L’étonnante bonne santé de l’emploi en Europe
Une récession ? Une crise du coût de la vie ? Pas à en croire la bonne santé du marché de l’emploi en Europe. Le taux de chômage en zone euro était de 6,5 % en novembre, au plus bas de son histoire. En France, il était de 7 %, selon Eurostat, l’institut statistique européen. Il faut remonter à… 1983 pour trouver mieux.
Bien sûr, la situation demeure hétérogène. L’Espagne, qui avait été particulièrement touchée pendant la crise de la zone euro il y a une décennie, affiche encore un chômage à 12,4 %. La Grèce demeure à 11,4 %. Mais la tendance est partout à l’amélioration. Et une bonne partie de la région est désormais proche du plein-emploi : chômage de 3 % en Allemagne, 3,6 % aux Pays-Bas, 4,4 % en Irlande…
Le phénomène n’est pas spécifique à la zone euro. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, le chômage est respectivement de 3,5 % et 3,7 %, là encore proche de leurs plus bas niveaux historiques. Mais ces deux pays cachent des phénomènes plus inquiétants : leur taux de participation au marché du travail n’est pas revenu à son niveau d’avant la pandémie.
La « grande démission » aux Etats-Unis
En clair, beaucoup de travailleurs ont simplement préféré jeter l’éponge et quitter le monde du travail. Aux Etats-Unis, certains économistes parlent de la « grande démission ». De fait, il s’agit essentiellement de personnes relativement âgées, qui ont choisi de prendre leur retraite au moment des confinements, ou de jeunes qui ont repris des études. Au Royaume-Uni, un grand nombre de malades de longue durée sont venus s’ajouter aux statistiques des inactifs ces dernières années, sans que le phénomène ne soit clairement expliqué.
En Europe, « on a réussi à trouver plus de travailleurs dans une population qui se réduit »
Rien de tout cela Europe continentale. « En trois ans, la population en âge de travailler (25 à 64 ans) a baissé d’un million dans l’Union européenne, à cause du vieillissement, et pourtant, le nombre de travailleurs a augmenté de deux millions, souligne Pawel Adrjan, économiste à Indeed, un site Internet de recrutement. On a réussi à trouver plus de travailleurs dans une population qui se réduit. »
La tendance avait débuté avant la pandémie. Après les années noires de la crise de la zone euro, qui avait fait s’envoler le chômage, le marché du travail s’était amélioré partout dans la région. Dès 2017, le taux d’emploi européen était revenu au même niveau que celui des Etats-Unis.
Chômage partiel en soutien de l’emploi
Puis, quand la pandémie est arrivée, l’Europe s’est démarquée des Etats-Unis en soutenant les emplois (chômage partiel…), là où les Américains ont préféré donner des chèques aux individus, plutôt que des moyens aux entreprises de conserver leurs salariés. Quand les vaccins sont arrivés, permettant une reprise de l’activité économique, le chamboulement en Europe a été moins fort.
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