L’Europe du Nord se ferme à l’immigration malgré la pénurie de main-d’œuvre

L’Europe du Nord se ferme à l’immigration malgré la pénurie de main-d’œuvre

Un travailleur transporte des planches de bois sur le site d’une ancienne caverne de stockage de pétrole, à Västeras (Suède), le 11 août 2023.

A partir du 1er octobre, les règles pour obtenir un permis de travail en Suède vont changer. Jusqu’à présent, le salaire minimum exigé pour décrocher un titre de séjour était de 13 000 couronnes (1 100 euros) par mois. Il va doubler, pour passer à 26 500 couronnes, soit 80 % du salaire médian suédois. Une mesure décriée par les entreprises et les collectivités locales, qui craignent de voir la pénurie de main-d’œuvre s’aggraver.

Proposée par les sociaux-démocrates lorsqu’ils étaient encore au pouvoir, la réforme a été votée au Parlement, le 30 novembre 2022, à l’initiative de la nouvelle majorité, composée de la droite libérale conservatrice et de l’extrême droite. Elle a deux objectifs : lutter contre les abus de la part d’employeurs peu scrupuleux, mais surtout réduire les arrivées de travailleurs peu qualifiés.

En 2022, la Suède a accordé 37 000 permis de travail à des ressortissants de pays hors Union européenne (dont deux tiers pour une première demande). Parmi eux : 6 500 saisonniers, embauchés pour ramasser les baies dans les forêts suédoises, mais aussi 8 700 techniciens d’essais informatiques, des employés de la restauration et des services d’aides à domicile. En tête : un quart environ venait d’Inde.

Accords collectifs

Selon un rapport publié en juin par la Confédération suédoise des industries, cette immigration du travail a contribué à hauteur de 43 milliards de couronnes au produit intérieur brut suédois, générant 14 milliards de couronnes de recettes fiscales. Or les nouvelles règles pourraient réduire de moitié les arrivées, affirme Karin Johansson, vice-présidente de la confédération, car « la moitié des personnes ayant décroché un permis de travail avaient un salaire mensuel inférieur à 26 500 couronnes ».

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Elles ne sont pas les seules : selon le Bureau central des statistiques, environ 15 % des salariés en contrat à durée indéterminée en Suède sont dans la même situation. L’Institut de médiation à Stockholm estime que près d’une centaine d’accords collectifs prévoient des salaires minimums inférieurs au nouveau plancher imposé par le gouvernement. Karin Johansson y voit donc « une remise en cause du système de négociation collective, puisque, en imposant un salaire minimum pour les travailleurs immigrés supérieurs à ce qui existe dans certaines branches, le gouvernement remet en cause les accords passés entre les syndicats et le patronat ».

A la tête de l’Association des communes et des régions suédoises, Anders Henriksson approuve : « Nous pensons que c’est une bonne chose que le gouvernement veuille lutter contre l’exploitation des travailleurs étrangers. Mais, au lieu de fixer un revenu indexé sur le salaire médian, il aurait été bien plus judicieux d’imposer comme limite le salaire minimum inscrit dans les accords collectifs. »

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