorme robot qui permet de graver, en quelques minutes, la marque ou un logo sur les boîtiers ; là, un engin avale à un rythme de métronome les cadrans pour y poser automatiquement les minuscules aiguilles…

Dans une autre partie de l’atelier, un flux laminaire, système de ventilation utilisé dans les salles blanches, permet d’assembler les modèles les plus haut de gamme, dans des conditions comparables à celles des grands horlogers de luxe. Au total, cette modernisation de l’atelier représente un investissement de 250 000 euros. Elle était indispensable pour permettre la relocalisation d’une grande partie de la production depuis Madagascar.

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L’étonnante mise à l’écart de la CFDT des fonctions de direction aux prud’hommes de Paris

Un rituel sans surprise. Lors de leur audience solennelle, qui s’est tenue le 28 janvier, les membres du conseil de prud’hommes de Paris ont tiré le bilan des douze mois écoulés, rendu hommage à leurs pairs décédés en 2024 et déploré – pour la énième fois – l’insuffisance chronique des moyens attribués au greffe. Mais personne, durant les prises de parole, n’a fait référence à la situation étonnante qui règne dans cette juridiction copilotée par les syndicats et par le patronat : en 2025, pour la troisième année consécutive, la CFDT ne disposera d’aucun poste à responsabilités, alors même que son statut de première confédération voudrait qu’elle joue un rôle central dans l’animation de cette institution chargée de trancher les litiges entre les chefs d’entreprise et leurs collaborateurs.

Les conseils de prud’hommes sont régis par des règles un peu complexes. Y officient des magistrats non professionnels issus de syndicats et de mouvements patronaux. Ces juges se répartissent dans deux collèges – salarié et employeur – et dans cinq sections (industrie, agriculture, commerce, encadrement, affaires diverses) elles-mêmes dotées de chambres. Ils sont désignés normalement pour un mandat de quatre ans, en tenant compte de la représentativité des partenaires sociaux. Ainsi, plus un syndicat a une forte audience – calculée à partir de ses résultats aux élections professionnelles –, plus il a de conseillers prud’homaux. C’est aussi au nom de ce critère que chaque organisation se voit attribuer un certain nombre de postes à responsabilités – à la tête de la juridiction, des sections et des chambres.

Sous la précédente mandature, qui a duré jusqu’au début de 2023, la CFDT a assuré la vice-présidence, puis la présidence du conseil pendant deux années de suite. Elle a également dirigé plusieurs sections et chambres. Mais depuis le commencement de la mandature actuelle, la centrale cédétiste a disparu de toutes ces fonctions de commandement. Les six autres syndicats se les partagent, en vertu d’un « accord de gestion » que la CFDT n’a pas signé. Pourquoi ? Les protagonistes qui acceptent d’en parler se comptent sur les doigts de la main et leurs versions divergent.

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Au « Parisien », la rédaction inquiète face au plan d’économies et à la réorganisation voulue par la direction

Depuis l’été 2024, l’hypothèse d’un plan d’économies revenait régulièrement dans les conversations des salariés du Parisien, titre racheté en 2015 par LVMH, géant du luxe détenu par le milliardaire Bernard Arnault. Il s’est concrétisé, jeudi 13 février, dans l’après-midi, officialisé lors d’un comité social et économique (CSE) extraordinaire convoqué pour présenter le « projet de modernisation ». Celui-ci entraînerait la suppression de 29 postes de journalistes sur environ 400, avec des « départs sur une base de volontariat », insiste la direction, à laquelle s’ajoutent 10 suppressions de postes aux fonctions support (hors service publicité).

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A l’automne 2024, Pierre Louette, le PDG du Groupe Les Echos-Le Parisien, et Sophie Gourmelen, directrice générale du Parisien, avaient vu leur proposition de budget 2025 retoquée par l’actionnaire Bernard Arnault. Ce dernier a finalement accepté la seconde tentative s’engageant à ne pas creuser davantage les pertes qu’en 2024, qui étaient de 33 millions d’euros pour Le Parisien. « Depuis trois ans, nous subissons de plein fouet les effets de l’inflation, et nos coûts de production et de logistique continuent à croître plus rapidement que nos revenus », a fait valoir la direction dans un texte adressé aux salariés jeudi 13 février.

C’est dans ce contexte qu’une réorganisation éditoriale a été lancée par Nicolas Charbonneau, directeur des rédactions, à la demande de Pierre Louette, de Sophie Gourmelen et de l’actionnaire. « L’idée, c’est de pousser nos forces », explique Nicolas Charbonneau au Monde. « Ce projet a été nourri avec les chefs de service, depuis novembre, au cours de sept ateliers », dit-il.

« Accélération de la transition numérique »

Des pôles thématiques devraient être créés avec cette nouvelle organisation. Si le pôle Vie publique regroupera les journalistes chargés de la politique, de l’environnement ou de l’éducation, le pôle Vie privée réunira les rédacteurs traitant des sujets sur la famille, la psychologie, la sexualité, mais aussi la consommation, l’immobilier ou la santé. Quatre autres pôles seraient créés : Faits divers, Sports, Culture-loisirs et Ile-de-France pour les éditions départementales.

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Dans l’édition, des déménagements qui alimentent l’inquiétude des salariés

Devant le siège social d’Editis, en décembre 2022.

Décidément, le projet de déménager les 700 salariés de Czech Media Invest (CMI), la société holding détenue par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, dans les locaux de sa filiale, le groupe Editis – numéro deux français de l’édition –, ne passe pas. Toute la question est de trouver de la place là où plus de 1 400 salariés occupent déjà un immeuble entier avenue de France, dans le 13e arrondissement de Paris.

L’Union syndicale indépendante (USI), syndicat majoritaire au sein de Sejer (le pôle éducation d’Editis), a appelé à la grève mardi 11 février. Il a été rejoint, dans deux autres filiales d’Editis, par la CFE-CGC chez Sogedif, et par la CFDT et la CFE-CGC chez Edi8. Plus de 250 personnes se sont réunies mardi matin dans l’atrium. Les salariés d’Editis avaient fait parvenir la veille une lettre à Catherine Lucet, la directrice générale. « Pour faire des économies de loyer », ils fustigent le « choix inacceptable de mettre tout le monde en télétravail pendant cinq mois, le temps des travaux, puis de [les] contraindre, [eux], éditeurs, au “flex office[bureaux partagés], ce qui semble une aberration à quiconque connaît un peu [leur] travail ».

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Chez Michelin, un PDG alarmiste, un flux de cash record et des syndicats ulcérés

Florent Menegaux, PDG de Michelin, lors de l’assemblée générale des actionnaires du groupe, à Clermont-Ferrand, le 17 mai 2024.

Peut-on fermer des usines en France lorsqu’on dégage de bons résultats ? C’est le dilemme du PDG de Michelin, Florent Menegaux, qui a annoncé en novembre 2024 l’arrêt des sites de Cholet (Maine-et-Loire) et de Vannes d’ici à 2026, tout en présentant des comptes qu’il qualifie de « solides ». Malgré une baisse de 5 % des ventes et du résultat, le cru 2024, dévoilé mercredi 12 février, reste l’un des trois meilleurs du groupe, historiquement. A 12,4 %, « la marge opérationnelle est stable », indique le communiqué. Le « cash-flow libre », l’argent disponible une fois payés les investissements nécessaires à la croissance de l’activité, se maintient à 2,2 milliards d’euros (contre 2,3 milliards en 2023). Le bénéfice net est à 1,9 milliard d’euros.

Conscient du décalage entre ces chiffres et les plus de 1 200 emplois sacrifiés à Cholet et Vannes, le dirigeant du groupe de Clermont-Ferrand a pris, dès septembre 2024, son bâton de pèlerin pour faire une leçon d’économie industrielle aux ministres, députés, sénateurs, journalistes… « Le contexte français et européen est très délicat, explique-t-il sans relâche. Nous avons une arrivée massive des pneus à bas coûts d’Asie ces dernières années qui nous a fait perdre des parts de marché considérables. »

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Presse : à Clermont-Ferrand, les syndicats du groupe Centre France s’alarment des réductions d’effectifs et de la dégradation des conditions de travail

Ils sont une petite centaine à s’être réunis, jeudi 12 février après-midi, à Clermont-Ferrand, devant le siège social de Centre France, à l’appel de la CGT, du SNJ, du SNJ-CGT, de l’UNSA et de la CFDT. Des délégations de la plupart des journaux du groupe de presse régionale, qui publie huit quotidiens et neuf hebdomadaires sur quatorze départements et quatre régions, sont venues demander une entrevue à la direction, accompagnés par des salariés de Clermont-Ferrand, quelques élus locaux et sympathisants.

Ce rassemblement fait suite à différents mouvements de grève organisés au sein de Centre France depuis une quinzaine de jours, qui ont empêché neuf parutions de l’édition du Puy-de-Dôme du journal phare La Montagne et la publication de l’ensemble des journaux du groupe les 29 janvier et 8 février.

Les tensions avec la direction ne sont pas nouvelles, en raison de « l’absence de dialogue », de « l’impossibilité de comprendre la logique des décisions » et de « la dégradation des conditions de travail suite à plusieurs réductions d’effectifs », selon Laurence Coupérier, journaliste à La Montagne et déléguée syndicale SNJ. Mais la colère s’est cristallisée depuis l’annonce, en juin 2024, d’un plan de départs volontaires qui prévoyait la suppression de 70 postes au sein des titres La Montagne et L’Eveil de la Haute-Loire.

Le tout suivi par le projet de suppression, dans le cadre d’une gestion des emplois et parcours professionnels et de la mixité des métiers, de 20 emplois, sur les 66 actuels, au sein de l’imprimerie de Clermont-Ferrand, à l’occasion de son prochain déménagement. « Nous allons passer de deux à une seule rotative beaucoup plus performante, ce qui peut justifier la suppression de certains postes, mais pas autant. Seuls dix départs sont acceptables, sinon ça ne fonctionnera pas », insiste Christine Rowdo, secrétaire du CSE La Montagne et du comité de groupe Centre France, et élue CGT.

Refus de hausses salariales

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A Paris, une « journée historique » pour les grévistes du jeu vidéo

Des membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo, place de la Bastille, à Paris, le 13 février 2025.

Juché sur un banc public de la place de la Bastille, dans le 11e arrondissement de Paris, Vincent Cambedouzou exulte. « C’est un moment historique ! », lance le salarié d’Ubisoft à l’attention des quelque 300 personnes rassemblées devant lui en cet après-midi, jeudi 13 février, à l’occasion de la première grève nationale du secteur du jeu vidéo. Des mobilisations similaires ont également eu lieu dans d’autres villes françaises, dont Montpellier, Bordeaux et Lyon, réunissant au total, selon leurs organisateurs, un millier de personnes.

Au menu de cette « grande première », de multiples revendications au profit des salariés, dont certains alertent depuis plusieurs années sur de mauvaises conditions de travail et les menaces qui pèsent sur la pérennité de leurs emplois. Pour y mettre fin, les grévistes exigent « la participation des travailleurs aux prises de décision des entreprises », comme l’explique au Monde Naomi (elle ne donne pas son nom de famille, comme de nombreux grévistes rencontrés).

Sur sa veste, elle arbore une petite étiquette indiquant aux journalistes le nom de son entreprise (le studio français Kylotonn) et imprimée aux couleurs du Syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo (STJV), pour qui elle est déléguée syndicale. C’est d’ailleurs à l’appel de cette organisation, créée en 2017 et qui revendique près d’un millier de membres, qu’est né ce premier mouvement de grève nationale. A Paris, ses drapeaux se mêlaient à ceux d’autres syndicats, tels que la CGT et Solidaires-Informatique.

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