Modere, avatar 2.0 des réunions façon Tupperware

Modere, avatar 2.0 des réunions façon Tupperware

L’entreprise américaine, dont le modèle combine vente directe et marketing multiniveau, connaît un succès discret mais fulgurant en France.

Par Publié aujourd’hui à 04h25

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AUREL

Où va le travail ? « Levez-vous si vous avez envie d’être libres ! » Ce 12 octobre, le palais des congrès de Strasbourg accueille des « modèles de réussite » venus dévoiler, moyennant 49 euros l’entrée, les clés de leur succès aux 1 800 spectateurs. Tous travaillent pour Modere, une entreprise américaine de vente à domicile de cosmétiques et de compléments alimentaires, implantée en Europe depuis 2015. En France, cet avatar 2.0 de ces réunions popularisées par Tupperware connaît un succès discret mais fulgurant, affichant un bénéfice d’exploitation de 47,1 millions d’euros en 2018 – contre 1,6 million en 2017.

Loin d’appartenir au passé, la vente à domicile a profité de l’instauration du statut d’autoentrepreneur, il y a dix ans. Dans ce secteur, la création annuelle d’entreprises a été multipliée par huit, passant de 3 500 en 2008 à 28 400 en 2018, selon la base Sirene éditée par l’Insee.

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Depuis quelques mois, pourtant, le ciel de Modere s’assombrit. La société américaine a fait l’objet de plusieurs signalements auprès des antennes locales de la Répression des fraudes, d’après une source interne. Leurs auteurs s’interrogent sur son modèle économique, inspiré du marketing multiniveau (MLM). Un système dans lequel les distributeurs sont rémunérés sur leurs ventes, mais aussi sur celles des vendeurs qu’ils ont cooptés.

Précarité et « mamans solos »

En période de croissance molle, créer son emploi, a fortiori à domicile, a de quoi séduire. D’autant que l’investissement est abordable : 49 euros sans produits. Ajoutez entre 143 et 578 euros pour recevoir les produits-phares de Modere, que l’entreprise incite fortement à tester.

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Il y a neuf mois, Céline F. s’est lancée. Sur scène, cette « maman solo » de 32 ans raconte sa vie d’avant, à courir entre trois emplois à temps partiel. Son récit résonne avec l’expérience de la dizaine de vendeurs contactés par Le Monde, souvent mères, ex-employées précaires subissant au quotidien des horaires décalés.

Pour débuter, nul besoin d’être un ancien commercial. Modere fournit des phrases toutes faites, telles que : « Si je vous disais que vous pourriez récupérer [votre] investissement en très peu de temps ? » Pas besoin non plus de recevoir chez soi : vente et recrutement d’autres vendeurs se font par le biais des réseaux sociaux.

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