L’étonnante floraison des librairies en France

L’étonnante floraison des librairies en France

Lucie Eple, cogérante de la librairie Le Pied à terre, dans le 18e arrondissement de Paris, le 20 novembre 2021.

Ils sont quatorze installés dans une salle de classe à Maisons-Alfort (Val-de-Marne). Agés de la petite trentaine à la bonne cinquantaine et issus de tous les horizons professionnels, de l’industrie à la pharmacie en passant par l’hôpital ou l’édition, ces élèves suivent, en ce lundi 15 novembre, leur formation de L’Ecole de la librairie pour se préparer à ouvrir, ou reprendre, un commerce.

Si, pendant la pandémie de Covid-19, les librairies ont acquis une aura extraordinaire, c’est dans cette école, principale pourvoyeuse de nouvelles recrues, que l’on constate à quel point ce métier attire les vocations. Sa directrice, Caroline Meneghetti, observe « une forte augmentation du nombre d’inscrits ». Et des candidats de plus en plus motivés. Sur les 120 personnes qui suivent chaque année les cinq semaines de formation théorique (auxquelles s’ajouteront de un à trois mois de stage), la moitié désormais ouvre une librairie, alors qu’ils n’étaient qu’un tiers avant la crise sanitaire, explique-t-elle.

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Le Centre national du livre a ainsi soutenu à hauteur de 1,37 million d’euros (en prêts et subventions) dix créations de librairies en 2020 et trente en 2021. Sur cette période, dix aides ont été refusées et vingt dossiers jugés inéligibles. Dans l’Hexagone, on comptait déjà, en 2019, 3 500 librairies indépendantes. « Pour éviter d’en installer une dans chaque village, nous n’ajoutons pas de nouvelles sessions de formation. Elles sont déjà complètes jusqu’en juillet 2022 », souligne Caroline Meneghetti.

« Nous ne cherchons pas à embellir le métier »

Avant la pandémie, la majorité des reconversions concernait des plus de 40 ans qui « voulaient donner du sens à leur vie et retourner dans une région où ils avaient de la famille », témoigne Alexia Dumaine, formatrice à l’école et ancienne libraire. « Avec le Covid, on constate un rajeunissement des stagiaires, qui, malheureux dans leur travail, décident de se reconvertir », ajoute-t-elle.

« Beaucoup de gens souhaitent quitter Paris pour créer une librairie », confirme Jean-Guy Boin, membre de l’Association pour le développement de la librairie de création, qui aura aidé 23 créations de librairies entre 2020 et 2021. Bien plus qu’habituellement. « C’est une bonne nouvelle, mais le professionnalisme nécessaire n’est pas toujours au rendez-vous. Dans le commerce culturel, il y a commerce et culture”. Il ne faut pas l’oublier », rappelle-t-il.

Ce regain d’attraction pour la profession n’est pas exempt de déconvenues. Selon la dernière étude de l’institut Xerfi commandée par le Syndicat de la librairie française (SLF) et publiée en mai 2019, les librairies indépendantes figurent parmi les moins rentables des commerces de détail, avec seulement 1,2 % de résultat net par rapport au chiffre d’affaires. « Nous ne cherchons absolument pas à embellir le métier », assure Caroline Meneghetti.

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LJD

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