L’heure de gloire du télétravail n’a pas encore sonné

L’heure de gloire du télétravail n’a pas encore sonné

« Les télétravailleurs au moins deux jours par semaine sont deux fois plus nombreux que les non-télétravailleurs à faire plus de 50 heures hebdomadaires. »
« Les télétravailleurs au moins deux jours par semaine sont deux fois plus nombreux que les non-télétravailleurs à faire plus de 50 heures hebdomadaires. » Skopein/Ikon Images / Photononstop

Le baromètre sur la qualité de vie au travail Dynamic Workplace-Speak & Act publié jeudi 28 novembre présente une évolution sensible du management en 2019 : 70 % des salariés interrogés affirmant que leur entreprise a adopté les nouveaux modes de travail, les plus cités étant le télétravail et le flex-office. Pourtant, une vaste enquête consacrée au déploiement du télétravail en France réalisée par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail révèle que cette forme d’organisation du travail serait loin d’être la panacée des cadres. Certes, « les télétravailleurs bénéficient d’un cadre de travail plus souple et de temps de trajets réduits », mais ils ne constatent pas de « réduction des sollicitations et de l’intensité du travail demandé ».

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Les télétravailleurs au moins deux jours par semaine sont deux fois plus nombreux que les non-télétravailleurs à faire plus de 50 heures hebdomadaires. Ils déclarent 1,6 fois plus souvent devoir interrompre une tâche pour en effectuer une autre non prévue. Finalement, les cadres en télétravail ne sont « ni plus ni moins satisfaits de leur travail que leurs collègues », conclut le service du ministère du travail.

Emmanuel Dion, responsable Grands comptes au sein de la société d’édition de logiciels de relation client Avaya, se considère comme un télétravailleur épanoui. Ce mode d’organisation lui permet de s’épargner du temps de trajet. Mais le télétravail n’est pas fait pour tout le monde. « Certains travaillent mieux lorsqu’ils sont entourés », affirme le commercial. Ce cadre francilien ressent toutefois le besoin de retourner dans son entreprise « au bout de deux jours, pour prendre la température ». Et il reconnaît une « tendance à en faire un peu plus » que s’il était tous les jours au bureau.

Culpabilité

« Il peut y avoir une forme de culpabilité chez les télétravailleurs », avance en guise d’explication Romée Dauptain, consultante et formatrice au sein du cabinet Médiargie-RH. Culpabilité qui les pousserait à se mettre davantage la pression que s’ils devaient simplement faire leurs heures. D’autant que les mentalités n’ont pas évolué aussi vite que la législation. « La culture du présentéisme domine encore largement en France », regrette Jérôme Chemin, secrétaire général adjoint au sein de la CFDT Cadres.

Devoir encadrer un projet ou des salariés complique-t-il la donne ? Pas aux yeux de la responsable des relations sociales chez Avaya, Hélène Pierrat, pour qui le cadre est avant tout jugé sur ses résultats : « 80 % de nos collaborateurs ont des manageurs qui ne sont pas en France, souligne-t-elle. Ce sont d’abord les méthodes et les outils de travail qui doivent être adaptés ». Selon Antoine Louiset, cofondateur de la société de logiciels de signature électronique Yousign, qui compte un quart de salariés en télétravail, les heures du cadre dépendent surtout de son poste : « Il peut y avoir de la flexibilité, mais ceux qui travaillent sur nos infrastructures, par exemple, doivent avoir des horaires connus », insiste-t-il.

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LJD

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